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Zemmour, Le Bras et le Grand Remplacement

Envoyé par Michel Le Floch 
Quand un démographe démontre la réalité du «remplacement»



Pour Éric Zemmour, Hervé Le Bras a bien compris que nous étions revenus au plus ancien affrontement de l'humanité, «l'opposition entre ceux qui viennent de loin et ceux qui viennent de près».



«Le grand remplacement» n'est ni un fantasme ni un complot ; c'est le secret le mieux gardé de la mondialisation ; son principe, son moteur, son âme. Ce n'est pas Renaud Camus, l'auteur de cette formule aussi brillante que sulfureuse, qui l'affirme ; ni un militant «identitaire», ni même un de ces intellectuels «réactionnaires» voués aux gémonies par la bien-pensance. C'est l'un des plus célèbres démographes français, l'un des piliers des pages idées de la presse de gauche, le compère d'Emmanuel Todd, le contempteur du Front national et des «fantasmes d'invasion»: Hervé Le Bras. Bien sûr, notre auteur continue de pourfendre cette notion de «grand remplacement», mais le paradoxe est qu'il en démontre l'implacable réalité mieux que quiconque. Il rejette le mot pour mieux en faire accepter la chose. Jamais il n'a été aussi clair, aussi limpide. Comme s'il tombait le masque. Comme s'il pouvait décrire la réalité sans fard car il était trop tard pour l'arrêter.


Que nous dit son dernier opuscule? Que la mondialisation, d'abord déménagement d'usines dans les pays pauvres, est désormais déménagement d'hommes dans les pays riches. Que ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent, mais les moins pauvres des pays pauvres. Que les stratégies d'aide au développement sont donc un leurre comme les réfugiés climatiques. Que «la croissance de la population française dépend des migrations… Sans l'entrée d'étrangers, le solde migratoire de la France deviendrait négatif et la croissance démographique cesserait rapidement…»

Que les politiques devraient s'intéresser autant à l'immigration qu'à l'émigration. Que «200.000 départs par an représentent presque le quart d'une génération». Que les immigrés d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec ceux d'hier, car «les migrations à longue distance qui viennent du monde entier ont remplacé les déplacements de proximité». Ceux-ci rejoignaient une nation, une culture, une histoire à laquelle ils s'assimilaient (ou étaient renvoyés) ; ceux-là rallient une diaspora étrangère et ne cherchent qu'à «valoriser leurs compétences». Et il est indigne de demander à leurs enfants de s'intégrer. S'intégrer à quoi? À qui? Pour Le Bras, un Français est celui qui a une carte d'identité française. À Saint-Denis, notre démographe voit 71 % de Français. Ce ne sont pas les mœurs qui font une nation, mais des papiers. Pas l'histoire, mais le droit. L'homme est un Homo migrans. L'homme n'est qu'un petit poisson rouge qui passe d'un aquarium à l'autre, comme sur la couverture de son livre. Un petit poisson rouge indifférencié, qui ressemble à un autre poisson rouge, sans mémoire ni racines.

Il n'est pourtant dupe de rien. Le Bras a bien compris que nous étions revenus au plus ancien affrontement de l'humanité, «l'opposition entre ceux qui viennent de loin et ceux qui viennent de près, une opposition qui remonte au début de l'ère néolithique quand l'agriculture et l'élevage se sont répandus sur la Terre». Le millénaire affrontement entre sédentaires et nomades, le combat biblique entre Caïn (l'agriculteur) et Abel (pasteur de petit bétail) ; Caïn tue Abel et fonde la première ville, pour protéger les paysans contre les nomades. Le crime fonde la civilisation. Cette histoire reprend partout sous les yeux dessillés de notre auteur, qui voit avec pertinence les Boko Haram, Daech, etc. comme «des sociétés hiérarchiques issues du nomadisme (opposées) à des sociétés plus démocratiques d'agriculteurs sédentaires». Une opposition qui ne doit pas être réduite aux habituelles distinctions entre sunnites et chiites ou musulmans et chrétiens. Mais une distinction que Le Bras devrait étendre à nos contrées, non seulement pour les attentats revendiqués par Daech mais aussi, et surtout, pour la violence, abusivement qualifiée de délinquance, voire d'incivilités, de nos bandes banlieusardes (pour la plupart dirigées par des caïds sunnites) qui ont mis en coupe réglée d'innombrables quartiers, appelés «zones de non droit» alors qu'elles devraient être qualifiées plus justement, comme les Anglais osent le faire, de «sharia zones».

Mais Le Bras a choisi son camp, soutient la revanche historique d'Abel sur Caïn: il est pour les nomades. «Les migrations actuelles ne sont pas le fait de groupes guerriers, mais de civils sans armes ni hiérarchie. Toute comparaison avec les invasions du passé est donc fausse, bien qu'elle soit monnaie courante.» Le Bras nous la baille belle: ces groupes de civils sans armes ni hiérarchie sont le comble de la guerre asymétrique, la guerre du faible au fort. Des envahisseurs d'autant plus redoutables que leur force est dans leur faiblesse, dans l'humanisme et la culpabilité des adversaires.

Le Bras accepte le monde tel qu'il est devenu. Cette essence même du conservatisme définit ce qu'on appelle aujourd'hui un progressiste.


Notre monde «extraordinairement polarisé où l'impérialisme colonial a été supplanté par l'impérialisme culturel» détermine les stratégies de chacun: les meilleurs des Français émigrent aux États-Unis, tandis que les meilleurs des Africains émigrent en France. Hervé Le Bras trouve ringards (et racistes) ceux qui s'en offusquent. Il juge surtout ridicules ceux qui veulent arrêter la marche du monde. Vous réclamez du pain, mangez de la brioche! Vous vous plaignez de l'immigration chez vous, immigrez chez les autres. Entrez dans la ronde plutôt que de tenter vainement de l'interrompre. Ne pensez surtout pas au destin de votre pays, pensez à votre destin individuel. «Il faudra admettre que la France perdra une partie de ses “meilleurs” citoyens qui seront remplacés par une partie des “meilleurs” citoyens de pays situés au-dessous d'elle dans l'ordre mondial.»

Les uns remplaceront les autres, mais le grand remplacement n'existe pas. Le Bras est le Pangloss des migrations. Tout est bien dans le meilleur des mondes. Le grand remplacement est un grand déménagement du monde et Hervé Le Bras est son agent immobilier.
Utilisateur anonyme
13 avril 2017, 17:54   Re : Zemmour, Le Bras et le Grand Remplacement
On sait par ailleurs qu'en France, selon Hervé Le Bras, la priorité est systématiquement donnée à la "chasse aux sans-papiers"...

La vraie question, relève le démographe, "n'est pas de raffiner les modes de contrôle d'une migration considérée comme un phénomène anormal, mais d'encadrer un phénomène normal, la libre circulation des humains et leur libre établissement, sans altérer profondément le rôle protecteur des Etats"



[mobile.lemonde.fr]
Il est question d'un Répliques avec Renaud Camus et Hervé Le Bras le mois prochain...
Utilisateur anonyme
13 avril 2017, 21:19   Re : Zemmour, Le Bras et le Grand Remplacement
« la libre circulation des humains et leur libre établissement, sans altérer profondément le rôle protecteur des Etats »

Autrement dit, l'ancien monde et le nouveau, l'ancienne donne et la nouvelle. Cela va très mal finir.
13 avril 2017, 21:38   Le Rom émissaire
Il est amusant d'observer, dans ce contexte d'apologie du nomadisme, que le seul peuple encore nomade, les Gitans, soit précisément celui qui mette tout le monde d'accord quant à sa détestation. S'attaquer à un camp de Gitans est une des rares activités susceptible de réunir dans un même élan des Arabes et des Français.
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