»
Ce que je sais en revanche, c’est que vous répétez « Il y a une offre, un bulletin, un choix, un résultat démocratique, tout cela est très simple » sans jamais essayer de répondre à la moindre des objections formulées par moi ici ou Chouard ou Mathieu dans le débat
Ah bon ? Vous commencez par dire qu'un beau jour Drouet, Nicolle & Mouraud sont sortis de leur trou parce que le pouvoir avait été confisqué, et qu'ils ont donc décidé de s'en aller le reconquérir, voulant entraîner dans leur mouvement plutôt violent, c'est tout naturel, tous leurs concitoyens, desquels on n’avait pas demandé l’avis. A quoi je vous avais répondu, pardon de me répéter, je mets cela entre parenthèses, que :
(« Je ne vois pas que le pouvoir ait été "confisqué" : ses détenteurs rendront leur mandat au peuple, qui est en l'occurrence l'ensemble des citoyens ayant le droit de vote, dans les délais prévus, lequel peuple a d'ailleurs été consulté à deux reprises il y a peu et s'est clairement exprimé, donnant lieu à un résultat qui est aussi légitime qu'il peut l'être, parce que conforme à ce qu'est le système politique français tel qu'il est défini par la Constitution : je suis désolé, mais c'est aussi simple que ça.
"Confisquer" le pouvoir, cela veut dire se l'approprier de façon qui est contraire aux lois en vigueur le définissant et en énonçant les modalités d'application : quand un GJ, un pignouf, un frelon enquiquinant exige que ses réclamations les plus extravagantes soient remplies sous peine de semer le désordre et le chaos, c'est lui qui veut confisquer le pouvoir.
La question de savoir si ce pouvoir "fait son travail" ou non est un tout autre problème, sur quoi le peuple, le vrai, pas "la minorité vociférante qui prétend représenter le tout" pourra se prononcer lors de prochaines élections. »)
A quoi vous avez rétorqué que tout ça, ces histoires de vote, d'élections, de suffrage universel etc, ce n'était pas pour de vrai, que c'était du vent, rien que du papier qui ne voulait rien dire et n'engageait à rien, en me renvoyant à un super débat où il aurait été démontré une fois pour toutes que la démocratie française, c'était la farce à dindons que vous dites.
Bien, regardant donc consciencieusement cette émission, sait-on jamais, je vous avais fait part de mes doutes quant à une résolution aussi définitive du problème : Chouard ne m'ayant convaincu en rien — au fait, je trouve que vouloir disqualifier un homme politique parce qu'il aurait "confondu Maurras et Bloch" (?) est encore plus bête que de refuser absolument de suivre les conseils d'un mélencho-soralien qui voudrait que la nouvelle constitution soit rédigée dans des "ateliers constituants" par des Tartempions tirés au sort, ce qu'a bel et bien proposé le Chouard en question —, et donc Mathieu à peine plus, et j’avais avancé qu'il y a avait bien eu un choix, et que celui-ci n'était pas si insignifiant, si l'option alternative était si différente et aurait conduit à mener une autre politique, ce qui tendrait à montrer que la coquille n'était pas si vide :
(« Face à lui, dans ce débat ma foi assez confus et brouillon, l'expert en droit constitutionnel faisait valoir, avec raison probablement, que tout cela était parfaitement irréaliste et inapplicable, en plus d'être dangereux et forcément noyauté par n'importe qui et n'importe quoi, mais de surcroît avait asséné sans trop s'y appesantir, que de toute façon la démocratie représentative était "en crise" non à cause du mode de représentativité lui-même, mais parce que les représentants étaient dorénavant dénués de pouvoir réel.
Que ce pouvoir était disséminé un peu partout, dans le "capital", "chez les riches", comme disait Chouard, dans l'UE, etc., ce qui fait que pour le récupérer, nous voilà quand même bien avancés.
Quoi qu'il en soit, je ne laisse d'être frappé par une sorte de paradoxe qui se rencontre assez souvent : comment peut-on à la fois critiquer et dénoncer les conséquences de la politique particulière menée par le pouvoir actuel, et affirmer que celui-ci n'en a en réalité aucun ? N'en a-t-il vraiment aucun ? Qu'est-ce qui distingue si fondamentalement le mode de fonctionnement de la démocratie italienne, par exemple, qui a réussi à mener avec efficacité une politique anti-migratoire volontaire, de celui de la France ? A supposer qu'une Marine Le Pen plus habile eût remporté les élections, n'aurait-elle pu conduire la politique qu'elle souhaitait dans ce sens, par défaut intrinsèque et fatal de pouvoir de tout exécutif français ? Je ne vois pas pourquoi et en réalité j'en doute...
Preuve en est que ce n'est pas qu'une démocratie de papier, si l'offre qu'elle proposait a été si massivement rejetée, alors que son application aurait très vraisemblablement conduit à la mise en œuvre d'une politique notablement différente : en définitive, on ne peut qu'en conclure que ce que vous appelez la "coquille démocratique vide" ne l'est que parce que le choix effectif qui y a été opéré ne vous convient pas, c'est tout. »)
A quoi vous ne trouvez rien d'autre à répondre que ne réponds pas à vos question, en ignorant totalement les miennes ; si c'est pas tourner en rond...
Bref, je ne sais où vous avez lu que j'avais tenté d'"expliquer" le mouvement GJ, ce n'était pas mon propos ; ce n’est pas parce qu’on peut avoir des difficultés à cerner précisément un phénomène social si hétéroclite, l’analyser exhaustivement et en percer à jour les motivations les plus profondes que ce phénomène est bon et justifié en soi : je me demande d’ailleurs si certains ne voient dans cette apparente inintelligibilité l’indice d’une vérité d’ordre quasiment transcendant, d'un droit pratiquement divin, l’"inexplicable" conférant valeur de sacrement, les voies d’Internet et des réseaux sociaux étant décidément impénétrables.
Plus terre à terre, il s'agissait pour ma part de faire valoir qu'on n'avait absolument aucun moyen de savoir si ce mouvement était réellement représentatif d'une majorité de Français, dans ce qui semble bien être une volonté de plus en plus avérée de faire tomber le pouvoir actuel et de le remplacer par
on ne sait quoi — question dont vous avez l'air de vous contreficher tout en réclamant à corps et à cris plus de démocratie, ce qui est un comble —, et de se demander si cet
on ne sait quoi, avec l'inévitable désordre, voire chaos, institutionnel, politique, économique et social qu'impliquera nécessairement un tel chambardement était si évidemment préférable au pouvoir actuel.
Si le but est bien de faire tomber le pouvoir, le mouvement durera tant que le pouvoir ne tombera pas, ça tombe sous le sens ; les moyens d’en venir à bout sont en principe contraires à ce que se permet de faire une démocratie envers ses citoyens : le gouvernement fait en l’occurrence son travail correctement, en laissant ceux qui se réclament si véhémentement du peuple ressuscité s’exprimer ; espérons que ce soit jusqu’à une certaine limite.