Cher Augustin Bordde,
Votre message dénote spectaculairement, c'est-à-dire sans aucun fard, votre désamour intégral, ou plus justement votre détestation du
phénomène Hallyday.
Il est bien entendu tout à fait légitime d'éprouver de tels sentiments à son égard et il ne sert vraiment à rien de s'échiner laborieusement à vouloir en démontrer la pertinence ou la justesse de vue.
Surtout avec de tels arguments ! Comme par exemple quand vous estimez qu'avoir des convictions, pour un chanteur interprète, c'est être soit de la Gauche, soit de la Droite, de bien l'afficher dans ses chansons et surtout de ne jamais changer de chapelle. Choisissez votre camp cher chanteur et soyez-en à tout jamais le fidèle serviteur. Drôle de façon de porter un jugement objectif sur le monde artistique. Piaf doit s'en retourner dans sa tombe.
Par contre il ne sera bien sûr tenu aucun compte de la qualité de la voix ni de celle des chansons.
Ces chansons de la mouvance
yé-yé ne parlaient certes ni de cul ni de politicaille mais, pour autant, elles n'étaient pas plus niaises ni abêtissantes que celles d'avant telles l'illustrissime
Viens poupoule. En outre vous devez savoir que JH s'est assez vite éloigné de ce mouvement et en a même fait une sévère critique. On ne peut quand même pas reprocher à un chanteur de variétés de 16-17 ans de s'être montré accommodant tout au début de sa carrière. Peut-être d'ailleurs que vous aussi l'avez été à une certaine époque, qui sait ?
Votre discours, se voulant démonstratif, ne reste qu'à la surface des choses et manque l'essentiel, ne rentre jamais dans le
tragique, dans l'inexprimable, dans l'âme des choses et des êtres.
Par exemple dès le début vous assénez que JH, contrairement à ce que dit sa chanson, n'est pas né dans la rue. Ce que vous dites est factuellement vrai mais n'a strictement aucun intérêt quant au jugement strictement artistique que l'on doit porter sur ce garçon. En outre, bien que pas né sous les ponts de Paris, il a, excusez du peu, été abandonné par son père à 6 mois et un peu plus tard par sa mère.
On lui a aussi, et bien sûr vous ne manquez pas d'évoquer ce poncif, cette tarte à la crème rebattue, reprocher de façon récurrente son manque de personnalité, sa façon, tel un caméléon, d'épouser toutes les modes du moment.
Mais on peut aussi y voir un certain talent d'acteur, de comédien à se travestir ainsi, à paraître convaincant dans ses différents habits, à tirer toujours avec grand talent son épingle du jeu.
Là encore c'est manqué l'essentiel et en rester à la surface des choses et ainsi pouvoir justifier et alimenter sa détestation.
Car, si ce qu'il a fait, lui seul en France, était si facile et si nul, d'autres auraient aussi pu le réaliser et ne s'en seraient pas privés. Or ce n'est pas le cas. Les Français l'on adoubé comme ils l'avaient fait pour Piaf, ni plus ni moins, vous en déplaise. Si, dès le début, il était, comme vous le dites, le chef de file c'était bien parce qu'il avait une présence unique, un charisme rarement vu mais cela vous ne voulez pas, ne pouvez pas, l'entendre...