Autant dire alors que la pensée n'est rien. Il se peut bien que, comme on le disait jadis des blessures à la tête : l
a pensée, si elle n'est tout, n'est rien.
En politique, c'est le cas : Mitterrand et son programme "changer la vie" étaient tout parole et sentiment, et grandes pensées (humanistes, etc.) en étant, au plan physique (l'économie) d'un vide affligeant -- cet homme politique, épris de littérature et de femmes, n'a jamais montré le moindre intérêt pour l'économie --, mais, d'autre part, sa présence était physique, convaincante. Il avait l'allant, le verbe, lent et appuyé, et la posture présidentiels, il fut donc élu.
Bolsonaro au Brésil: l'ascension politique de cet homme est fascinante. Il est "tout hormone" et à peu près rien d'autre. Entouré de petits malins de sa famille qui ont su exploiter la bêtise consternante des porte-voix idéologiques du Parti des Travailleurs de Lula, en contre-attaquant grossièrement et astucieusement la propagande LGBT de ces derniers (par des manipulations "géniales" des réseaux sociaux, dont Whatsapp en particulier), il a conquis le plus grand pays d'Amérique latine.
L'homme n'est que verbe et hormone, mais ça plaît et sa suffit, dès lors que ses opposants avaient mis en avant l'hormone du genre, justement, comme argument politique. Il a "tordu le bâton hormonal" dans l'autre sens et a remporté le morceau.
Aussi éloignée que puisse être la place de la pensée du lieu physique et corporel où s'épanouit la chose sexuelle et hormonale (Bolsonaro a fait de la dénonciation de ce qu'il appelait le "Kit Gay" de ses opposants, un pilier de sa campagne présidentielle), c'est bien elle, la
pensée (homophobe, etc.) qui a changé la face du Brésil et envoyé le Parti des Travailleurs dans les poubelles de l'histoire.
La politique: terrain par excellence du triomphe de celui qui sait, mieux que personne,
jouer au gros con, quand les gens ont soupé des finaux progressistes qui jouent les sachants et les éveillés en laissant pourrir le pays.
Et ce jeu s'inspire et s'alimente d'une pensée stratégique qui dépasse les capacités intellectuelles des demi-habiles du "progrès sociétal".