Le site du parti de l'In-nocence

C'est sympa, l'in-nocence !

Envoyé par Jérôme Vallet 
Pas un message de soutien à Renaud Camus. Rien. Que dalle ! Silence radio du côté des In-nocents !

Eh bé…
C'est bien vrai ! Et vous-même n'avez pas rompu ce silence radio.
C'est vrai, mais lui, comme quelques autres, l'ont fait ailleurs.
Alors tout est bien. Quant à moi j'ai perdu mon in-nocence depuis quelques années.
Quatre jours avant le scrutin, Renaud Camus s'est dé-soutenu lui-même, nous n'avons fait que l'imiter.
Plus sympa encore, les Vaisseaux brûlés :

Les résultats de Plieux
La lecture régulière du Journal de Renaud Camus est une expérience poignante. Voilà un écrivain qui sacrifie tout, carrière, éditeur, lecteurs, notoriété culturelle, à ses idées politiques et à une cause dont le nom même est entré dans la langue courante. Qu'a-t-il gagné à ce sacrifice ? Des bordées d'injures, venues d'un univers politique groupusculaire, l'extrême-droite française (historique), où la concurrence pour les places (ou les hochets symboliques) est d'autant plus féroce que ces hochets sont rares. L'ostracisme absolu de l'univers mainstream, le mépris (élégant ou non) de ceux qui ne prennent pas la peine de lire l'auteur... Tout semble perdu sur tous les tableaux, et j'en suis profondément désolé pour lui. Un lecteur, par le truchement de la page et du volume, construit une relation personnelle avec l'auteur qu'il lit. Quant à l'In-nocence (bien sûr, ceci n'est pas un forum sur le forum etc...), je suis comme Daniel Teyssier : je l'ai perdue depuis si longtemps que j'étais tout surpris d'avoir un mot de passe encore valide pour écrire ici.
J'aimerais tellement que la remigration fût possible, mais je n'y crois pas du tout. Le temps joue désormais contre nous et du fait de la mise en oeuvre compliquée du projet, de la mesure et des précautions qu'il nécessite par humanité, la France sera morte avant qu'il n'aboutisse. C'est une course de vitesse que, hélas, nous ne pouvons que perdre.
Ce qui ne m'empêche pas d'avoir toujours autant d'admiration pour le courage et la persévérance de Renaud Camus.
Je souscris, le cœur serré, à chaque mot des deux interventions ci-dessus.
Personne ne vous demandait un satisfecit ou un blanc-seing, ni d'approuver chaque point de sa conduite, mais il me semble que la moindre des choses aurait été de se manifester publiquement pour le soutenir dans cette épreuve extrêmement pénible. Par simple fidélité et sympathie. Je ne parle pas de l'In-nocence, je parle seulement de ce qu'on doit à un homme.
C'est l'histoire d'un homme qui a choisi une voie délibérément suicidaire, méprisant les critiques et n'écoutant que ceux qui le poussaient à sauter du haut de la falaise, eux-mêmes bien à l'abri derrière la rambarde.

Le jour où le drame survient, ceux qui avaient encouragé le suicidaire font la morale à ceux qui avaient cherché à le retenir.

Quant au suicidé, il a encore assez de force pour dire combien il est reconnaissant à ses véritables amis de l'avoir soutenu jusqu'au bout.

Piquant.

Sans compter que le suicidé a entraîné avec lui la cause dont il se réclamait.

Ça c'est la cerise sur le cercueil ou "piquant de chez Piquant" comme on disait il y a dix ans.
Citation
Rémi Pellet
Sans compter que le suicidé a entraîné avec lui la cause dont il se réclamait.

Je n'irai pas jusqu'à dire cela.
Il me semble que les différentes attitudes/obstinations de Renaud Camus et le personnage qu'il s'emploie à sculpter, avec grand courage et sans compromission, constituent en eux-mêmes une véritable performance, au sens artistique du terme.
Alors bien sûr il y a du panache, de la noblesse, et une véritable grandeur à accomplir une telle performance de soi, contre vents et marées, chutes après chutes, déceptions après déceptions.
Mais il y a aussi (peut-être) un attrait du vide, de l'échec, de la déconfiture totale, d'une certaine mortification. Il s'agirait donc d'une redoutable performance artistique à défaut d'être une performance politique, mais c'est d'ailleurs aussi pour cela que, peu ou prou, nous l'admirons presque tous.
Bien entendu, le courage, l'intelligence et le talent de Renaud Camus ne sont pas en cause mais la façon dont il a compromis la noble cause qu'il entendait défendre par une succession d'incohérences invraisemblables et de provocations délétères

1./ Pendant la présidentielle, soutenir Marine Le Pen alors que son programme anti-euro la conduisait nécessairement à l'échec et au ridicule, quand il aurait fallu l'annoncer par avance, en dénonçant ce dévoiement des aspirations du peuple français, ce qui aurait permis d'en tirer un grand bénéfice après l'échec électoral

2./ Se déclarer favorable à l'existence de l'Union européenne tout en adhérant à un groupuscule "souverainiste" dont le nom même s'interprète comme une contestation de l'existence même de l'UE, après une élection présidentielle qui avait sanctionné la ligne anti-européenne

3./ Prendre pour thème de campagne l'oxymore de la "remigration pacifique", slogan auquel même Cassandre ne parvient pas à croire et pour lequel aucun début de commencement d'explication n'a été donné (que se passe-t-il si les personnes condamnées à être remigrées c'est-à-dire déportées résistent en masse ? comment contraindrait-on les pays étrangers à accepter les remigrés ? comme les "nocents" sont en grande partie des nationaux français, en ferait-on des apatrides ? vers où les déporterait-on ?...)

4./ Côtoyer sans s'en offusquer les raclures de l'extrême droite française (jusqu'à dîner avec Henry de Lesquen), pour s'étonner ensuite que ces gens se comportent comme ce qu'ils sont (anti-sémites, haineux, sexistes, anti-gays, etc.)

5./ Choisir toujours les termes de nature à créer le plus grand trouble dans les rangs de ses propres sympathisants (Macron moins criminel mais plus grand génocidaire et plus hypocrite qu'Hitler...)

6./ S'associer à la dernière minute à des personnes incontrôlables avec le risque évident d'attirer quelques raclures propres à discréditer l'ensemble de la liste

Je hais la famille Le Pen, en tant que le père, par son racisme et son antisémitisme, et la fille, par son anti-européanisme, ont rendu impossible un débat rationnel sur les questions d'immigrations. Les membres de cette famille ont servi de faire-valoir à tous leurs prétendus adversaires (et la nièce fera pareillement, avec son programme contre le droit à l'avortement)

Mais enfin, dès lors que Marine Le Pen mettait un terme à la "ligne Philippot" anti-euro pour remettre au centre du débat la question des frontières européennes, pourquoi ne pas saisir l'occasion comme l'a fait Hervé Juvin (dont les livres sur la Grande séparation, très proches de ceux de Renaud Camus, étaient publiés par Gallimard) ?

Les amis de Renaud Camus prétendent qu'il est un "voyant" et qu'il y a une grande continuité dans sa pensée et son action.

Une continuité paraît en effet établie, c'est celle du contre-temps politique :

1./ Dans les années 1970, il est militant au CERES, l'aile gauche chevenementiste du PS, parti qui fait campagne contre les mesures anti-immigration de VGE, lequel est contraint d'adopter les mesures sur le regroupement familial, celles qui vont déterminer toute la suite

2./ Dans les années 1980, électeur de Mitterrand malgré les régularisations massives d'étrangers et le programme du droit de vote aux non-européens (aux élections municipales)

3./ En 1993, électeur de l'union des écologistes, qui défendait le droit de vote des étrangers aux élections et qui n'avait aucun programme anti-immigration, alors que la droite parlementaire défendait elle un programme anti-immigration très ferme et a tenté de le mettre en application : "Tendre vers une immigration zéro"

Puis c'est la Révélation, place du village de Lunel (l'équivalent du pilier de Notre-Dame pour Claudel) mais toujours le contre-temps, comme la suite l'a prouvé jusqu'à aujourd'hui.
3./ Prendre pour thème de campagne l'oxymore de la "remigration pacifique", slogan auquel même Cassandre ne parvient pas à croire (et pour lequel aucun début de commencement d'explication n'a été donné : que se passe-t-il si les personnes condamnées à être remigrées c'est-à-dire déportées résistent en masse ? comment contraindrait-on les pays étrangers à accepter les remigrés ? comme les "nocents" sont en grande partie des nationaux français, en ferait-on des apatrides ? vers où les déporterait-on ?...)

Il y a des leviers économiques à la remigration, on vous l'a expliqué ici, mais vous n'en avez cure, vous ne lisez que vous-même ici, vous-même et Alain Eytan, ce qui est la même chose.


Pendant la présidentielle, soutenir Marine Le Pen alors que son programme anti-euro la conduisait nécessairement à l'échec et au ridicule, quand il aurait fallu l'annoncer par avance, en dénonçant ce dévoiement des aspirations du peuple français, ce qui aurait permis d'en tirer un grand bénéfice après l'échec électoral

Dans toute l'Europe qui allait aux urnes dimanche, des partis qui prônent la refonte de l'UE et le rejet de l'euro ont fait des scores historiques. Alors en mai 2019, toujours échec et ridicule les programmes anti-euros ? Pauvres malheureux britanniques si peu éclairés qui viennent de donner 31 pour cent à Farange, comme on les plaint ! Ils devront conserver leur livre Sterling. Pauvres gens qui ne savent rien de Rémi Pellet et de ses douces et calmes harangues pro-euros invariablement données sur le ton de l'évidence raisonnable. Que ne vous lisent-ils point !

Pour le reste, je laisse l'intéressé vous répondre, dans cette lettre mise en ligne cet après-midi :

Je place ici ma lettre aux membres de la liste “La Ligne claire”, car il n’est pas certain qu’elle soit diffusée d’autre part.

Je leur adresse mes plus vifs remerciements. Beaucoup d’entre eux ont fourni d’immenses efforts, pour une cause où il n’y avait que des coups à prendre, et rien à gagner, sinon la satisfaction du devoir accompli et celle de faire un peu plus, peut-être, connaître nos idées.

Les membres du Conseil National de la Résistance Européenne qui étaient hostiles à notre participation à ces élections avaient raison : on ne peut rien contre le système à l’intérieur du système, ce système dont Frederick Winslow Taylor, le père du remplacisme global, disait avec une belle franchise : :

« Dans le passé l’homme a été premier ; à l’avenir c’est le système qui doit l’être ».

Tout cela, au demeurant, a été exposé très clairement dans la Lettre aux Européens que Karim Ouchikh et moi avons publiée en début de campagne, avec nos “Cent une propositions”. Le prétendu “réel” est entièrement la création du système, en l’occurrence celle des médias, qui décident de ce qui appartient à la réalité du monde, à son actualité, en l’occurrence le système, et de ce qui ne lui appartient pas, l’opposition au système. Si cette opposition ne peut être tout à fait effacée, éradiquée, elle peut être du moins caricaturée, transformée, dénaturée, traînée dans la boue, salie par tous les moyens, imaginables. On s’est aperçu d’ailleurs, à l’occasion de cette campagne, que pour la défense du système (le remplacisme global), la Presse était absolument une, unique : les mêmes entrefilets, à la virgule près, apparaissent dans tous les journaux, qu’ils soient “de gauche” ou “de droite”.

Nous avons certes bénéficié de dévouements merveilleux, dont on ne sera jamais assez reconnaissants à ceux qui les ont prodigués : Julien Havasi et toute son équipe, Geneviève Ruelle, Hughes Sion, bien d’autres. Mais non seulement nous ne bénéficions pas des expériences professionnelles qui sont indispensables à ce genre de campagne, nous n’avions pas un sou vaillant. Le pouvoir idéologique et médiatique a certes tout fait pour nous compliquer les choses, ne serait-ce qu’en nous empêchant pendant des mois d’ouvrir un compte en banque : mais il faut bien constater qu’il n’y avait aucune espèce d’élan, dans le peuple, pour nous aider. Nos efforts pour rassembler quelque argent ont recueilli à peine quelques milliers d’euros, bien insuffisants pour couvrir les dépenses engagées. Le système contrôle parfaitement les masses, y compris celles qui sont promises au génocide par substitution. Impossible de ne pas l’observer, il n’y a parmi elles aucune volonté de refus, aucune résistance. Le Petit Remplacement les a totalement hébétées, elles ne voient aucun inconvénient au Grand. Notre liste fût-elle allée intacte jusqu’au bout de son parcours, au lieu d’être désavouée par moi, le résultat électoral n’eût pas été sensiblement différent. Elle n’avait de vertu, hélas, que de témoignage. Il était capital que ce témoignage, du moins, demeurât clair.

Or il ne l'était plus, sur la fin, plus du tout. Il était même sinistrement dévoyé. Il n’est pas question d’accabler ici le numéro 2 de notre liste, je ne l’ai d’ailleurs jamais fait. Je ne connais pas l’histoire de cette jeune femme (c’est mon tort), elle a certainement des excuses ou du moins des circonstances atténuantes. Elle a déjà horriblement souffert dans sa chair et j’imagine qu’à présent elle souffre dans son esprit et dans son cœur. Paix à sa douleur et à sa contrition, qu’elle a exprimée dignement. Mais ici il ne s’agit pas d’elle : il s’agit de nous. Il s’agit de la Ligne claire, de l’opposition farouche au changement de peuple et de civilisation, de la suite de l’histoire. En ne marquant pas fermement, non pas notre désapprobation, qui allait sans dire, j’espère, mais notre répudiation emphatique, notre dissociation radicale, nous rendions notre message inintelligible à jamais. Nous n’existions plus. Nous n’avions plus de voix. En aucun cas nous ne pouvions demander aux électeurs de donner leurs voix à une personne qui, quand bien même c’eût été par jeu, et dans un très jeune âge, traçait des croix gammées sur le sable et s’agenouillait devant elles.

Il n’est pas assez dire que nous ne sommes pas nazis, ou néo-nazis, malgré les abjectes insinuations de la plus bête et de la plus basse section des médias et de l’industrie de l’hébétude. De même que nous sommes, selon moi, les seuls écologistes cohérents, de même nous sommes les seuls antinazis conséquents. Nous sommes les seuls écologistes conséquents parce que nous sommes attachés à la biodiversité humaine, celle des cultures, des civilisations, des peuples, autant qu’à la biodiversité de la faune et de la flore, soumises les unes et les autres à une taylorisation implacable et destructrice. Nous sommes les seuls antinazis conséquents parce que Hitler et l’univers concentrationnaire sont autant les héritiers de Taylor et de la seconde révolution industrielle qu’ils le sont de Chamberlain et autres théoriciens du racisme biologique ; et la forme actuelle de la taylorisation générale c’est notre ennemi mortel le remplacisme global, le totalitarisme davocratique, dont les expressions pratiques sont le Grand Remplacement et la taylorisation de l’homme, sa réduction à l’état de paquet ou de bidon pour le bidonville global, à la fois producteur (de moins en moins), consommateur (de plus en plus) et produit, standardisé, normalisé, échangeable, interchangeable et remplaçable à merci.

De cette histoire sinistre et qui est loin d’être achevée — celle de la déshumanisation industrielle de l’homme — le nazisme et l’univers concentrationnaire ne sont que l’épisode le plus atroce, le cœur des ténèbres. Ces ténèbres nous baignent encore : ce sont elles qui jettent des millions d’hommes sur les mers dans des rafiots de fortune ; elles qui les étalent sous des tentes et des ponts aux marges et maintenant au centre de toutes les métropoles ; elles qui les parquent dans des boîtes à hommes toujours plus resserrées ; elle qui disent incessamment l’espace en même temps qu’elles l’artificialisent.

Après l’épisode de la croix gammée sur le sable, et après que j’avais désavoué de la façon la plus claire une liste à laquelle on ne pouvait plus rien changer et que l’on ne pouvait pas non plus supprimer, certains pouvaient peut-être imaginer, les choses ayant été bien précisées, de voter encore pour cette liste, dont le programme demeure intact, et je n’en renie pas une virgule. Mais deux jours après c’était l’affaire du salut nazi dans un bus, ou un train, je ne sais : et là toutes les issues étaient closes. Je note d’ailleurs avec effroi que pour beaucoup de commentateurs de droite, et surtout d’extrême droite, se désolidariser de tels signes, ou de tels gestes, ce ne peut être que lâcheté, peur, trahison, soumission au système voire, comme ils disent, “judéo-servilité”. Qu’on puisse s’en désolidariser parce qu’on n’en a jamais été solidaires, et qu’ils vous font horreur, ne paraît pas entrer parmi les hypothèses envisageables, dans ces quartiers. On dirait que tout ce qui les gêne est la révélation (que j’ai devancée) — pas la chose.

Personnellement je ne pouvais plus soutenir cette liste, à cause de deux des colistiers inamovibles (et encore une fois il s’agit bien moins des personnes, auxquels on pourra toujours trouver toutes les excuses de la terre, que de leur geste). Ce n’était nullement abandonner mes autres compagnons d’aventure ou d’épreuves : c’était les exonérer au contraire d’une compromission qu’ils pouvaient, comme moi, juger fatale ; et dont j’étais largement responsable, puisque c’est moi qui ai contresigné la liste déposée, constituée au prix de mille difficultés, et dont les deux jeunes femmes qui sont malheureusement au centre du débat représentent les toutes dernières acquisitions, en catastrophe, c’est bien le cas le dire. Il a été question de coup de poignard dans le dos. Le coup de poignard, ce n’est pas moi qui l’ai donné. Il a été tracé dans le sable.

Je l’ai écrit cent fois, et c’est en quelque sorte ma devise : le seul secret qui vaille c’est le Secret qui reste, lorsque tous les secrets sont levés. Je crois n’avoir rien à cacher, et ne l’avoir que trop prouvé, au gré de certains. Je n’avais aucune raison de cacher mon vote, puisqu’il ne pouvait plus se porter sur ma propre liste, devenue pas claire du tout. Quand son pays est envahi et sa civilisation en cours de destruction précipitée, on ne s’abstient pas. On vote pour le candidat le plus proche ou à défaut, s’il n’y en a pas, pour le moins éloigné. J’ai beaucoup critiqué la liste du Rassemblement national, je ne retire rien à mes reproches. Mais entre des remplacistes enthousiastes et des antiremplacistes mous, résignés, je préfère encore les seconds, un peu moins dangereux.

Nombre de mes colistiers ont parfaitement compris ma démarche. Il la jugent, comme moi, regrettable, mais tout à fait inévitable. Je leur adresse l’expression de ma gratitude, comme bien sûr à tous les autres. Nous n’avions pour nous que la clarté. Elle, du moins, demeure intacte.
La lettre de Renaud Camus me semble contradictoire :
- d'un côté, "Le Système" décide de tout et empêche l'expression d'opinions dissidentes anti-immigration ;
- de l'autre, il permet au RN d'arriver en tête alors que ce parti avait centré sa campagne sur le refus de l'immigration et la défense des frontières nationales, en s'appuyant sur les thèses de Juvin sur La Grande séparation

Certes le RN ne défendait pas la proposition de la "remigration pacifique" mais il aurait pu difficilement le faire car son auteur n'a jamais expliqué en quoi elle consisterait en pratique. Et comme c'est le critère censé distinguer les "anti-remplacistes authentiques" des "anti-remplacistes mous"...
Tenez Jérôme Vallet, puisque vous êtes là pour quelques heures, jours ou minutes, j'ai une question à vous poser, qui à mon sens est éminemment métaphysique et politique : existe-il, ou seulement peut-il exister, un repentir en musique comme il en existe un en peinture ? La vérité en peinture (et en sculpture) est affranchie du temps, tandis qu'elle lui apparaît asservie en musique. La vérité n'est qu'en peinture comme le veut l'expression mais c'est une vérité amputée de la dimension temporelle.

C'est important pour le langage articulé (celui du Verbe comme celui de la politique). Camus, au fait, est mélomane, un mélomane si grandiose et averti qu'il faudrait le tenir pour musicien. Il est aussi peintre, ou amateur d'art, il se veut tel, davantage que musicien. Or la vérité l'obsède et le fuit comme aucun. Camus, comme je crois la plupart des humains, est déchiré par ces deux modes de la vérité, celui de la peinture, grande affranchie du temps dans ses repentirs, et celui de la musique, souveraine asservie.

Rimbaud voulait la musique supérieure à la peinture, à mes yeux, et à mes oreilles, cela est parce que la musique ose le temps, comme on le dit à Paris du clitoris.

Les temps sont difficiles Jérôme, vieil ami qui m'a renié de long temps, mais la musique, toujours à cause de lui, le temps, l'est tout autant.
Mon cher Jérôme,

Il y a confrontation entre le réel et l’idée du réel, soit l’Idée tout court.

Par exemple, la question du sensible musical, la musique : l’écoute analogique suffit à l’idée, l’écoute numérique touche le sensible.

Or, l’idée de la musique me suffit. Le numérique m’enveloppe, me noie m’habite et m’obsède, mais l’analogique restitue, et me restitue, la musique dans l’idée de la musique.

La musique, incontestablement, est le monde. Elle est tantôt enchanteresse tantôt parfaitement encombrante comme l’est le monde à nos âmes et aussi parfaitement inutile, obsédante et habitant nos gestes et nos faits.

J’ai une drôle de question : le réel ressemble à la musique davantage qu’à aucune peinture. L’on ne peint le réel que par la musique. Or la peinture, contre toute attente et en contradiction avec la puissance de la musique sur le réel temporalisé, continue d'exister sans justification véritable.

Renaud Camus est un drôle de type. Les esprits faibles et bas articulent à plaisir une impitoyable vérité sur le bonhomme : il n’a fait, toute sa vie, que se tromper. L’esprit bonhomme, sur la vérité, dit toute la vérité en peinture. Cet esprit est celui de Rémi Pellet, qui parle et perle à volonté en disant sa connaissance des faits.

Renaud Camus, l’homme, il faut bien le dire, nous ressemble en ceci qu’il n’est que très peu attrayant ou même intellectuellement intéressant. Pourtant, le sujet est extraordinaire. Il l’est en ceci que toute la somme de ses erreurs politiques disent la vérité. Pas une « forme de vérité », mais bien la complexe, profonde et homérique vérité. La vérité, c’est le réel figure-toi ! mais quel réel ? Le réel est un vaste programme et un thème non moins glissant à aborder. Renaud Camus l’auteur prend la vérité pour le réel, le fou ! Il s’est fendu comme aucuns de livres sur le département de l’Hérault, et même sur celui de la Lozère. Ce type est un passionné de réel, et mais son péché politique est de confondre le réel et la vérité ! ce que personne, âgé de plus de cinq ans ne sait plus faire. Nous aimons l’auteur mais nous n’aimons pas vraiment le piteux bonhomme qui nous ressemble que trop, parce que lui ose, ou plutôt il n’ose rien, il est dans la vérité du réel (accoler ces deux termes relève du scandale mais Renaud Camus est scandale, toute sa vie, à tous les instants !). Tous ses livres « politiques » sur la France, ses régions, son être et l’évolution de cet être sont humblement vrais et réels. Le réel est un pari intense lorsqu'il s’identifie au vrai, voilà la « pensée » de Renaud Camus.

Moi, je ne puis le suivre, parce qu’à vrai dire, comme le prouve cette élection de dimanche, personne ne le peut. Personne, même dans les fictions les plus grandioses ou ridicules, ne se pend à se faire photographier en train de « s’arracher la gueule avec fierté » en l’espèce des affiches à son effigie sur la place de Plieux un jour d’élection où il est tête de liste, d’affiche et de massacre.

Mon bon, mon vieux et très respectable ami, il y aura ceci à graver sur nos morts : que par ce pauvre type, vous avons été des amants chevaucheurs de la vérité conjointe au réel, quelques mois, quelque temps, un petit toujours, audacieux, dressés, trissés de vérité, et tristes.
Émouvante et belle contribution. Merci, cher Francis.
1. "Entre 1978 et 1980, Valéry Giscard d’Estaing tente en vain d’organiser le retour forcé de la majeure partie des immigrés non européens, particulièrement algériens. Ensuite, puisqu’on a échoué à les faire repartir, on cherche à les empêcher de devenir français. Pour la première fois depuis le début des années 1920, le tabou du jus soli est levé. En 1984, le député Alain Griotteray prône l’instauration d’un strict jus sanguinis accompagné d’une procédure de naturalisation qui permettrait de mieux ''sélectionner'' l’origine des nouveaux Français. On vise les Algériens dont les enfants sont pleinement français dès leur naissance car ils sont nés en France d’un parent né en France. » (Patrick Weil, « La nationalité française (débat sur) », Le dictionnaire historique de la vie politique française (XXe siècle), dir. J.-F. Sirinelli, PUF, Paris, nouvelle version 2003)

2. En 1986, parution du livre posthume de Fernand Braudel (1902-1985) L’Identité de la France, dans lequel on pouvait lire l’opinion suivante : « pour la première fois, je crois, sur un plan national, l’immigration pose à la France une sorte de problème “colonial’’, cette fois planté à l’intérieur d’elle-même ». Braudel visait spécifiquement l’immigration musulmane en tant que « l’Islam n’est pas seulement une religion, c’est une civilisation plus que vivante, une manière de vivre ». Mentionnant le cas des contraintes et violences subies pas de très nombreuses « Françaises mariées à des Nord-Africains », l’historien jugeait qu’il ne s’agissait « pas de simples faits divers, mais des symboles de l’obstacle majeur auquel se heurtent les immigrés d’Afrique du Nord : une civilisation autre que la leur. Un droit, une loi qui ne reconnaît pas leur propre droit, fondé sur cette loi supérieure qu’est la religion du Coran »

3. En 1986 toujours, première « loi Pasqua » rétablissant les reconduites administratives à la frontière et limitant l'accès à la carte de résident. Affaire du charter des 101 Maliens : Expulsion médiatisée

4. En 1986 encore, projet de réforme très restrictif du code de la nationalité mais échec

3. En 1990, états-généraux de la droite sur l'immigration, aux propositions radicales : "Fermeture des frontières", "suspension de l'immigration", "réserver certaines prestations sociales aux nationaux", "incompatibilité entre l'islam et nos lois".. Que faisiez-vous en 1990 ?

3. En 1993, réforme par la droite du code de la nationalité dans un sens restrictif : lois Méhaignerie et Pasqua

Pendant ce temps-là... Renaud Camus, Graal-Plieux. Journal 1993, POL, 1998, p. 78 : " Les écologistes suscitent la seule véritable surprise de cette consultation [...]. Avec mon sûr instinct pour la défaite, j'avais voté pour eux, ici, à Plieux, - moins par enthousiasme à leur égard que par un effet d'élimination. Je ne suis pas encore prêt à passer à droite avec armes et bagages, même sur les épaules du duc de Montesquiou ; et je ne veux plus apporter mon suffrage au parti de Mitterrand, de Dumas, de Joxe et d'Edith Cresson. Des communistes et du Front national il ne saurait être question, évidemment - de sorte que ne restait que l'union des écologistes, dont je me suis dit que c'était encore ce qui pouvait faire le moins de dégâts."

Pour la suite, voir plus haut.

Alors oui, on peut être un des meilleurs écrivains français de son époque et manquer de sens politique (et de bon sens tout court).
C’est une histoire inouïe. La première fois qu’une tête de liste abandonne à trois jours des élections et annonce qu’il votera pour un autre candidat. J’admire l’écrivain, son juste combat et le courage d’un homme poursuivi par la meute et traité comme un pestiféré. Aussi je l’ai suivi et j’ai voté comme lui. En secret bien sûr sinon je pouvais changer de femme, de famille, de profession, d’amis.
Il reste que 1898 citoyens ont voté pour la Ligne Claire.
» mais son péché politique est de confondre le réel et la vérité !


« — La vérité ! s'écrie Gabriel (geste), comme si tu savais cexé. Comme si quelqu'un au monde savait cexé. Tout ça, (geste), tout ça c'est du bidon : le Panthéon, les Invalides, la caserne de Reuilly, le tabac du coin, tout.
Oui, du bidon. »

Raymond Queneau - Zazie dans le métro
En politique, la vérité ne peut être que métaphore. Hors la politique, largement aussi, sauf en science dure (physique, mathématique) mais, chose remarquable, pas en science très dure où la métaphore reprend ses droits.

Personne, ou peu de monde ne semble s'en être avisé : le Grand remplacement n'est pas une thèse, ni un concept, ni une théorie : c'est une métaphore servant à dire l'indicible réel. Ce n'est pas la première fois que la métaphore, argument premier du logos, offre ce service à la pensée politique et à l'examen du réel. Par exemple : la Guerre froide. Qué guerre ? Elle a été déclarée par qui, où, et combien de victimes a-t-elle fait de quelle date à quelle date ? Alors quoi, si vous ne pouvez répondre à ces questions simples c'est que votre "guerre froide" est tout simplement sortie de votre chapeau, couvre-chef qui recouvre un cerveau malade, poétique ou enfantin. Allez circulez, il n'y a rien à voir, et laissez les personnes sérieuses s'occuper du réel sans les encombrer de vos fantasmes d'extrême drouate. Voilà, grosso modo, la teneur du malentendu entre Renaud Camus et le monde.

Le réel indicible, le plus souvent subi, est l'objet de la poétique comme de la politique. Et, dans cet objet, ce mouvement d'investigation et de dire, la vérité devient superposable à ce réel insaisissable. C'est curieux, mais c'est comme ça, et en vous laissant le soin de creuser la question, je ne crois pas trop m'aventurer en vous disant que vous devriez, sur ce chemin-là, rencontrer Aristote.
"Métaphore, métaphore, est-ce que j'ai une tête de métaphore ?"....


Pour les électeurs de la liste Bardella le "Grand Remplacement" n'est en rien une métaphore mais la traduction très exacte de ce qu'ils vivent, le fait que des pans entiers du territoire national s'islamisent, ce que Braudel diagnostiquait il y a plus de 30 ans déjà, sachant que l'attitude d'une petite minorité - représentative d'une civilisation composée de près de 2 milliards de personnes dont le ressentiment à l'égard de l'Occident est immense - peut suffire à bouleverser totalement l'identité et l'équilibre d'une grande collectivité européenne.

Si Marine Le Pen feint de voir dans la formule une théorie complotiste, c'est qu'elle aurait tout à perdre à se reconnaître redevable à l'égard de l'auteur de la formule, lequel est totalement "incontrôlable", même par ses proches, et parce qu'elle a mené une campagne présidentielle sur un thème tout à fait autre (la sortie de l'euro), dans le but de "dédiaboliser", comme disent les journalistes, son parti, car celui-ci avait été effectivement compromis par le racisme et l'antisémitisme de son fondateur, lequel a servi de faire-valoir à tous ses prétendus adversaires.

Cette année, la toute petite minorité des électeurs "intellos" de l'électorat anti-GR avait le choix entre le programme de la "remigration pacifique", oxymore évident, et celui de la "déglobalisation" (ou "localisme"), prôné par Juvin, formule qui paraît beaucoup plus réaliste (même si Juvin, qui est manifestement très intelligent, ne doit pas croire lui-même un instant au retour des frontières nationales au sein de l'Union européenne), tout en étant d'emblée "écologiste" (tout le monde peut s'y retrouver, des "bobos" à ceux pour lesquels "la terre ne ment pas")
Pour ma part, je n'irais pas jusqu'à dire que je sais cexé, la vérité, mais enfin, j'ai quelques indications, concordantes d'Aristote à Tarski, sur le sens pratique et qui tient bien en main de la chose : elle est ce qui résulte de l'adéquation entre un jugement, une proposition, une description, et leur objet : de ce point de vue simple et élémentaire, la vérité n'est donc pas un être en soi, mais une propriété du discours émergeant d'une mise en rapport entre le réel et le dit.

Voyez-vous Francis, le fondement de la vérité réside dans la façon dont certaines chaînes de mots s'adaptent à nos stimulations sensorielles, les nôtres d'abord, puis celles des autres auxquels nous ajoutons foi. C'est là la base de la vérité dite factuelle ; puis d'autres énoncés sont considérés comme vrais du seul fait de leur connexion nécessaire avec les énoncés d'observation, et de loin en loin se constitue ce que nous appelons "la réalité".
Et voilà.

Quant à mêler la politique à l'affaire, je veux bien, mais la vérité ne sera là considérée qu'à titre de condition préalable à l'essentiel de l'action politique : car avant de savoir ce qu'il faut faire, il vaut mieux savoir ce qui est et dresser un état des lieux aussi vrai que possible, sans quoi le tout n'a pas grand sens : après quoi, cet essentiel n'a rien à voir avec la vérité, car il juge si l'état des choses est bien ou mal, et stipule comment le corriger dans la direction souhaitée (par exemple en mettant en œuvre une "remigration pacifique"), toutes considérations sur le what ought to be dont la distante, neutre et inhumaine vérité se bat l'œil.
05 juin 2019, 18:34   La vérité si je mens
La vérité d'expertise :

La mise en concurrence de la distribution d'électricité entraînera mécaniquement pour l'usager la baisse des tarifs EDF .

La vérité à la con :

Juin 2019, les tarifs d'EDF connaissent une augmentation jamais vue.


La vérité d'expertise (bis) :

En effet, cela peut sembler un paradoxe mais il faut savoir que c'est plus compliqué que ça dans la mesure où la baisse de l'augmentation passe nécessairement par un réajustement de la baisse en augmentation préalable afin de tenir compte de tous les paramètres.

Mais bon, ce doit être le genre d'intervention de pignouf façon Gilet jaune.
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