Un dernier mot sur Sun Tzi: son traité date d'une époque (très antérieure à l'Empire chinois) où aucune principauté n'était archi-dominante, et se situe dans la chronologie à la veille ce que l'historiographie désigne comme
époque des Royaumes combattants. Dans cette phase historique, rien n'est joué, aucune destinée n'est tracée d'avance; l'incertitude sur l'issue ultime des combats est totale. Epoque passionnante où le
calcul, dans l'art de la guerre, est décisif de par le fait même qu'aucune force militaire n'est assurée d'un poids suffisant pour établir sa domination.
Dieu est du côté des gros bataillons disait Napoléon devenu empereur. Mais quand le poids de tous les bataillons protagonistes est quasi égal ? Il ne reste plus alors qu'à se vouer au calcul stratégique, qui peut aller, si l'art est poussé à son comble, jusqu'à donner la victoire dans une économie totale de ses forces, soit sans livrer bataille. C'est, en gros, ce à quoi parvinrent Mao et ses hommes.