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La France et la rafle

Envoyé par Francis Marche 
10 avril 2017, 22:49   La France et la rafle
Marine Le Pen aurait dérapé. Elle a déclaré que, contrairement aux positions officielles du président Chirac, la France n'est en rien responsable de l'ignominie qui eut pour théâtre Paris, les 16 et 17 juillet 1942 dans l'événement nommé "Rafle du Vel' d'Hiv'" -- 4 115 enfants, 2 916 femmes, 1 129 hommes furent entassés dans l'enceinte du Vélodrome d'Hiver avant leur déportation. Cette opération fut menée dans le cadre de la politique de l'Allemagne nazie d'extermination des Juifs de toute l'Europe occupée décidée lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942.

C'est le DROIT ALLEMAND qui s'appliquait à Paris dans l'été 1942, pas celui de l'Etat libre de Vichy. Mais qu'importe, nos braves redresseurs de torts historiques sont à la manoeuvre et ne l'entendent pas de cette oreille, en première ligne le CRIF, qui se distingue bien tristement dans cette affaire en s'érigeant contre les propos Mme Le Pen pour lui reprocher "son révisionnisme historique". Eh bien, non, la vérité est plus triste encore que cela : c'est vous, honorables responsables et représentants du CRIF, qui versez dans le révisionnisme historique.

Dans l'été 1942, la France était divisée par l'Occupant, son territoire avait été partitionné, la République française avait été abolie, l'Occupant dictait ses politiques et le pays se trouvait plongé dans une quasi-guerre civile : les Français s'entretuaient, s'entre-dénonçaient aux tueurs pour des motifs d'ordres politiques et idéologiques. Et le pays était officiellement, par la bouche des porte-parole de son Etat, en Révolution nationale.

Les Français qui s'opposaient aux politiques menées à Paris par l'Occupant, s'ils avaient le malheur de le faire savoir un peu trop, étaient pris. Ils étaient majoritaires à penser que cette rafle des Juifs étrangers en France, avec tant d'enfants parmi eux, était un déshonneur pour la patrie. Mais qu'ils l'exprimassent en ces termes et c'était, trop sûrement, la brutale invitation à aller s'expliquer aux autorités, et le risque de finir comme l'ami, la connaissance, le cousin, le voisin : les ongles arrachés dans une cave par les hommes de la gestapo française, ceux de la Milice, ou les doriotistes, avant la déportation à Buchenwald ou le peloton d'exécution.

Voilà la France que le Crif accuse. Que la flamboyante jeunesse du CRIF de 2017, composée d'éléments qui bien évidemment auraient tous été de vaillants résistants à Paris en juillet 1942, pardon d'avoir failli en douter, se pose la question : un pays occupé, en guerre civile, divisé sciemment, et territorialement par un Occupant qui y fait régner sa loi, ses normes, son droit et ses politiques, doit-il, devant les générations futures, répondre des actes qui y ont été commis par décision de la puissance occupante ?

Autant se demander si l'Espagne doit être tenue pour "responsable" des exécutions de prisonniers politiques par les hommes de Franco en 1937, ou des viols collectifs et massacres de religieuses dans les couvents par les hommes du camp républicain ; autant se demander si l'Espagne doit se repentir pour Guernica.

Que les vaillants petits procureurs du Crif veuillent bien s'interroger sur le lieu et la manière d'être français en 1942, d'être la France, et qu'ils se tournent pour chercher la réponse plutôt du côté de ces héros français, quasi-anonymes, humbles et bienveillants qui, loin de Paris, loin de Londres, ont recueilli des familles et des enfants juifs dans les fermes de Savoie ou de l'Aveyron au péril de leur vie. Là se trouvait la vraie France en territoire métropolitain en 1942. Et il n'y a rien dont elle ait à se repentir.
10 avril 2017, 23:10   Re : La France et la rafle
« Le régime de Vichy, qui n’était pas la France, puisqu’elle était à Londres, a été frappé d’inexistence juridique par une ordonnance du 9 août 1944, et je rappelle ce que disait Séguin: “la France réduite à l’impuissance ne peut être tenue pour responsable des fautes de ceux qui la dirigeaient ou qui l’administraient”' » écrit Marine Le Pen, explicitant sa déclaration de la veille. Cette thèse est sans doute discutable, mais c'était celle de de Gaulle et sa propre légitimité résidait en elle. Au reste, toutes les autorités françaises, Mendès-France et Mitterrand compris, l'ont endossée (même le PCF l'a fait). Ce n'est qu'avec Chirac, lequel a inauguré la repentance, qu'elle a été reniée en 1995. Lorsque le CRIF dénonce « des propos révisionnistes » et estime que « par ces propos, Marine Le Pen s’inscrit dans la tradition vichyste et collaborationniste de son père » il présente en somme de Gaulle comme vichyste et collaborationniste. On ne saurait être plus absurde.

On pourra juger de bonne foi des médiatiques qui tombent avec ravissement dans le même panneau que le CRIF par ceci : il n'y a rien eu dans les grands médias écrits ou audiovisuels sur l'assassinat de Mme Halimi (voir ici).

D'autre part, la France, ce n'était pas seulement Vichy d'un côté, de Gaulle de l'autre : la France, c'est d'abord le peuple français : or comme l'écrit Serge Klarsfeld, dans son ouvrage Vichy-Auschwitz, si la majorité des Juifs de France ont échappé à la déportation, c'est grâce à « la sympathie sincère de l'ensemble des Français, ainsi que leur solidarité agissante à partir du moment où ils comprirent que les familles juives tombées entre les mains des Allemands étaient vouées à la mort ».
Utilisateur anonyme
10 avril 2017, 23:43   Re : La France et la rafle
Comme trois précautions valent mieux qu’une les médias complèteront le "dispositif dérapage" (MLP serait négationniste, "elle est bien la fille de son père", "ce nouveau dérapage est inacceptable" etc.) en promettant le chaos économique et social, plus l'explosion de la violence dans les banlieues, si d'aventure la candidate frontiste était élue.
Appel de plus en plus pressant donc à se rassembler autour du banquier Macron pour « faire barrage au FHAINE» ou, faute de mieux, autour de Mélenchon, cet "incroyable orateur".

Ça y est : selon BFM M. Le Pen commence de baisser dans les sondages... Raison pour laquelle "elle a voulu faire le buzz avec Vichy", "pour séduire les nostalgiques" etc. (personne pour dire que c'est le laquais Mazerolle qui l'a emmenée sur ce terrain-là...).
Sur la rafle du Vel d'hiv, l'avis d'un historien franco-israélien, Alain Michel, dont le livre Vichy et la Shoah a beaucoup inspiré Eric Zemmour :
[vichyetlashoah.blog.lemonde.fr]

Sur la politique de Vichy à l'égard des juifs, un entretien passionnant du même historien pour le site Dreuz info :
[www.dreuz.info]
11 avril 2017, 17:50   Re : La France et la rafle
Très intéressant, merci.
14 août 2017, 15:25   Re : La France et la rafle
Excellent billet de notre ami Jean-Gérard Lapacherie, récemment publié par le Cercle Aristote :

A la fin du mois de juin 1940, Georges Bernanos, alors réfugié au Brésil, a publié dans le quotidien Correio da Manha de Rio de Janeiro un article intitulé « La Capitulation de la France », dont voici un extrait :

« Mon pays n’est déjà plus libre. Nous ne prétendons nullement excuser les fautes passées, mais les crimes d’aujourd’hui ou de demain, s’il s’en commet, ne devront pas être portés au compte de notre peuple, voilà ce que je veux dire. Une moitié de la France est occupée par l’ennemi, les voix qui nous viendront de là seront toujours les voix de l’ennemi, l’ennemi n’y laissera parler que ses complices ».

Bernanos conclut à l’innocence des vaincus. Cette juste conclusion est complètement oubliée depuis près d’un demi-siècle. C’est même la conclusion inverse qu’imposent les hommes politiques et les fonctionnaires chargés d’écrire l’histoire, dès qu’ils ont décidé de réviser le sens de la tragédie de 1940.

Pourtant, les Français qui, à compter du 17 juin 1940, ont dit NON au péril de leur vie et au mépris de leur tranquillité ou de leur carrière n’ont cessé de répéter que Vichy n’était pas la France. Ainsi, le 24 mai 1941, à l’occasion de l’Empire Day britannique, Albert Guérin, qui présidait le Comité des Français Libres d’Argentine, a écrit dans un texte que publie le Buenos Aires Herald :

« Seule parmi les combattants de la Liberté, elle [la Grande-Bretagne] est restée debout. Seule, elle se bat pour tous. Se haussant jusqu’à elle, les gouvernements des peuples terrassés lui font une garde d’honneur. Ils sont tous là : ceux de Tchécoslovaquie, de Pologne, de Belgique, de Hollande, de Norvège, de Grèce. Ils sont tous là. Oui, tous sauf un […] Tous, sauf le gouvernement du pays des hommes de la Marseillaise, de la Marne et de Verdun ! Oui, tous sauf Vichy ! Mais Vichy n’est pas la France ! C’est cela, une fois de plus, amis britanniques, larmes eux yeux, que je suis venu vous crier Vichy n’est pas la France ! Jamais la France n’aurait déserté le combat, trahi ses amis, ses alliés. Vichy n’est pas la France ! La France est celle qui prend les armes à vos côtés et que Vichy condamne à mort […] ».

C’est ce message qui sera repris deux mois et demi plus tard dans la page 1 « Vichy n’est pas la France » du Bulletin Radio-Presse du Comité De Gaulle d’Argentine (2 août 1941). Vichy no fue Francia (Vichy n’était pas la France) est le titre que l’historienne Carmen Pelosi a donné à un ouvrage richement documenté qu’elle a publié sur les relations entre la France et l’Argentine de 1939 à 1946 (Buenos Aires, Nuevohacer, 2003). Les fonctionnaires de l’histoire et les hommes politiques devraient lire cet ouvrage, mais il semble que cet effort soit hors de leur portée.

Le 12 septembre 1942, est publié en première page, dans le Bulletin d’Information de la France Libre de Montevideo, un article intitulé « Chasse à l’homme ». Il est signé d’Albert Guérin. C’est une des rares protestations publiques écrites contre les persécutions raciales et les rafles de juifs :

« Ils ont osé ! Ils ont osé violer sur la terre de France le droit d’asile ! Ils ont osé violer les droits des juifs égaux aux droits des chrétiens, aux droits des athées, aux droits de l’Homme ! Ils ont osé ça chez nous ! Dans la Patrie qui proclama la Liberté dans la Fraternité, ils ont osé ! Et Pétain Laval ont laissé faire ça ! Est-il encore un Français digne de ce nom, digne de notre histoire qui puisse considérer ces hommes comme les maîtres de notre pays ? Est-il encore un Français qui consente à obéir à ces prisonniers ou à ces criminels ? Le Boche casqué, botté, sanglé se livre à la chasse chez nous. A la chasse à l’homme. Il a lâché ses meutes de chiens sur les juifs français, les empêchant de fuir de la zone occupée, tandis qu’à Paris – à Paris ! capitale d’humanité – il a fait la battue, la battue à l’homme désarmé, comme en Forêt Noire, il faisait la battue au sanglier ou au cerf. 20 000 juifs poursuivis furent parqués au Vélodrome d’Hiver. Dans notre Vel d’Hiv où le peuple aux jours heureux de la Liberté se réunissait pour demander plus de justice, plus d’humanité. Il y avait là pêle-mêle des juifs ayant combattu pour la France, des dénaturalisés de Vichy, des étrangers, des hommes séparés de leurs gosses, de leurs femmes ; ils furent entassés dans des wagons à bestiaux et le 14 juillet (le 14 juillet, oh sadisme) dirigés en Pologne pour, esclaves, y travailler au triomphe d’Hitler […] ».

Question insolente : en septembre 1942, que disaient ou que faisaient ceux qui, après la guerre, ont été présentés sans vergogne comme les grandes consciences de la France ? Mitterrand, Sartre, Beauvoir, etc. ?

A la fin de l’année 1942, tout était dit sur les crimes commis en France, sur les coupables de ces crimes, sur les complices des criminels, sur ceux qui les avaient approuvés et sur ceux qui s’étaient tus…

La révision a commencé à la mort du général De Gaulle et pendant les années 1970, quand les derniers Français libres ont été écartés de la vie politique, intellectuelle et culturelle, au profit des descendants de ceux qui faisaient carrière à Vichy ou des nostalgiques honteux de l’Etat français. Elle a consisté à faire porter sur la France (le pays, la nation, l’entité nommée France) et sur les citoyens de ce pays la responsabilité de crimes commis par une puissance étrangère aidée par des gouvernants de rencontre que le peuple n’a pas choisis. Au lieu que quelques milliers d’individus répondent de ce qu’ils ont fait et décidé, c’est 66 millions de citoyens qui doivent en répondre. Ils sont innocents, les voilà coupables, non pas coupables de quelque chose, coupables transitivement en sorte, mais coupables intransitivement, coupables par essence ou par nature, métaphysiquement coupables, coupables d’exister ou de continuer à exister, alors qu’ils devraient être enfouis dans les poubelles de l’histoire. L’accusation et la révision qui permet cette accusation récurrente sont la pire des saloperies qui soit infligée à un peuple.

Dans les années 1990, le révisionnisme s’est mué peu à peu en négationnisme et même en négationnisme d’Etat, lequel a consisté à enfouir dans les poubelles de l’histoire la France Libre, les Français qui ont dit NON, ceux qui sont morts pour laver l’honneur de la France et pour restaurer les libertés publiques, les écrivains comme Bernanos, Romains, Caillois, Supervielle, Ocampo, Asturias, Vercors, etc. qui ont essayé de rendre sa liberté à la littérature que les occupants avaient encagée…

Les diffuseurs de ce négationnisme sont à la tête de l’Etat. Chirac en 1995, Hollande hier, aujourd’hui Macron. Le 16 juillet 2017, on a entendu deux discours antinomiques lors de la commémoration de la Rafle du Vel d’Hiv. Le Premier Ministre israélien, qui n’est pas connu pour son amour de la France, a remercié publiquement les Français qui avaient aidé de nombreux juifs à fuir la zone occupée et les avaient sauvés d’une mort horrible, le chef de l’Etat Français, lui, a fait porter ces mêmes crimes sur la seule France et sur les seuls Français, comme si Vichy était la France. Aux oubliettes De Gaulle, Guérin, Bernanos, Caillois, Michelet, la 2e DB, Leclerc, De Lattre, Juin, l’Armée d’Afrique, Bir Hakeim…

Le négationnisme a pour conséquence d’effacer la responsabilité de la puissance d’occupation. Elle imposait sa volonté aux vaincus, voilà les vaincus hissés au niveau des vainqueurs : ce sont les seuls vainqueurs. L’Allemagne peut fêter l’événement en faisant s’entrechoquer les chopes de bière. La voilà déchargée de la responsabilité d’une partie des crimes qu’elle a commis. Il est vrai que la raison du plus fort est toujours la meilleure : c’est ce que prouvait un poète du XVIIe siècle. La superpuissance ouvre ou ferme les robinets des crédits, emprunts, aides, allocations, etc. dont la France en faillite a besoin, ne serait-ce que pour payer les fonctionnaires… Alors, on se couche, on se prosterne, on nie : ce n’est pas vous, ni vos parents, ce sont les Français…

La responsabilité de Vichy aussi est effacée. Tous les crimes commis en France par les Allemands entre 1940 et 1945, avec ou sans la complicité du régime de Vichy, sont portés au seul débit de la France, qui n’en peut mais, et des Français qui n’étaient pas nés en 1945. Entre 1940 et 1944, les notables de Vichy considéraient qu’ils étaient la France et même qu’ils étaient les seuls à être la France. 70 ans plus tard, les fonctionnaires de l’histoire et des chefs de l’Etat leur donnent raison : Vichy est tout et tout est Vichy, le colonel Motor n’étant qu’un imposteur. Il est vrai que l’heure est à Bono, Rihanna, Bern, Arditi, l’abruti qui nique sa mère, etc., devenus les maîtres penseurs de l’Etat français.

Les négationnistes poursuivent tout autre but que la vérité. Ce qui, selon les sociologues bourdivins, caractérise la France depuis un siècle ou deux, c’est la stabilité des élites. Elles se reproduisent et sont relativement étanches. Autrement dit, les élites d’aujourd’hui, celles des media, de la politique, des affaires, de la haute fonction publique, de l’université, etc. sont les mêmes que celles d’hier ; ou, dit en termes plus clairs, les élites actuelles descendent en ligne directe de celles qui ont mené la France à l’abîme de 1940 à 1944. Ceux qui accusent la France et les Français de crimes contre l’humanité sont les petits-enfants de ceux qui les ont commis ou qui les ont autorisés. On comprend la hâte de ces élites qui, parvenues aux affaires, De Gaulle mort et les derniers combattants de la France Libre près de mourir, s’empressent d’effacer ces taches au front de leur famille et d’en souiller les Français et la France :

« Ce n’est pas nous, ni notre famille, disent ces notoires, montrant du doigt le peuple, les laissés pour compte, les sans-dents, les humiliés et les offensés, c’est vous ; c’est vos enfants ! »

Les mains et la conscience lavées, ils peuvent passer aux affaires sérieuses : argent, pouvoir, sinécures, désinformation, manipulation de symboles. En faisant porter sur la France et les Français la responsabilité de leurs turpitudes ou celles de leurs parents, ils se guindent tout au sommet de la hiérarchie, non pas des races, comme le faisaient leurs grands-parents, mais des morales.

Jean-Gérard Lapacherie

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14 août 2017, 15:40   Re : La France et la rafle
Excellent en effet.
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