Cela dit, pour les passionnés d'étymologie transnationale, les jeux de va-et-vient entre le français et l'anglais ne laissent de fasciner. Voici, pour celle de l'anglais
veteran, qui reprend droit de cité sur notre sol depuis une trentaine d'années, ce qu'en dit Oxford :
veteran (n.)
c. 1500, "old experienced soldier," from French
vétéran, from Latin veteranus "old, aged, that has been long in use," especially of soldiers; as a plural noun, "old soldiers," from vetus (genitive veteris) "old, aged, advanced in years; of a former time," as a plural noun, vetores, "men of old, forefathers," from PIE *wet-es-, from root *wet- (2) "year" (source also of Sanskrit vatsa- "year," Greek etos "year," Hittite witish "year," Old Church Slavonic vetuchu "old," Old Lithuanian vetušas "old, aged;" and compare wether). Latin vetus also is the ultimate source of Italian vecchio, French vieux, Spanish viejo. General sense of "one who has seen long service in any office or position" is attested from 1590s. The adjective first recorded 1610s
Donc c'est au XVIe siècle que le vocable français franchit la Manche, s'installe en Angleterre, et revient vers nous à la faveur du Débarquement de juin 1944.
L'anglais se "shakespearianise" à ce moment, 1590, par mille emprunts et solidifications des gravats, agrégats et pulvérulences lexicographiques ramassés en Europe. Il s'enrichit ainsi, sans effacer le substrat anglo-saxon, c'est ce qui fit sa force. Tandis que nous, élément d'une mosaïque continentale,
nous n'empruntons de l'extérieur que pour mieux nous débarrasser de nous-mêmes. C'est le côté
da capo ou
tabula rasa des Français.