vivit et est vitæ nescius ipse suoe.
La
sympathique proposition animale, chez Maine de Biran :
« Les modes fugitifs d'une telle existence, tantôt heureuse, tantôt funeste, se succèdent,
se poussent comme des ondes mobiles dans le torrent de la vie. Ainsi nous
devenons, sans autre cause étrangère à de simples dispositions affectives sur
lesquelles tout retour nous est interdit, alternativement tristes ou enjoués, agités ou
calmes, froids au ardents, timides ou courageux, craintifs ou pleins d'espérance.
Chaque âge de la vie, chaque saison de l'année, quelquefois chacune des heures du
jour voient contraster ces modes intimes de notre être sensitif : ils ressortent pour
l'observateur qui les saisit à certains signes
sympathiques, mais placés, par leur
nature et leur intimité même, hors du champ de la perception, ils échappent au
sujet pensant, par l'effort même qu'il ferait pour les fixer. Aussi, la partie de nous
même sur laquelle nous sommes le plus aveuglés, est-elle l'ensemble de ces
affections immédiates qui résultent de notre tempérament, dont ce que nous
nommons notre caractère n'est que la physionomie ; cette physionomie n'a point de
miroir qui la réfléchisse à ses propres yeux »
Mémoire sur la décomposition de la pensée, 1802
[
classiques.uqac.ca]
Or jeter des blocs de pierre sur cette proposition semi-barbare, est barbare absolument.