J'avais lu il y a longtemps (
La Mort dans les yeux, de Jean-Pierre Vernant) que les Grecs avaient coutume de placer au seuil de leur maison une effigie de la tête d'une des Gorgones, cela à double fin : Gorgô personnifiant entre autres l'altérité radicale, l'horreur de l'inhumanité pouvant à chaque instant surgir et bouleverser le cours familier de la vie, sa présence symbolique faisait d'une part office de paratonnerre à ce qu'elle-même signifiait, mais constituait surtout un rappel de l'imminence toujours possible de la catastrophe, latente derrière une apparence étale des choses, qui sans crier gare risquait constamment de vous tomber sur le coin de la figure et vous rendre au pur chaos.