Il y a cent ans, fin octobre 1917 : Pétain, bon stratège, économe en vie humaine, obtenait une victoire décisive, après avoir fait inonder pendant quatre jours les positions allemandes qu'il visait de trois millions (!) d'obus.
Pétain paraît avoir été le seul grand chef de guerre français qui, en cette fin d'année 1917, ne fût pas
unaninement honni par les Français, par ce peuple de France alors pris dans le train des événements jusqu'au bord de la mutinerie désespérée (par les désastres systématiques des offensives Nivelle, etc.).
Ce prestige et cette affection justifiés que le peuple de France accorda alors à Pétain, furent, cruelle ironie, par ce peuple payés au prix fort moins d'un quart de siècle plus tard.
C'est ainsi que la défaite de 1940 devait se compliquer bientôt d'une cruelle déception amoureuse éprouvée par tout un peuple qui, de la sorte, se trouva trahi au cube : par ses généraux faillis de 1940 comme par son héros supérieur qui s'avérait décevant, trouble et entêté, illisible.
On a vu bien des nations s'abîmer à tout jamais pour moins que ça.
Le redressement gaulliste qui vint plus tard fait l'effet d'un mirage, d'une illusion née et morte dans l'oeuf, redressement tout entièrement accompli dans le spectacle et la volonté symbolique, comme simagrées, ou cérémonie magique et vaine qui se fût tenue au-dessus du cadavre putréfié d'une nation.
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