Dans les faits, c'est à déconseiller formellement : hormis la nuisance invisible, la plus dangereuse, qui fait des salles d’hôpitaux un véritable bouillon de culture microbien où l'on peut attraper toutes les saloperies imaginables, ces lieux sont aussi intranquilles au superlatif : on y est constamment perturbé par un brouhaha ininterrompu de plaintes, de récriminations, de cris, de hurlements, de reniflements, de toux, d'éructations, par des cocktails d'odeurs innommables, et le papotage atrocement blasé et indifférent du
staff qui vous regarde agoniser et crever sans broncher, comme si c'était chose naturelle.
Là se rassemble et gît l'humanité souffrante, quémandeuse, impuissante, la plus misérable, la plus détestable, la pire qui soit, qui ne manquera pas de faire ravaler au littérateur le plus pénétré de sa vocation l'envie de faire de l'art pour un bon moment.
À moins, peut-être, si on a le goût du risque et de l'étrange, de ne s'y aventurer qu'à la façon d'un Noroit, caparaçonné de livres, papiers et journaux, avec en plus des habituels Boules Quiès et pince-nez, le port d'un élégant masque antiseptique.