Le site du parti de l'In-nocence

Une brève histoire des réformes récentes de notre enseignement

Envoyé par Gérard Rogemi 
Trouvé sur le blog Au collège

"Sur le sujet annoncé dans le titre, un collègue anonyme a laissé sur l'un des ordinateurs de la salle des profs ce diaporama très bien fait. Cliquez ici pour le voir"
Utilisateur anonyme
09 mars 2008, 08:59   Re : Cela s'appelle une "brève"
Autour du même sujet, je signale cette "brève" relevée hier dans Libération (vous noterez au passage l'expression de l'inspecteur d'académie : "intenter à ses jours") :

"Un instituteur de 25 ans a tenté de se suicider vendredi à l'école de Brousses-et-Villaret (Aude), où il a été découvert par un de ses élèves avant les cours, a-t-on appris samedi auprès de la gendarmerie. Il a été transporté à l'hôpital de Carcassonne, situé à une vingtaine de kilomètres du village, et ses jours ne sont pas en danger, ont précisé les gendarmes.
Le jeune instituteur s'est tailladé superficiellement les veines vendredi matin et a absorbé un verre de déboucheur liquide dans une pièce derrière la cantine de l'établissement. Il devait être inspecté l'après-midi. Passionné par son métier, l'enseignant, en poste depuis deux ans au sein du regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de Brousses, Saint-Denis et Fraisse, était apprécié par ses d'élèves de CM1-CM2 et se dévouait totalement à son travail, selon le quotidien régional La Dépêche du Midi.

L'inspecteur d'accadémie, Daniel Koch, cité par le journal, a "constaté l'excellent travail de cet enseignant et la qualité des relations établies avec ses élèves". M. Koch, qui n'excluait pas le stress lié à cette visite, a estimé que "s'il a intenté à ses jours au sein de l'école, c'est parce qu'elle est le centre de sa vie et il m'apparaît comme un immense appel à l'aide". Une cellule psychologique a été mise en place vendredi pour l'unique classe de Brousses-et-Villaret et l'enseignant a été remplacé, selon la gendarmerie. La brigade de Cuxac-Cabardès a été chargée de l'enquête."
Il faudrait écrire un roman édifiant dont le titre serait : Naoufel et Cindy-Lou vont à l'école.
Sur ce blog Au collège il y a un article très intéressant Ce qui marche dont vous trouverez ci-après un court extrait:

.../Francesca m'a dit, cependant, qu'elle prenait beaucoup de plaisir dans son travail et qu'elle obtenait des résultats dépassant toute espérance. Une action pédagogique originale a en effet été initiée par un de ses collègues. Ce dernier s'est creusé la tête pour essayer d'utiliser au mieux les moyens mis à disposition dans le cadre du dispositif Ambition Réussite, et notamment des assistants pédagogiques (des étudiants recalés au CAPES qui financent leur deuxième tentative et acquièrent un peu d'expérience en travaillant au sein des collèges).
La méthode retenue est la suivante. En début d'année, un test a permis de classer les élèves en trois catégories (trois étoiles pour les forts, deux étoiles pour les moyens, une étoile pour les très faibles, ceux qui ne connaissent pas leur table de multiplication et ont du mal avec les additions). Les meilleurs sont regroupés trois heures par semaine et font de l'approfondissement -sans doute avec Francesca, qui est tout de même docteur en mathématiques. Ce groupe est essentiellement composé d'élèves d'origine chinoise ou indienne. Durant ce créneau de trois heures, le reste de la classe est dédoublé : l'enseignant prend en charge les moyens, tandis qu'un assistant pédagogique fait du soutien et du rattrapage avec les plus faibles, à partir d'une préparation élaborée par le professeur. Cependant on ne peut pas parler de classes de niveaux, puisque les trois groupes sont régulièrement réunis pour des cours communs.

Ce dispositif expérimental n'a pour l'instant été mis en place qu'avec les élèves de sixième. Ses bénéfices apparaissent déjà spectaculaires. Chacun, quel que soit son niveau de départ, trouve dans les cours de mathématiques quelque chose d'accessible, et comprend beaucoup mieux le sens de sa présence à l'école, puisqu'il parvient à suivre ;.../...
« De pédagogues pragmatiques qui, selon leurs propres dires, sont décidés à mettre en avant et à promouvoir avant tout "ce qui marche", ce qui a fait ses preuves en éducation, ce dont on voit bien que c'est favorable à la culture et à la connaissance en elles-mêmes, on aurait pu attendre — mais sans doute était-ce compter sans le pragmatisme dans le pragmatisme, sans la prudence idéologique, sans le désir de mettre et maintenir l'apprenant "au centre du système" (et non pas la culture et la connaissance, justement) —, on aurait pu attendre, donc, un renversement cynique ou seulement pragmatique, justement, logique, de Bourdieu et Passeron qui, au fond, "ce qui marche", ne le désignaient que trop, a contrario : "ce qui marche" c'est l'héritage, ce dont bénéficient les "héritiers". Si l'objectif était de développer la culture au sein de la société (et non pas de promouvoir à toute force l'égalité, ce qui est un tout autre dessein, et parfaitement contradictoire avec le précédent), c'était sur eux, les héritiers, qu'il aurait fallu s'appuyer, puisque avec eux la moitié du travail était déjà fait, tout le monde était d'accord pour le constater, fût-ce bien sûr pour le déplorer. Certes il n'eût été ni judicieux ni juste, en un tel parti, d'abandonner les autres, les non-héritiers, à leur sort. Mais, puisque décidément c'était l'héritage qui donnait les meilleurs résultats, il aurait fallu se battre pour que, des rangs des non-héritiers d'aujourd'hui eussent une chance de procéder un jour, à la génération suivante, des héritiers — tout en se gardant bien sûr de négliger la possibilité que, l'héritage n'étant pas tout, tout de même, ni toujours indispensable (seulement très utile et très précieux, selon toutes les observations, à commencer par celles de ses pires ennemis), quelques-uns parmi ceux qui en sont privés puissent parvenir à s'en passer, grâce à leur intelligence, à leur application à l'étude et à l'attention pédagogique compensatoire particulièrement appuyée qui leur eût été prodiguée ; au lieu que la politique inverse, celle qui a été vertueusement suivie depuis un demi-siècle, et qui consiste à tout organiser pour que les non-héritiers ne soient pas désavantagés (alors qu'ils le sont bel et bien) et donc que les héritiers ne soient pas avantagés (et ils le sont aussi, "naturellement", mais Dieu sait que l'on a bien vu qu'on pouvait faire en sorte que ce soit sans effet), c'est labourer la mer.

« "Mettre au centre", comme ils disent, non pas tant l'enfant, l'élève, l'"apprenant", mais de préférence, et emblématiquement, l'enfant "défavorisé", "issu des milieux défavorisés", s'assurer que l'enfant favorisé, lui, n'a aucun avantage sur le précédent (alors que son avantage, c'est l'héritage culturel) et reçoit exactement la même éducation que lui, une éducation contrainte par ses besoins à lui, limitée par ses limites à lui, c'est garantir absolument, non seulement que le niveau général et moyen ne "montera" pas (il est bien question de cela !), mais qu'à chaque génération il baissera davantage — et c'est en effet ce qui se passe. »
Utilisateur anonyme
09 mars 2008, 18:28   L'héritage inutile
Il me semble que les classes privilégiés ne faisaient pas que transmettre à leur progéniture une culture de bon niveau. Il y avait aussi beaucoup de gestes, de manières, de pratiques. Je crois même qu'en définitive il y avait beaucoup plus de gestes que de livres : les arts d'agréments, la monte des chevaux, l'escrime, la conversation, la démarche, la tenue, que sais-je, un ensemble d'attitudes usuelles qui permettaient de se distinguer et ne pouvaient qu'être transmises, de même que ne pouvaient qu'être transmis un ensemble de savoirs-faire manuels.

Aujourd'hui, quantité d'actions usuelles accomplies par les enfants, les jeunes gens, toute classes sociales confondues, se passent radicalement de la moindre transmission par quelque aîné que ce soit. Mieux, ce sont souvent les enfants eux-mêmes qui apprennent à leurs parents à se servir d'appareils qui, désormais, font partie intégrante de la vie la plus ordinaire, au point d'être indispensables.

On peut se demander, en dehors même de l'influence délétère de telle ou telle idéologie, comment la transmission de l'héritage culturel pourrait s'opérer sur la base de l'inutilité de ce même héritage dans l'accomplissement d'une multitude d'actions usuelles.
... c'est garantir absolument, non seulement que le niveau général et moyen ne "montera" pas (il est bien question de cela !), mais qu'à chaque génération il baissera davantage.

Garantir aussi que l'accession des plus motivés, doués et soutenus parmi les non-héritiers, à l'instruction, et l'ascension sociale qu'elle permettait, sera rendue de plus en plus difficile. Garantir donc que l'héritage restera plus que jamais la clé de la réussite, mais que, de plus en plus, la déculturation générale aidant, cet héritage se résume à la seule transmission de l'argent.
09 mars 2008, 19:04   Re : L'héritage inutile
Je suis chaque fois sidérée de voir à quel point l'idéologie maoïste et ses pratiques, auxquelles la Chine elle-même a renoncé, se sont implantées facilement dans l'Education nationale et y perdurent.
"M. Koch, qui n'excluait pas le stress lié à cette visite, a estimé que "s'il a intenté à ses jours au sein de l'école, c'est parce qu'elle est le centre de sa vie et il m'apparaît comme un immense appel à l'aide"

L'expression étrange "intenter à ses jours" (au lieu, me semble-t-il, d'attenter à ses jours) ne laisse pas d'inquiéter dans la bouche d'un inspecteur d'académie... Pas étonnant qu'on ne corrige plus les instituteurs qui ne corrigent plus les élèves...
Qui pourrait nous donner la référence du texte de Renaud Camus ? C'est que j'ai envie de le citer, moi...
Rien ne dit que la boulette soit l'oeuvre de l'inspecteur d'académie : cela peut très bien être la journaliste. Au vrai, c'est tout de même plus probable.

Enfin, pour quelque temps encore.
Tout à fait d'accord avec l'observation de M. Meyer. Et j'chais d'quoi j'cause...
Personne ne sait, alors ? Tant pis...
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