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Une Algérie incroyablement sale : l'autre peuple plastic
par Kamel Daoud

Quelque chose de triste qui vous prend au ventre, vous met l'encre de la colère dans les yeux. D'insultant. De terrible comme révélation sur les siens face à leur terre : des milliers de bouteilles d'eau minérale, emportées par les vents, roulant sur l'asphalte. Des sachets bleus, de la saleté, des détritus. Une terrible saleté sur les plages algériennes, contrastant avec le bleu infini, le sable et les youyous de l'Indépendance. Pas la saleté habituelle qui dure depuis des ans, mais quelque chose de plus ample, grave. On ne sait pas quoi écrire sur le phénomène : le regarder, en souffrir et s'interroger : pourquoi les Algériens, en majorité, sont-ils sales ? Le dire blesse l'image édulcorée que l'on se fait de soi et des siens au « nom du peuple» et de la fiction. Mais c'est ainsi : nous sommes sales. Encore plus depuis que l'argent gratuit a libéré les excès de consommation. On vend du pétrole, on achète, on dévore puis on baisse la vitre de la voiture pour jeter ses déchets, ses emballages et ses sachets dans le « Dehors». Cet espace de personne, de la prédation, de la poubelle, de la vacance, du butin ou de l'abandon. Comparé au « Dedans algérien» : lieu des soi et des siens, de l'intime, du sentiment de propriété, du beau ou de la convivialité.

De mémoire du chroniqueur, jamais les spectacles de la saleté n'ont été aussi énormes, catastrophiques. Comme s'il s'agit d'une volonté conscience de faire mal à la terre, de se venger. Expression sinistre de la mort de l'âme et de la complète débilité de la majorité. Lien brisé et méprisant envers l'environnement. Fallait-il libérer ce pays avec du sang pour, au final, le noyer dans la saleté ? Pourquoi cette absolue inconscience ? L'Ecole ? La Religion ? Le rejet de toute autorité ? Le lien maladif entre l'Algérien et l'Administration assimilée à une autorité exogène ? La certitude que l'on va aller au paradis et que ce pays n'est qu'une salle d'attente ? La surconsommation ? La négligence de l'autorité publique ? A la fois, en vrac, en tout. Il y a de tout dans la poubelle de l'âme.

Et face à cette saleté inconcevable, on rêve presque de dictature dure : amende énorme pour la moindre bouteille de plastique jetée. Prison pour le sachet bleu ou la poubelle lancée hors de la poubelle. Il ne faut plus se jouer des sociologies faciles, il faut punir. Le crime est énorme. Il faut sévir et rééduquer les gens aux habitudes de base : se laver les mains, respecter le feu rouge comme s'il s'agissait d'un dieu tricolore, ne pas jeter ses ordures n'importe où et avoir le culte de l'hygiène et de la propreté. Car cela devient honteux et scandaleux ce pays vu par le train, la voiture ou aux bords des eaux ou dans ses espaces publics. Un assassinat de l'espace et de la terre que l'on va laisser aux enfants à venir.

Il en va de l'acte de chacun. Pas comparé aux autres, mais la sphère fermée de la responsabilité individuelle. Il en va aussi de la mission de tous : école, administrations, pouvoirs publics. Il faut sauver au moins ce pays de ses ordures. Car c'est un déluge, un raz de marée, une honte. Après des années de guerre, un millénaire d'attente et tant de sacrifices, en venir à habiter une décharge publique avec un drapeau, est une honte. Car désormais, c'est ceci le pays : des sachets bleus, des décharges, des poubelles éventrées partout, un peuple au trois quart ignare, insouciant de la terre à transmettre, bigot, sale, incivique et intolérant. La civilisation commence par l'hygiène et l'hygiène n'est pas aller se laver les pieds dans les mosquées que l'on construit par milliers, puis jeter ses déchets au visage de la terre rare et malheureuse.

Une honte. De chacun par chacun, de tous. La terre appartient à ceux qui la respectent. Si on en est incapable, autant la redonner aux colons.
Je faisais hier, exactement, le même constat.
Sur l'état du bord des routes en France.
Quand on passe la frontière allemande, toutes les saloperies disparaissent, comme par enchantement.
Il faut le voir pour le croire.

Parmi les explications, plus ou moins liées à la faune locale, il y a aussi le fonctionnement de la DDE. Elle passe régulièrement avec ses tracteurs pour couper l'herbe en bord de route. Les détritus jetés par les automobilistes, gens du voyages, et autres, s'en trouvent alors déchiquetés, ce qui multiplie par cent la pollution. On est quand même dans un pays d'un je-m’en-foutisme incroyable.
La DDE montre à la vermine le chemin !
Mais, ce qui est plus incroyable encore, c'est que les mêmes populations, dix kilomètres plus loin, en Allemagne, ne se comportent pas du tout comme cela.
Ou alors, si, lorsqu'elles viennent de France.

Ce qui est plus incroyable encore, c'est qu'en Allemagne, ils sont parvenus à éviter la ban localisation des villages. En bordure des agglomérations, les supermarchés prospèrent, mais on n'a pas du tout le même sentiment d'abandon.
La France est vraiment devenu un pays de jean-foutres.
Et c'est l’État qui en est le grand pourvoyeur.


 
Oran la belle, Oran la rebelle serait devenue encore plus sale et plastifiée qu'Alger (la baie, une merveille, est infestée)... Ils ont réussi à nettoyer leur pays de toute forme de culture, en virant les juifs (voir l'évocation du grand el Medioni), en supprimant des festivals culturels (pendant un temps, Alger n'a plus compté AUCUNE salle de cinéma!), bref en redevant une tribu endogame qui bientôt ne regardera que dans une seule direction. L'un des pays les plus racistes du monde, qui rêve de génocider le voisin marocain, tout occupé à faire culturellement place nette et à exporter sa lie dans le monde entier, en aurait oublié de laver les rues de ses villes, c'est prodigieux.
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