Le site du parti de l'In-nocence

Que la notion même d'économie circulaire est un abaissement de l'homme

Envoyé par Francis Marche 
Tenez : l'abeille , le castor, la fourmi , font des
choses merveilleuses , mais ils ne font que cela et
n'ont jamais fait autre chose. L'animal est exact,
la naissance lui confère avec la vie cette fatalité.

Le géomètre ne saurait introduire une seule case
de plus dans une ruche, et la forme de cette ruche
est , précisément, celle qui, dans le moindre
espace , peut contenir le plus de cases, etc. L'Animal
ne se trompe pas , ne tâtonne pas ! L'Homme,
au contraire ( et c'est là ce qui constitue sa mystérieuse
noblesse, sa sélection divine
), est sujet
à développement et à erreur. Il s'intéresse à
toutes choses et s'oublie en elles. Il regarde plus
haut. Il sent que lui seul, dans l'univers , n'est pas
fini. Il a l'air d'un dieu qui a oublié . Par un mouvement
naturel et sublime ! -il se demande où
il est ; il s'efforce de se rappeler où il commence. Il
se tâte l'intelligence, avec ses doutes, comme après
on ne sait quelle chute immémoriale. Tel est
l'Homme réel . Or, le propre des êtres qui tiennent
encore du monde instinctif, dans l'Humanité, c'est
d'être parfaits sur un seul point, mais totalement
bornés à celui- là.


C'est dans l'Eve future de Villiers de l'Isle-Adam, édition de 1891

La notion d'économie circulaire s'accorde à merveille, l'avez-vous remarqué ? avec un monde privé d'extérieur.

Qu'est-ce qu'un monde privé d'extérieur ? Très logiquement, un monde sans frontières (puisque la frontière définit l'extérieur en démarquant l'intérieur), celui de Bill Gates et de Marc Zuckenberg.

A méditer : l'universalité est privée d'extérieur, ce qui en fait une prison, la plus enclose des prisons !

Le monde du confinement sans frontière dans lequel nous avons chuté en 2020, où la circularité économique nous est présentée comme le seul avenir économique possible pour l'humanité, est un monde pris dans une enceinte de cauchemar.

L'universalité est carcérale.
05 novembre 2020, 18:07   Autre façon de voir les choses
Francis, le pangolin est une petite bête absolument adorable.
Toujours est-il qu'il semble établi que le génome du sars-cov-2 est à 96 % identique à celui d’un virus de chauve-souris (RaTG13) collecté en 2013 : même si on s'est livré là-dessus à de certains réaménagements génétiques, la chose n'en demeure pas moins fondamentalement un être de la nature, a-humain et doué d'une dynamique propre, incontrôlable et imprévisible : sa faculté d'adaptation et de mutation.
En réalité, la voilà, l'"extériorité", quand bien même vous essaieriez à toute force de l'incorporer à votre circularité englobante :  c'est la nature, le réel à quoi fait allusion Pascal dans le fil voisin, ce qui échappe : en l'occurrence fout une pagaille monstre.
Or, à l'intrusion inopportune du désordre étranger (l'irrationnel, l'inhumain, un virus inconnu, le chaos etc.) on tend naturellement à renforcer l'ordre, pour se protéger et par compensation.
Autrement dit, plus le confinement sera dur et généralisé, plus il mesurera la toute puissance plus que jamais agissante d'une extériorité menaçante, contre quoi on n'en peut mais.

C'est curieux, tout de même : vous voyez du Big Brother partout, alors que j'aurais naturellement tendance à privilégier la piste grand-bordélique...
Je crois me souvenir de développements assez fournis, et récurrents, de ma part ici sur les deux roues engrenées à tort, non engrenables (ne pouvant former un engrenage stable) : celle des cycles de la nature, assez stables dans le référentiel terrestre (hors les terribles perturbations venues de l'espace, s'entend) et celle de l'entreprise humaine. Leur friction crée du déchet, de l'encombrement, de la perte et du bruit (parasite), dans lequel nous nous enfonçons désormais comme dans un océan, ou un continent nouveau, à l'image de celui, flottant, des déchets agglomérés dans le centre du Pacifique Nord.

La nature ne produit pas de déchet, selon une phrase célèbre (dont j'ignore l'auteur original mais qui est fréquemment reprise par Luc Ferry dans ses plaidoyers pour "l'économie circulaire"). Se mettre à l'école de la nature reviendrait à l'imiter dans le recyclage universel, l'éternel retour sans reste. Illusion fatale, car l'humain n'aura jamais qu'un pied dans la nature, son autre pied, où se tient-il? La réponse à cette question pourrait être vertigineuse : en lui-même, en son propre mystère, celui de ses origines et de ses fins. L'abeille, le loup et l'araignée se fichent de connaître leur origine et leur destin. Dès le geste alimentaire premier et essentiel, l'animal est habité d'une obsession: ne se nourrir strictement que des aliments qui nourrissaient ses pères et mères. L'homme lui, ne le peut. Il lui faut ce qu'on appelle l'exotisme, présent dans les régimes alimentaires comme dans toute pulsion exotrope qui le traverse et le soulève (sexe, voyage, aspiration vers l'ailleurs et l'altérité); l'alimentation différente, variée d'abord, puis nouvelle, toujours nouvelle et autre que celle qui était fournie par les géniteurs, l'engage déjà dans sa dérive hors le des cycles naturels d'où son existence semble pourtant émerger.

Toute construction socio-économique se voulant équilibrée par imitation de la stabilité des cycles naturels s'en trouve entravées par l'inexactitude, le reste, le déchet, la fuite en avant et la fuite vers l'ailleurs, la réticence admirable à se plier à des roues et des engrenages d'ingénierie, celle-ci fût-elle la plus finement élaborée.

Méconnaître cela de notre condition d'humain, c'est se fourvoyer, s'abîmer dans l'imitation de l'animal, soit le comble de notre régression ("l'économie circulaire" est chose régressive); s'il est un moteur de l'éternel retour dans les sociétés humaines et leur histoire il réside ailleurs que dans les cycles qui régissent l'animal, la plante ou même l'apparent cosmos. Ceux qui se figurent cela sont des vulgaires et des rustres.
Il me revient en mémoire que le virus était "la vengeance de la nature sur l'homme" dans les développements antérieurs que je n'ai pas le courage d'aller pêcher par le moteur de recherche de ce forum. Il nous exploite et nous ruine à son profit comme nous exploitons et ruinons le donné naturel pour notre prospérité.

Donc, les deux roues (nature et culture, au fond) se sont bien engrenées dans cet être (auquel les scientifiques refusent le statut de vivant) qu'est le virus organique.

Les résultats sont pire encore que les frictions et les refus de consentement mutuel entre le donné naturel et nos entreprises: la société humaine se trouve, par l'émergence virale, dévastée, désorganisée, profondément perturbée comme peut l'être une forêt tropicale après le passage des tronçonneurs.

Pour tout dire, une conclusion s'impose: rien n'est possible entre la nature et nous, rien de durable ni de stable, seulement une sorte de coexistence pacifique, celle du modèle "guerre froide" ou, si l'on préfère : "aires protégées", dans lesquelles il n'est plus question d'autre chose que de ficher la paix à des processus naturels qui vont sans but ni gaité, en dépit de l'admiration que peut nous inspirer le spectacle de leur équilibre apparent.
» son autre pied, où se tient-il?

Dans la conscience de soi : la pensée réflexive, c'est que soit possible l'identité de l'acte et de son produit, de la conscience et du sujet de la conscience, le moi, posé par le fait même qu'il se réfléchit lui-même : aussi, en quelque sorte, se crée-t-il par sa capacité d'auto-réflexion, et se libère-t-il de la nature, qui n'est qu'une chaîne infinie de causalités. Pas besoin d'une instance supérieure autre que la capacité subjectivante humaine. La conscience, c'est le pied.
Tenez Alain, assez satisfait, et approbateur, de votre dernier message, je m'en vais vous imiter en citant Valéry. Soit ceci, que j'ai trouvé par hasard (vous ne vous doutez pas de mes dons pour le hasard, Alain, qui, à l'âge mûr que j'ai atteint, me surprennent encore, "le hasard" dis-je, et non la chance, notez bien: le hasard m'habite et me conduit comme les Anciens une divinité mallarméenne, laquelle ils eussent attendu trois bons millénaires avant de voir s'en dessiner les contours dans le discours et les flux de pensées).

Cet extrait provient du tome IV de la petite somme de Jean Beaufret sur Heidegger: Les Chemins de Heidegger, parue aux Editions de Minuit dans les années 70, soit une date où la gauche germanopratine, passionnée d'a posteriori, ne reniflait pas encore l'odeur des gaz exterminateurs dans la pensée du Maître (les italiques sont de Beaufret):

L'humanité s'est engagée dans une aventure de portée, de durée incalculables, qui ne tend à rien moins [ici, Beaufret se pique de corriger la grammaire de Valéry dans une note : "Valéry aurait dû dire : rien de moins". Il fait bien] qu'à l'éloigner indéfiniment de ses conditions naturelles ou primitives d'existence. Tout se passe comme si l'espèce humaine était douée d'un instinct paradoxal, tout opposé à l'allure de tous les autres instincts, qui tendent, tout au contraire, à ramener l'être vivant au même point ou au même état. C'est cet instinct étrange, et comme isolé entre tous les autres, cet instinct de l'écart sans retour, qui nous pousse à refaire, en quelque sorte, le milieu où nous vivons, à nous donner des soucis et des occupations parfois excessivement éloignés de ceux que nous imposent les besoins purs et simples de la vie animale.

L'ouvrage de Valéry d'où provient cet extrait est Vues, paru en 1948

J'en retiens ceci: que nos déchets n'en sont point, car ils ne sont que les matériaux de l'artificialisation-chantier, celui dans lequel nous sommes poussés, humains à refaire le milieu où nous vivons.

La matière plastique qui inonde les océans (dont on dit qu'elle pèse, dans ce milieu, déjà davantage que le poisson qui l'habite) n'est en rien un déchet mais les matériaux, réutilisables, notez bien, d'un immense chantier d'artificialisation-hominisation du donné naturel.

Nous sommes habités de ce programme (hominisation-artificialisation de l'espace donné) que rien, aucune "économie circulaire" n'abolira jamais, comme le hasard par un coup de dés, tiens.
Ce point, toutefois, en épilogue à cette citation de Beaufret citant Valéry dans son argumentaire sur Heidegger et la technique:

Que si le déchet est en effet recyclable (cf. le constat éclairé par Valéry que le déchet n'est pas un déchet mais un matériau utile et réemployable dans le chantier planétaire d'artificialisation sublunaire du donné naturel), on a tort de voir dans l'acte du recyclage de ces matériaux l'amorce ou le point d'entrée, ou l'hypothèse pratique d'une économie circulaire. Car le chantier d'artificialisation est en progrès linéaire et non cyclique: l'humanité s'y affaire sans retour. Il est porté par une visée, souvent millénariste (le progrès porteur de l'avènement d'un âge d'or, etc.) qui ne veut se connaître aucune circularité, aucun point d'inflexion, aucune courbe rentrante, qui va droit comme un i dans le futur, s'échappe de tout cycle, quitte à en frôler certains (ceux des orbites des corps célestes, notamment pour mieux se propulser droit dans l'espace cosmique).

Donc: bien se garder du sophisme qui conduirait à voir dans la recyclabilité des matériaux de ce chantier l'actualisation d'une circularité économique théorique qui serait attribut du chantier lui-même !

Il y a découplage: les matériaux tournent, le verre, le plastique se recyclent; tandis que le chantier humain, inexorablement, fuit, flue dans le départ permanent. L'animal, tout au plus, le contemple, comme les vaches les trains qui filent sous leur regard immobile. L'animal ne nous sera jamais un exemple.
10 novembre 2020, 22:55   Partir ou ne pas partir
A priori, Beaufret ne devait pas être enchanté de ces expéditions humaines, car Heidegger voulait toujours ramener tout le monde au moment du départ, non ?
Si l'on osait une comparaison canine, Heidegger serait une sorte de border collie : rassembler et ramener au bercail !

Pour ce qui est de la circularité nietzschéenne, en tout cas, éternel retour et tout ça, il m'a toujours semblé qu'elle équivalait à prendre acte de l'absence de sens : point de sens, point de but, nulle destination assignée qui une fois atteinte transformerait qualitativement le réel en en rendant le cours irréversible, et donc, on se retrouve forcément à tourner indéfiniment en rond, car on ne va jamais nulle part : bref, une économie réellement circulaire serait en ce sens dénué de sens absolument et tragiquement désespérante, dans toute la beauté de la geste.
10 novembre 2020, 22:57   Départ
Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. – Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs !


Arthur Rimbaud - Illuminations
En résumé (partiel), il faudrait dire, pour revenir à la fusée de Villiers de l'Isle-Adam, que l'animal est parfait, sans tâtonnement, sans aucun "écart" pour reprendre le terme de Valéry. Lui seul est en relation de circularité avec la nature; ses actions instinctuelles ne lui sont d'aucun péril : les dévastations que commettent les castors sur la haute futaie riveraine de ses entreprises s'arrêtent net lorsque le "front de taille" est trop loin du terrier. Pas chez l'homme pour qui, plus le front de taille est éloigné, plus l'aventure est tentante de s'y rendre afin d'y exploiter tout ce qui peut l'être (les pierres inconnues, les bois précieux qu'on en rapportera acquerront une valeur marchande d'autant plus forte que rares, et prélevées au loin seront les marchandises qu'il proposera, ce qui compensera les coûts de transport, dédommagera des risques encourus, etc.)

Pour l'animal, la rareté n'a aucune valeur, l'exotisme n'a aucune espèce de sens.

L'idée même d'économie circulaire est étrangère à l'humain, une farce qui déshonore les penseurs qui la défendent avec sérieux, ne serait-ce que parce qu'elle trahit leur méconnaissance profonde de la condition humaine et dit tout de leur vaine prétention à penser.

Ce passage extrait du livre de Beaufret lui sert à illustrer son propos (long et méandreux, mais passionnant) sur la critique de la technique qui court dans de vastes pans de l'oeuvre de Heidegger.

La technique et les humanités: Beaufret rappelle que, à la différence du monde greco-romain, la technique s'est affranchie de ses liens avec "l'homme de bien" à partir de Descartes et Pascal (alors que Montaigne reste un greco-romain). Le retour à l'être, prôné par Heidegger s'inscrit en faux contre cette dérive de la technique, son départ des humanités et son écart d'avec l'humain.

Je suis pour ma part convaincu que les flambées de barbarie que le monde occidental a connues tout au long du XXe siècle furent le prix payé pour ce départ. Tout a commencé, à mes yeux, avec l'acheminement des troupes par le train, mode de voyage technique et de masse qui, le premier dans l'histoire, ne peut être interrompu inopinément, spontanément, tactiquement. Lors du déclenchement du premier conflit mondial, le Tsar russe regretta l'engagement de ses troupes portées au front par ce moyen: c'était trop tard, le train ne pouvait faire demi-tour, le train de l'histoire, de ce fait, lui non plus.
(fait remarquable et qui peut laisser perplexe, mais qu'il faut noter ici: tout mouvement translatif terrestre conçu par les hommes engrène les deux dimensions, les deux grandes formes de l'incompatibilité: la cyclicité (la roue) et la linéarité. Le chemin de fer ou la voiture automobile, qui allient la roue et le piston ou la bielle, produisent leur mouvement droit par ce mariage déraisonnable entre cycle et segment de droite. Le joint de Cardan, qui permet une rotation de segments, laquelle rend possible l'avancée droite, est universel à la mobilité directionnelle des machines conçues par l'homme. L'homme part droit en exploitant la cyclicité naturelle. Tout ce que la mécanique conçoit n'a qu'un but, est habité d'un seul et unique objectif : tromper la cyclicité, s'en échapper par ruse et inventions, et créer un mouvement qui en soit le contrepoint et le maître. Où l'on retrouve la "ruse" des voyages d'objets lancés dans l'espace interstellaire, par laquelle est reproduite cette chevauchée des mouvements cycliques qui en fait des outils de propulsion droite -- le module lancé "frôle" les orbites des corps célestes afin d'en cueillir l'énergie cinétique pour s'en faire propulser droit devant et hors les champs gravitationnels immédiats. Si la nature a horreur du vide, l'homme a horreur du même et ne souffre la circularité que pour autant qu'elle lui fournit les moyens cinétiques de s'en échapper)
L'invention du chemin de fer marque un point de bascule dans un plan qui transcende la seule mécanique. Je ne crois pas qu'il y ait, parmi les nombreuses présentations de mécaniques de l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot (Beaufret insiste sur ce point : curieusement le XVIIIe siècle fut le siècle d'accession de l'activité manuelle aux humanités -- influence de la franc-maçonnerie ? Possiblement oui), de machine dont le mécanisme se puisse arrêter par l'action d'un homme seul. Le capitaine d'un navire à vapeur peut décider seul de stopper les machines de son vaisseau, renverser la vapeur, virer de bord et faire demi-tour (ce qui ne fut pas le cas du capitaine du Titanic, qui, pour le coup, se comporta dans cette nuit fatale comme un conducteur de train!). Il le peut, même, motivé par son pur caprice.

Le capitaine d'un grand navire à vapeur reste seul maître à bord après Dieu, selon l'expression consacrée. Ce n'est pas le cas du conducteur de train qui, s'il peut, en principe, se mettre "debout sur le frein" pour stopper la locomotive, ne peut seul décider d'inverser la marche de sa machine. Ce trait de mécanique revêt une importance particulière pour la réflexion anthropologique: le machiniste, à supposer qu'à bord de la machine, il soit seul à pouvoir décider de cela, peut théoriquement stopper net la marche de son train, mais s'il décide seul d'inverser cette marche, il déclenche la fin du monde en l'espèce de la collision arrière avec le train qui le suit.

Car la décision d'inverser cette marche, de modifier le cours de la translation du train monté sur un chemin de fer, est entre les mains d'un complexe appareil de décisions coordonnées, dont le centre se situe loin du machiniste et auquel ce dernier est asservi. Le "train de l'histoire", que représente le chemin de fer, s'en trouve, dès ce moment, asservi à une instance transcendante. Ce moyen de locomotion réalisait pour la première fois l'épistémé de l'histoire post-moderne, dont l'instance décisionnelle humaine individuelle est dépossédée du cours.

Le chemin de fer se révèle objet faustien (pas de retour en arrière possible par décision du sujet embarqué). Il n'est plus de choix humain qui compte dès lors: selon le mot fameux de la grande Margaret Thatcher, il n'est point d'alternative à l'avancée de l'histoire. Et Dieu lui-même en tant qu'instance suprême est doublé (par l'instance coordonnatrice supra-humaine qui régit les actes de la technique), il a perdu sa pertinence dès lors qu'aucun "maître à bord après Dieu" n'existe désormais dans cet univers faustien qui vient de se constituer.
Alain@
A priori, Beaufret ne devait pas être enchanté de ces expéditions humaines, car Heidegger voulait toujours ramener tout le monde au moment du départ, non ?

C'est peut-être (très peut-être) que rien ne prédisposait vraiment Beaufret et Heidegger à se rencontrer, Beaufret étant beaucoup plus un citadin que Heidegger... Car le fait d’être un homme discret et amoureux du silence n'empêcha pas le philosophe français d’être un intellectuel parisien aimant la société, à la conversation pleine d’esprit, très introduit dans les milieux "de gauche", passionné par les spectacles, par la peinture, la poésie.

Sous cet angle (celui de la pensée "déracinée" du citadin face à la méditation "enracinée" de l'homme des campagnes) J.Beaufret et le penseur de la Forêt Noire auraient très bien pu ne jamais se rencontrer...
Francis@
Le chemin de fer se révèle objet faustien (pas de retour en arrière possible par décision du sujet embarqué). Il n'est plus de choix humain qui compte dès lors: selon le mot fameux de la grande Margaret Thatcher, il n'est point d'alternative à l'avancée de l'histoire. Et Dieu lui-même en tant qu'instance suprême est doublé (par l'instance coordonnatrice supra-humaine qui régit les actes de la technique), il a perdu sa pertinence dès lors qu'aucun "maître à bord après Dieu" n'existe désormais dans cet univers faustien qui vient de se constituer



Le chemin de fer ou l'objet faustien par excellence... J'avoue n'y avoir jamais pensé. (Peut-être était-ce trop évident ?...)


J'en profite pour citer les pages finales de "L’homme et la technique" d'O. Spengler : « Nous devons poursuivre avec vaillance, jusqu’au terme fatal, le chemin qui nous est tracé. Il n’y a pas d’alternative. Notre devoir est de nous incruster dans cette position intenable, sans espoir, sans possibilité de renfort. Tenir, tenir à l’exemple de ce soldat romain dont le squelette a été retrouvé devant une porte de Pompéi et qui, durant l’éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu’on avait omis de venir le relever. Voilà qui est noble. Voilà qui est grand. Une fin honorable est la seule chose dont on ne puisse pas frustrer un homme »
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