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10 décembre 2017, 12:26   Johnny, la mort du héros
Loin d’être né dans la rue, Johnny était le fils d’un chanteur, qui n’était pas non plus un chanteur de rue, et d’un mannequin. Il s’est lancé en 1961 en se roulant par terre sur scène avec sa guitare, comme un artiste de cirque. Puis, l’effet obtenu, il s’est relevé sans mal et ça a été le début d’une grande carrière.

On ne peut pas comprendre le phénomène Johnny sans rappeler qu’il était le chef de file du mouvement yéyé, de l’anglais yeah yeah, ou “oui oui”. Effectivement, il n’était pas très contrariant et plutôt même accommodant. En tout cas il ne traînait rien qui puisse inquiéter les familles. Par exemple, un des grands succès de Johnny : “Le Pénitencier”, qui chante le cri de douleur platement sentimental d’un prisonnier disant adieu à la liberté, est l’adaptation française de “The House of the rising Sun” soit un lupanar à la Nouvelle Orléans où les garçons perdent leur âme avec leur pucelage en attendant de perdre tout le reste. Mais pas de sexe chez nous ! La France catholique, réputée permissive, remontait les bretelles à l'Amérique puritaine. Et il y avait encore pire ! “If I had a hammer”, portée au succès par Trini Lopez en 1963, était une chanson très politique en faveur de l’intégration. Devenu “marteau” dans la bouche de Claude François (la sirène yéyé du port d’Alexandrie) le “hammer” se révélait être un poulet fermier sans queue ni tête. C’est un bon exemple de l’entreprise d’abêtissement généralisé qu’était le yéyé. Le courant de chansons populaires qui exprimaient l’inquiétude de la jeunesse américaine était transformé en un produit de grande consommation, incolore, inodore et sans saveur, pour ne pas dire insipide. Il subissait le sort du camembert quand il traverse l’Atlantique dans l’autre sens.

Ferrat avait le cœur à gauche, Sardou plutôt le cœur à droite, ces deux-là exprimaient leurs convictions. Le cœur de Johnny nous jouait des tours, puisque le chanteur a été tour à tour : rockeur, rebel, hippie, écologiste, sous-prolétaire, jet set, romantique... à peu près tout ce qu’on pouvait trouver. Mais l’eau a coulé sous les ponts et peu à peu, immanquablement, l’idole des jeunes est devenue l’idole des moins jeunes pour finir en monument son et lumière. Maintenant Johnny peut tranquillement entrer dans la légende comme icone du bon goût français dans son appellation d’origine.
10 décembre 2017, 12:50   Re : Johnny, la mort du héros
Oui, bon. Il y a aussi du vrai dans ce que vous dites. Cependant ...
Utilisateur anonyme
10 décembre 2017, 14:11   Re : Johnny, la mort du héros
« Le courant de chansons populaires qui exprimaient l’inquiétude de la jeunesse américaine était transformé en un produit de grande consommation, incolore, inodore et sans saveur, pour ne pas dire insipide. Il subissait le sort du camembert quand il traverse l’Atlantique dans l’autre sens. »

Arrêtez, vous allez désespérer Billancourt.
12 décembre 2017, 18:55   Re : Johnny, la mort du héros
Cher Augustin Bordde,

Votre message dénote spectaculairement, c'est-à-dire sans aucun fard, votre désamour intégral, ou plus justement votre détestation du phénomène Hallyday.
Il est bien entendu tout à fait légitime d'éprouver de tels sentiments à son égard et il ne sert vraiment à rien de s'échiner laborieusement à vouloir en démontrer la pertinence ou la justesse de vue.
Surtout avec de tels arguments ! Comme par exemple quand vous estimez qu'avoir des convictions, pour un chanteur interprète, c'est être soit de la Gauche, soit de la Droite, de bien l'afficher dans ses chansons et surtout de ne jamais changer de chapelle. Choisissez votre camp cher chanteur et soyez-en à tout jamais le fidèle serviteur. Drôle de façon de porter un jugement objectif sur le monde artistique. Piaf doit s'en retourner dans sa tombe.
Par contre il ne sera bien sûr tenu aucun compte de la qualité de la voix ni de celle des chansons.
Ces chansons de la mouvance yé-yé ne parlaient certes ni de cul ni de politicaille mais, pour autant, elles n'étaient pas plus niaises ni abêtissantes que celles d'avant telles l'illustrissime Viens poupoule. En outre vous devez savoir que JH s'est assez vite éloigné de ce mouvement et en a même fait une sévère critique. On ne peut quand même pas reprocher à un chanteur de variétés de 16-17 ans de s'être montré accommodant tout au début de sa carrière. Peut-être d'ailleurs que vous aussi l'avez été à une certaine époque, qui sait ?
Votre discours, se voulant démonstratif, ne reste qu'à la surface des choses et manque l'essentiel, ne rentre jamais dans le tragique, dans l'inexprimable, dans l'âme des choses et des êtres.
Par exemple dès le début vous assénez que JH, contrairement à ce que dit sa chanson, n'est pas né dans la rue. Ce que vous dites est factuellement vrai mais n'a strictement aucun intérêt quant au jugement strictement artistique que l'on doit porter sur ce garçon. En outre, bien que pas né sous les ponts de Paris, il a, excusez du peu, été abandonné par son père à 6 mois et un peu plus tard par sa mère.
On lui a aussi, et bien sûr vous ne manquez pas d'évoquer ce poncif, cette tarte à la crème rebattue, reprocher de façon récurrente son manque de personnalité, sa façon, tel un caméléon, d'épouser toutes les modes du moment.
Mais on peut aussi y voir un certain talent d'acteur, de comédien à se travestir ainsi, à paraître convaincant dans ses différents habits, à tirer toujours avec grand talent son épingle du jeu.
Là encore c'est manqué l'essentiel et en rester à la surface des choses et ainsi pouvoir justifier et alimenter sa détestation.
Car, si ce qu'il a fait, lui seul en France, était si facile et si nul, d'autres auraient aussi pu le réaliser et ne s'en seraient pas privés. Or ce n'est pas le cas. Les Français l'on adoubé comme ils l'avaient fait pour Piaf, ni plus ni moins, vous en déplaise. Si, dès le début, il était, comme vous le dites, le chef de file c'était bien parce qu'il avait une présence unique, un charisme rarement vu mais cela vous ne voulez pas, ne pouvez pas, l'entendre...
12 décembre 2017, 22:07   Re : Johnny, la mort du héros
Pas mieux.
13 décembre 2017, 10:07   Re : Johnny, la mort du héros
Et puis ne pas oublier la petite cerise sur le gâteau.
Pour moi elle a les saveurs que j'avais énoncées (non exhaustivement bien sûr) dans un ancien message en 2015. Copie-collé ci-après :

DE QUOI SONT-ILS LE NOM ?

- La longue chevelure de Mélisande se déroulant et ondoyant sous les accords liquides, pleins de mystère et de magie envoûtante, de Claude Debussy?

- La pétulance enivrante et la délicieuse légèreté coquine d'une Elisabeth Schwarzkopf dans une opérette viennoise? Mais aussi sa voix argentée et céleste dans des airs d'opéras de Mozart ou dans les 4 derniers lieder de Strauss?

- Le profond et bouleversant recueillement qui nous saisit aux larmes dans le Requiem de Gabriel Fauré, dans le voyage d'hiver, le chant de la terre ou aussi la mort de Didon?

- La verve, la truculence, l'effronterie féminine, la liberté, la force de vie, la sensualité débordante de la carmencita?

- Les merveilleux duos d'amour d'Othello, de Tristan, de la Walkyrie, de la Bohême ou encore de Madame Butterfly ou du Roi Arthus?

- Les choeurs magistraux de Parsifal mais aussi ceux de la Khovantshina, de Kitège ou de Sadko reflétant l'âme russe de tout un peuple?

- Le parfum et le charme viennois désuet et inimitable de Sawallisch dans le sublime Capriccio?

- La larme dans la grosse voix gutturale de la Callas?

- La splendeur toute nordique, glaciale et épurée de la musique symphonique de Sibelius?

- L'indicible charme un brin andalou des Goyescas et d'Iberia sous les petites mains charnues d'Alicia?

- L'indéfinissable beauté romantique à fleur de peau du Dichterliebe et de Frauenliebe und -leben ?

- La verve endiablée et la bonne humeur contagieuse d'un Rossini débonnaire et jouissif?

- L'insurpassable beauté des adieux de Wotan à Brunhilde?

Si ce n'est de notre belle civilisation mûrie sous les meilleurs auspices qui soient!
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