Sur cette question, Robin, vous soulevez un point intéressant, et contrairement à ce qu'en dit nonchalamment ici Renaud Camus, il est possible que nous puissions aborder la question sans passion ni emportement.
Les hyper-rationalistes sont des gens qui vous expliqueront, carrés (du verbe "se carrer") dans leur fauteuil rationaliste que si les hommes, les femmes et les autres aiment chanter sous la douche ou dans leur bains, c'est parce que, voyez-vous, il y a à cela une raison: la douche, le bain, étant sis en des lieux clos et murés, y chanter produit un effet vibraphonant qui réjouit les membranes humides de l'homme ou de la femme en ces moments, réjouissance à laquelle l'animal humain ne sait résister et qui, à la recherche de tout ce qui réjouit l'âme et la peau qui la contient, entonne, vibrant, des chants pavarotiens, mickjaggerien, spontanément, tel le lion ou le passereau.
Nos rationnalistes carrés ignorent (la connaissance du monde ne leur est pas indispensable) que, dans les champs, sous les cascades, emmie les rizières et les palmiers-dattiers, sous la lune équarrie, à Bali, à Dakar on chante mêmement sans mur, sans caisse d'écho, sous la pluie, la rivière, la rizière qui cascade sur vous et en vous.
Le rationaliste est un parano qui trouve des causes immédiates à tout. Le rationaliste vrai méconnaît toute cause lointaine ou profonde: seul lui fait donner de la voix ce qu'il s'empresse de vous exposer comme cause voisine du phénomène évoqué, la cause que vous n'aviez pas vue et qui vous est collée au front, sous laquelle vous louchez comme un idiot.
Le 11 septembre ne connaît pas de cause immédiate. Grave difficulté pour le rationaliste et ses adversaires: les sur-rationnalistes, les cavaliers de l'esprit pour qui, Ben Laden a dû faire le coup avec ses potes saoudiens parce que l'Esprit qui cavale plus vite que son ombre trouvera bien à remplir les faits par des faits, si on lui en donne le temps. L'Histoire, comme aurait dit Castro, absoudra les thèses officielles de ces événements, se chargera de leur donner substance, supposent à grands gestes, les hyper-rationalistes. Loin de moi l'idée de leur donner tort.
Deux points de vue s'affrontent: celui de Meyssan, le rationaliste, le méchant petit voltairien à qui il ne faut pas en conter, d'une part, et d'autre part les hyper-rationalistes, savoir les romantiques, ceux qui ont vision, ceux que les causes immédiates de la chute des tours n'interessent pas partculièrement, qui se targuent de viser l'Histoire et ses explications à venir et boivent à grandes gorgées le lait des commissions américaines qui contient toute l'histoire à connaître.
Entre les deux, le réel rétif, insatiable de ses faits, déconspirationniste, ouvert à l'intelligence factuelle, et retors comme un vieux renard, une vieille pute qui a fait chuter les tours, s'abattre les aéronefs; et pour qui, demande le réel, par la volonté et le truchement de quelles mains, le réel a-t-il agi ?