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Mort d'un héros ?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 13:32   Mort d'un héros ?
Interrogé sur la poussée du Front National dans les urnes, notamment après leur bon score aux cantonales (2012 je crois), Johnny Halliday, notre "héros national", plus-rebelle-que-lui-tu-meurs, avait déclaré : "Je ne sais pas. Je trouve que les Français deviennent fous.... C'est aberrant de voter pour le Front National. Ce ne sont pas mes racines. Ca me fait peur."

Quelques jours avant Patrick Bruel, Danny Boon, Richard Berry, avaient également appelé leurs fans à "faire barrage au FHAINE".
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 13:43   Re : Mort d'un héros ?
Macron : "Johnny fait partie des héros français."

Hamon : "Ce matin c'est un peu comme si Paris perdait sa Tour Eiffel. Avec la disparition de Johnny Hallyday, la France perd un monument national de la chanson, du rock et de la culture populaire"

Valls : "C'est une part de nous-même et une part de la France qui part"
06 décembre 2017, 14:01   Re : Mort d'un héros ?
Non rancunière MLP aussi lui a rendu hommage en tant que chanteur du Peuple.
Et, comme l'ensemble de la classe politique elle a bien eu raison de le faire. L'Histoire nous a toujours montré que seuls les groupuscules plus ou moins sectaires vivent en marge du Peuple et de ses passions.
Mais individuellement on a bien entendu tout à fait le droit d'aimer ou de détester cordialement qui que ce soit.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 14:24   Re : Mort d'un héros ?
L'Histoire nous a toujours montré que seuls les groupuscules plus ou moins sectaires vivent en marge du Peuple et de ses passions
////

Vous considérez donc nos médias et nos gouvernants comme des groupuscules plus ou moins sectaires... ?
06 décembre 2017, 14:36   Re : Mort d'un héros ?
D'Ormesson et Hallyday seront un jour étudiés comme fossiles de la France pré-islamique. Le second pourrait même bien être converti posthumement et devenir... Ali Deye.
06 décembre 2017, 14:45   Re : Mort d'un héros ?
Bien entendu qu'ils peuvent en avoir le comportement ! Par ex quand ils recouvrent les inquiétudes identitaires de ce Peuple d'une fin de non recevoir, d'un déni de réalité, quand donc ils s'enferment dans leur chapelle bien-pensante telle une monade étanche au Réel. Mais ils ne sont pas les seuls à être exposés à ce travers...
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 15:16   Re : Mort d'un héros ?
Bon là, pour le coup, "je suis Johnny"...

[uploads.disquscdn.com]
06 décembre 2017, 15:38   Re : Mort d'un héros ?
Jean d'O faisait partie des meubles, et quand j'appris sa mort, je ne pus m'empêcher d'en être chagrin et de proférer un "merdeuu..." désolé... Bien que je n'aie lu une traître phrase de lui, je crois, quelqu'un qui vouait une si sincère admiration à Chateaubriand ne peut être tout à fait mauvais...
06 décembre 2017, 15:43   Re : Mort d'un héros ?
Incontestablement, Nathalie Baye a eu du goût et a bien visé, en 1983.
06 décembre 2017, 17:11   Re : Mort d'un héros ?
Je vais sans doute, encore une fois défendre ce qui pour beaucoup sur ce forum est indéfendable mais j'aimais bien J.H Je pense qu'il a été le ''Piaf'' de notre époque, Piaf dont la mort, étrange coïncidence, a été suivie le lendemain par celle de Jean Cocteau qui aimait beaucoup la chanteuse comme d'Ormesson, selon moi, devait aussi aimer le chanteur. Les aristocrates, au sens propre et figuré, ont toujours eu de la tendresse pour les ''artistes'' issus du ''populo'', comme on ne dit plus aujourd'hui. Et justement J.H. était un véritable enfant du populo dans ce que celui-ci avait de meilleur : une sorte d'ingénuité, une absence totale de chiqué,une énergie à toute épreuve, sans compter une voix magnifique et un visage triste qu'illuminait parfois un radieux sourire d'enfant. Discret, jamais donneur de leçon, il était tout le contraire du chanteur engagé à posture moralisatrice et le commentaire cité par Pascal Mavrakis est bien le seul du genre qui ait jamais franchi ses lèvres. Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre. Il est sans doute le dernier représentant d'une culture populaire qui se meurt avec le peuple. Et je crois, hélas que l'une ne peut mourir sans l'autre et inversement.
Je vais même faire hurler les puristes du rock. Je le trouve en tant que rocker, bien meilleur que la plupart des artistes anglo-saxons blancs : aussi électrique qu'eux mais bien plus beau, possédant une bien plus belle voix et capable de chanter des chansons superbes. Mais les anglo-saxons estiment que le rock est leur chasse gardée et qu'eux seuls peuvent illustrer ce style. C'est comme si les Polonais estimaient qu'eux seuls pouvaient jouer de la musique romantique sous prétexte que Chopin avait inventé le genre.
06 décembre 2017, 17:37   Re : Mort d'un héros ?
J'ai même idée que tous ces hommages sont le signe d'un soulagement du système : enfin le voilà débarrassé du dernier chanteur populaire français ! Place nette désormais pour les divers.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 17:49   Re : Mort d'un héros ?
débarrassé du dernier chanteur populaire français
///

Déjà récupéré par la propagande sans-frontiériste : j'entendais ce matin, "JH avait un passeport belge, ça ne l'empêchait pas d'être français, comme vouzémoi, comme quoi..."

JH un CPF, ils nous auront tout fait.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 18:54   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Alain Eytan
Jean d'O faisait partie des meubles, et quand j'appris sa mort, je ne pus m'empêcher d'en être chagrin et de proférer un "merdeuu..." désolé... Bien que je n'aie lu une traître phrase de lui, je crois, quelqu'un qui vouait une si sincère admiration à Chateaubriand ne peut être tout à fait mauvais...

Ouais... Ses appels au "pas d'amalgame", à voter Macron et à lutter contre le FN, sa naïveté d'enfant gâté... Il avait tout du remplaciste passif (la pire "race" selon moi).

[www.saphirnews.com]
"«J'ai toujours considéré Daesh comme une abomination, mais je me refuse à rendre l'islam responsable. Si l'islam a une responsabilité, c'est qu'il sert de vecteur au terrorisme. Mais ces terroristes font des victimes chez les juifs, chez les chrétiens et chez les musulmans. ».
«On m'envoie tous les jours les sourates censées ternir la belle image de l'islam que j'aurais fallacieusement véhiculée. Naturellement, il y a des gens détestables parmi les musulmans. Mais vous croyez qu'il n'y a pas eu des gens abominables parmi les chrétiens ? »

C'est bien cet homme, dont on nous dit qu'il incarnait l'esprit français ?
06 décembre 2017, 20:23   Re : Mort d'un héros ?
Chère Cassandre, si j'en avais le pouvoir je vous bénirai pour ces mots qui me vont droit au coeur, mais aussi à l'esprit.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 22:35   Re : Mort d'un héros ?
Il incarnait merveilleusement notre (mauvaise) américanisation, avant que celle-ci ne s'islamise (l'étape suivante étant le Quick Hallal).
06 décembre 2017, 22:53   Re : Mort d'un héros ?
Il se faisait une idée très naïve, très française de l'Amérique. Il n'américanisait pas la culture française, il francisait la culture américaine, comme Trénet et Brassens ont réussi à franciser le jazz, comme l'art nouveau, entre autres, a francisé l'art japonais.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 23:04   Re : Mort d'un héros ?
C'est certain. Il a tellement influencé la culture américaine en la francisant que ce soir tout New York et tout Los Angeles ne parlent que de lui. Si Donald Trump n'était pas si occupé avec ces histoires d'ambassade à Jérusalem, il aurait fait un beau discours à ce sujet.
06 décembre 2017, 23:14   Re : Mort d'un héros ?
Cher Trystan Dee vous n'avez pas compris ce que j'ai écrit.
Utilisateur anonyme
06 décembre 2017, 23:36   Re : Mort d'un héros ?
C'est curieux, tout de même.

Cassandre, vous qui fustigez sans arrêt (avec raison) l'américanisation idiote de la France, voilà que tout à coup un type qui s'appelle Johnny Hallyday (sic) et qui n'a fait que massacrer des chansonnettes américaines déjà complètement nulles au départ, trouve grâce à vos yeux.

Ah, c'est son côté “populo”, comme vous dites, qui fait de lui, à vos yeux, sinon un aristocrate (le populo est toujours le sel de la terre, ne l'oublions pas), du moins un artiste de valeur. Mais puisqu'il s'agit de défendre l'authentique culture populaire du vieux peuple de France, ou quelque chose comme ça, pourquoi mettre sur un piédestal un type qui est allé tout chercher, tout copier en Amérique ?

Il n'y avait absolument rien de français chez lui, sa belgitude nonobstant. S'il incarnait quelque chose de français, c'était le vide culturel français, y compris et surtout dans ses strates les plus populaire. Ce qu'il était et faisait, c'était déjà de la bouillie internationale, le Big Mac vaguement adapté au “goût français”, ou ce qu'il en reste.

Bref, il n'a rien francisé du tout. Il n'a fait que beaufiser, à l'usage des beaufs de France, quelque chose qui était déjà beauf à la base.
07 décembre 2017, 00:31   Re : Mort d'un héros ?
Ne crachez donc pas si fort ni si vite sur Johnny Hallyday, cher Trystan. Ce chanteur fut le Pavarotti du rock, pour commencer, cherchez donc une voix qui l'égale dans le rock anglosaxon : il n'y en a pas. Pavarotti ne savait pas plus lire ni écrire la musique que cet homme. Il n'en fut pas moins une star lui aussi.

Ensuite, nous Français, aimons les influences culturelles croisées, y compris avec ce pays, l'Amérique, que nous avons aidé à se créer, à se fonder, dans les années révolutionnaires du XVIIIe siècle.

Que l'Amérique nous revienne en France dans les années 60 avec ce bonhomme, Johnny Hallyday, est une affaire assez privée à cette relation. En Louisiane, et dans le Tennesee, on parlait encore français en 1943 quand cet homme est venu au monde d'on ne sait trop où. La France et cette Amérique-là, depuis bien avant ce temps-là, entretiennent une relation privilégiée, que, pour le coup, on peut le dire, le monde entier leur envie.

Je ne puis que vous conseiller d'y réfléchir. Le monde n'est pas si simple que vous vous le figurez et l'Amérique n'est pas l'incarnation d'un mal absolu comme on le croit à Téhéran. Il y a dans l'Amérique originelle, beaucoup de la France essentielle, ne vous déplaise. Ravel, pour rester dans la musique, l'avait bien compris qui disait aux compositeurs du nouveau monde que le jazz devrait bientôt nourrir la création musicale de ce pays.

Les Français continueront, pour mille raisons dont celles-là, de se méfier des gens qui nous viennent d'horizons où il est convenu de vômir l'Amérique.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 00:55   Re : Mort d'un héros ?
Cher Francis Marche, sauf votre respect, je n'ai pas besoin d'un cours accéléré sur l'histoire des relations franco-américaines, ni sur l'influence de nos Lumières dans la création de ce grand pays. Et personne n'admire plus que moi ce que l'Amérique a donné de meilleur au monde, qu'il s'agisse de ses grands hommes, de ses grandes idées et de ses grandes œuvres.

Admiratif de cette histoire, justement, je trouve cela piquant que l'on voie subitement en cet artiste baroque de music-hall l'alliance de ce que l'Amérique et la France ont su produire de meilleur, ou peu s'en faut.

Le fait est qu'à mes yeux, malgré toutes ses éventuelles qualités (lesquelles demeurent nébuleuses à mes yeux, mais il est vrai que je ne me suis guère penché sur son œuvre...), il m'a toujours semblé appartenir, vu d'où j'écris, au pire music hall français des années soixante-dix, maquillé, bruyant, kitsch — à ranger aux côtés de Cloclo et de Dalida. Un puissant exemple de mauvais goût.

D'ailleurs, dans mon souvenir, quand j'étais enfant, circa 1985 (mettons), il incarnait le chanteur pour beaufs par excellence.

Mais puisque vous me donnez des conseils culturels, je vous conseillerais, pour ma part, d'aller faire un petit tour à Téhéran, puisque vous évoquez cette ville que je connais bien, et probablement mieux que vous. Vous verrez que l'Amérique n'y est pas du tout le Satan que vous décrivez (là encore, un reste des années 1970...), mais qu'au contraire elle n'a jamais été autant admirée et, surtout, désirée.
07 décembre 2017, 03:29   Re : Mort d'un héros ?
En attendant Godard :

[www.youtube.com]

Jean-Luc Godard est né en 1930. Il faut prendre ses devants. Les hommages nécrologiques ne peuvent attendre la mort des intéressés.

Quand Godard aura rejoint Jauni, la scène sera libre pour l'installation des remplaçants. On les sent, on les voit flairer leur heure, se tapir, attendre avidement l'effacement total et définitif de l'époque qui ne peut mieux faire que de s'éteindre pour les servir. Les remplaçants, dans leur majorité, ne sont pas des pousse-à-la-mort, ils ne sont pas des assassins. L'assassinat n'est pas l'arme majeure de leur entreprise. Leur arme majeure est dans l'attente et la paix. La paix et la prolification de soi rythmée par le passage ordinaire du temps, et la mise au silence absolue de la pensée.

En 1966 Godard mit en scène ce film, ce monologue du café qui aujourd'hui me sidère par son audace. L'époque pouvait se permettre une interrogation ouverte, publiquement offerte par un auteur de cinéma qui fut un temps quasiment populaire (Le Mépris, A Bout de Souffle, etc.). Gigantesque recul depuis lors. La méditation introspective et scandaleusement ouverte comme celle de cette scène est aujourd'hui au-delà du tabou en France. Elle est inconcevable. Pas même interdite : inconcevable.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 06:03   Re : Mort d'un héros ?
En 1966 Godard mit en scène ce film, ce monologue du café qui aujourd'hui me sidère par son audace. L'époque pouvait se permettre une interrogation ouverte, publiquement offerte par un auteur de cinéma qui fut un temps quasiment populaire (Le Mépris, A Bout de Souffle, etc.). Gigantesque recul depuis lors. La méditation introspective et scandaleusement ouverte comme celle de cette scène est aujourd'hui au-delà du tabou en France. Elle est inconcevable. Pas même interdite : inconcevable



Où l'on voit que la fonction de l’art n’est pas de révéler l’être, auquel aucun humain n’est assujetti, mais de donner sens à une errance fondamentale, essentiellement apatride, dont l’art témoigne en révélant à l’homme le vide métaphysique de son entière liberté, l'enfermement dans son langage, la souffrance de ses marches en vue d’une terre promise jamais atteinte.


Oui Francis. Cette innocence-là, cette méditation-là qui, à l'évidence, ne vise rien, ne va nulle part, qui tourne en rond et qui revient sur elle-même ("éternel retour" du même), mais chaque fois à un autre niveau, est désormais inconcevable.

A propos de l'innocence j'avais noté ceci, de Baudrillard : "L'innocence, cette forme légère de déficience mentale, a le même effet aphrodisiaque que la douceur de la peau."
07 décembre 2017, 09:28   Re : Mort d'un héros ?
Qu'est-ce que Marina Vlady était belle !
07 décembre 2017, 09:32   Re : Mort d'un héros ?
Je suis d'accord avec Francis : il y a toujours eu une histoire d'amour entre une certaine Amérique et la France. En ce sens JH ne fait que perpétuer, à sa façon naïve, quelque chose d'une identité bien française.
07 décembre 2017, 10:42   Re : Mort d'un héros ?
Accord total (et reconnaissant) avec la motion Cassandre sur JH et le peuple (le nôtre, finalement, qui disparaît) de ses admirateurs (dont je ne suis cependant pas, affaire de goût).
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 11:10   Re : Mort d'un héros ?
JH c'est d'abord une voix exceptionnelle et, en fait, rien que ça (ce qui n'est déjà pas mal).
Son succès repose donc sur un talent avéré.

Des centaines de personnalités au talent plus discret mais aussi souvent plus exceptionnel voient aujourd'hui leur vie éventrée et leur réputation universellement salie suite à des accusations douteuses, anciennes et le plus souvent vénielles. Le grand chef d'orchestre James Levine étant le dernier en date.

Serait-il alors malséant, en plein délire eulogique, de rappeler certains faits ?

— JH a été le champion de l'évasion fiscale.

— Il a été par deux fois accusé de viol dont une fois sur mineure de 15 ans. La prescription n'eût pas été acquise dans le deuxième cas, il lui aurait fallu passer en procès. Et même dans ce cas qu'est-ce qui rend la parole de l'accusatrice de JH plus douteuse que celle de l'accusatrice de David Hamilton — dont tout le monde a applaudi le suicide ?

— Il collectionnait les très jeunes filles, aux yeux de nos néofems c'était un prédateur sexuel.

ll ne s'agit pas d'accabler JH mais de se prendre la tête à deux mains face à une schizophrénie sociale qui confine à l'absurdité.
07 décembre 2017, 11:24   Re : Mort d'un héros ?
Seule, qu'on le regrette ou non, la culture populaire, quelle qu'extension qu'on lui donne, est capable de fédérer un peuple. La culture savante ne peut être que la cerise sur le gâteau. Sans culture populaire pas de peuple. C'est pourquoi le nôtre est en train de disparaître.On peut souhaiter, c'est mon cas, que la cerise soit la plus belle et la plus grosse possible mais elle ne peut remplacer le gâteau. JH était sans doute le dernier à rassembler autour de caractéristiques et de chansons, dans les quelles, à tort ou à raison, d'innombrables Français se reconnaissaient. Il n'a bénéficié ni de piston, ni de complaisance médiatique -on ne le voyait pratiquement jamais faire sa promotion à la télévision. Ce qui a fait son succès, c'est bien le peuple et lui seul.
On ne peut à la fois se désoler de la disparition de celui-ci et en même temps mépriser ce qui fait qu'il existe.
07 décembre 2017, 11:31   Re : Mort d'un héros ?
Quelles qu'aient été ses fautes (il n'était pas un saint, et l'eût-il été qu'on l'eût peut-être moins aimé) elles lui ont été pardonnées parce que lui, au moins, ne s'est jamais posé en donneur de leçons. Et puis, excusez-moi, mais quelqu'un qui indigne les ''néofems'', ne peut être complètement mauvais.
07 décembre 2017, 11:58   Re : Mort d'un héros ?
A propos de l'innocence j'avais noté ceci, de Baudrillard : "L'innocence, cette forme légère de déficience mentale, a le même effet aphrodisiaque que la douceur de la peau."

Quel gros dégueulasse, tout de même, ce Baudrillard.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 12:04   Re : Mort d'un héros ?
Oui, UNE VOIX. Rien que pour ça JH mérite le respect. Ça n'était pas un truqueur, ni un "fils de" (seulement un fils d'alcoolique...), mais de là en faire un "héros national"... La récupération macronienne est obscène.

@Cassandre

Il me semble qu'aujourd'hui, le rap, bientôt à la remorque du salafisme (?), sait fédérer nos nouvelles populations.
Les FDS disparus, JH n'avait plus de raison d'être.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 12:07   Re : Mort d'un héros ?
Et puis, excusez-moi, mais quelqu'un qui indigne les ''néofems'', ne peut être complètement mauvais.

Je partage votre avis mais quand l'idéologie néofem est au pouvoir, tout ça a un petit côté schizophrénique quand même.
La ministre Schiappa passant son temps à dénoncer "la culture du viol" (import amerloque là aussi) et s'apprêtant à légiférer pour que des prédateurs comme JH ne passent plus au travers des mailles.
07 décembre 2017, 12:19   Re : Mort d'un héros ?
@Trystan Dee

Il fallait lire "Téhéran" dans mon message comme "Paris" dans une expression comme "Paris condamne la décision de Donald Trump de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem".

Le Téhéran qui, par exemple, soutient le Hezbollah avec des attitudes comme celle-ci :

[www.lefigaro.fr]
07 décembre 2017, 12:31   Re : Mort d'un héros ?
''mais de là en faire un "héros national"... La récupération macronienne est obscène.''
Mais bien sûr. Comme la classe politique est constamment dans le simulacre elle en fait toujours trop ou pas assez.

''Il me semble qu'aujourd'hui, le rap, bientôt à la remorque du salafisme (?), sait fédérer nos nouvelles populations.
Les FDS disparus, JH n'avait plus de raison d'être.''
Hélas, je suis bien d'accord.
07 décembre 2017, 13:16   Re : Mort d'un héros ?
Quand une culture disparait, quand une population disparait, quand un pays disparait, alors, la logique veut qu'un clou chasse l'autre.
En 1960, Johnny Halliday signe son premier contrat avec Vogue, récipiendaire du plan Marshall. Pourtant, en 1962, Gainsbourg chante encore la chanson de Prévert.
Après ça, c'est terminé.
Johnny Halliday, n'est donc que le premier clou du cercueil. S'il chante en français, c'est que l'époque l'exige encore. Sinon, il nous l'aurait surement fait par derrière et en anglais comme le font tous ses musicos héritiers.

Alors, une dernière fois, avant de refermer le cercueil:
(la chanson de Prévert, 1962)



07 décembre 2017, 13:41   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Pascal Mavrakis
Oui, UNE VOIX. Rien que pour ça JH mérite le respect. Ça n'était pas un truqueur, ni un "fils de" (seulement un fils d'alcoolique...), mais de là en faire un "héros national"... La récupération macronienne est obscène.

@Cassandre

Il me semble qu'aujourd'hui, le rap, bientôt à la remorque du salafisme (?), sait fédérer nos nouvelles populations.
Les FDS disparus, JH n'avait plus de raison d'être.

Pascal, j'ai bien peur que vous n'accordiez trop d'importance au terme employé par Macron. Sûrement s'est-il tout bonnement gouré d'élément de langage et qu'un malheureux communiquant lui avait soufflé à l'oreille, au milieu de la foule algérienne : "Idole nationale". Enfin, c'est que je veux croire tant le terme de héros national est en occurrence totalement déplacé....
07 décembre 2017, 13:55   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Cassandre
Je suis d'accord avec Francis : il y a toujours eu une histoire d'amour entre une certaine Amérique et la France. En ce sens JH ne fait que perpétuer, à sa façon naïve, quelque chose d'une identité bien française.

Absolument, et nous en voulons pour preuve la formation de son public le plus fidèle au cours, tout de même, des cinq dernières décennies : des millions de braves gens marginalisés à mort dans leur propre pays. Je l'ai dit plus haut : Hallyday sera converti puis renommé un de ces jours pour devenir Ali Deye. Je blague à moitié, car, et je vous l'apprends peut-être, dans des pays arabes, à commencer par la Libye de Kadhafi, Shakespeare fut arabisé pour être appelé : Sheikh Zubair. Kadhafi et quelques autres lumières régionales avaient tout simplement développé l'idée délirante que Shakespeare était en réalité un Arabe.

D'autre part, à l'appui de ma prévision : n'est-ce pas en Belgique (JH était belge), et en la capitale même de ce pays, laquelle est, avec Londres, le principal poste avancé du GR, que l'on vient de rebaptiser marché d'hiver (marché divers ?) le traditionnel marché de Noel? (Je suis aux pièces, je vous laisse chercher cela sur Google). C'est à ce genre de choses, de petites innovations sidérantes dans l'ordre de la soumission, qu'il faut se fier pour envisager les formes que prendront nos sociétés au fur et à mesure de leur islamisation.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 14:03   Re : Mort d'un héros ?
Il faut dire que notre brave Johnny était l'incarnation parfaite du Petit Remplacement, si nécessaire au parachèvement du Grand. Tout cela se tient.
07 décembre 2017, 14:09   Re : Mort d'un héros ?
Il y a quelques années, j'eus la surprise d'apprendre que chez les Divers, à Paris-sur-Banlieue, les jeunes Blancs, par moquerie et mépris, était appellés des Johnny-Hallyday.
07 décembre 2017, 14:10   Re : Mort d'un héros ?
Par conséquent, vous pensez que l'achat d'un album d'Hallyday s'est fait au détriment de celui, par exemple, d'une oeuvre enregistrée de Stravinski? Vous pensez sérieusement que la petite musique populaire de ce chanteur a contribué à éclipser la grande, à donc la remplacer? Trystan, allons...
07 décembre 2017, 14:12   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Francis Marche
Il y a quelques années, j'eus la surprise d'apprendre que chez les Divers, à Paris-sur-Banlieue, les jeunes Blancs, par moquerie et mépris, était appellés des Johnny-Hallyday.

Bien sûr ! La preuve là encore: tout fan de Johnny était nécessairement un beauf, d'après les collabos des Divers.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 14:21   Re : Mort d'un héros ?
@ Pierre Jean Comolli : Ph. Muray, je crois, disait que pour savoir ce qu'est ou vaut une société, il suffit de regarder ce devant quoi elle se prosterne (paraphrase approximative).

La France, aujourd'hui, se prosterne devant le Big Mac spectaculaire adapté à sa langue et à ses goûts. Le steak haché industriel bourré d'hormones n'était cependant pas encore hallal, j'en conviens. C'est l'étape d'après.

Mais je préfère en rester là, car je sens que nous allons retomber dans l'éternel et pénible dialogue de sourds — que nous avons eu mille fois — sur la haute et la basse culture, avec les habituels éloges du bon petit peuple et les inévitables accusations de mépris et d'élitisme pour ceux qui n'ont jamais vu autre chose en Johnny Hallyday (ce nom, bon sang, ce nom...) qu'un aimable saltimbanque baroque (ou barock) à ranger au musée des horreurs visuelles et sonores.
07 décembre 2017, 15:07   Re : Mort d'un héros ?
Récemment, ici, on a eu ce même genre de débat récurrent, sur le cas Bardot, avec grosso modo les mêmes protagonistes.

Quand j'étais beaucoup plus jeune, il y a de cela 4 décennies, je me souviens de l'incapacité à faire admettre à mes interlocuteurs cultivés qu'on pouvait apprécier JH uniquement en raison de sa voix, de son timbre, de sa clarté, de son vibrato tripal, de sa musicalité, élément pourtant crucial pour porter un jugement sur un chanteur me semble-t-il. D'ailleurs pour cette même raison il serait aussi parfaitement légitime de ne point l'aimer.
En ce qui me concerne sa voix peut me tirer des ravissements, voire parfois des larmes, à l'instar d'une Callas et de sa célèbre larme dans la voix.
Mais mes détracteurs n'en parlaient jamais. Toujours étaient évoquées, en appui de leur désamour têtu, d'autres considérations pseudo intellectuelles, sociologiques, voire anthropologiques pour les plus savants d'entre eux, ou parfois même politiques. Il lui était aussi reproché de ne pas être un créateur, ni auteur ni compositeur (ce qui est d'ailleurs faux en partie), de ne chanter que des billevesées américaines revues à la sauce frenchie (ce qui est aussi faux en grande partie), de pervertir la jeunesse par son obscénité et sa façon d'attiser en permanence la sexualité de chacun, et de chacune (comme dirait notre Président).
Bref cette bête de scène, inculte et sans diplôme, tout en cuir ou paillettes suivant l'occasion, caméléon redoutable mais sans personnalité artistique affirmée, qui plus est de sensibilité de droite, ni créateur ni poète, vociférant et se roulant par terre tel un dément, ne pouvait en aucun cas faire partie de leur camp, de leur bord. J'en ai même connu un qui, en privé, m'avait confié aimé JH comme interprète mais qu'il ne pouvait pas le dire en présence de ses semblables. Il aurait été grillé sur le champ de leur petit milieu intello de gauche !
Une fois encore je dirais qu'il est parfaitement idiot de vouloir encore et toujours comparer ces cas-là (JH, Piaf ou Bardot) avec ceux de Wagner, Mahler ou Bach, et plus généralement à la Grande Culture Savante.
Que ceux qui le font méritent la risée (comme dirait Pascal), et sont incapables de faire une petite place au Peuple, à ses désirs et à sa flamme, ne lui laissant aucune possibilité de transcendance. On ne peut, d'un côté se réclamer d'un Peuple et de sa Civilisation et, d'un autre côté, afficher un mépris souverain de tout ce qui émane de lui.
Car qu'on aime ou pas JH, que fait-on de la passion de tout un Peuple, de sa ferveur à communier avec son idole, de ses sentiments et finalement de son Amour pour quelqu'un qui a réussi à les transcender, à les rendre fiers d'eux-mêmes. On leur explique qu'ils ont tort, qu'ils se trompent. On les interne dans des camps de rééducation avec obligation d'écouter Dutilleux et Boulez soir et matin ? On les châtre de leur sensibilité ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 15:14   Re : Mort d'un héros ?
« Car qu'on aime ou pas JH, que fait-on de la passion de tout un Peuple, de sa ferveur à communier avec son idole, de ses sentiments et finalement de son Amour pour quelqu'un qui a réussi à les transcender, à les rendre fiers d'eux-mêmes. »

C'est bien vrai. Qui oserait critiquer le spectacle de millions de Moutons se jetant tous ensemble du haut de la falaise ? Bien sûr, se jeter du haut de la falaise, ce n'est pas très raffiné, et c'est sans doute moins bien que ne pas se jeter, mais tout de même, c'est la sainte Masse qui agit, c'est là sa transcendance, et l'on est in fine prié de s'incliner.
07 décembre 2017, 15:26   Re : Mort d'un héros ?
''Bref, il n'a rien francisé du tout. Il n'a fait que beaufiser, à l'usage des beaufs de France, quelque chose qui était déjà beauf à la base.''
Si ''beauf'', comme vous dites avec le même mépris que les suppôts du système, veut dire tout ce que les remplacistes, les féministes, les elgébétistes, les gauchistes, détestent, alors oui, c'était un beauf.
07 décembre 2017, 15:56   Re : Mort d'un héros ?
Préférer Johnny à Halliday, c'était un peu, comme qui dirait, préférer Éros à Thanatos.

(c'était juste pour écrire une connerie)
07 décembre 2017, 16:04   Re : Mort d'un héros ?
Connerie toute relative, Pierre. La succession des deux universaux envoûtant la vieille Europe, hier l'américain (Éros), aujourd'hui l'islamique (Thanatos), on est en plein dedans.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 16:08   Re : Mort d'un héros ?
Non, ma chère Cassandre, pas du tout. Beauf au sens premier et classique du terme. D'ailleurs, les suppôts du système l'adoraient, il était fondamentalement des leurs, et ils lui rendent tous un vibrant hommage qu'on devine sincère.

Johnny Halliday, en fin de compte, était un bouffon bien dans l'esprit TF1 (ou, avant cela, “Champs-Elysées”), comme Jean-Pierre Raffarin, Roselyne Bachelot, Xavier Bertrand, les marchés de Noël, la finale de la Coupe du Monde de football, les soirées avec Michel Drucker, Bernadette Chirac récoltant les pièces jaunes avec son gros toutou David Douillet — chacun recomposera mentalement ces images putrides.

C'était de l'Amerloque low-cost, de la camelote populaire, insultante pour le peuple à mon avis, mais le pauvre populo arrivait tout de même à croire que toute cette pantalonnade, ce Big Mac recuit au parfum de bœuf bourguignon, c'était lui. Johnny était un personnage à la Jacques Chirac, mais dans le registre du divertissement, qui réussissait à se faire aimer d'un peuple qui se reconnaissait en lui, cependant que tout ce qu'il faisait était de mauvaise qualité, mais facile à avaler. Avec, bien sûr, l'intelligence et la rouerie en moins, car il est connu que le brave Johnny se faisait manger la laine sur dos par tout un entourage de parasites voraces (femmes, “amis”, producteurs véreux, etc.). Un peu comme ces boxeurs noirs qui assurent le spectacle et rapportent des millions, mais qui finissent tout de même invariablement malades et ruinés.
07 décembre 2017, 16:32   Re : Mort d'un héros ?
L'artiste semble aussi avoir été prisonnier de son image, de son statut de star. Il paraît que dans l'intimité il jouait du Brassens mais seulement dans l'intimité. Il s'était interdit de paraître intello, interdit d'évoluer ou de changer de registre selon son goût pour n'obéir qu'à la seule évolution "des goûts de son public" tel que le concevaient et que l'orchestraient ses producteurs et autres propriétaires de salles de spectacles ou de maisons de disques. Il lui a été interdit de changer de public. L'homme, tenu par ses producteurs, n'était pas si libre, pas aussi libre qu'un Dylan qui envoie balader (au sens figuré) ses fans tous les cinq ans en moyenne en prenant le contrepied systématique de ce à quoi il les avait habitués dans la période précédente.

Il était chanteur aussi parce que personne n'avait voulu de lui comme acteur. L'homme semble en avoir souffert, avoir été travaillé toute sa vie d'une lourde mélancolie. Ce devait être un type intéressant à fréquenter, sensiblement différent des têtes à claques types du showbiz français, les Patrick Bruel et autres Obisco, ou Noah : exilé fiscal peut-être mais jamais donneur de leçons, en effet. Jamais il n'a projeté de lui cette figure vaine et contente de soi que nous donne à longueur d'années la famille des têtes à claques qui font l'affiche "populaire" dans ce pays.
07 décembre 2017, 16:33   Re : Mort d'un héros ?
A Tristan Dee.

Alors, admettons que JH soit tout ce que vous dites, il n'en demeure pas moins que cette mobilisation désolée de tout un peuple, laquelle ne doit rien à quelque mot d'ordre que ce soit, ni médiatique, ni politique, ni partisan, ni syndical, a de quoi faire réfléchir et n'appelle pas le mépris. Quelque chose dans ce phénomène dépasse la simple affliction pour un chanteur populaire qui vient de mourir.
( Par ailleurs son nom de scène vient de son père adoptif qui était...américain.)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 16:36   Re : Mort d'un héros ?
Cette mobilisation a en effet de quoi faire réfléchir en cela qu'elle en dit long sur le peuple en question.
07 décembre 2017, 16:40   Re : Mort d'un héros ?
C'est ce que je disais : on ne peut regretter à la fois le remplacement du peuple français et le mépriser comme vous le faites.
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 16:43   Re : Mort d'un héros ?
Il est vrai qu'avec les années j'ai tendance à me désintéresser sensiblement du sort d'un peuple qui semble si heureux de disparaître... C'est bien ce qui me rend inapte à tout activisme politique en la matière.

Mais pour en revenir aux obsèques quasi-nationales de notre grand Johnny, il me paraît évident qu'il y a là un mot d'ordre : celui de la société du Spectacle. Guy Debord, là encore, triomphe.
07 décembre 2017, 17:48   Re : Mort d'un héros ?
En quoi le réconfort intime ou communautaire que les chansons d'Hallyday ont pu apporter à des malheureux anéantis par le déclassement social et la tragédie de la substitution ethnique a-t-il à voir avec Debord et sa société du spectacle? Le spectacle qui tue pour ces pauvres Français humiliés, c'est d'abord celui, odieux, du GR !
07 décembre 2017, 17:53   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Pierre Hergat
Quand une culture disparait, quand une population disparait, quand un pays disparait, alors, la logique veut qu'un clou chasse l'autre.
En 1960, Johnny Halliday signe son premier contrat avec Vogue, récipiendaire du plan Marshall. Pourtant, en 1962, Gainsbourg chante encore la chanson de Prévert.
Après ça, c'est terminé.
Johnny Halliday, n'est donc que le premier clou du cercueil. S'il chante en français, c'est que l'époque l'exige encore. Sinon, il nous l'aurait surement fait par derrière et en anglais comme le font tous ses musicos héritiers.

Alors, une dernière fois, avant de refermer le cercueil:
(la chanson de Prévert, 1962)




Puisqu'on cause variétés, moi j'aime bien Bertrand Belin... C'est du tout à fait français ça, hein, en plus il est photographié ici devant ce qui semble être un avion de chasse français, alors ; et pour les intellos, pas comme le Joni, il a une chanson qui s'intitule Douves, ce qui laisse à penser qu'il a lu du Bonnefoy ; voilà.

[youtu.be]
07 décembre 2017, 18:22   Re : Mort d'un héros ?
Vous êtes saoul ?
C'est le rattachement [de Jérusalem] au Grand Israël qui vous saoule comme ça ?

En effet, Bertrand Belin a l'air très français. Quant au Mirage III en arrière plan, il m'a surtout l'air d'avoir fait la guerre des 6 jours, ce qui pourrait expliquer que le chanteur soit arrivé à vos oreilles.
Voilà. Quoi.
Joni.
 
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 18:25   Re : Mort d'un héros ?
@Pierre Jean
En quoi le réconfort intime ou communautaire que les chansons d'Hallyday ont pu apporter à des malheureux anéantis par le déclassement social et la tragédie de la substitution ethnique a-t-il à voir avec Debord et sa société du spectacle?
///
Réconfort intime ?

Reste que le mode de production capitaliste ne peut plus poursuivre son expansion sans s'appuyer sur les mécanismes de propagande (comme l'écrirait Noam Chomsky) à l'oeuvre au sein de la société (du spectacle ou pas) dont, par exemple, un JH est en quelque sorte le VRP. Les vedettes sont ainsi appelées à promouvoir de nouveaux "projets", ou style de vie, qui serviront de modèle à la masse.
07 décembre 2017, 18:27   Re : Mort d'un héros ?
Vous vous montrez consensuel et timoré là Alain. Osez donc l'impossible, et dites ici que, comme moi, vous trouvez Sheila épatante, avec ses couettes et ses jupes écossaises en 1963, pour voir un peu si vous avez les cojones.

On ne le répètera jamais assez à certains : Deleuze admirait Claude François. Et déclarer que Sheila était une artiste admirable, ça devrait vous classer un homme.
07 décembre 2017, 18:35   Re : Mort d'un héros ?
C'était aussi en 1966, l'année du Deux ou trois choses que je sais d'elle de Godard (scène du café) :

Croyez-moi si vous voulez mais ces deux créations traitent du même thème : la condition et l'habitat ouvriers. Dans mon souvenir, Sheila est indissociable de Godard. Ils étaient dans le même bateau France, secoués par la même houle, quand la coque du navire est aujourd'hui déchirée par mille avaries...

[www.youtube.com]
07 décembre 2017, 19:04   Re : Mort d'un héros ?
Deleuze voyait dans l'exercice du play-back dans lequel était passé maître Cloclo (ce dernier n'avait pas le souffle et le coffre des chanteurs noirs américains de la Motown, artistes qu'il vénérait, il ne pouvait donc pas chanter et danser en même temps), l'expression de ces puissances du faux dont il raffolait. Il trouvait très intéressants également les subterfuges scéniques de Benny Hill (l'emploi déroutant des accélérés davantage que les grivoiseries de l'amuseur anglais, I suppose).
07 décembre 2017, 19:09   Re : Mort d'un héros ?
Quant à Sheila, et histoire d'achever Trystan, eh bien je trouve cette sienne chanson disco, "Spacer", tout à fait formidable (y compris pour le charme que procure ici l'accent français : d'habitude, bien évidemment, ce charme-là ne peut qu'échapper aux Français de naissance -- or curieusement, , ce n'est pas le cas).
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 19:17   Re : Mort d'un héros ?
« En quoi le réconfort intime ou communautaire que les chansons d'Hallyday ont pu apporter à des malheureux anéantis par le déclassement social et la tragédie de la substitution ethnique a-t-il à voir avec Debord et sa société du spectacle? »

Il se pourrait bien que cela ait tout à voir, justement. Au reste, je ne suis pas certain qu'aux spectacles de saint Johnny on venait se réconforter de quoi que ce soit. On célébrait, au contraire, l'époque telle qu'elle va, dans une pleine allégresse (à défaut d'avoir les Rolling Stones sous la main). Je ne sais pas combien coûtait un ticket d'entrée, mais sans doute n'était-ce pas donné (comme il arrive souvent avec le low-cost).
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 20:31   Re : Mort d'un héros ?
Ah Sheila ! dont l'admirable version de "Bang Bang" (chanson SM) était nettement plus savoureuse que toutes les nuances de Grey !

[www.youtube.com]
07 décembre 2017, 21:33   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Francis Marche
Vous vous montrez consensuel et timoré là Alain. Osez donc l'impossible, et dites ici que, comme moi, vous trouvez Sheila épatante, avec ses couettes et ses jupes écossaises en 1963, pour voir un peu si vous avez les cojones.

On ne le répètera jamais assez à certains : Deleuze admirait Claude François. Et déclarer que Sheila était une artiste admirable, ça devrait vous classer un homme.

Ce n'est pas que je n'aime pas Sheila, Francis, mais que les choses soient claires : je lui préfère, et de loin, la nymphette aigre-douce qu'était France Gall quand elle chantait Les Sucettes ; références intellectuelles tout aussi prestigieuses à l'appui...
07 décembre 2017, 21:49   Re : Mort d'un héros ?
Je l'ai dit plus haut : Hallyday sera converti puis renommé un de ces jours pour devenir Ali Deye.

Ça n'aura pas tardé, et qui plus est sous la forme d'un lapsus graphique signé d'un converti ! [www.facebook.com]
07 décembre 2017, 21:59   Re : Mort d'un beauf
"Seule, qu'on le regrette ou non, la culture populaire, quelle qu'extension qu'on lui donne, est capable de fédérer un peuple. La culture savante ne peut être que la cerise sur le gâteau. Sans culture populaire pas de peuple. C'est pourquoi le nôtre est en train de disparaître.On peut souhaiter, c'est mon cas, que la cerise soit la plus belle et la plus grosse possible mais elle ne peut remplacer le gâteau."

Pour les paresseux, Cassandre est une aubaine car son message dit exactement ce que j'aurais voulu dire.

Et elle récidive :

"Quelque chose dans ce phénomène dépasse la simple affliction pour un chanteur populaire qui vient de mourir."

C'est l'évidence même. C'est autre chose dont on pleure la disparition et, bien sûr, on peut déplorer qu'il appartienne à un chanteur de variétés de rassembler sur sa seule personne une sorte d'hystérie de la nostalgie mais c'est bien cette nostalgie qui est à l'oeuvre et d'autant plus poignante qu'elle ne peut pas se définir clairement pour ce qu'elle est : un regret de la France d'avant.

Il suffit de recopier :

"Si ''beauf'', comme vous dites avec le même mépris que les suppôts du système, veut dire tout ce que les remplacistes, les féministes, les elgébétistes, les gauchistes, détestent, alors oui, c'était un beauf."
(A propos de "Beauf", Tristan Tee écrit : "Beauf au sens premier et classique du terme." Mais qui a donné ce sens premier et "classique" à ce terme, qui l'a popularisé ?)
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 22:57   Re : Mort d'un beauf
Le beauf, c'était à l'origine le “beau-frère” des années 1970, vulgaire et souvent alcoolique, clope au bec et tatouage sur le bras, élevant ses enfants à grands coups de ceinture et capable de se tuer ou de tuer quelqu'un dans un accident de la route, à force de rouler trop vite et de picoler au volant de sa Peugeot 504.

A ne pas confondre, bien sûr, avec nos ravis de la mondialisation, qui sont des beaufs d'un nouveau genre, avec argent et diplômes, à la Sarkozy. D'ailleurs il y avait du Johnny dans Sarko et du Sarko dans Johnny. Ces deux-là ne s'aimaient-ils pas ? Johnny, eu égard à sa longévité, touche aux deux beauferies : l'ancienne (1967-1987) et la nouvelle (1987-2017). Jadis, il était le chanteur des prolétaires. Plus récemment, de quelques ultimes prolétaires mais aussi et surtout des nouveaux beaufs riches, qui d'ailleurs lui rendent tous hommage. Passer d'une catégorie à l'autre fut sans doute le plus grand défi de sa carrière, et ce n'est pas pour rien qu'il a connu une “traversée du désert”, je crois, durant laquelle il a dû se repositionner, beaufiquement parlant.

J'avais été très surpris, il y a une quinzaine d'année, d'entendre le directeur financier de l'entreprise qui m'employait, et que je prenais pour un grand professionnel diplômé d'HEC (ce qu'il était), me décrire un gala de Johnny Hallyday au stade de France, auquel il avait assisté et qui lui avait procuré un vif plaisir. Pour moi, c'était le chanteur des chômeurs et des caissières du Pas-de-Calais, de la famille Groseille dans La Vie est un long fleuve tranquille. Je n'invente rien : j'ai en partie grandi parmi eux ; je connais bien leurs goûts culturels. Enfin, ceux de ces années-là. Je puis vous assurer que leur Johnny, c'était quelque chose. Parfois toute leur vie.

Et ainsi j'ai découvert avec stupéfaction que ce même Johnny était aussi le chanteur des cadres d'entreprise efficaces d'Ile-de-France — des gens qui appartiennent malgré tout à un milieu socio-culturel élevé, comme on dit, en tout cas au regard des critères de l'époque.

Pour en revenir à ce forum, je crois qu'en fin de compte il y a ceux qui pensent que Johnny Hallyday (et, par extension, serais-je tenté d'ajouter, les années Pompidou), c'était la France, la vraie, la bonne ; et puis ceux qui, comme moi, ne regrettent guère cette époque car ils estiment qu'alors le ver était déjà dans le fruit, que la petite-bourgeoisie soixante-huitarde devenue dictatoriale commençait son travail de trahison et de sape, et que le pays, trompeusement abrité dans le confort des Trente Glorieuses et des nouveaux appareils ménagers, devenait déjà mûr pour l'abrutissement, la conquête et l'oubli.

Sans doute y a-t-il encore un peu de la France d'avant dans ce chanteur, mais il me semble qu'il y a déjà beaucoup de France d'après, et que cette seconde part, gonflée par le cours de l'histoire et des choses, finit par l'emporter assez largement.
07 décembre 2017, 23:35   Re : Mort d'un beauf
" [...] la petite-bourgeoisie soixante-huitarde devenue dictatoriale commençait son travail de trahison et de sape [...]", entre autre en propageant cette image du "beauf" car si vous avez pris la peine de m'expliquer en quoi consistait un "beauf", telle n'était pas la question que je posais. Je demandais à qui on devait la popularisation de ce personnage et non pas de me le décrire.

Avez-vous entendu parler d'un temps où l'on disait proverbialement qu'en France tout finissait en chansons ? Quelle place faites-vous, dans la culture française, à la frivolité ? Comment se fait-il que, quand bien même vous y soyez personnellement indifférent ou hostile, ce qui peut évidemment se comprendre, vous rejetiez avec tant d'aigreur la chansonnette qui met du baume au cœur des gens simples (et même, pour certains, des gens compliqués) et permet aux habitants d'un même pays de se faire des clins d’œil ? (mais sur ce thème, je m'en voudrais de paraphraser Cassandre.)

Si l'on applique vos critères, il convient de mettre dans le même sac de "basse culture" la variété française, telle que représentée par Halliday ou autres, et le rap. Mais personne n'a jamais fredonné un refrain d'une chanson de rap, exactement au nadir de la frivolité. Vous saisissez la différence ?
Utilisateur anonyme
07 décembre 2017, 23:47   Re : Mort d'un héros ?
Non, je ne saisis rien. Que voulez-vous, je suis trop bête.

Je répondrais bien à vos questions (qu'on m'a dix fois posées), Rothomago (j'ai répondu dix fois), mais je ne le ferai pas, car vous êtes beaucoup trop agressif, avec votre vilain ton de méchant petit procureur. Allez donc vous faire voir.
08 décembre 2017, 09:13   Re : Mort d'un héros ?
''Avez-vous entendu parler d'un temps où l'on disait proverbialement qu'en France tout finissait en chansons ? Quelle place faites-vous, dans la culture française, à la frivolité ? Comment se fait-il que, quand bien même vous y soyez personnellement indifférent ou hostile, ce qui peut évidemment se comprendre, vous rejetiez avec tant d'aigreur la chansonnette qui met du baume au cœur des gens simples (et même, pour certains, des gens compliqués) et permet aux habitants d'un même pays de se faire des clins d’œil ? (mais sur ce thème, je m'en voudrais de paraphraser Cassandre.)

Si l'on applique vos critères, il convient de mettre dans le même sac de "basse culture" la variété française, telle que représentée par Halliday ou autres, et le rap. Mais personne n'a jamais fredonné un refrain d'une chanson de rap, exactement au nadir de la frivolité. Vous saisissez la différence ?''

A mon tour, cher Thomas , de vous dire que vous formulez parfaitement, ce que j'aurais voulu écrire.

Cela dit, la récupération par la classe politique de la mort de JH, est bien sûr, comme toujours, ridicule. Bien sûr, elle en fait trop et nuit plutôt à ce qui eût dû rester le simple hommage de la rue.
08 décembre 2017, 11:53   Re : Mort d'un héros ?
C'est évidemment le point faible de la politique de Renaud Camus (que par ailleurs j'approuve globalement) que cette affaire de peuple. On veut lutter contre son remplacement. Certes. Mais par ailleurs on le méprise. Car il n'y pas lieu de se faire d'illusions, ni d'idéaliser le passé, voire les "Gaulois" si chers au Président du PI. A toute époque le peuple français a été composé d'admirateurs de Johnny Hallyday. Ou de leurs équivalents. Alors tant qu'à mépriser le peuple, comme les extrêmistes qui s'auto-admirent à la droite de Renaud Camus, ne devrait-on pas tout faire au contraire pour le remplacer le plus vite et le plus complètement possible ? Ainsi on mépriserait les nouveaux venus plutôt que les "de souche". Toujours ça de gagné ! Il me semble finalement que pour être logique avec lui-même le PI devrait plaider ouvertement pour une France censitaire. Sans peuple, au sens sociologique du terme. Avec seulement des bourgeois. Oui, mais ils sont souvent bobos, amis du désastre. Alors pas de bourgeois non plus. Les aristocrates, n'en parlons pas. Restent les douze (disons) membres du PI et la centaine de sympathisants qui s'examinent continuellement avec anxiété pour vérifier qu'ils partagent bien, et avec la même intensité, toutes les détestations de M. Dee.
08 décembre 2017, 14:38   Re : Mort d'un héros ?
En même temps, Renaud Camus avait prévenu qu'en la personne de Trystan, le PI tenait là son Taliban. Comme toujours, il disait vrai. Plus sérieusement, les positions sur la question du peuple (comme ailleurs sur celle des femmes et de certains féminismes) sont irréconciliables entre la partie Dee et la partie Cassandre, cette dernière fédérant autour d'elle la totalité des intervenants de ce forum. Trystan est isolé, et il n'en a cure : il défend, adossé aux idées et à la logique de Renaud Camus, ses idées très très arrêtées sur le peuple français, son inculture crasse, sa vulgarité congénitale, sa responsabilité impardonnable dans le désastre ambiant. Le ton monte, les portes claquent, puis on passe à autre chose après s'être envoyés bouler.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 15:43   Re : Mort d'un héros ?
En fait, le parti de l'In-nocence, c'est un rassemblement de nostalgiques de la France pompidolienne qui veillent furieusement à ce qu'aucun mal ne soit dit de Sheila, de Johnny Halliday, de Dalida ou de Claude François, artistes excellents puisqu'ils sont ceux qu'aime le peuuuuuuuuuupleuh.

Ils pensent sincèrement que la chansonnette est oppressé par les méchants extrémistes de la haute culture, et qu'il faut à tout prix défendre l'esthétique de Sacrée Soirée contre les graves, les terribles dangers qui la menacent.

Patrick Sébastien, Michel Drucker ou Jean-Pierre Foucault pourraient, dit-on, assurer de hautes fonctions au sein de ce parti.
08 décembre 2017, 15:49   Re : Mort d'un héros ?
En fin de compte, si je peux me permettre cette question abrupte et quelque peu personnelle, vous aimez quoi, Trystan Dee, comme musique ? Je dis bien aimer, pas "apprécier" ou "admirer", ou "reconnaître comme supérieure".
08 décembre 2017, 16:04   Re : Mort d'un héros ?
Tenez, pour vous donner un exemple, moi, j'aime toute l'oeuvre du compositeur italien compromis avec le fascisme Malipiero, qui est la musique la moins fasciste que je connaisse, les symphonies de Sammartini, toute l'oeuvre de Villa-Lobos sauf ses dernières symphonies qui m'ennuient, Bob Dylan, les carnets de voyage de Lizst mais uniquement par Jorge Bolet, Mazeppa du même, Charles Mingus, Miles Davis (mais moins maintenant que jadis), Paolo Fresu, Keith Jarrett, les quatuors à cordes de Bartok, le concerto pour orchestre de Bartok, tout de Bartok, les sonates de Schubert par Brendel, à peu près tout de Dvorak et Par les chemins recouverts de Janacek joué à l'accordéon; la symphonie écossaise de Mendelssohn et les sonates pour violon de J.S. Bach par Henry Szerynk; Les tout premiers disques de Brigitte Fontaine (avec Higelin et Areski). Et j'aime à peu près tout de l'oeuvre du formidable Anthony Braxton.

Je n'ai jamais particulièrement aimé Johnny Hallyday, mais je reconnais ses talents et respecte ceux qui aiment.

Pourquoi ne peut-on embrasser l'éclectisme sereinement, sans fureur idéologique ?
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 16:05   Re : Mort d'un héros ?
- Toute la tradition occidentale qui va de Hildegarde de Bingen à Pierre Boulez
- Certaines musiques traditionnelles persanes, indiennes ou turques
- Vraiment très à la marge, certains airs de jazz, country, etc., autrement dit les musiques populaires américaines dans leur version “authentique”.

Je n'ai rien contre la chanson en soi, qui a toujours fait partie de la vie française et probablement de tous les peuples. Il m'est arrivé d'aimer certaines chansons, à condition que lesdits chanteurs s'abstiennent de nous faire la morale. Les milliardaires qui demandent à des smicards de donner aux RMIstes, et aussi de bien voter, très peu pour moi.

Ce que je ne supporte pas, c'est la dictature de la chanson, omni-présente, écrasante, tyrannique via le marketing des maisons de disques et les hauts-parleurs. Je suis, comme Renaud Camus en effet, très sensible à l'horrible sonorisation du monde, qui est selon moi l'une des pires formes de nocence et d'inculcation de l'hébétude. Et je trouve que justifier cette tyrannie par l'argument du bon peuple et de ses goûts sacrés est un procédé particulièrement idiot et abject.

Ainsi, je trouve cela bien inquiétant que sur ce forum on associe Johnny Hallyday à la tradition ancienne des chansons du peuple, alors que cinq décennies durant il n'a été qu'un produit marketing insipide, kitsch, abrutissant, beaufesque et bruyant. Comme je l'ai déjà expliqué, c'est prendre le Big Mac vaguement adapté au goût français pour un authentique bœuf bourguignon.

Je pourrais « embrasser l'éclectisme sereinement, sans fureur idéologique » si seulement le parti de la chansonnette industrielle n'était pas si furieux.

Voilà. Maintenant vous pouvez m'expliquer que je suis méprisant, élitiste, bla bla bla.
08 décembre 2017, 16:20   Re : Mort d'un héros ?
''Plus sérieusement, les positions sur la question du peuple (comme ailleurs sur celle des femmes et de certains féminismes) sont irréconciliables entre la partie Dee et la partie Cassandre, cette dernière fédérant autour d'elle la totalité des intervenants de ce forum.''

Mince, alors ! Vous êtes dur, là ! Me voilà, à présent, dans le consensus, dans ''l'innocently correct'' !
08 décembre 2017, 16:36   Re : Mort d'un héros ?
«Ainsi, je trouve cela bien inquiétant que sur ce forum on associe Johnny Hallyday à la tradition ancienne des chansons du peuple, alors que cinq décennies durant il n'a été qu'un produit marketing insipide, kitsch, abrutissant, beaufesque et bruyant.»

Produit marketing ? Pas tant que ça. Il quand même gagné ses galons surtout sur les planches me semble-t-il.

Insipide, kitsch, abrutissant ? Affaire de goût. C'est au mieux (en cas de sincérité de votre part) votre jugement et votre ressenti personnel, pas plus pas moins.

Beaufesque ? Voir la réponse de Cassandre

Bruyant ? Tout ce que l'on déteste est bruyant. J'en connais pour qui Wagner est bruyant. Ce n'est pas un ingrédient de qualité artistique.
08 décembre 2017, 16:42   Re : Mort d'un héros ?
En partie pour répondre à Trystan Dee : il y a probablement une unité sous-jacente entre les orchestrations parfois soignées des chansons de Hallyday, toutes jouées par des premiers prix de conservatoires, à n'en pas douter, et le fond de musique savante dite "occidentale". C'est la soprano suédoise Anne-Sofie von Otter, remarquable interprète des Nuits d'Eté de Berlioz, qui s'attache depuis plusieurs années à rendre ce fait sensible à son public : selon elle, il n'y a pas de solution de continuité entre les chansons de Chausson, le cycle Shéhérazade de Ravel et même les chansons de Dutilleux, (oui, Dutilleux), d'une part et les chansons de Trenet, de Léo Ferré et de Jacques Brel (qui puisa beaucoup au répertoire classique dont Berlioz, justement, pour les partitions de ses chansons) d'autre part. Pour elle : c'est tout de la musique française. Or von Otter, assurément, sait de quoi elle parle s'agissant de musique. Elle aime clore ses tours de chant par du Piaf, du Ferré, du Trenet même.

Ce que je trouve un peu dommage dans l'évolution de la scène populaire en France est la désarticulation d'une certaine rythmique du français, que respectaient ces auteurs mais qui s'est trouvé saccagée par la suite par un Michel Berger par exemple, qui chante américain sur des paroles en français.

Ce respect de la langue, de son rythme naturel propre au discours, est ce qui fait la réussite impérissable de Dylan, qui chante dans les inflexions naturelles du texte anglais, ce qui l'a fait, tout au long de sa carrière, toujours retomber sur ses pieds. De ce point de vue, un Francis Cabrel est un vrai désastre qui applique des intonations américaines dans le chant français. Cabrel est l'anti-Dylan. Je déteste ce type, pas du tout parce qu'il est populaire mais parce qu'il est un massacreur.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 16:56   Re : Mort d'un héros ?
Cette vénération pour JH est fascinante si on met en regard la vie et l'oeuvre. Ses chansons, souvent de bonne facture, n'ont rien d'exceptionnel, d'original, de "dérangeant" (ok le mot est galvaudé). Sinon qu'elles sont portées par une voix superbe. La vie de JH c'est tout le contraire de ce que le PC enjoint au bon peuple de ne pas faire, le lui interdit par de lourdes sanctions judiciaires :

—les drogues y compris les dures (combien de prison risque un trafiquant de coke pourtant indispensable à la fourniture de l'artiste ?) la tabagie, l'alcoolisme.

— l'évasion fiscale organisée particulièrement choquante pour un artiste aussi riche dont les revenus proviennent de ces fameuses classes populaires françaises sur les goûts desquelles on s'écharpe.

— la délinquance sexuelle présumée et l'appétence avérée pour les très jeunes filles ce qui constitue le pêché absolu, universel et intemporel pour la féministocratie de diversion au pouvoir. En pleine affaire Weinstein.

Néanmoins, c'est de peu que JH a raté les funérailles nationales.

Prenons Brassens par exemple. Ses chansons sont aux antipodes de tout ce que l'époque révère et en particulier de l'odieux victimisme féminocentré (Jeannetons troussées, filles à cent sous, maîtresses d'école perverses, grands-pères lubriques etc...) Sa vie au contraire était exemplaire (à part la pipe), sa seule compagne connue était nettement plus âgée que lui. Et pourtant, on ne le révère plus que pour la forme et ses chansons, purs joyaux, ne passent pratiquement plus, à part toujours les deux, trois mêmes.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 17:14   Re : Mort d'un héros ?
« C'est la soprano suédoise Anne-Sofie von Otter, remarquable interprète des Nuits d'Eté de Berlioz, qui s'attache depuis plusieurs années à rendre ce fait sensible à son public : selon elle, il n'y a pas de solution de continuité entre les chansons de Chausson, le cycle Shéhérazade de Ravel et même les chansons de Dutilleux, (oui, Dutilleux), d'une part et les chansons de Trenet, de Léo Ferré et de Jacques Brel (qui puisa beaucoup au répertoire classique dont Berlioz, justement, pour les partitions de ses chansons) d'autre part. Pour elle : c'est tout de la musique française. »

Bien sûr. On peut toujours tout mélanger, tout assimiler, et affirmer qu'en fin de compte tout est dans tout, et surtout dans n'importe quoi. Et sans doute trouverait-on le génie de Shakespeare dans les refrains du dernier groupe de pop anglaise à la mode. Les femmes et l'époque adorent ce genre de raisonnement.

Francis Marche place la limite à Michel Berger, à partir duquel, apparemment, les choses semblent se mettre à déconner. D'autres la placeront à Booba, et d'autres plus loin encore. Qu'importe.

La musique, comme les hommes, a pour vocation de devenir matière indifférenciée.
08 décembre 2017, 17:24   Re : Mort d'un héros ?
Regardez cette video, je vous prie Trystan, et si vous y tenez, nous parlerons de la matière indifférenciée une autre fois :

[www.youtube.com]
08 décembre 2017, 17:25   Re : Mort d'un héros ?
Cher Eric, pourquoi se concentrer sur la vie dissolue de JH ? Et pourquoi lui opposer celle, censément plus admirable parce que sage, rangée, gouvernée par la loi morale, de Brassens ? Johnny ne fut pas reconnu par son père, et, pour résoudre ce drame irréparable de la filiation, il picola, se drogua, baisa, dormit peu, et, surtout, il se fit comme tant d'autres avant lui artiste populaire pour trouver reconnaissance, amour et idolâtrie dans les millions d'yeux braqués sur lui pendant ses concerts. L'orphelin vit mieux parmi les autres que le fils non aimé, condamné à fuir le supplice de la solitude qui le met aux prises avec l'image du père qui ne le voit pas. Tout le monde sentait la tristesse de JH. Hallyday n'insiste que sur une chose au sujet de sa rencontre avec Godard : la bonté du regard que le cinéaste sut poser sur lui.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 17:32   Re : Mort d'un héros ?
Quels sont les musiciens français dont la France peut s'enorgueillir ?
Posez la question dans un dîner. Vous avez toutes les chances de voir Debussy figurer en tête suivi de Ravel et Fauré.
Combien de ces interlocuteurs ont réussi à écouter "la Mer" sans périr d'ennui ?
Qui associe la "Sonate au clair de lune" à autre chose qu'une cérémonie funéraire ?

Qui écoute Debussy pour le plaisir qu'il en ressent ?
08 décembre 2017, 17:35   Re : Mort d'un héros ?
''Prenons Brassens par exemple. Ses chansons sont aux antipodes de tout ce que l'époque révère et en particulier de l'odieux victimisme féminocentré (Jeannetons troussées, filles à cent sous, maîtresses d'école perverses, grands-pères lubriques etc...) Sa vie au contraire était exemplaire (à part la pipe), sa seule compagne connue était nettement plus âgée que lui. Et pourtant, on ne le révère plus que pour la forme et ses chansons, purs joyaux, ne passent pratiquement plus, à part toujours les deux, trois mêmes.''
Je suis entièrement d'accord. J'adore aussi Brassens et trouve profondément injuste l'oubli dans le quel il est tombé.
08 décembre 2017, 17:37   Re : Mort d'un héros ?
Je ne pense pas que personne, ici en tout cas, n'ait fait le reproche d'élitiste à quiconque. Le problème n'est pas là. Quand Cassandre évoque sa cerise sur le gâteau elle témoigne bien de son attachement à l'élitisme. Mais elle a aussi la lucidité de se rendre compte que cette cerise ne sort pas de nulle part, qu'elle n'existe que parce qu'elle est le fruit, le plus savoureux qui soit, de ce beau gâteau. Tout le monde ne pourra pas y goûter. Il n'y en aura pas pour tout le monde.
Il serait absurde de reprocher au Peuple de manger sa part de gâteau, fut-elle de moindre qualité que la cerise. Tout le monde a le droit, à sa façon, de se rassasier, de vivre tout simplement. Ceux qui ne veulent manger que de délicieuses cerises ont bien de la chance ou du mérite mais ils n'ont pas à mépriser tous les autres. De même tout le monde ne peut pas se prévaloir d'une agrégation ou de sortir de Normale Sup ou de l'X. C'est peut-être dommage, bien qu'une société constituée uniquement de super diplômés ne serait certainement pas la panacée, mais c'est ainsi. Il faut aimer les gens pour ce qu'ils sont et ne pas toujours vouloir les rééduquer. J'ajoute que c'est justement cette grande masse populaire de sous diplômés et d'amateurs de Jh qui vous singularise et vous confère un certain sentiment de supériorité. Jouissez-en donc et foutez la paix aux autres.
08 décembre 2017, 17:42   Re : Mort d'un héros ?
Brassens a toujours joui d'une belle et universelle renommée. Dans mon enfance, je fréquentais beaucoup de Harkis : ils connaissaient par cœur ses chansons. Aujourd'hui, les rappeurs les moins décérébrés lui rendent hommage, reprennent même, je crois bien, certaines de ses chansons se prêtant le mieux à la scansion. La subtilité harmonique de sa musique, qui était plus qu'une simple musique accompagnement, a été saluée par la critique musicale (Francis Marmande notamment, qui, parce qu'il connaît bien le jazz, apprécie les dissonances).
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 17:46   Re : Mort d'un héros ?
@Pierre- Jean

Cher Eric, pourquoi se concentrer sur la vie dissolue de JH ? Et pourquoi lui opposer celle, censément plus admirable parce que sage, rangée, gouvernée par la loi morale, de Brassens ?

Ce n'était pas du tout mon propos. Je notais qu'en 2017 l'artiste pouvait vivre en dehors des règles établies par la société tant qu'il berçait le populo de rengaines convenues. A condition qu'il soit plus désavantageux pour le système de le démolir que de fermer les yeux. C'est le cas quand l'artiste est tellement populaire que ses comportements déviants risquent d'être défendus et même imités plutôt que vilipendés. Mais il n'est pas impossible qu'une fois les dividendes encaissés sur le "capital décès" de JH, on se mette à exploiter les côtés sombres du disparu.

Quant aux excuses de JH, tous les délinquants en ont mais elles ne les empêchent pas de payer l'addition.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 17:50   Re : Mort d'un héros ?
Qui dérange qui ? Qui impose le plus sa “musique” à qui ?
Qui vous attrape le plus souvent et le plus sauvagement par l'oreille alors que vous n'avez rien demandé : Johnny Hallyday ou le clavecin de Couperin ?

Vous serez bien aimable, Daniel Teyssier, de cesser cette inversion accusatoire permanente. Il y a bien longtemps que le gâteau congelé, chimique et industriel a écrabouillé la cerise, pour reprendre l'image de Cassandre.

La cerise ne demande qu'une seule chose, justement, qu'on lui foute la paix, et qu'on s'abstienne de lui expliquer que le gâteau la vaut, et qu'il lui est même supérieur pour la simple raison qu'il est plus lourd, plus rigolard et plus nombreux.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 17:51   Re : Mort d'un héros ?
La subtilité harmonique de sa musique, qui était plus qu'une simple musique accompagnement, a été saluée par la critique musicale (Francis Marmande notamment, qui, parce qu'il connaît bien le jazz, apprécie les dissonances).

La musique de Brassens était certes ouvragée mais nullement dissonante. Il expliquait lui même qu'il évitait les harmonies compliquées qui auraient distrait l'auditeur de la musicalité textuelle "naturelle" qu'il s'appliquait à créer.
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