C'est terrible Pascal, ce que vous nous décrivez : on se croirait à Hong-Kong il y a vingt ans.
A l'époque où j'habitais Hong Kong, et où le territoire devait être rétrocédé à la Chine populaire, un grand débat faisait rage chez les intellectuels locaux : la Chine va-t-elle transformer Hong-Kong en refaisant retomber le territoire à son niveau, soit cent ans en arrière ou bien est-ce Hong Kong qui va rendre la Chine à son image moderne, l'inspirer dans sa transformation ? Les tenants de la première hypothèse opposaient aux tenants de la seconde que t
he tail cannot wag the dog (la queue du chien ne peut pas remuer le chien). Ils avaient tort : la Chine populaire, depuis lors n'a fait que se hongkonguiser, et la queue du chien, fixe dans son destin, a bien remué le chien.
Ma théorie personnelle, à l'époque, était que la Chine populaire, toujours communiste, châtierait Hong Kong en gelant sa modernité (comme elle avait châtié le Shanghaï occidentalisé des années 30 en mettant un coup d'arrêt à son progrès dans cette voie, et en y faisant se déchaîner la Révolution culturelle dans les années 60), et que ce gel de Hong Kong, sorte de punition infligée à une société chinoise "vendue aux étrangers pendant 150 ans", profiterait aux villes côtières que le régime communiste d'alors s'efforçait de promouvoir en "zones économiques spéciales", etc., parmi lesquelles Shanghaï où il avait ses hauts lieux historiques. Je me trompais moi aussi : en fait Hong Kong a été autorisée à se sur-hongkonguiser, devenant une sorte de Monaco chinois pour multimilliardaires, la misère du petit peuple en sus, soit strictement ce qu'elle était avant 1997 mais dans un ordre de magnitude exalté (les riches et les matuvus, plus riches et plus matuvus que jamais, les miséreux plus miséreux que jamais).
Par comparaison, la France de Hollande-Macron est plus "socialiste" que la Chine populaire en 2017, même si les degrés de corruption respectifs y sont sensiblement les mêmes.