L'article du Temps:
L’analyse des données indique qu’après quatorze jours, on enregistre une chute de 33% du taux d’infection des personnes vaccinées. Le professeur Ran Balicer, directeur de l’Institut de recherche de la Clalit, qui dirige cette étude toujours en cours, précise qu’il s’agit «de résultats préliminaires, encore inédits, que nous avons observés ces derniers jours. Ils suggèrent que les résultats positifs parmi ceux testés pour le Covid-19 sont constants dans les cinq à douze jours suivant la vaccination parmi ceux vaccinés, vis-à-vis du groupe de comparaison non vacciné (200 000 chacun).»
Le problème est là, intact : il n'y a pas de "groupe de comparaison" s'il n'est pas établi que ledit groupe était aussi vierge de contamination que le groupe vacciné au temps "t" de l'injection.
La dite "chute de 33% du taux d'infection des personnes vaccinés" suppose que l'on dispose de résultats de dépistage du groupe non vacciné qui nous garantissent (de par leur antécédence à la date de l'injection) que celui-ci était indemne de contamination et que toute contamination ultérieurement déclarée en son sein est établie comme postérieure à la date d'injection. Ces "cinq à douze jours" n'excluent aucunement que des contaminations comptabilisées dans le groupe témoin aient leur origine située dans une date antérieure à cette fenêtre d'observation (l'incubation étant de deux semaines environ), incertitude qui invalide cette conjecture optimiste.
Cet article date du 14 janvier, et les données accumulées depuis lors inspirent de la réserve ou un optimisme pour le moins beaucoup plus tempéré que celui de cet article. Cette déclaration de "résultats positifs" était très prématurée le 14 janvier.
S'agissant de la dame qui dirige la Frontline Doctor's Association, copieusement et généreusement dénigrée par
The Gardian (feuille de chou d'outre-Manche assez équivalente à notre Immonde dans la fourberie propagandiste): Ecoutez, cette "sacré bonne femme" aurait bien pu assassiner sa belle-mère à coups de lime à ongle pour une blanquette de veau injustement critiquée, en quoi ce crime affreux invaliderait-il le sérieux et la haute tenue de ses travaux scientifiques et leurs conclusions. Cardano, ce savant italien génial qui inventa le joint de Cardan, invention qui fut à la civilisation occidentale des Lumières et à la révolution industrielle ce que le harnais à collier fut à l'essor de l'agriculture et de l'art de la guerre dans la Chine du IVe siècle avant notre ère, le stupéfiant Girolamo Cardano dis-je, qui, plus récemment, a donné son nom à une blockchain, et qui fut un temps médecin, et qui lassa des traités d'algèbre et d'hydrodynamique, d'astrologie et de calcul des probabilités, vit une vie de bonhomme particulièrement dissolue, émaillée d'outrages aux bonnes moeurs, d'actes de délinquance et même de meurtres (un exemple, en passant, tiré de sa biographie:
Cardan dilapida le petit héritage de son père et se tourna vers les jeux de hasard pour améliorer ses finances. Jeux de cartes, de dès et échecs furent les méthodes qu'il utilisa pour gagner sa vie. La compréhension de Cardan des probabilités lui donnait un avantage sur ses adversaires, et en général, il gagnait plus qu'il ne perdait. Il dut fréquenter des milieux douteux pour jouer. Un jour, alors qu'il se pensait victime d'une tricherie aux cartes, Cardan qui avait toujours un couteau avec lui, balafra le visage de son adversaire. Le jeu devint une addiction qui devait durer de nombreuses années et voler à Cardan temps précieux, argent et réputation. Cardano alla jusqu'à empoisonner sa femme, et avoua son crime.
Vous qui avez bien tout lu Wittgenstein, Alain, comment pouvez-vous vous replier derrière des ragots de torche-cul pour condamner une publication scientifique dont l'auteur est visé par lesdits ragots. Cette bonne femme a des idées politiques et un engagement que vous désapprouvez, en quoi cela ternit-il ses démarches scientifiques, voire sa capacité à entendre ses malades (puisqu'elle est praticienne de ville) et à leur prodiguer ses soins ?
Je m'étonne de la débâcle intellectuelle qui atteint un paroxysme ces jours-ci et révèle l'inconsistance du savoir universitaire enseigné depuis des générations, son insupportable légèreté. A quoi diable a-t-il servi qu'enseigner et de théser sur la pensée scientifique, la démarche scientifique et l'épistémologie pendant un siècle si, face au chaos d'une attaque bactériologique, nos esprits forts se prennent à raisonner comme des enfants dans une cour de récréation ?