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Mort d'un héros ?

Envoyé par Utilisateur anonyme 
08 décembre 2017, 17:58   Re : Mort d'un héros ?
Il a été un peu protégé, c'est vrai, notamment par Charasse, qui était chargé par Mitterrand de "gracier" fiscalement certaines vedettes. Ce qui est, bien sûr, consternant. Mais Hallyday ne fut pas, à mes yeux et à ma connaissance, un vulgaire délinquant multipliant les délits et passant à travers les mailles du filet, excusé d'office par le système en raison de ses origines et de sa célébrité. Bref, JH ne m'étais pas antipathique, et je doute que de jeunes asociaux ne se soient jamais inspirés de sa vie pour s'engager dans des carrières de malfrats.
08 décembre 2017, 18:07   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Eric Beckford
La subtilité harmonique de sa musique, qui était plus qu'une simple musique accompagnement, a été saluée par la critique musicale (Francis Marmande notamment, qui, parce qu'il connaît bien le jazz, apprécie les dissonances).

La musique de Brassens était certes ouvragée mais nullement dissonante. Il expliquait lui même qu'il évitait les harmonies compliquées qui auraient distrait l'auditeur de la musicalité textuelle "naturelle" qu'il s'appliquait à créer.

Ah, pas d'accord ! C'est la quête impossible, et trompeuse à l'oreille, de l'équilibre mélodique-contre-mélodique qui rend ses chansons parfois très difficiles à chanter. Beaucoup ont cherché à analyser séparément paroles et musique chez Brassens. En séparant,les choses, pour peut-être y voir plus clair, ils s'évitaient la plus délicate appréhension de cette unité discordante.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 18:19   Re : Mort d'un héros ?
C'est la quête impossible, et trompeuse à l'oreille, de l'équilibre mélodique-contre-mélodique qui rend ses chansons parfois très difficiles à chanter.

Là franchement, je ne vous suis pas. Qu'entendez-vous par contre-mélodie ? J'ai joué énormément de Brassens et connais toutes ses chansons. Je peux vous assurer que ce qui en fait la difficulté, c'est le phrasé rhythmique, tonton démarrant la mélodie légèrement et subtilement avant le temps de façon jazzistique. En revanche, en ce qui concerne les harmonies, elles sont très sobres et nullement jazzeuses C'est le rythme et non les harmonies qui crée le "swing" Brassens.
08 décembre 2017, 19:10   Re : Mort d'un héros ?
En tous cas, moi qui aime à fredonner la chansonnette (autant tout avouer), j'ai un certain mal à chanter juste Brassens tant certaines de ses mélodies sont plus subtiles qu'il n'y paraît.
Utilisateur anonyme
08 décembre 2017, 19:32   Re : Mort d'un héros ?
En tous cas, moi qui aime à fredonner la chansonnette (autant tout avouer), j'ai un certain mal à chanter juste Brassens tant certaines de ses mélodies sont plus subtiles qu'il n'y paraît.

Vous avez raison. La plupart de ses imitateurs arrivent à le chanter juste quitte à moins creuser la mélodie. En revanche, il est probable que vous ayez, comme tout le monde, si vous chantez en même temps que lui, du mal à vous calquer sur sa mise en place rythmique. Même pour les chansons les plus "classiques". Essayez par exemple sur "Les Passantes" ou
"Pensées des morts".
09 décembre 2017, 11:10   Re : Mort d'un héros ?
« Quels sont les musiciens français dont la France peut s'enorgueillir ?
Posez la question dans un dîner. Vous avez toutes les chances de voir Debussy figurer en tête suivi de Ravel et Fauré.
Combien de ces interlocuteurs ont réussi à écouter "la Mer" sans périr d'ennui ?
Qui associe la "Sonate au clair de lune" à autre chose qu'une cérémonie funéraire ?
Qui écoute Debussy pour le plaisir qu'il en ressent ? »

Lire ça ici, constater que cela ne soulève ni indignation ni sarcasmes, voir aussi que pour plusieurs intervenants habituels, et non des moindres, Johnny Hallyday est autre chose qu'un bon professionnel dans un genre particulièrement médiocre des variétés françaises me consterne. Nous parlons de remigration, mais pourquoi faire ? Pour se retrouver entre souchiens à écouter du Johnny Hallyday ? Heu... Non merci.
09 décembre 2017, 12:11   Re : Mort d'un héros ?
En accord avec vous M. Meyer. Et encore, à l'heure où vous écriviez ces lignes, vous ne pouviez pas avoir connaissance des dithyrambes des Champs Élysées. Je crains que nous ne soyons définitivement perdus.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2017, 12:24   Re : Mort d'un héros ?
Lire ça ici, constater que cela ne soulève ni indignation ni sarcasmes, voir aussi que pour plusieurs intervenants habituels, et non des moindres, Johnny Hallyday est autre chose qu'un bon professionnel dans un genre particulièrement médiocre des variétés françaises me consterne. Nous parlons de remigration, mais pourquoi faire ? Pour se retrouver entre souchiens à écouter du Johnny Hallyday ? Heu... Non merci.

Vous pourriez être plus explicite. Je précise que si je trouve remarquables quelques passages de certaines oeuvres de Debussy, je suis de ceux que "La Mer" plonge dans un état d'effroyable ennui. Rossini ne disait-il pas de Wagner qu'on y trouvait quelques beaux instants et d'atroces demi-heures ? Il ne faudrait peut-être pas faire comme ceux qui se mettent à vénérer JH sous prétexte qu'au moins il était du terroir et qu'il y a eu tellement pire après.

Le Corbusier fait-il aussi partie de la culture européenne ?
Utilisateur anonyme
09 décembre 2017, 12:29   Re : Mort d'un héros ?
Oui c'est un peu la période bleue de Picasso, pas du tout représentative de l'oeuvre "novatrice" de Debussy.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2017, 12:33   Re : Mort d'un héros ?
Il me faut donc le répéter, Bizet et Berlioz ne font pas partie, sans doute à tort, de ce que la plupart des gens cultivés estiment être le sommet de l'art musical français. Ils préfèrent Debussy mais se gardent bien de s'infliger l'écoute de "La Mer".
09 décembre 2017, 13:12   Re : Mort d'un héros ?
La culture française est déchirante, je veux dire particulièrement clivante, sans doute l'image de ce qu'est devenu le pays, j'ai envie de répondre à Eric, au sujet de la Mer : qu'il a mille fois raison, que j'applaudis à sa déclaration d'ennui et en même temps, de lui rétorquer dans un sarcasme : vous voudriez peut-être qu'on vous la joue en rap, La Mer ?

Dans des temps préhistoriques, j'ai été instituteur dans les Yvelines, quelques semaines, les enfants à qui j'enseignais doivent être aujourd'hui en train déjà de compter leurs points de retraite. Un après-midi je leur fis écouter de la musique, l'Après-midi d'un faune, sur un pick-up, avec force démonstrations graphiques de ce qu'est un faune. Mes "gamins" furent émerveillés. Ils se prirent à dessiner tout en écoutant cette musique. Je n'en revenais pas. J'avais eu cette idée précisément parce que ce métier, qui ne serait jamais le mien, m'ennuyait à mourir, et que l'époque automnale dans cette région de France se prêtait à ces pages de Debussy. Ce n'était pas "un pari pédagogique" ou je ne sais quoi, c'était que j'en avais marre et qu'avant de tout plaquer j'avais eu envie de me laver la tête avec eux, pas "de me faire plaisir", bien de me laver la tête et me refaire adulte en leur jetant à la tête de la musique d'adulte.

L'expérience fut un succès tel qu'elle fit faire un bon spectaculaire à l'estime (très médiocre) dans laquelle on me tenait dans cet établissement de Chambourcy. Je reçus des lettres d'encouragement de certains parents.
09 décembre 2017, 13:37   Re : Mort d'un héros ?
De manière générale je retirai de cette courte d'expérience auprès des enfants qu'il n'y a rien que les enfants détestent tant que d'être pris pour des enfants. L'adulte qui bêtifie à leur contact est méprisé d'eux. Les enfants détestent être des enfants. Ils n'ont généralement qu'un désir, chevillé au corps : sortir de l'enfance.

Eh bien la condition populaire, être peuple, c'est un peu pareil : les petits bourgeois qui professent l'amour du peuple sont, par le peuple, méprisés pour les mêmes raisons que l'enfant méprise l'adulte qui bêtifie pour lui plaire. Le petit-bourgeois qui déclare respecter Jauni parce qu'il aime/respecte le "peuple", mérite des lazzis, des morsures aux poignets et des jets de pierres, comme Macron aujourd'hui.
Utilisateur anonyme
09 décembre 2017, 13:40   Re : Mort d'un héros ?
« Le petit-bourgeois qui déclare respecter Jauni parce qu'il aime/respecte le "peuple", mérite des lazzis, des morsures aux poignets et des jets de pierres, comme Macron aujourd'hui. »

Le parti de l'In-nocence en sang.
09 décembre 2017, 15:37   Remigration in vivo
Parlons "remigration". En jetant un œil sur les images de ces funérailles (notamment les photos de groupe sur lesquelles on a tout loisir de s'arrêter), on remarque que cette foule ne brille pas par sa "diversité", bien loin de là. Autrement dit, on a là comme une vue de la France après "remigration". Mince alors ! Qu'est-ce qu'on va pouvoir bien faire de ces bataillons de dégénérés qui reprennent en chœur, les larmes aux yeux, les niaises rengaines d'un chanteur ?

Il paraît que l'expression proverbiale préférée des Français c'est : "On n'est pas sorti de l'auberge", suivi de près par "Les chats ne font pas des chiens"...
09 décembre 2017, 15:51   Re : Mort d'un héros ?
Qu'est-ce qu'on va pouvoir bien faire de ces bataillons de dégénérés qui reprennent en chœur, les larmes aux yeux, les niaises rengaines d'un chanteur ?

Ben... on leur apprendra à aimer le rap. Faut bien que France Musique serve à quelque chose.
09 décembre 2017, 16:20   Un mix
» et les sonates pour violon de J.S. Bach par Henry Szerynk

J'ai le disque, non écouté d'ailleurs depuis un certain temps, mais je lui préfère d'abord Grumiaux (un Belge, comme Johnny), et dernièrement aussi les enregistrements de Mullova ; sinon, pour les Suites, Fournier, Tortelier, c'est remarquable : y a-t-il quelque chose comme un "esprit français" dans ces interprétations ? maîtrise impressionnante, rigueur, précision, intelligence au scalpel, pour Grumiaux surtout cadence allant parfois jusqu'à la folie, réalisant ce que le mot "perfection" peut avoir d'incompréhensible : reconnaissons-le : ça rox beaucoup plus que Johnny.
Enfin, pour paraphraser Nicoletta, ne pourrait-on dire dorénavant que "le peuple, ça n'existe pas...", autrement dit qu'ils sont tous du pareil au même, des petits-bourgeois ?


video: [youtu.be]
09 décembre 2017, 16:27   Re : Mort d'un héros ?
Ce que révèle de façon criante ces funérailles, c'est qu'il y a bien deux peuples en France qui n'ont rien de commun pas même la ''mauvaise'' musique : celui qui était massé pour JH et l'autre. Ce qu'elles montrent aussi de façon toute aussi criante, c'est la dignité du premier : pas un débordement, pas une bousculade, pas la moindre manifestation d'hystérie, tout le contraire, en somme, de ce que à quoi nous a habitués le second. Moi, je n'ai pu m'empêcher d'être, en l'occurrence, plutôt fière de mon peuple.
09 décembre 2017, 16:46   Re : Mort d'un héros ?
Ah oui, c'est très bien Grumiaux, cher Alain. Parmi les interprètes actuels de Bach j'aime beaucoup Hillary Hahn, qui n'a malheureusement pas encore enregistré l'intégrale, et pour les Suites, Jean-Guihen Queyras, l'ancien premier violon de Boulez, très français et tout à fait époustouflant.
09 décembre 2017, 17:09   Re : Mort d'un héros ?
Je déteste Hillary Hahn, qui ressemble à Johnny Hallyday en plus femme et en version classique. Je préfère l'original. (Je plaisante à peine). Les femmes violonistes, pour moi, ça le fait pas. En revanche pour le violoncelle blond, y a Du Pré.

Ah si quand même, y a le concerto pour violon de Tchaïkovsky par Susana Yoko Henkel, artiste dont je ne sais rien (et n'ai rien envie de savoir pour ne pas risquer de me gâcher le plaisir en apprenant je ne sais quoi), si ce n'est son interprétation époustouflante de ce concerto.

[www.acousence.de]
09 décembre 2017, 17:29   Re : Mort d'un héros ?
M. Dee écrit plus haut :

En fait, le parti de l'In-nocence, c'est un rassemblement de nostalgiques de la France pompidolienne qui veillent furieusement à ce qu'aucun mal ne soit dit de Sheila, de Johnny Halliday, de Dalida ou de Claude François, artistes excellents puisqu'ils sont ceux qu'aime le peuuuuuuuuuupleuh.

Il me semble que le seul homme politique français qui n'ait pas rejoint le concert d'éloges est Jean-Luc Mélenchon. Par besoin très "peuple" et un peu puéril de se distinguer, sans doute. Tout cet élitisme (qui se voudrait) distingué et méprisant de M. Dee pour finir, peu s'en faut, mélenchoniste. J'aime encore mieux être pompidolien.
09 décembre 2017, 17:31   Dans le viseur
"Ce que révèle de façon criante ces funérailles, c'est qu'il y a bien deux peuples en France qui n'ont rien de commun pas même la ''mauvaise'' musique : celui qui était massé pour JH et l'autre. Ce qu'elles montrent aussi de façon toute aussi criante, c'est la dignité du premier : pas un débordement, pas une bousculade, pas la moindre manifestation d'hystérie, tout le contraire, en somme, de ce que à quoi nous a habitués le second. Moi, je n'ai pu m'empêcher d'être, en l'occurrence, plutôt fière de mon peuple."

En tous cas, c'est bien ce peuple-là et nul autre qui est visé au premier chef par le "Grand Remplacement" et si un espoir subsiste de lutter contre la colonisation de la France c'est en lui et en nul autre qu'il faut le placer. Sur qui d'autre s'appuyer ?
09 décembre 2017, 17:37   Re : Mort d'un héros ?
Susanna Y. Henkel dans le concerto de Tchaïkovsky, en intégrale sur YouTube, avec l'orchestre du festival international de Zagreb. Une robe orange pour oublier Jauni :



[www.youtube.com]
09 décembre 2017, 17:47   Re : Mort d'un héros ?
''En tous cas, c'est bien ce peuple-là et nul autre qui est visé au premier chef par le "Grand Remplacement" et si un espoir subsiste de lutter contre la colonisation de la France c'est en lui et en nul autre qu'il faut le placer. Sur qui d'autre s'appuyer ? ''

Exactement.
09 décembre 2017, 18:00   Re : Mort d'un héros ?
Dans ce même morceau, cher Marcel, je trouve qu'il y a chez Fournier quelque chose de saccadé et d'éperdu à côté de quoi Queyras, excellent, en paraît presque agréablement "intimiste"...

video: [www.youtube.com]
09 décembre 2017, 18:01   Re : Mort d'un héros ?
Cela devient un pot-pourri, mais s'il n'y en a partout ailleurs que pour Johnny, je ne vois pas pourquoi on ne s'en donnerait pas à cœur joie : Francis, la pépée qui interprète ceci peut gober du héros national au p'tit-dèj, je vous le dis :

video: [youtu.be]
09 décembre 2017, 18:29   Re : Mort d'un héros ?
“Saccadé”, “éperdu” Fournier ? Tiens, cela ne me serait pas venu à l'esprit... Il y a en tout cas chez Queyras une aisance technique qui fait disparaître entièrement le côté parfois un peu laborieux, un peu lourd du violoncelle. C'est particulièrement frappant dans la sixième suite, écrite pour viola pomposa, un instrument qui avait une corde supplémentaire dans l'aigu et qui pousse les violoncellistes aux limites de leur instrument. Comparez ce que fait Queyras à l'enregistrement de Casals.
09 décembre 2017, 18:34   Re : Mort d'un héros ?
« En tous cas, c'est bien ce peuple-là et nul autre qui est visé au premier chef par le "Grand Remplacement" et si un espoir subsiste de lutter contre la colonisation de la France c'est en lui et en nul autre qu'il faut le placer. Sur qui d'autre s'appuyer ? »

En effet. Convenez cependant que l'appui qu'il offre n'est ni très engageant ni très solide...
Utilisateur anonyme
09 décembre 2017, 19:34   Re : Mort d'un héros ?
« Il me semble que le seul homme politique français qui n'ait pas rejoint le concert d'éloges est Jean-Luc Mélenchon. Par besoin très "peuple" et un peu puéril de se distinguer, sans doute. » (Noroit)

Le candidat en chef des remplaçants ne pouvait certes pas assister à l'hommage rendu à un chanteur qui, en effet, avait pour public des remplacés hagards, vidés de leur substance. M. Noroit se fait plus bête qu'il ne l'est pour me lancer une pique. Passons.

Cette après-midi était massée en l'église de la Madeleine à Paris toute la saloperie politico-médiatique habituelle : chanteurs, politiciens, présentateurs télévisés, acteurs-engagés-contre-le-FN, etc. Dehors, comme des gueux dans le froid, tout un peuple surgi des provinces, parfois en Harley-Davidson, écoutait sagement les discours et les chansonnettes.

Les premiers sacrifient les seconds, qui cependant continuent de les admirer, en bons petits esclaves de la Société du Spectacle qu'ils sont. Ainsi va la France. Peuple de gens trompés depuis des décennies, michel-druckérisés à mort, et qui en redemandent encore et toujours. Ils croient que la Caste a leurs intérêts à cœur ; ils suivent encore ses mots d'ordre ; ils croient que Johnny Hallyday c'est de la musique authentique.

Pauvres dégénérés.
09 décembre 2017, 19:38   Re : Mort d'un héros ?
Vous le savez Alain : l'esthétique a ses lois.

Personnellement, j'en retiens deux que je crois fondamentales :

1. Un artiste véritable, véritablement créatif, puissamment créatif, doit être laid

2. Un auteur de fiction, narration, poésie, de grandiose, auteur d'incomparable littérature (Céline, Hugo), doit être con.

Voilà deux règles infaillibles. La personne de l'artiste vrai faillit dans la beauté. La personne qui fait oeuvre littéraire faillit dans la pensée.

D'où mes fortes préventions face à la petite Hahn, bien trop mimi, et de même Johnny. Un grand artiste, un artiste bouleversant, Vincent, Ludwig, est d'abord une figure de monstre. Sa plastique se doit d'être anormale, môche et repoussante. La transcendance et la belle inspiration du "je est un autre", généralement, font le job à partir de là.

D'Ormesson était un con. C'est éclatant. Ce que ce type a pu débiter de conneries devant les caméras pendant trente ans dépasse l'imagination, ce qui lui laisse, en effet, une chance d'être un grand écrivain, mais une pauvre chance seulement.

Quant à Jauni : il était beau, il était con et n'a jamais écrit. Ce qui devrait, dans ce régime d'esthétique fatale, livrer son âme au purgatoire des choses à venir.
09 décembre 2017, 20:03   Re : Mort d'un héros ?
 
1) Johnny aurait du être jeté à la fosse commune, comme Mozart.

2) Personne, pas un, pour nous rappeler que Johnny Hallyday devait finir en cage à Medrano.

3)
#jesuisantoine


(Antoine)





 
09 décembre 2017, 20:26   La nostalgie, camarade
"Convenez cependant que l'appui qu'il offre n'est ni très engageant ni très solide..."

Comment ne pas en convenir, cher Marcel ? Ces Français-là sont littéralement tétanisés par la nostalgie bien plus que par la "société du spectacle" et c'est bien, pour une bonne part, cette poignante nostalgie qui les rend pacifiques et les empêche d'exploser (on se souvient peut-être avec quelle duplicité un Nicolas Sarkozy, dans ses discours de 2007, a su admirablement interpréter cette nostalgie en ayant soin de rectifier le tir, faire oublier sa thématique initiale sur le dépassement de "la France d'avant" et en revenir à un plus rentable "effacement de Mai 68".)

L'art et la manière de tendre la main à ces malheureux Français qui, à travers un chanteur, pleurent une époque et de les sortir de cette débilitante nostalgie est sans doute une quadrature du cercle mais une chose est sûre : cela ne passe pas par les qualifier de "pauvres dégénérés", ce qu'en 1960 ils étaient déjà aux yeux aiguisés des situationnistes. Il est tout à fait envisageable de faire un pont entre Debord et les écrivains atrabilaires des années 1890 genre Huysmans, ne serait-ce que sur le thème des produits frelatés, mais que ceux qui cèdent à ce rapprochement facile n'oublient pas que le même Debord n'a jamais renié la filiation de sa pensée avec le marxiste.
09 décembre 2017, 21:43   Re : La nostalgie, camarade
« Debord n'a jamais renié la filiation de sa pensée avec le marxiste »

En effet, du moins avec un marxisme très hégélien pour lequel le concept central est l'aliénation. Et c'est là-dessus que Muray a rompu avec la pensée de Debord. Muray, et je pense qu'il a eu absolument raison, en est vite arrivé à penser que l'homme post-historique, loin d'être aliéné, a fait un monde conforme à ses désirs profonds (ou, si l'on préfère, on a fait pour lui le monde conformément à ses désirs profonds), car ce qui caractérise le plus nettement ce monde c'est la désinhibition (ce que Renaud Camus a lui aussi depuis longtemps relevé avec force), c'est-à-dire la désaliénation. À qui fera-t-on croire que l'on a fait avaler Johnny Hallyday à tous ces gens ?

Le seul phénomène intéressant dans cette histoire si grotesque (même Le Monde écrit que Hallyday, c'est Victor Hugo, en tant que phénomène populaire, certes, mais il laisse planer le vague), c'est en effet la nostalgie du monde que nous avons perdu qui s'exprime là, bien au-delà des “fans” de Salut les Copains. Mais enfin, comme symbole de ce monde, on aurait pu rêver de quelque chose de plus haut. Et l'on prend bien soin de déclarer Marine Le Pen persona non grata dans l'église. Ce sont donc les mêmes “nostalgiques” qui mourront sans avoir rien compris et en laissant un champ de ruines.
09 décembre 2017, 22:36   Re : Mort d'un héros ?
@Pierre

L'un c'est : Optic 2000 !

L'autre lui répond : Atoll, les opticiens !

Voir ce qu'on voit disait Péguy.
09 décembre 2017, 23:50   Re : Mort d'un héros ?
@ Francis,

Antoine sort de Centrale-Paris. Je ne crois pas qu'il ait jamais utilisé ses acquis autrement que pour faire le tour de la Polynésie en trimaran (son côté Atoll, les opticiens ! j'imagine) .
Quant aux autres zozos du scopitone, ce sont les Charlots, pas encore célèbres.

... bref, la société française brûlant ses derniers vaisseaux ...
 
Utilisateur anonyme
10 décembre 2017, 06:25   Re : Mort d'un héros ?
@Marcel Meyer

En effet, du moins avec un marxisme très hégélien pour lequel le concept central est l'aliénation. Et c'est là-dessus que Muray a rompu avec la pensée de Debord.



Marxisme hégélien ? Aliénation ? A mon avis, là n'est pas l'essentiel.



La compréhension des théories de Debord nécessite avant tout qu'on fixe sa place parmi les théories marxistes.

Debord s'appuie en effet sur les théories de Karl Marx pour construire sa théorie du Spectacle, mais gardons à l'esprit que parmi les penseurs marxistes, Georg Lukács compte parmi ceux qui ont eu une influence décisive sur ses rédigés théoriques. Il faut par conséquent rattacher la théorie du Spectacle à la question de l'analyse de la marchandise, de la valeur et du fétichisme de la marchandise, car Debord s'appuie sur celle-ci pour élaborer son concept critique de spectacle. En recentrant la théorie de Debord sur son rapport à Marx, on s'aperçoit que le spectacle ne peut pas être réduit à une logique immanente à "l'image" en elle-même, comme le pensent certains interprètes, car ce dont veut rendre compte le concept critique de spectacle c'est que «le capital n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social médiatisé par des images».
Utilisateur anonyme
10 décembre 2017, 06:59   Re : Mort d'un héros ?
@Dee

Cette après-midi était massée en l'église de la Madeleine à Paris toute la saloperie politico-médiatique habituelle : chanteurs, politiciens, présentateurs télévisés, acteurs-engagés-contre-le-FN, etc. Dehors, comme des gueux dans le froid, tout un peuple surgi des provinces, parfois en Harley-Davidson, écoutait sagement les discours et les chansonnettes.

Les premiers sacrifient les seconds, qui cependant continuent de les admirer, en bons petits esclaves de la Société du Spectacle qu'ils sont. Ainsi va la France. Peuple de gens trompés depuis des décennies, michel-druckérisés à mort, et qui en redemandent encore et toujours. Ils croient que la Caste a leurs intérêts à cœur




"Pour la première fois dans l'histoire des hommes, écrit Debord, les mêmes ont été les maîtres de tout ce que l'on fait et de tout ce que l'on en dit".
10 décembre 2017, 10:42   Re : Mort d'un héros ?
En l'occurrence, c'est plutôt la Caste qui s'est sentie obligée d'accompagner le ''populo'', soulagée qu'elle était, en fait, de voir disparaître la dernière ''idole'' de celui-ci. Désormais il n'y aura plus de culture populaire plébiscitée par les ''de souche''. Ce pauvre peuple aura tout perdu : sa patrie, son parti et sa dernière idole qui ne sera plus suivie d'autres.
Les larmes de crocodile de la Caste me font penser aux Américains qui après avoir tout fait pour éradiquer, ou tout comme, les Indiens, s'apitoie leur son sort au ... cinéma.
Utilisateur anonyme
10 décembre 2017, 11:11   Re : Mort d'un héros ?
Enfin n'exagérons pas chère Cassandre, avec ou sans JH la Caste continue de se porter comme un charme et le GR poursuit son p'tit bonhomme de ch'min. Ça suit son cours, on va dire.
10 décembre 2017, 11:27   Re : Mort d'un héros ?
Citation
Cassandre
En l'occurrence, c'est plutôt la Caste qui s'est sentie obligée d'accompagner le ''populo'', soulagée qu'elle était, en fait, de voir disparaître la dernière ''idole'' de celui-ci. Désormais il n'y aura plus de culture populaire plébiscitée par les ''de souche''. Ce pauvre peuple aura tout perdu : sa patrie, son parti et sa dernière idole qui ne sera plus suivie d'autres.
Les larmes de crocodile de la Caste me font penser aux Américains qui après avoir tout fait pour éradiquer, ou tout comme, les Indiens, s'apitoie leur son sort au ... cinéma.

Une idole, faut-il le souligner en un dernier coup de chapeau, qui n'aura jamais cédé à la tentation de créoliser sa modeste musique. Les plus grands succès d'Hallyday, dont je ne connais du reste que les airs, ne comportent aucune trace de métissage. Il n'a, je crois, jamais enregistré, à Bamako ou à la Havane, l'inévitable album ouvert aux artistes locaux. En cela, il aura contribué à maintenir la musique de variétés française dans le champ de l'harmonie, quand le brouhaha des percussions commençait d'envahir les rues.
10 décembre 2017, 11:37   Re : Mort d'un héros ?
''Enfin n'exagérons pas chère Cassandre, avec ou sans JH la Caste continue de se porter comme un charme et le GR poursuit son p'tit bonhomme de ch'min. Ça suit son cours, on va dire.''
Mais, hélas,bien sûr, cher Pascal, je ne dis pas le contraire.
10 décembre 2017, 12:15   Re : Mort d'un héros ?
Le ''génie français''a été jusqu'à une date récente, d'assimiler les étrangers et les influences étrangères au point d'en faire des individus et des phénomènes typiquement français. L'exemple le plus remarquable est celui de la musique noire.C'est la France qui lui a donné ses lettres de noblesse tout en l'incorporant à son répertoire populaire. Rien de plus français que certaines chansons de Trenet ou de Brassens, portées néanmoins par des rythmes de jazz endiablés. C'est aussi ce qu'a réussi JH inspiré par une vision naïve très française d'une certaine Amérique, avec le blues et rock.
Je pense à Wim Wenders, fasciné lui aussi par une vision très personnelle de l'Amérique mais qui n'en restait pas moins, profondément allemand. Je me souviens en particulier d'un film peu connu de lui et qui, je crois, n'a eu aucun succès : ''Land of planty'' . Le héros en est un Américain du peuple, vétéran du vietnam, obsédé par l'idée que l'Amérique est menacée de partout et qui se croit investi de la mission de la protéger. Ce que j'ai aimé, entre autres, dans ce film, et c'est peut-être pourquoi il n'a pas eu de succès, c'est que Wenders ne fait pas de ce personnage un facho repoussant mais au contraire quelqu'un d'attachant pour la souffrance duquel il éprouve de la compassion.
10 décembre 2017, 13:04   Re : Mort d'un héros ?
Il ne me semble pas, cher Pascal Mavrakis, que ce que vous dites de la pensée de Debord contredise mon affirmation un peu lapidaire. Le fait est que, aussi intéressante soit-elle, la théorie du spectacle comme rapport social médiatisé par des images repose sur le concept d'aliénation des masses. En ce sens, l'accord profond de celles-ci avec ledit spectacle est réduit à un degré suprême de l'aliénation devenue telle que les masses se l'approprient (comme une religion). C'est s'interdire absolument la compréhension de ce que la modernité doit à la volonté profonde de ces masses et d'appréhender ce qui apparaît de plus en plus nettement comme une mutation anthropique. C'est pourquoi Renaud Camus et Muray, chacun dans leur registre, sont beaucoup plus éclairants sur ce qui advient que ne l'est Debord.

On remarquera que l'un et l'autre fluctuent autour de la ligne de partage, comme en témoigne la controverse autour, concernant notre sort collectif, du génocide par substitution ou du suicide (très) assisté, et c'est inévitable pour une mutation à la fois endogène et favorisée très activement par la caste qui y trouve son compte, mais que rien de fondamental, à part l'argent, ne distingue plus de la petite bourgeoisie universelle ; en somme, la dictature de la petite bourgeoisie universelle est celle qu'elle exerce sur elle-même.
10 décembre 2017, 15:08   Le peuple-roi
» Ces Français-là sont littéralement tétanisés par la nostalgie bien plus que par la "société du spectacle"

Je ne sais pas s'il s'agit précisément de nostalgie : ces communions de masse doivent pouvoir s'expliquer, je suppose, par quelque fonction d'unification collective à l'œuvre, qui doit s'exprimer de temps en temps pour former ou reformer un lien social, surtout dans des sociétés qui semblent si morcelées par l'individualisme consumériste ; ce qu'il est intéressant de noter cette fois, c'est le prétexte choisi pour ce genre de célébration : un chanteur de variétés !
Le fait est que c'est presque incroyable, on s'en frotte les yeux : le dénominateur commun réconciliateur dans quoi le "peuple" (qui n'est en l'occurrence que cette masse de gens communiant) se reconnaît et par quoi il s'unit est dorénavant un chanteur de variétés !
On pourrait croire que ce pauvre peuple est donc dans un tel état de déshérence qu'il ne sait plus à quel saint, littéralement à quel patron se vouer, pour en être réduit à cela, et ériger si consensuellement un chanteur de variétés pratiquement en figure tutélaire de la cité, mais ce semble être plutôt le contraire : c'est lui qui s'est arrogé la prérogative d'élire cette figure, à son image, son goût, selon ses ambitions ; et tous n'ont plus qu'à suivre...
10 décembre 2017, 15:13   Re : Le peuple-roi
un chanteur de variétés !


Un chanteur de variétés et une idole !
Pour qu'il y ait idole, il faut qu'il y ait panthéon et mythologie.
Le panthéon, c'est le supermarché.
La mythologie, c'est le consumérisme.
Alors, tout se tient.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2017, 06:36   Re : Le peuple-roi
C'est s'interdire absolument la compréhension de ce que la modernité doit à la volonté profonde de ces masses et d'appréhender ce qui apparaît de plus en plus nettement comme une mutation anthropique.


Je ne crois pas, cher M. Meyer, que les masses veulent quelque chose. Je rejoins plutôt Baudrillard, lorsqu'il affirme : "Les masses sont l'inertie, elles sont la puissance du neutre" (de mémoire).



D’après Baudrillard, nous sommes les victimes consentantes d’un monde postmoderne dominé par des expériences et des sentiments simulés, et nous avons complètement perdu la capacité d’appréhender, de comprendre la réalité.
L’univers "hyperréel" qu'il décrit est conditionné par les besoins de la consommation, dominé par les campagnes de publicité et les offensives de propagande d’hommes d’affaires et d’entreprises qui cherchent à vendre leurs produits et services. Dans "Stratégies fatales", il écrit : "Toute la publicité et l’information, toute la classe politique dans son ensemble sont là pour nous dire ce que nous voulons, pour dire aux masses ce qu’elles veulent et nous assumons en fait ce transfert massif de responsabilité avec joie, car il n’est tout simplement ni évident ni de grand intérêt de savoir, de vouloir, d’avoir des facultés ou des désirs."

Qu'observe-t-on ? La réalité ne signifie plus le monde naturel et social, bien au contraire c’est le langage (des politiques, des journalistes, des publicitaires) qui constitue le monde réel - un monde réel qui, selon Baudrillard, peut se réduire à langage-signes-symboles.
11 décembre 2017, 12:23   Re : Le peuple-roi
Je n'ai jamais cru ça, même quand j'étais marxiste. Il y a d'ailleurs chez Marx la même contradiction que celle dont je parlais plus haut : tantôt il dit que les masses font l'histoire et tantôt qu'elles sont le jouet, d'un côté, des conditions de la production, et de l'autre de l'exploitation et de l'oppression dont elles sont les victimes. J'ai toujours lu dans les grands événements historiques la tutelle des masses : tantôt elles laissent faire, plus ou moins indifférentes, bienveillantes, consentantes, ou alors sceptiques et sourdement hostiles, ce qui suffit souvent à peser, tantôt elles agissent et quand elles le font, elles sont comme la rivière transformée en torrent : rien ne leur résiste. Tous les grands hommes d'État l'ont toujours su (« Il faut bien que je les suive puisque je suis leur chef ») et même, plus simplement, tous ceux qui ont exercé une autorité sur des adultes : on peut contraindre un, deux ou trois individus qui sortent du rang, pas la masse quand elle a décidé que NON.

Dire c’est le langage (des politiques, des journalistes, des publicitaires) qui constitue le monde réel (par opposition au monde naturel et social) me paraît une grosse sottise digne d'une pensée pré-marxienne ou même magique : le langage et le monde social constituent deux faces d'une même réalité, ou, si l'on préfère, deux étages (les infrastructures et superstructures marxiennes) de cette réalité.

Il me paraît en tout cas impossible de comprendre ce qui advient en le pensant comme un destin imposé aux masses par la caste. Cela me paraît une idée absurde, grotesque même, alors qu'il suffirait d'un rien pour renverser le cours de notre destin. En réalité, les membres de la caste politico-médiatique, juridico-spectaculaire (et vous pouvez rajouter l'Église ainsi bien sûr que, à l'étage inférieur, les prêtres de l'église laïque qu'est l'école) pensent et ressentent de la même façon que les masses de la petite bourgeoisie prolétarisée, et vous pouvez aller jusqu'à Davos, scruter l'âme de MM. Bill Gates et Elon Musk, ou même celle de Soros, vous n'y trouverez rien de fondamentalement différent de ce qui se voit dans celles des X (combien au fait ?) dizaines ou centaines de milliers de Français de souche qui ont participé à la grande messe de Requiem de leur France à eux, les petits souchiens qui, si jamais vous vous plaignez à haute voix de l'infâme saloperie sonore qu'on déverse dans vos oreilles au supermarché, au restaurant ou dans les chiottes des stations-service, vous regardent comme un fou et un emmerdeur, un empêcheur de fredonner en rond.
11 décembre 2017, 13:18   Re : Mort d'un héros ?
J'ai l'habitude d'être en plein accord avec Marcel Meyer, son envolée oratoire ci-dessous ne me convainc pourtant pas. Elle ne répond pas à la question que nous sommes plusieurs ("l'aile chansonnette" du PI dixit M. Dee) à poser implicitement ou explicitement : en France, est et qui est le peuple dont nous prétendons empêcher le remplacement ?
11 décembre 2017, 14:24   Re : Mort d'un héros ?
Eh oui ! On connaissait déjà La Gauche sans le peuple d'Eric Conan. Il faudra à présent y rajouter Les patriotes sans le peuple.
11 décembre 2017, 15:26   Re : Mort d'un héros ?
Le peuple de France se compose des millions de Français qui, en mai dernier, ont été empêchés de voter Front National par Marine Le Pen.

Il n'est généralement pas aussi bête que le voudrait la Caste, celle des gouvernants, des décideurs et des politiciens. Son attitude générale aujourd'hui semble être celle du "laissez causer, laisser faire mais n'en penser pas moins". Il ne vote plus et demeure dans son quant-à-soi face à ce qu'on voudrait qu'il soit, ou voudrait qu'il fasse.

Je parle du peuple historique, celui qui fait et défait la République française depuis plus de deux siècles, pas des Divers abrutis de fausse morale religieuse et de consumérisme.

Un bon artisan, installé en France périphérique, qui aime son travail et respecte ses ouvriers avec un degré de conscience professionnelle et morale immuable, voilà un profil médian dans le peuple de France. Au fait, c'est ce profil qui a fondé et refondé la République française depuis la Convention. Qu'il regarde avec tendresse la figure de Johnny Hallyday ne devrait pas nous déboussoler ni nous plonger dans le doute métaphysique outre mesure.
11 décembre 2017, 15:53   Re : Le peuple-roi
« en France, où est et qui est le peuple dont nous prétendons empêcher le remplacement ? »

Eh bien, mais je croyais que tout le monde était d'accord sur le diagnostic : n'est-ce pas lui, précisément, qui est venu dimanche saluer la dépouille de l'Idole des jeunes ? Et porter, ce faisant, le deuil de lui-même ?
11 décembre 2017, 16:04   Re : Mort d'un héros ?
Car, contrairement à ce que certains assènent en permanence, personne, ici dans ce forum, n'a une seule fois porter une accusation d'élitisme. Tout le monde, ou peu s'en faut, partage, ici, le sentiment que tout ne se vaut pas, qu'un opéra de Wagner ou de Mozart ne saurait être placé au même niveau qu'une chanson de Vanessa Paradis ou de Johnny Hallyday.
Le relativisme culturel n'étant pas vraiment la tasse de thé préférée de personne ici.
Et cela même si certains considèrent, qu'en art, les comparaisons ne sont pas toujours possibles ni signifiantes.
Un mathématicien dirait qu'il n'existe pas de relation d'ordre total en ce domaine, permettant de comparer une oeuvre à n'importe quelle autre. Seule pourrait s'appliquer parfois une relation d'ordre partiel, portant exclusivement sur des éléments appartenant à un même type (classique ; folklore ; variétés ; jazz ; rock; etc).
Les tenants d'un relativisme culturel intégral considérant qu'aucune relation d'ordre ne peut exister et que donc il n'y a pas lieu de hiérarchiser, que tout se vaut.
On peut aussi considérer l'existence, ou non, d'une relation d'ordre, non pas entre chaque oeuvre ( au cas par cas), mais entre chaque type artistique. On considèrera par exemple le Classique comme supérieur aux Variétés. Ce qui, bien entendu, n'exclut en aucune façon l'existence d'un chef d'oeuvre des Variétés et d'une pièce très mineure du Classique. C'est ici que tout se complique un peu. Certains donneront primeur à la supériorité du type tandis que d'autres porteront leur jugement au cas par cas. Aucun des deux n'est un tenant du relativisme culturel. Les premiers rejetant ce chef d'oeuvre des Variétés comme mal-né, n'appartenant pas à la bonne race ; les seconds faisant un peu de place à cette belle réussite même si elle appartient à une famille moins noble, lui faisant bon accueil, sans mépris.

En outre le sujet est aussi politique. Car il s'agit des sentiments que l'on porte à son propre peuple. On peut avoir une attitude digne et respectueuse envers ce peuple sans pour autant le flatter, ni instituer comme une nouvelle et intimidante Dictature du prolétariat. N'oublions pas que c'est le plus souvent de ce peuple que sortent les héros anonymes qui savent mettre leur vie en danger à l'occasion, pour nous porter secours.
Que ce peuple ne soit pas féru de Dutilleux ou de la théorie de la mesure, non seulement ce n'est pas important mais, en aucune façon, je ne souhaiterais avoir pour Peuple un conglomérat d'agrégés, d'X et de normaliens. Je lui préfère mille fois celui qui, samedi, a rendu hommage à JH, et nous a montré son âme.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2017, 16:14   Re : Mort d'un héros ?
Il nous a moins montré son “âme” que ce devant quoi il se prosterne, qui équivaut peu ou prou à ce qu'il est, ainsi que sa capacité — jamais démentie — à suivre les mots d'ordre spectaculaires.
11 décembre 2017, 16:19   Re : Le peuple-roi
Entièrement d'accord avec votre message. Et j'ajouterais que ceux qui connaissent un peu le peuple savent qu'il n'a besoin de personne pour hiérarchiser la musique. Il le fait de lui-même et n'a jamais eu la prétention de mettre celle dite, jadis, de variétés au même niveau que la classique. Ce sont bizarrement les ''élites'' qui ont imposé l'idée que tout se vaut : le pétomane, Mozart et un étron bien moulé, la Joconde. Jamais, au grand jamais, ça ne viendrait à l'idée du populo.
11 décembre 2017, 16:19   Re : Mort d'un héros ?
Paris, hôtel Pont-Royal, ch. 604, samedi 9 décembre 2017, une heure du matin (le 10). Tandis que nous assistions cette après midi, avec le plus grand intérêt, au milieu d’une assistance serrée, dans la bibliothèque Georges-Ascoli de la Sorbonne, à la soutenance de dossier pour habilitation à la direction de recherche de Bernard Teyssandier, “Image et imaginaire de l’éducation royale au Grand Siècle”, un million de personnes se pressaient sur les Champs-Élysées pour un dernier hommage à Johnny Hallyday. Les commentateurs soulignent unanimement, ce soir, que cette foule était composée uniquement de Français d’origine française, et que la “diversité” en était totalement absente. Du coup cette manifestation funèbre devient une épiphanie de la France identitaire : soit un sursaut, selon les uns, soit un requiem et un adieu, selon les autres, plus nombreux. Cette façon de voir, dans les deux sous-hypothèses, contredit entièrement mes vues.

Johnny Hallyday comme représentation idéale de la “culture” et de l’identité françaises, c’est évidemment, selon moi, l’apothéose du Petit Remplacement : l’insubmersible chanteur yéyé n’a évidemment rien à voir avec la culture, au sens où j’entends ce terme, et le seul et ridicule pseudonyme américain de ce Belge domicilié en Suisse est une gifle au nom français. N’empêche : il était adoré par les masses souchiennes, et elles sont en larmes quand il s’éteint — rien vu de pareil depuis Victor Hugo, entend-on dire couramment, tantôt par dérision, tantôt tout à fait sérieusement. Dont acte.

Hélas, les foules en deuil aujourd’hui ont beau être peu diversifiées en leur composition, elles ne traduisent en rien une pulsion de révolte contre l’horreur de la substitution ethnique. Bien au contraire : elles sont l’incarnation même de la passivité face au désastre, de l’égarement, de l’impuissance, du leurre. Le président Klaus disait avant-hier, pour modérer mes ardeurs, qu’en Tchécoslovaquie au temps des soviétiques il n’y avait pas un seul partisan sincère du régime :

« On trouvait moins de marxistes-léninistes convaincus dans tous le pays que sur le seul campus de l’université de Berkeley ».

La situation est bien différente aujourd’hui, selon lui ; et je crains qu’il n’ait raison. La tyrannie que nous subissons, la tyrannie remplaciste, n’est pas du tout détestée, serait-ce seulement parce qu’elle n’est perçue jusqu’à présent ni comme tyrannie ni comme remplaciste. Les vainqueurs du Petit Remplacement, qui défilaient tout à l’heure sur les Champs-Élysées, ne sont pas du tout hostiles au Grand. Peut-être le seraient-ils s’ils en admettaient l’existence. Mais ils estiment en majorité, je pense, qu’elle n’est pas prouvée du tout, “scientifiquement” (...)


Extrait du Journal de Renaud Camus
11 décembre 2017, 18:12   Re : Mort d'un héros ?
La politique ne consiste pas à seulement à analyser mais aussi à agir, si possible. L'articulation trop bien huilée et peut-être surtout rhétorique du Petit au Grand remplacement me semble la partie la moins convaincante de la doctrine de Renaud Camus. Est-ce que le peuple, selon les critères retenus, n'a pas toujours été plus ou moins hébété ? Du pain et des jeux... Mais enfin, en dernière analyse, quel peuple veut-on sauver, de quel peuple veut-on empêcher la disparition ? Je crains que la faible rayonnement du PI ne vienne de son impossibilité de répondre à cette question. Admettons plutôt qu'ici on se contente de déplorer sur tous les tons, du point de vue de Sirius, en excellente compagnie, sous la houlette d'un grand écrivain, mais que cette déploration sera à tout jamais dépourvue de conséquence pratique, car le peuple à préserver du Petit comme du Grand remplacement n'est rien d'autre qu'une chimère.
11 décembre 2017, 18:50   Re : Mort d'un héros ?
Je veux bien que le peuple soit minable et inconscient, il n'empêche que c'est lui et non les ''élites'' du système qui fait preuve de lucidité en exprimant opiniâtrement à travers tous les sondages son opposition à l'immigration et son inquiétude vis à vis de l'islam ! Et plus il est populo de chez populo plus il est lucide puisqu'il vote alors pour le front national.
11 décembre 2017, 19:08   Re : Mort d'un héros ?
Chimère ? Non je ne crois pas, pas du tout. Le peuple français tel qu'il existait encore dans mon enfance et mon adolescence n'était pas une chimère, et il n'était pas hébété ! Les yé-yés le faisaient rire, on les charriait ou l'on haussait les épaules avec une certaine indulgence : il faut bien que jeunesse se passe. Lui, ce qu'il aimait, clope au bec et canon de rouge à la main, c'était Piaf, Trénet, Maurice Chevalier, la musette, et s'il ne la pratiquait guère, il respectait la “grande musique”. Il ne lisait pas Proust mais il avait appris à lire, à écrire et à compter, mieux que jamais et nulle part sur terre. Et quand le président s'adressait à lui, il s'attendait à ce que ce soit dans la langue de Proust.

Ce qui est peut-être chimérique, c'est l'espoir qu'il ressuscite, qu'il revienne d'entre les morts, qu'il s'extirpe du plus profond des poubelles de l'histoire.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2017, 19:17   Re : Mort d'un héros ?
@Francis

Le peuple de France se compose des millions de Français qui, en mai dernier, ont été empêchés de voter Front National par Marine Le Pen.

Que pouvait faire Marine Le Pen contre les logiques de la globalisation et du marché roi qui poussent à la déterritorialisation, au délestage des attaches symboliques et à l’apparition d’identités de rechange éphémères (la marque, le club sportif). Dans le même temps, la disparition des frontières, la submersion migratoire ne permettent plus aux différents peuples (et au peuple français en particulier) d’évoluer à leur rythme, en clair d'exister en tant que peuples. MLP a bon dos. On pourrait poser la question autrement : ce peuple (ce qu'il en reste) méritait-il d'être représenté par MLP ?

Schmitt a bien montré, à la suite de Rousseau, que le peuple a d’autant moins besoin d’être re-présenté qu’il est lui- même politiquement présent.
Utilisateur anonyme
11 décembre 2017, 19:38   Re : Mort d'un héros ?
@Meyer

J'ai toujours lu dans les grands événements historiques la tutelle des masses : tantôt elles laissent faire, plus ou moins indifférentes, bienveillantes, consentantes, ou alors sceptiques et sourdement hostiles, ce qui suffit souvent à peser, tantôt elles agissent et quand elles le font, elles sont comme la rivière transformée en torrent : rien ne leur résiste.


Et qui parlait de l'"odieuse majorité qui serait composée de quelques meneurs vigoureux, d'un bon nombre de coquins qui s'adaptent, de faibles qui se laissent assimiler et de la masse qui trotte en queue sans savoir le moins du monde ce qu'elle veut"… ? C'est bien Goethe, non ? (Il avait rien pigé non plus sui là…)
11 décembre 2017, 20:22   Re : Mort d'un héros ?
Ce qui faisait le peuple français, ce qui le maçonnait, était l'appartenance subjective et commune à une nation et une culture, soit une histoire. En ce sens que l'instituteur était ce maçon, ce sculpteur. On ne lisait pas Bossuet ni les pièces de Racine, mais chacun, dans le peuple, savait que s'il l'avait fallu, s'il l'avait voulu, il l'aurait pu, car il en possédait la capacité, dûment reconnue par un certificat d'études, accessible à tous. Chacun était prêt au sacrifice suprême : mourir au champ d'honneur, lire Bossuet et Racine.

Les funérailles de Hugo devaient être un peu cela : l'affirmation par tout un peuple de cette capacité à revendiquer cet auteur, cette oeuvre, comme siens -- la proclamation d'un leg collectif fait d'acquis individuels.

La réponse à la question où est le peuple ? ou pour les intérêts de quel peuple s'opposer au Grand Remplacement ? trouve ainsi sa réponse dans un autre chapitre du programme du P.I., celui qui s'applique à l'éducation. Le peuple est à faire tous les matins, par l'éducation qui doit le forger ; à défaut, il se transforme sous nos yeux en une détestable cohorte d'abrutis à iphone, à jeux vidéos et à training à bandes blanches, à élocution monosyllabique, qui ânonnent la pensée du Journal Télévisé et prennent Johnny Hallyday pour Victor Hugo.

Où est le peuple ? Il n'est nulle part, il est à faire ou à re-faire. Il est parfaitement invisible et il est un souvenir -- Se souvenir, c'est vivre avec l'invisible disait V.H. Il est un souvenir, une hypothèse et une potentialité, ce qui devrait encore suffire pour agir.
11 décembre 2017, 21:12   Re : Mort d'un héros ?
« la masse qui trotte en queue sans savoir le moins du monde ce qu'elle veut »

Oui, oui, jusqu'au jour où elle vous tombe dessus (en l'occurrence à Valmy) et là, abasourdi, on plie bagages et l'on déclare :
« De ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle de l’histoire du monde (...). »
11 décembre 2017, 21:22   Re : Mort d'un héros ?
Le point de vue de Richard Millet :

Les funérailles de la France blanche.
11 décembre 2017, 22:04   Re : Mort d'un héros ?
Oui, oui, jusqu'au jour où elle vous tombe dessus (en l'occurrence à Valmy) et là, abasourdi, on plie bagages et l'on déclare :
« De ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle de l’histoire du monde (...). »


Pan sur le bec !

Prodigieuse vertu d'édification que celle de Valmy. Tout était absolument, définitivement perdu pour le peuple de France et sa Convention, pas une chance sur dix mille d'arriver à quoi que ce soi. Foutu pour foutu, ils ont décidé de foncer. Face à la mort qui leur fondait dessus, face à des morts qui bravaient la mort, les autres ont pris peur.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2017, 11:11   Re : Mort d'un héros ?
La famille du chanteur avait déclaré Marine Le Pen indésirable à la cérémonie...

JH : héros national et militant antiraciste jusqu'au bout, et même au delà du bout. Non pas "Vous n'aurez pas haine", pour le coup, mais "Vous n'aurez pas ma mort", vous les fachos, vous les beaufs.

Tout est bien qui finit bien. Amen.
Utilisateur anonyme
12 décembre 2017, 11:55   Re : Mort d'un héros ?
"En attendant Godot Valmy"...
12 décembre 2017, 13:10   Re : Mort d'un héros ?
Ce même Richard Millet qui, dans un de ses livres, qualifiait de monstre tel ténor amputé de ses deux bras.
Cela montre la sensibilité et la générosité du personnage !
12 décembre 2017, 13:16   Re : Le peuple-roi
@Alain Eytan

Vous êtes ambitieux. Dans une France plus conforme à vos souhaits qui auriez-vous vu pour des obsèques gigantesques comme celles-ci fédératrices des français? Pierre Boulez? Maurice Blanchot?
12 décembre 2017, 13:51   Re : Le peuple-roi
Houla, ça dépote !
12 décembre 2017, 15:45   Re : Le peuple-roi
Tout ce ci est bel et bon, il n'empêche qu'on n'a pas vraiment répondu à la question incontournable : si le peuple français est si méprisable quelle importance qu'il soit remplacé ?
12 décembre 2017, 17:17   Re : Mort d'un héros ?
Mais enfin, qui vous dit qu’il est méprisable?
Ce Johnny est vraiment l’homme de tous les excès. C’est un sujet qui arrive à affoler le compteur de commentaires de ce site.
À voir, la chronique de Zemmour aujourd’hui sur RTL. Tout est dit et bien dit.
12 décembre 2017, 18:39   Re : Mort d'un héros ?
''Mais enfin, qui vous dit qu’il est méprisable? ''Sûrement pas moi ! Et je suis d'accord en gros avec l'analyse de Zemmour.
29 décembre 2017, 16:37   Une scandaleuse beauté
» Un grand artiste, un artiste bouleversant, Vincent, Ludwig, est d'abord une figure de monstre. Sa plastique se doit d'être anormale, môche et repoussante. La transcendance et la belle inspiration du "je est un autre", généralement, font le job à partir de là.

Je crois que la beauté est absolument anormale, et que tout ce qui confine à la perfection est repoussant, littéralement, vous en interdit l'accès et dérobe tout sens, sans quoi on n'a aucune clé d'entrée : pire, la beauté peut susciter même un rejet effaré, une agressivité qui est parfois dangereuse.
L'être laid peut être apprivoisé par la commisération qu'on lui porte ; mais le Beau ? On lui crache plutôt à la figure !
29 décembre 2017, 17:19   Re : Une scandaleuse beauté
Plutôt d'accord avec Alain. Si j'osais, j'irai plus loin : le Beau auquel on ne crache pas à la figure, très souvent, vous fait payer cher votre manquement. Il peut vous le faire payer de diverses façons, qui peuvent, dans leurs formes respectives, s'opposer : mutiler votre vie, votre être ou, à l'inverse, s'automutiler, mutiler sa beauté, sa vie, son être (Rimbaud).
29 décembre 2017, 17:51   Re : Une scandaleuse beauté
Eh oui, cela me rappelle ce saisissement outré qui nous prit quand quelque être du commun prétendit avoir découvert une photo inédite de Rimbaud, au visage veule de calicot, petite moustache et regard sournois de fouine : ça, Rimbe, pouah !...
Utilisateur anonyme
07 janvier 2018, 11:53   Re : Une scandaleuse beauté
Bon, France Gall est morte. On repart pour un tour ou bien ça va aller ?
Utilisateur anonyme
07 janvier 2018, 12:03   Re : Une scandaleuse beauté
Hum... Bernard Tapie, "qui a beaucoup fait pour les jeunes de banlieues" et "qui a toujours combattu le FN", ne devrait pas tarder à débarrasser le plancher, lui aussi.

Mediatiquement parlant, seule la mort de J.M. Le Pen sera la "bienvenue".
07 janvier 2018, 14:19   Re : Une scandaleuse beauté
Il y en a encore quelques-uns à suivre : pensez, par exemple, à ces messieurs des “Pierres roulantes”, toujours vaillants dit-on, mais pour combien de temps ? Sans compter nos assez nombreuses vedettes yé-yé...
07 janvier 2018, 16:04   Re : Une scandaleuse beauté
Je vous prie de m'excuser, mais France Gall, c'était autre chose : franchement, qui peut résister à cette friandise fraîche et acidulée, adorablement interprétée, des années 60 ?

video: [youtu.be]
08 janvier 2018, 11:28   Re : Mort d'un héros ?
Sauf respect, je ne saisis pas pourquoi M. Camus et son disciple absolu Trystan Dee se donnent tant de mal pour nous dire chaque fois que nécessaire - et peut-être au-delà du nécessaire - que la chanson de variétés pour eux n'existe pas, tout comme la culture populaire en général. Leur obsession semble prouver que cela existe terriblement pour eux, bien au contraire. Il n'aurait pas été question de France Gall ici, probablement, sans la provocation de Trystan Dee. Puisqu'il en est question, j'approuve absolument la remarque d'Alain Eytan. Il faut tirer à nous toutes ces pépites, qui témoignent de la France d'avant, dans sa diversité (véritable diversité et pas slogan diversitaire). Il y eut même une France Gall antérieure à Serge Gainsbourg, au plus profond des années 60, réécoutez une chanson comme Christiansen, vous m'en direz des nouvelles...
09 janvier 2018, 00:21   Re : Mort d'un héros ?
Que ce soit pour nôtre Johnny national, nôtre France Gall (non moins nationale) ou Richard Wagner il ne sert vraiment à rien de vouloir pérorer à l'infini à propos des torts ou des bonnes raisons qu'il y aurait à les aimer ou pas.
Ces amours ou ces détestations éprouvés envers eux, ou d'autres, ne se déterminent pas par la raison ni par un argumentaire laborieux et besogneux, bien que se voulant démonstratif.
Au départ, tout en amont, il y a ce que l'on éprouve instinctivement, ce que l'on aime ou déteste, comme dirait Nietzsche. Ensuite suivent tous les commentaires plus ou moins fastidieux, en rien démonstratifs, mais seulement utiles à alimenter et justifier tant bien que mal son amour ou sa détestation primaire et instinctive.
On ne va pas démontrer par a+b qu'il ne faut pas aimer Johnny Hallyday, que le bon peuple a tort de l'aimer. On ne va pas le rééduquer dans des centres fermés avec obligation d'écouter Boulez soir et matin.
De même qu'on ne va pas, par exemple, rééduquer Renaud Camus parce qu'il aime bien manger de la charcuterie paysanne dans une brasserie plutôt que des mets plus raffinés à la Tout d'argent, ni lui reprocher de ne pas aimer les symphonies de Haydn, bien qu'elles fassent parties du grand répertoire classique. De telles démarches pédagogiques seraient parfaitement stupides et ridicules.
L'amour ou la détestation sont premiers car primaires et instinctifs. Ensuite suivent tant bien que mal les discours justificatifs. C'est tout. C'est comme ça.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2018, 06:24   Re : Mort d'un héros ?
L'amour ou la détestation sont premiers car primaires et instinctifs. Ensuite suivent tant bien que mal les discours justificatifs. C'est tout. C'est comme ça.
)))



Assez d'accord avec vous. Mais vous oubliez l’ "instinct de troupeau", qui lui aussi est premier (plus encore peut-être), lequel instinct ne relève pas du corps propre à chaque individu mais représente un instinct purement social. Ce n’est pas parce que je suis fait comme ceci ou comme cela, ou que parce que je fais comme ceci ou comme cela, que je choisis telle morale (ou telle musique), c’est parce que la société, ou telle partie de la société, a choisi celle-ci, et qu’en tant que membre de celle-ci je l’adopte également, pour appartenir.
09 janvier 2018, 12:49   Re : Mort d'un héros ?
Cher Pascal,

Vous avez bien sûr parfaitement raison de faire référence à ce que vous nommez, un peu méchamment tout de même, l'instinct de troupeau. Non je ne l'ai pas oublié (en mon for intérieur) mais tout ne peut pas être dit, ou écrit, en une dizaine de lignes écrites prestement.
Puisque vous l'avez évoqué essayons d'aller un peu plus loin, avec nos modestes moyens. Ce désir mimétique dont vous parlez a été traité avec maestria par René Girard, dans son fameux ouvrage Mensonge romantique et Vérité romanesque, lequel vous devez certainement connaître
Se croyant libre et autonome l'individu n'obéirait en fait qu'à ce désir mimétique de ressembler à l'être aimé, ou de vouloir posséder ce que l'autre, tous les autres, voudraient avoir. Nos choix, nos désirs, nos goûts ne relèveraient donc pas d'un libre arbitre, mais, bien au-contraire, seraient fortement induits soit par l'être aimé, soit pas un petit groupe d'autres, dûment sélectionnés et choisis, soit aussi par l'ensemble de la société, c'est-à-dire la mode ou les tendances du moment.
Ceci me semble tout à fait vrai, autant qu'il est possible que ça le soit quand on a affaire aux sciences humaines, c'est-à-dire en de très larges parts mais pas en totalité.
Néanmoins je voudrais faire deux ou trois remarques. Ne croyons pas naïvement que l'ensemble de la population peut-être définie par une partition mathématique composée des deux ensembles suivants : celui des ploucs, forcément assujettis à l'instinct de troupeau, et celui, élitiste et restreint, de ceux qui ne s'en laissent pas conter et qui sont des hommes libres.
Ne pas tomber dans cette illusion et cette prétention pourtant bien tentante et agréable à faire sienne.
L'Homme est un animal social et donc réagit en tant que tel. Il n'est pas une monade hermétique à son environnement. Notre troupeau, c'est-à-dire celui dans lequel nous nous reconnaissons, pour lequel nous éprouvons un sentiment d'appartenance, nos pairs en quelque sorte, peut-être plus ou moins important mais nous sommes tous influencés par Lui, qu'il recouvre l'ensemble de la société ou une caste plus réduite.
Même s'il est bien vrai qu'on ne peut réduire un individu à son groupe d'appartenance, il est illusoire de penser qu'il peut s'en affranchir en totalité. Personne n'est à l'abri de cet instinct de troupeau, ce dernier pouvant embrasser l'ensemble de la société ou une petite caste ou même se trouver réduit au singleton d'une seule personne : l'être aimé.
Cela fait partie de notre logiciel d'être humain. Sinon on tombe dans le monstrueux et l'inhumain. On vient au Monde, lequel nous préexiste et nous accueille en son sein. Dans un Monde d'Autres pour lequel on s'animera, on éprouvera des sentiments d'amour ou de haine, etc.
Autre remarque : que nos goûts et préférences nous soient en partie dictés par nôtre troupeau cela semble établi. Néanmoins ils sont bien les nôtres à cet instant t de notre vie. Et ils ne changeront pas en raison d'un argumentaire se voulant rationnel, pédagogique ou démonstratif ( que ce soit le goût, ou le dégoût, de la charcuterie auvergnate, des asticots crus ou de Johnny Hallyday).
Une personne qui changerait de goût artistique en raison d'une démonstration, d'une idée, d'une doctrine, d'une foi, d'un principe, se ferait violence sacrilège, mutilerait sa sensibilité et ses instincts, tomberait dans l'esclavage complet de ceux qui professent cette idée ou cette doctrine, et serait finalement totalement assujetti et dépendant de son troupeau.
Il ne serait plus à l'écoute de ses désirs les plus forts mais uniquement à la Loi de son groupe et de sa caste laquelle, par exemple, lui intimerait l'ordre (non écrit et non dit mais bien présent) de ne point aimer toute musique ne pointant pas au label Musique classique. Pas plus libre qu'un autre ce mec-là. A troupeau troupeau et demi.
09 janvier 2018, 13:40   Re : Mort d'un héros ?
De plus en plus persuadé que le goût, la recherche d'une expérience esthétique ravissante s'affirment contre le troupeau, étant d'abord individuelle. Mêmes lois que dans la recherche d'un(e) partenaire en amour : il/elle doit incarner un troupeau personnel, intime, mentalisé, même si son être physique se doit de faire corps avec un corps collectif commun et vulgaire (la beauté "canon" répond aux codes premiers de la normalité et de l'ordinarité, celle de l'élan grégaire -- la beauté fait l'unanimité grégaire dans son aveu). La rencontre entre l'aimé(e) et soi ne saurait être que dissidente à l'élan du troupeau, faute de quoi le transport esthétique perd toute sa valeur intime. Il y a donc, en amour, en esthétique, un événement troupeau qui est anti-troupeau. Il/elle sort du lot, comme on disait : cela veut dire qu'il y a d'abord lot puis que le lot s'abolit au bénéfice d'une singularité d'expérience et d'une exaltation de la subjectivité.

L'indistinction première de la chose la mieux partagée par le monde de la meute s'abolit pour cet événement esthétique. Sentiment d'être cocu quand on s'avise que son idole est l'idole des foules, et qu'elle fait le tapin. C'est à tort qu'on y verrait de "l'élitisme", comme si lon devait appeler "élististe" celui qui n'a pas envie de partager sa femme.

Dans Le Diable amoureux de Jacques Cazotte : le héros épris de Biondetta confie à l'objet aimé, objet de toutes ses fiertés (source sublime de toutes fiertés : faire connaître à ses contemporains que l'on est aimé de l'objet aimable par excellence) qu'en l'aimant il livre son âme à un troupeau, une cohorte de fées réunie en une femme. L'objet aimé concentre le troupeau de ses antécédents : le troupeau est marqueur de l'être singulier qui le représente en l'incarnant. Le troupeau n'est pas marqué mais il est marqueur de qui on l'en détache par choix, par rencontre fortuite.

Les amateurs de musique classique, 99 fois sur cent, le sont par transmission collective, à cause d'une volonté des parents dans l'enfance, d'un "bain" familial dans la chose, et le bénéfice esthétique est donc hérité, leg collectif, souvent transgénérationnel. Tout reste à vivre à partir de ce leg, les rencontres amoureuses s'opèreront en transgressant certains infracodes, etc. ou par orientation tatonnante du sujet dans le labyrinthe du donné. Ceux qui ne tatonnent pas, ou qui ne tatonnent pas dans une direction personnelle du goût, sont aussi "méprisables" que ceux qui aiment Johnny Halliday ou France Gall parce que toute leur génération a été bercée de l'image et de la voix de ces chanteurs. La valeur initiatique de l'itinéraire amoureux/esthétique est nulle et non avenue dans les deux champs du donné que le sujet n'aura pas touché. Le sujet n'aura été effleuré par rien : dans les deux cas, il est porté, inconscient, par le troupeau natal.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2018, 14:13   Re : Mort d'un héros ?
Pour qu'à une époque donnée la musique classique (pour ne citer qu'elle) soit reçue il faut que les esprits, du moins certains, soient prêts à l'entendre (héritage,"bain" familial dans la chose" comme dit Francis, éducation etc.). Je crois - en allant très vite et en passant à autre chose - qu'il en va de même pour les idées : le discours de Marx n'aurait pas été reçu, la forme extrême d'égalitarisme qui en est la caractéristique majeure n'aurait pas été acceptée, si les esprits n'avaient pas été déjà habitués ("bain sociétal", "bain idéologique") à d'autres formes plus atténuées d'égalitarisme.
Utilisateur anonyme
09 janvier 2018, 14:23   Re : Mort d'un héros ?
Ne croyons pas naïvement que l'ensemble de la population peut-être définie par une partition mathématique composée des deux ensembles suivants : celui des ploucs, forcément assujettis à l'instinct de troupeau, et celui, élitiste et restreint, de ceux qui ne s'en laissent pas conter et qui sont des hommes libres.

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D'autant qu'à en croire Renaud Camus nous ne serions tous - que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas - que de misérables petits bourgeois navigant à vue et gérant au jour le jour nos destins étroits, limités. Un peuple - plutôt un troupeau, de courts-vivants.
09 janvier 2018, 15:37   Re : Mort d'un héros ?
Oui Francis et Pascal. Tout ce que vous dites me convient.
Particulièrement ce qu'écrit Francis à propos de l'expérience esthétique personnelle qui, par sa singularité et son ravissement, doit nécessairement sortir du lot, par le biais d'une réaction anti-troupeau salutaire et indispensable à l'éclosion d'une authentique émotion esthétique personnelle
Remarquons tout de même que, dans la société actuelle, l'immense majorité des individus la constituant, se veulent tous uniques, individuels, créatifs, singuliers, différents des autres, originaux et que donc, tous participent (ou croient le faire) à cette réaction anti-troupeau, pour finalement s'apercevoir qu'ils ont créé un nouveau troupeau, celui des anti-troupeaux et qu'ils représentent même le plus gros troupeau existant.
Mais, bien sûr et heureusement, il existe de véritables portes de sortie, malgré que nous colle à la peau notre condition de petits-bourgeois.
Mes parents n'écoutaient pas de laGrande Musique, et très peu de l'autre non plus d'ailleurs, mais ils ont eu l'intelligence de s'abonner à la Guilde internationale du disque et c'est ainsi que, par la réception d'un disque par mois, j'ai découvert, dès 14 ans, quelques trésors musicaux tels le requiem de Mozart et la 4ème symphonie de Mahler. Ces disques m'ont aidé à m'arracher du quotidien culturel environnant. Je ne suis donc pas, à proprement parler, un héritier.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2018, 16:13   Re : Mort d'un héros ?
Juste en passant : mort d'un collabo ("Ce fils de réfugié polonais, ayant fréquenté dans sa jeunesse le mouvement juif de gauche Hatzaïr, remerciera le pays qui a accueilli ses parents en participant, durant toute sa vie militante, à sa destruction…") - bon débarras.


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