Cher Alain Eytan,
permettez que j'essaie de vous répondre par dessus les crachats.
À propos, et en guise de parenthèse introductive, rappelons que le "grabataire Collomb", agrégé de lettres classiques, lui, et qui se bat au Parlement pour essayer de faire adopter des mesures "répressives anti-migrants" d'une sévérité inédite
par rapport à tout ce qui a été voté jusque là, est né en 1947 et Renaud Camus en 1946. On est toujours le grabataire d'un autre.
Parenthèse fermée, à quoi peut-on attribuer l'évolution de l'opinion publique sur l'immigration ?
Je crois que quatre facteurs ont joué :
1° La rupture de Marine Le Pen avec son père : de ce fait, le discours anti-immigration du nouveau FN a été en partie "dédiabolisé"
2° Le climat de guerre civile, avec les centaines de victimes d'actes terroristes islamistes, a évidemment conduit une majorité de Français à douter du caractère fondamentalement non-violent de l'Islam ...
3° L'effondrement des digues dictatoriales de l'autre côté de la Méditerranée a fait comprendre à nos concitoyens la réalité de la "ruée (de l'Afrique) vers l'Europe" pour reprendre le titre d'un livre récent et intéressant
4° Enfin, les partis de droite traditionnels se sont effondrés eux aussi parce qu'ils n'ont pas été à la hauteur de la situation, quand leurs responsables ne l'ont pas aggravée, comme Nicolas Sarkozy décidant d'une intervention en Libye (applaudie par le P.I.) sans préparer de mesures d'endiguement de substitution, ce qui était le comble de l'irresponsabilité (mais la justice commence à révéler les raisons particulières de cette décision soudaine, destinée en partie à effacer l'humiliation publique de la tente de Khadafi dans les jardins de l'Elysée, faveur accordée pour des raisons que l'on devine...)
Ce sont ces faits qui expliquent l'évolution de l'opinion publique sur ce qui est appelé ici Grand Remplacement. Ce n'est en en aucun cas le résultat de l'action des petits groupes militants du genre du PI, du Siel et autre Résistance républicaine. Ceux-là ne font qu'engranger les convaincus de toujours qui sont déçus par la tiédeur du nouveau FN. La grande majorité des nouveaux convaincus se méfie même de ces groupuscules, ce qui explique l'insuccès des rassemblements anti-migrants organisés par ces groupes et le fait que le livre sur le GR ne se vende pas, malgré le succès de son titre.
Pourquoi la situation n'évolue-t-elle pas alors ?
Pour des raisons qui tiennent au "succès" du nouveau FN. Dans le même temps où elle rompait avec l'anti-sémitisme de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen se fourvoyait dans une voie anti-européenne, "souverainiste", pro-russe, ouvriériste. Autrement dit le "nouveau FN" n'était qu'un remake du PCF des années 1970.
Or les Français ne voulaient pas seulement qu'on les protège contre la vague migratoire : ils voulaient rester dans l'Europe.
Personne n'a su proposer une ligne "pro-européenne anti-immigration de masse", autrement dit le renforcement de l'intégration des nations dans une Europe politique dotée de frontières.
Au lieu de dénoncer l'impasse anti-européenne suicidaire dans laquelle le "nouveau FN" et les groupuscules souverainistes du genre du Siel se fourvoyaient, le PI a choisi d'être unitaire pour dix en ne mettant en avant que la question du refus du GR ("le Non"). Renaud Camus a même adhéré au Siel qui est pourtant très officiellement "souverainiste".
Au bout du compte, Marine Le Pen s'est ridiculisée face à Macron et les groupuscules anti-GR ne peuvent en tirer aucun profit soit parce que cet échec est aussi le leur, celui du "souverainisme nationaliste" (celui que le Siel partageait avec MLP), soit, parce qu'ils n'ont pas su dénoncer quand il le fallait l'aberration du programme anti-européen du FN (c'est le cas du PI qui a voulu être unitaire pour tous).
Aujourd'hui, Renaud Camus en appelle à la constitution d'une "Résistance européenne". Cette démarche est vouée à l'échec pour trois raisons :
1° Faute d'avoir été combattue au cours des 20 années passées par les mouvements anti-GR, la culture anti-européenne du "nouveau FN" a diffusé dans les milieux populaires qui rejettent l'Europe sous toutes ses formes : c'est pourquoi je tiens MLP comme "criminelle" autant que son anti-sémite de père
2° Les propos de Renaud Camus sur "Macron criminel plus franc, plus net qu'Hitler" et la "Shoah petit-bras" discréditent la démarche et font penser (même si ce n'est pas vrai...) que ce mouvement est négationniste et anti-sémite
3° Les responsables des "groupuscules" anti-GR n'ont rien compris à l'élection de Macron que Renaud Camus compare quasiment à la prise de pouvoir d'Hitler en 1933 (destruction des corps intermédiaires etc.) et en reprenant des clichés (la "davocratie") qui étaient jusque là ceux que les anti-sémites utilisaient pour dénoncer la "bancocratie juive"
Je m'arrête là car je n'ai vraiment pas le temps d'en dire plus et je sais que c'est déjà trop...
Amitiés
RP.