Certes, on ne voit aucune raison de trouver mauvais que cette personne ait désormais la liberté d’affecter à ceci plutôt qu'à cela une certaine somme que, dans tous les cas, elle devra débourser. On peut tout de même observer qu’elle ne choisit pour résidence hivernale ni le Japon ni Miami, ni même la Côte d'Azur et que son calcul n'est rendu possible que parce qu'elle trouve en Inde une population plus humble qu'elle, un pays où elle pourra se loger et se nourrir pour trois fois rien, d’autant mieux qu’elle est accoutumée à une vie spartiate. En somme, une alternative à laquelle je n’aurais jamais songé – passer l'hiver en Inde plutôt que d'acheter du bois – se révèle finalement comme qui dirait « naturelle », logique et soutenable, rien de la lubie qu’elle m’avait semblé de prime abord (ce n'est pas non plus une fable, ces personnes ne partent pas seules et sont, comme les "migrants", équipées en téléphones intelligents dont les "applications" leur permettent d'organiser au mieux leurs déplacements dans le pays, de faire le tri dans les "guests houses", de retrouver des compatriotes etc)
Quelle différence, cependant, entre les bonnes raisons sur lesquelles s’appuie cette personne (qui n’est pas seule dans son cas) et celles des groupes industriels qui « délocalisent » leur production ? La logique à l’œuvre est de même nature. On ne voit pas pourquoi ils s’en priveraient. Moyennant quoi, il n’est guère étonnant que la modeste retraitée à qui est offerte la possibilité de fuir l’hiver, pas plus que les richissimes dirigeants des grandes entreprises qui peuvent déplacer à leur gré leurs unités de production, ne trouvent rien à redire aux énormes flux migratoires quand, sur une multitude d’autres questions, tout les oppose.