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Communiqué du CNRE n°188 : La lettre des généraux

Envoyé par Marcel Meyer 
Communiqué du CNRE n°188, mercredi 28 avril 2021
La lettre des généraux

Sur la lettre de vingt généraux, officiers supérieurs, officiers et sous-officiers qui fait tant parler d’elle ces temps-ci, deux réalités s’affrontent, comme d’habitude : la réalité réelle et, en face d’elle, le “faussel”, la réalité fausse, celle que veulent imposer le bloc négationniste-génocidaire, la Presse, la fabrique du mensonge, les industries de l’hébétude.

Dans la réalité réelle se savoure avec soulagement la lettre pleine de sagesse et d’honneur d’officiers horrifiés par le sort de notre pays livré à la colonisation étrangère et à sa nocence quotidienne ; et livré par ceux-là mêmes qui en ont la charge. Face à l’abomination en cours, des Français qui tous ont bien mérité de la patrie ne pouvaient pas se taire plus longtemps, et c’est leur silence que l’histoire leur aurait reproché un jour, s’ils ne l’avaient rompu.

Dans le faussel négationniste-génocidaire on a quasiment affaire, ridiculement, à une tentative de putsch militaire. Un gouvernement militaire n’est certainement pas ce que souhaitent les Français, ni le Conseil National de la Résistance Européenne, ni certainement les généraux et officiers signataires. Ce que souhaitent en France les indigènes et assimilés, c’est le retour à l’ordre public et à la civilisation ; c’est la libération du territoire, la décolonisation, la remigration, la fin immédiate du génocide par substitution et des crimes qu’il engendre quotidiennement ; c’est le départ de l’occupant et du régime macro-remplaciste qui l’impose.
Quand une initiative aux accents authentiquement gaullistes vous vaut d'être traités de "généraux putschistes" par la totalité des leaders d'opinion et politiques, moins MLP, sa nièce (impeccable ce matin sur BFM), Zemmour et Villiers, lorsque le sommet de la hiérarchie militaire, castré de son autorité depuis belle lurette, tombe à bras raccourcis sur les derniers de ses fils patriotes et virils, à quoi d'autre, moralement, est-on rendu ? Incrédulité terminale, colère qui ne passe pas, abattement. Décidément rien nous aura été épargné de ce qui peut être affligeant et spirituellement mortel quand un grand pays est mis culturellement à sac, y compris par ses propres enfants — auxiliaires actifs ou témoins vaguement sonnés du massacre.
Macron est déjà en campagne pour sa réélection, et donc subséquemment il convoque sa garde rapprochée, ministres compris, pour monter au créneau à l'encontre de cette lettre des généraux.
Il se contrefiche absolument de la véracité ou non de son contenu. Seule lui importe la conviction que cette lettre fait le jeu du RN.
De la même façon, entre les deux tours de l'élection de 2017, il n'a pas hésité à se rendre à Oradour-sur-Glane car il pensait, toute honte bue, que c'était bon pour son élection.
Cette lettre peut aussi être lue, interprétée, pourrait-on dire, structurellement, comme un contre-coup de la politique à l'africaine de Macron, de sa démocrature, de sa régence sur le pays. Le chef d'Etat africain qu'est Macron, j'entends sa façon en-même-temps-tiste de gouverner "au milieu et au-dessus des communautés" ethniques, en arbitre suprême des tensions qui déchirent le pays, doit s'attendre, au moins inconsciemment, à une issue à l'africaine de sa régence: lui qui a envoyé les engins militaires dans les rues de Paris pour en évacuer les Gilets Jaunes en décembre 2019 craint leur retour, et jugerait ce dernier, au fond, logique.

Macron, alors, finirait comme tous les dictateurs africains évacués par des chars adverses à son pouvoir : en exil, d'où il pourrait continuer de cracher sur les Français tout à son aise.

Macron, c'est un destin.
Bien vu, messieurs. Sur l'exil de Macron, je verrais bien un départ la poitrine gonflée vers The Promised Land, ces États-Unis qui seuls le font bander (il est notoire que Macron est asexué ; il ne "voit" pas, dit-on, les femmes qui se pavanent devant lui et on ne lui connaît aucun ami avec lequel il pourrait entretenir une relation passionnelle). Ce mecton rêve d'être un jour américain, je le dis depuis qu'Attali, son mentor, en parle avec des étoiles (!) dans les yeux.
À propos de démocratie, un mot qui désigne en vérité le cache-misère d'un État moisi, Macron, après Rambouillet, a averti que les islamistes n'auraient pas sa peau : et pour cause, la "démocratie" réunissant toutes les conditions à la conduite, patiente, régulière, au coup par coup, du djihad en France, les égorgeurs ne risquent pas d'y trop toucher !
Une pensée pour cette malheureuse massacrée par le énième de ces sauvages qu'on ne trouve plus en nombre que chez nous (le Maghreb nous les a non seulement fourgués en s'assurant juridiquement que jamais il n'aurait à les récupérer mais il fait plus que jamais le ménage chez lui, totalisant en 2020 un nombre record d'exécutions de peines de mort. Le Maghreb cent fois plus sûr que cette France-là...).
Exil américain : Taubira, Montebourg, Vallaud-Belkacem, Kosciusko-Morizet... tous, sitôt rendus leur tabliers de responsables politiques, après s'être servi de l'État plutôt que de l'avoir servi, ont rejoint l'empire étatsunien pour des périodes plus ou moins longues et lucratives. À un an des présidentielles, tous ou presque, sont de retour.
Confession : je rêve de rouvrir le Mont Valérien pour que, cette fois, les bonnes personnes y soient exécutées.
Retour au texte. Les propos ci-après, graves, solennels et précis, dénués de toute arrière-pensée suspecte, sont ceux de putschistes, de dangereux fachos ? On croit rêver...

«Un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés [...] Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution [...] Délitement, car [...] le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs.»

Dieu merci, deux Français sur trois soutiennent cette tribune, et MLP s'envole dans les sondages.
Lettre ouverte adressée par le général Piquemal au général d'armée François Lecointre Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA)


Le vendredi 30 avril 2021

Mon général,


Vous êtes le Chef d'Etat Major des Armées et à ce titre votre premier devoir est de défendre et soutenir les militaires d'active ou retraités. Manifestement vous préférez la chasse aux sorcières.

Par votre discipline intellectuelle servile et sans faille, votre carriérisme consternant, votre soumission lamentable au pouvoir politique, vous faites le contraire et êtes prêt par complaisance et bassesse à couper la tête à tous vos pairs et vos Anciens. Lamentable !

Vous le savez, le devoir d'un chef digne de ce nom est de protéger ses subordonnés, ses frères d'armes, ses Anciens au lieu de les livrer en pâture à la vindicte d'un pouvoir politique aux abois.

Sans doute avez-vous peur de déplaire à la ministre des Armées que vous servez avec un zèle sans égal et un comportement de carpette !

Etant au sommet de la hiérarchie militaire qu'attendez vous donc ? Les étoiles de Maréchal de France ?

Il est bien loin le temps des Juin, De Lattre, Leclerc, Bigeard adorés de leurs hommes et parlant d'égal à égal avec le pouvoir politique. Au lieu de cela, votre autorité morale ne sert qu'à mettre le genou en terre et le petit doigt sur la couture du pantalon. Vous reste-t-il donc encore un peu de fierté ?

Comme beaucoup de Français et de militaires, j'ai pour vous un immense dédain.

Oui, j'ai été radié des cadres par décret du Président de la République du 23 aout 2016 suite à l'avis du Conseil Supérieur de l'Armée de Terre (CSAT) réuni disciplinairement (6 officiers généraux d'active ayant, à la majorité des voix, demandé ma radiation des cadres) mais je ne regrette rien. Face au non-respect de l'état de droit à Calais, j'ai été un lanceur d'alerte qui a permis la modification de la situation de la jungle par l'Etat.

Vous avez osé écrire dans le Figaro, me concernant : "Je vais lui envoyer une lettre pour lui dire qu'il est indigne, salit l'armée, la fragilise en en faisant un objet de polémique nationale".

Mon général ne vous fatiguez pas, ne perdez pas de temps à écrire, je n'ouvrirai même pas votre torchon. Celui qui salit l'armée, c'est vous, uniquement vous, ne vous méprenez pas. Les Français qui le savent ont choisi leur camp et ne s'y trompent pas.

Oui, je préfère être dans ma peau que dans la vôtre. Sachez-le, l'opinion et le jugement de vos pairs et de vos subordonnées ne sont pas flatteurs et c'est un euphémisme ! Je peux me regarder dans une glace, je crains pour vous que ce ne soit pas votre cas.

Vous préférez "couper des têtes", sanctionner des pairs, courber l'échine et servir avec un zèle sans égal le pouvoir politique. Non, le jour de votre départ sachez que vous ne serez pas regretté.

Pour terminer, je vous rappellerai deux citations qui illustrent parfaitement votre comportement !

"Quand la prudence est partout, le courage n'est nulle part". Cardinal Mercier

"En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin". Nicolas de Chamfort

Avec votre soumission et votre assujettissement au pouvoir politique, votre comportement est plus celui d'un technocrate que d'un militaire. Le vrai déshonneur d'un général est bien le vôtre.

Avec mon profond mépris.

Général de corps d'armée (ER) Christian Piquemal
« Vous êtes le Chef d'Etat Major des Armées et à ce titre votre premier devoir est de défendre et soutenir les militaires d'active ou retraités. »

Pardon, mais le premier devoir du chef d’État-major, et c'est le rôle dévolu aux Forces armées, n'est-il pas précisément ce qui lui est le plus violemment reproché dans cette lettre, au ton que je trouve du reste inutilement injurieux : servir exclusivement le pouvoir politique, être aux ordres du gouvernement, à l'autorité duquel il doit être le plus légalement soumis ?
La promotion de telle idée d'untel relative à ce que devrait être le pays et sa meilleure politique n'est pas l'affaire des militaires, tout de même, du moins tant qu'ils sont militaires et que l'exercice du pouvoir n'a pas été usurpé ?...
Un insoumis qui claque vertement le beignet à une lavette, laquelle se trouve être de manière aussi idoine (point de vue grand-remplaçiste) que cocasse (point de vue non-dupe et désabusé) à la tête des opérations militaires d'une des armées les plus puissantes au monde, cela vous choque et vous paraît déplacé ? L'heure est grave ici, vous êtes au courant ?
Quand Samia Ghali appelait l'armée à intervenir pour nettoyer les quartiers Nord de Marseille de ses trafiquants islamo-racailles, on lui riait au nez, on la traitait de folle... La pauvre, elle n'avait pas compris que l'armée française ne menait pas les vraies guerres de libération sur son propre sol ! (Dans le port de Marseille, 2 personnes, pourvues d'un scanner, sont chargées à elles seules de contrôler les containers géants en provenance du Maroc, containers bourrés du cannabis qui alimente le trafic et l'abominable délinquance locaux.) Casser la gueule des Gilets jaunes, oui, mettre hors d'état de nuire les conquérants, vous n'y pensez pas... Onfray, une fois n'est pas coutume, a fait une remarque intéressante : les forces de l'ordre, quelles qu'elles soient, ne font plus de descentes ou de coups de filet spectaculaires. C'est en effet saisissant, toutes les images d'émeutes les montrent sur le reculoir, m'évoquant à chaque fois la débandade pathétique des véhicules de police reculant à toute allure devant les embardées des frères Kouachi. (Cette marche arrière paniquée marque le véritable début de la fin dans lequel nous sommes toujours en train de crever.) Quand on songe que c'est cette France merdeuse et impuissante qui célèbre, oh du bout des lèvres, je sais...le bicentenaire de Napoléon !
Bref, Lecointre est un neuneu qui symbolise à merveille la perte de substance autoritaire dont se pourlèchent tous ceux qui saccagent quotidiennement la France. Dupont-Moretti étant l'autre symbole de cette soumission désastreuse aux nocents dont plus personne n'est dupe. Sauf vous et quelques autres apparemment.
Citation
Daniel Teyssier
Macron est déjà en campagne pour sa réélection, et donc subséquemment il convoque sa garde rapprochée, ministres compris, pour monter au créneau à l'encontre de cette lettre des généraux.
Il se contrefiche absolument de la véracité ou non de son contenu. Seule lui importe la conviction que cette lettre fait le jeu du RN.
De la même façon, entre les deux tours de l'élection de 2017, il n'a pas hésité à se rendre à Oradour-sur-Glane car il pensait, toute honte bue, que c'était bon pour son élection.

L'Immonde aux ordres de Macron :

Quatre militaires sur dix votent pour l’extrême droite

Le soutien de la présidente du Rassemblement national aux militaires qui ont publié une tribune appelant Emmanuel Macron à défendre le patriotisme contre un « délitement » de la nation s’explique par le plébiscite particulièrement élevé qu’elle suscite dans cette catégorie de la population.


Quelle démonstration implacable ! "...si, très grossièrement, 4 militaires sur 10 votent pour l’extrême droite – près de deux fois plus que la moyenne nationale – 6 sur 10 votent ailleurs."
Autre chose : les militaires ne votent donc pas à bulletin secret et, sitôt sortis de l'isoloir, ils disent pour qui ils ont voté, c'est ça ?
Pour ma part, autant je ne vois pas ce que l'on pourrait vraiment reprocher à cette "lettre des généraux", aussi mesurée que possible dans l'expression d'un vif sentiment de dépit — hormis peut-être un malheureux "au final" dont on se demande ce qu'il fait là —, autant la lettre du général Piquemal m'a paru simplement ordurière, revancharde, entachant la justesse et la sobriété du premier texte et surtout, si on y pense, formulant brutalement une critique qui en l'occurrence est complètement dénuée de sens : oui, le premier devoir d'un chef d’État-major des armées est d'être inconditionnellement loyal et fidèle au pouvoir en place, et de ne répondre exclusivement qu'à son chef direct, le président, chef des armées : c'est pour cela qu'il est là et qu'il a été nommé, et c'est la première et entière vocation de tout soldat — sauf éventuellement circonstances exceptionnelles, qui sont actuellement loin de se présenter.

J'ai rapidement parcouru la biographie du général Lecointre, et son parcours fut incontestablement celui d'un combattant, pas d'une lavette : le traiter de tous les noms parce qu'il est parfaitement dans son rôle, et ne partage pas forcément telles opinions politiques, me semble, pardonnez-moi, un peu bête...
(Images du temps présent, images ridicules donc, hier : les ravers du Parc de Bercy mettant en déroute un cordon de CRS à coups de cannettes de bière et de bâtons. Bon, masochisme victimaire aidant, certains fêtards se sont fait un petit peu avoiner, aussi. Mais seulement parce qu'ils l'avaient bien cherché. Au total, en tout cas, un bien beau 1er mai, et, sait-on jamais, cette date pourrait doubler à moyenne échéance nos fameux 31 décembre : émeutes, guerre de bandes, caillassages, attaques contre des pompiers, des policiers et des gendarmes, manifestations sanglantes (je n'ai toujours pas compris qui avait attaqué qui), c'est simple, il ne manquait qu'un ou deux égorgements pour parfaire le tableau de ces réjouissances d'en France.)
« c'est la première et entière vocation de tout soldat — sauf éventuellement circonstances exceptionnelles, qui sont actuellement loin de se présenter » (c'est moi qui souligne).

C'est là et là seulement que nous divergeons sur cette affaire, mais il s'agit d'une divergence fondamentale, essentielle, vitale, mon cher Alain Eytan. Nous pensons au contraire que circonstances exceptionnelles il y a, et on ne peut plus, car c'est la survie de la patrie et de sa civilisation qui sont très évidemment en jeu — autant et plutôt davantage encore qu'en 1940, même si c'est de façon légèrement (mais de moins en moins légèrement) insidieuse. Si le refus d'obéissance du général de Gaulle, pour lequel il a été, à la demande des autorités légales, condamné à mort, était légitime et salvateur, c'est parce que lesdites autorités légales étaient illégitimes et mortifères au regard du sort de la patrie, lequel était, chacun en convient aujourd'hui, en jeu.
Cher Marcel, ces "circonstances exceptionnelles" dont je parlai font référence à une confiscation effective du pouvoir et en conséquence à l'usurpation de son exercice : le fait que la France fait face à certains changements démographiques et sociaux inédits dans leur ampleur, et en ce sens exceptionnels si l'on veut, ne compromet en rien la légitimité, c'est-à-dire la légalité républicaine, de l'autorité politique de Macron et de son gouvernement.
Tant que l’exercice du pouvoir en place est parfaitement conforme à cette légalité républicaine, Macron et son équipe sont l'incarnation temporelle et politique de la France, que tout soldat a charge de protéger et de défendre.

Il n'en pourra donc être autrement que si l'on aura décrété que l'intérêt de la patrie et même sa sauvegarde justifient qu'on dissocie dorénavant légalité républicaine et légitimité de l'autorité politique : souhaitez-vous vous engager dans cette voie ?
Oui, je crois que ce pouvoir, s'il est légal, n'est pas légitime au regard de notre histoire, que Macron, pour s'en tenir à lui, déclare souhaiter “déconstruire”, de notre culture, qu'il dit n'avoir jamais rencontrée, de notre peuple enfin.

Je ne souhaite rien tant que la paix civile — mais précisément, il n'y a plus de paix civile en France, à l'heure où l'égorgement devient un modus operandi courant du conquérant. Le fait que vous puissiez écrire que « la France fait face à certains changements démographiques et sociaux inédits dans leur ampleur » montre que vous êtes complètement à côté de la plaque, si vous me pardonnez cette trivialité. Il n'y a pas ici de degré quantitatif, nous sommes très au-delà de ça. Donc ce que je souhaite et continue (de plus en plus faiblement, hélas !) d'espérer, c'est que les gens ouvrent les yeux et balayent la clique qui nous trahit, par la voie électorale autant que possible. Que les cadres de l'armée sonnent l'alarme de cette façon constitue un signe encourageant et pourrait aider à ce que la nation se secoue et reprenne son destin en main.

Cela dit, le fait que vous ayez pu parler ici de certains changements démographiques me fait craindre qu'il ne soit guère possible de dialoguer là-dessus.
Je viens d'écouter Philippe de Villiers sur TV Libertés. Ce qu'il dit dans ce bel entretien est étonnamment proche de ce que nous (le parti de l'In-nocence, le CNRE, Renaud Camus) pensons. N'était sa voix de crécelle il serait un bon candidat de la dernière chance l'an prochain. À Campagnol on y croit, ou on affecte d'y croire (wishful thinking)...
le fait que la France fait face à certains changements démographiques et sociaux inédits dans leur ampleur, et en ce sens exceptionnels si l'on veut, ne compromet en rien la légitimité, c'est-à-dire la légalité républicaine, de l'autorité politique de Macron et de son gouvernement.

Grave question. Justement, la République, puisqu'il est question de "légalité républicaine", n'est pas du sol mais bien des hommes. L'autorité politique, en régime républicain, s'applique tout mêmement à ceux qui sont soumis à son régime, sur un sol national donné.

Si ce régime prétend s'appliquer à n'importe qui se présentant sur un sol national donné, ce régime (la logique républicaine susdite), s'en trouver perverti.

L'instauration de la république moderne, à la lointaine image de la romaine, repose sur (et pose la question de) la citoyenneté.

Ces "changements démographiques" ont le pouvoir d'abolir le régime républicain en abolissant la valeur, le sens de la citoyenneté. Comme les rapports sexuels, la république romaine, ou celle qui fut pensée par les Grecs, s'appliquent à des citoyens consentants; elle valent pour eux seuls.

En 2021, en France, nous en sommes loin. Si des militaires barbares abolissent la république (et les gouvernements Macron-Hollande-Valls qui forgèrent successivement l'état de chose actuel) ils n'auront rien fait d'autre que répondre à l'invasion barbare qui aura ruiné le sens de la citoyenneté.

Comprenez bien ceci: la république ne vaut que par et dans la citoyenneté. Si des masses identitaires s'excluent consciemment, délibérément, de la citoyenneté, la république n'est déjà plus et les militaires, s'ils sortent de leurs casernes un jour les armes au poing, en barbares, n'auront fait qu'acter un état de fait auquel ils répondront en nature.
Incidemment, je crois que Vichy ne représentait aucunement, aux yeux de de Gaulle, "les autorités légales", mais était au contraire "anticonstitutionnel et illégal" parce que se situant hors la légalité républicaine et rompant avec elle, raison pour laquelle ce nouvel "Etat français" était jugé illégitime, alors que lui et la France libre se réclamaient justement de cette légalité républicaine et s'en voulaient les continuateurs : c'est pourquoi de fait, à la Libération, il apparut inutile de (re)proclamer la République (« La forme du Gouvernement est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister. » (ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental)).
S'appuyer sur l'exemple du général de Gaulle pour justifier la légitimité d'un quelconque régime outrepassant la légalité républicaine, c'est quand même exciper du bien-fondé du contraire de ce qu'il a fait, précisément.

Pour ce qui est du côté de la plaque, cher Marcel : j'avais trouvé pour ma part pratiquement jubilatoire de voir à quel point le Grand Remplacement, dans son principe, devenait un fait dont convenaient un si grand nombre de gens, pour ne pas dire tous, quand c'était une jeune femme voilée qui l'illustrait et pratiquement l'expliquait à la face ébaubie de ce même président dont vous contestez la légitimité.
Après, comme dirait Zemmour, à partir d'un certain seuil, la quantité ne peut plus que se traduire en qualité : je veux bien que "certains changements démographiques et sociaux inédits dans leur ampleur" soit une tournure un peu neutre et tenant la chose à distance, mais cela peut inclure aussi le phénomène du Grand Remplacement, toujours dans son principe, comme fait observable, avec toutes ses conséquences "civilisationnelles" presque obligées.

En guise de conclusion : ignorer la légalité constitutionnelle pour imposer n'importe quel régime prétendument plus "légitime", cela ne peut qu'équivaloir à prendre le pouvoir par la force et, par définition, dans l'illégalité ; à partir de là, vouloir en plus procéder à telles politiques qui ne pourront manifestement qu'être menées dans la contrainte la plus totale, comme par exemple la "remigration" forcée de millions d'habitants, très franchement, cela me paraît totalement irréalisable... ni vraiment souhaitable, au regard des conséquences prévisibles.
Mais enfin, ce n'est que mon avis...
L'illégalité règne aujourd'hui en France. Si prendre le pouvoir par la force est illégal, cette illégalité est sans différence de nature ni même de degré avec celle de l'invasion actuelle du territoire. Des clandestins, possiblement porteurs du covid, sont relâchés partout dans "la nature" en France (même le Journal Télévisé de France 2 en fait état !). Souvent, ils égorgeront, incendieront des églises. Cela n'existe pas ailleurs, et certainement pas à en Israël qui protège ses frontières comme peu de pays.

Les discours sur "la république" et la "légalité républicaine" sont sans portée, sans aucune espèce de sens, dans l'anomie qui règne ici.

Le Bien, le Mal, oui, peut-être encore, mais la "légalité républicaine", non, cela n'est plus. Cette "légalité" gaullienne a trop été bafouée par tous: la pègre internationale qui pénètre sur ce territoire comme chez elle et avec elle la prétendue élite des juges et des politiciens qui s'en amuse et lui complait. Le pays est livré, et les discours sur la "légalité républicaine" sont sans objet, inaudibles et à juste raison.
Francis, avez-vous noté le nom du centre où sont parqués les probables contaminés et autres calamités futures qui arrivent chaque jour en France par avions entiers d'Afrique et d'Asie ? La ZAPI... Cet acronyme à la sonorité ridicule cache une de ces atrophies sémantiques dont le système immigrationiste a le secret : la Zone d'attente pour personnes en instance ! En instance de quoi ? De contamination, d'égorgement, d'ouverture d'un débit de cannabis (prolifération insensée ces derniers mois des boutiques de CBD tenues par des moricauds visiblement défoncés), d'un kebab ou d'une de ces affreuses alimentations de nuit qui achèvent d'enlaidir nos rues ?
Les autres mots frappants du jour, en forme de question pour un débat sens dessus dessous sur LCI : Comment faire pour protéger les forces de l'ordre ?

Où fuir, alors ?.. L'Italie, après Salvini, serait de nouveau un havre merveilleux. L' Espagne ne m'a jamais attiré, sans que je sache pourquoi, mais je ne demande qu'à être contredit, convaincu. Le Portugal, dont j'aime bien des choses culturelles, me parle. À voir donc. Mais rester dans un pays où les gens achètent à des racailles des mortiers d'artifice pour virer du quartier des fumeurs de crack, non là, vraiment...
Permettez, Alain, une petite précision qui a ici une importance centrale : la rupture entre de Gaulle et le gouvernement Pétain, nommé par le président Lebrun le 16 juin 1940 et installé à Bordeaux, ne se fait nullement sur les questions de la constitution mais sur celle de l'armistice, demandé par Pétain le 17 et annoncé par lui à la radio le même jour, alors que de Gaulle vole vers Londres pour proposer à Churchill de continuer la guerre, ce que celui-ci accepte. Pour de Gaulle et pour Churchill, le gouvernement Pétain n'est pas légitime parce qu'il trahit la France en acceptant la défaite et l'occupation — ce que manifeste clairement dès le lendemain 18 juin le fameux appel au micro de la BBC. Ce n'est que le mois suivant, après le vote des pleins pouvoirs, que Pétain commence à modifier la constitution.
Vous avez raison, mais je crois qu'on peut dire que l'illégitimité n'a précédé vraiment que de très peu l'illégalité constitutionnelle de fait, dans la dénonciation et le rejet du régime de Vichy : en l'occurrence, de Gaulle ne cesse de se réclamer de la légalité républicaine, du respect des institutions, et donc de la démocratie, contre un régime autoritaire ayant de fait confisqué le pouvoir et régulièrement qualifié d'"organisme illégal".
Le grief d'illégitimité est presque aussitôt juridiquement étayé de celui d'inconstitutionnalité, et on peut raisonnablement penser que dans l'esprit de de Gaulle, les deux étaient si intriqués qu'ils ne faisaient qu'un.

Considérez quand même que si Macron continue de gagner les élections, et aura donc tout pouvoir légal de mener les politiques qu'il voudra, ou seulement pourra, aller franchement et délibérément contre "la voie électorale", cela apparaît fondamentalement contraire à un principe que de Gaulle avait sans conteste chevillé au corps : « le droit de libre disposition du peuple, considéré en France comme traditionnel et sacré » (Déclaration organique du 16 novembre 1940).
Apporter l'aval aussi inconditionnel qu'imaginaire du Général à une telle démarche me paraît à tout le moins très problématique...
et aura donc tout pouvoir légal de mener les politiques qu'il voudra

Bon Dieu Alain! mais en régime constitutionnel, une réélection à la présidence ne vaut nullement "tout pouvoir" de mener les politiques qu'on voudra ! Le vote des "pleins pouvoirs à Pétain" était contraire à la République, il se fit en dehors des processus constitutionnels réguliers.

La revendication gaullienne de légitimité républicaine se fondait justement sur cette contestation des "pleins pouvoirs à Pétain".

Si cette fripouille de Macron était réélu l'an prochain (ce dont lui-même semble douter), la perversion totalitaire (qui légitimerait un putsch militaire, soyons clairs) se lit tout entière dans la phrase que vous venez d'écrire : l'illusion que ce vote vaudrait l'octroi de "tout pouvoir" à la fripouille élue (qui ne l'aurait été que grâce à la triche organisée, soyons tout aussi clair sur ce point).
Vous chipotez quand même un peu, Francis : j'ai également ajouté "ou seulement pourra" : cela veut dire que son pouvoir effectif n'était pas considéré comme allant au-delà de ce que permet la Constitution, c'était suffisamment sous-entendu : si je maintiens que Macron et son gouvernement exercent en toute légalité le pouvoir, dans notre débat sur les distinctions possibles entre légalité et légitimité, ce n'est pas pour le précipiter illico dans l'inconstitutionnalité la plus avérée, tout de même...
» Les discours sur "la république" et la "légalité républicaine" sont sans portée, sans aucune espèce de sens, dans l'anomie qui règne ici

Mais j'y reviens : vous me direz, à raison sans doute, que n'habitant pas en France, j'aurais du mal à "prendre la température" du pays et me faire une juste idée du climat qui y règne, dans les rues et dans les esprits. Soit.
Je me pose néanmoins une question qui paraîtra naïve : comment pouvez-vous être si sûr que votre constat, selon lequel le pire ayant été atteint, tout ne pourra que lui être égal ou préférable, que ce constat soit si largement partagé parmi les Français, et que cette vie supposément si invivable soit semblablement ressentie et vécue comme telle par eux, du moins une majorité d'entre eux, cela justifiant qu'on prenne les armes (c'est un peu cela quand même), se tamponne le coquillard de toute légalité républicaine pour restaurer enfin la seule légitimité qui vaille, le blason redoré d'une France retrouvée conforme à l'idée que vous en avez ?
Et si, in the petty pace from day to day, nombre de gens n'avaient pas du tout ces idées en tête, n'avaient pas les mêmes priorités, ne se trouvaient pas si mal lotis, relativement, dans l'ère macronienne, et refuseraient décidément, dans un équilibre politique, social et économique certes fragile et parfois mis à rude épreuve mais encore viable selon eux, refuseraient donc de tout envoyer valdinguer pour tenter possiblement un pire qui dans cette optique n'a pas du tout été atteint ?
Comment savoir ?
Il est impossible de savoir car le réel en déroulement n'est connaissable que par l'action en son sein. Les masses se rallient à celui qui agit sur le réel et l'éclaire en même temps, celui qui, agissant, l'éclaire de sens.

L'atonie, l'asthénie même, du corps social et l'opacité de la connaissance sont deux facettes d'un même phénomène: celui d'un défaut d'action, d'événement décanteur et pourvoyeur de sens.

A cet égard, le corps politique est un corps sexué: avant l'acte, le premier mouvement, le désir est incertain, peu sûr, fuyant et insaisissable, la connaissance de ce qu'il y a lieu de faire, toujours incomplète, jamais acquise.

La toile du monde-spectacle doit être trouée d'un coup, dans un geste fondateur, déclencheur de sens.
05 mai 2021, 22:16   Sens de l'histoire
Je crois que pour beaucoup de gens le sens a déserté les grandes causes collectives pour ne se cultiver que dans des jardins particuliers, ou même se nicher dans de petits plants, qu'on place devant une fenêtre avec vue tout individuelle.
Ce doit être une des raisons pour lesquelles les grandes et belles idées de nation et de patrie, avec tout le tralala, tendent de plus en plus à être désaffectées et ne mobilisent guère plus que d'incorrigibles nostalgiques : les "masses" n’intéressent plus tellement les masses, c'est chacun pour sa gueule.
Ce n'est pas nécessairement un mal ; la destinée en chambre s'accommode parfaitement d'appareils d'Etat bien conçus et réduits au strict nécessaire : régulation du commerce des hommes entre eux, supervision de la production des richesses, distribution acceptable d'icelles.
Même un Macron, mieux rodé et plus compétent, y suffirait, pardi...
La vie n'est pas invivable en France aujourd'hui. L'aisance matérielle est plus grande que jamais, la sécurité sociale, au sens large du terme est plus grande que jamais. Pour trouver cette vie invivable, il faut refuser ce qu'accepte, pour le moment encore, la majorité : une richesse matérielle faite de camelote, de la nourriture sans goût et empoisonnée aux pesticides, des paysages ravagés, l'espace public envahi par la saloperie sonore et visuelle, la langue massacrée, le système éducatif naufragé s'agitant de façon aussi grotesquement impuissante qu'un scarabée sur le dos, la nécessité de se soumettre à toutes les humiliations de part des conquérants et de leurs complices, le danger, si l'on ne baisse pas les yeux, d'être volé, violé, égorgé, l'infantilisation générale, etc., à quoi s'ajoutent à présent l'obligation de se museler et de suivre docilement les variations erratiques de la politique sanitaire.

Mais il y a du nouveau, on perçoit ces temps-ci comme l'amorce d'un sourd grondement. Villiers le sent très bien : il parle de la nécessité d'une insurrection intérieure, intellectuelle et morale (voyez son entretien d'aujourd'hui avec Marion Maréchal).

Pour le moment, il est vraisemblable que cette insurrection intérieur puisse déboucher légalement, par la voie électorale — encore que la façon dont le pouvoir s'est assis sur le référendum Maastricht laisse mal augurer de la suite éventuelle. Si, par exemple, Marine Le Pen, Philippe de Villiers ou Éric Zemmour était élu l'an prochain, nul doute que, des Black Blocs aux davocrates en passant par tout l'appareil d'État, on chercherait par tous les moyens à lui mettre des bâtons dans les roues. C'est alors qu'il faudrait descendre dans la rue et dresser des barricades, pour défendre le président élu et le Grand Réveil dont son élection serait le signal !
05 mai 2021, 22:34   Re : Sens de l'histoire
les "masses" n’intéressent plus tellement les masses, c'est chacun pour sa gueule.

Cela a longtemps été vrai en France, près de quatre décennies, à partir des années 80 du siècle dernier jusqu'en 2018.

Mais en 2018, les choses ont changé, une évolution surprenante, qui m'aura laissé ébahi : tous les samedis, des dizaines, certains jours des centaines de milliers de Français se sont mis en mouvement, celui des "Gilets jaunes", au péril de leur intégrité physique (yeux crevés par la police de la République, à chaque sortie) dans les rues et aux carrefours, par tout le pays.

A l'apogée de ce mouvement, décembre 2018-janvier 2019, le pouvoir en place, qui n'en pouvait plus, qui bloquait Paris de ses chars ornés du logo bleu de l'Union européenne, prêts à tout, prêts au pire, a bénéficié de ce qui restera dans sa légende intime comme une véritable divine surprise, classique et historique, qu'il a nommée Covid-19.

Le covid-19 a sauvé les régimes des pays de l'UE à ce moment, en suspendant les mouvements de foule et de rue, et les "masses", si vous voulez, sont rentrées dans leur boîte, assignées à résidence.

Mais la cocote-minute est inexorable dans ses poussées pour l'éclatement. Les masses, qui existent, je les ai vues comme tout le monde, font de cette cocote-minute une marmite à renversement, si vous voyez ce que je veux dire. Les révolutions adviennent, surprennent, sont causes de réveils détestables, en France, du reste ici peut-être plus qu'ailleurs en Occident.
Je voudrais préciser ceci à l'intention d'Alain: que le désir de renversement de l'ordre ne se manifeste pas davantage dans le corps social que dans tout corps sexué humain. Ce désir est toujours, en tout temps, problématique car il n'obéit guère, ou pas seulement, jamais seulement, à des représentations. Il lui faut un changement d'état, un geste, qui seul pourra l'établir, le confirmer, le manifester et lui donner le ton impérieux que seul il ne saurait avoir.

La politique, en ce sens, est véritablement une affaire sexuelle.

Les féministes de MeToo qui affirment que "avant qu'il n'agisse, ne me pénètre, ne commette sur mon corps l'atteinte irréparable et honnie, j'étais hésitante, incertaine", etc. sont parfaitement sincères car, que l'on soit homme ou femme, ou, comme il est de mode aujourd'hui, entre les deux, le désir est chose imparfaite, prête à fuir à chaque seconde, à s'évader de nous, à rejoindre l'irréel majoritaire en l'absence du geste animal qui le fixe. Il devient "consentant", présent, s'affirme tel dès le geste premier que commettra celui (presque jamais "celle") qui en en prenant l'initiative, s'expose à des représailles ultérieures sous-tendues du reproche d'animalité.

Cette règle s'apprend: le jeune adolescent que j'étais au lycée, et qui ne couvait d'autre rêve, à quinze ans, que celui de prendre la main de la jeune et adorable métis asiatique qui brûlait de lui faire partager ses lectures des poésies de Paul Verlaine, admirait, redoutait, était sidéré par le jeune homme entreprenant de deux ans son aîné, chaud lapin qui "baisait" dans tous les coins du bahut (souvent debout contre un mur) toutes sortes de beautés ravies de se faire besogner par un gars qui savait ce qu'il voulait. Le gars ne savait rien, bien sûr, et elles non plus, seulement, il possédait la règle de la possession désireuse.
Je me demande si le mouvement des Gilets jaunes n'était déjà si fatalement effiloché et discrédité, tiré simultanément à tous les vents cardinaux par les espèces les plus exotiques, pour que l'avènement d'une épidémie providentielle n'ait été une divine surprise pour ses partisans plutôt, qui pouvaient alors arguer d'une glaciation atmosphérique circonstancielle et temporaire comme motif d'interruption, ce qui est toujours moins cuisant que le constat lamentable d'une belle mort propre.

Je me demande aussi si en fin de compte, quand il s'agit de désir, les plus incertains, les plus virtuels, mais les plus hyperesthésiques, quand ils parviennent à insérer ne serait-ce qu'une once de matière dans la trame impénétrable du réel, ne sont pas revalorisés au centuple par rapport aux grands besogneurs spécialisés dans l'abattage : l'on suppose qu'en termes de plaisir pur, un jouisseur par frottement, par exemple, ayant à peine effleuré la forme de l'objet convoité, doit atteindre des sommets extatiques qui sont tout bonnement inaccessibles dans le commerce de gros.
Sans parler d'autres subtils avantages collatéraux...



Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir.

René Char
"La toile du monde-spectacle doit être trouée d'un coup, dans un geste fondateur, déclencheur de sens." : voir le 17 mars 2020, en France.
Je voulais attirer votre attention sur un certain dualisme (qui rejoint la nature antique, platonicienne de tout dualisme en Occident, entre l'âme et le corps, etc.) : le désir qui meut, ou peut mouvoir, les masses (en politique) et les corps dans la sexualité humaine, est d'ordre nuagique, comme l'est l'électron qui dans la masse de l'atome, où il est inlocalisable, n'est que nuage et n'advient à l'ordre corpusculaire que par un geste d'intrusion dans ce nuage.

L'ordre nuagique du désir sexuel (mais l'ordre politique, qui touche les corps ou le corps social s'organise selon le même principe dans cette conjecture) avait très tôt été perçu en Orient, où l'acte sexuel a de tout temps été représenté comme l'acte de percer les nuages pour faire advenir la pluie.

A l'instar de l'électron, le désir sexuel et politique demeure ineffable, élusif et nuagique, se défendant de toute réalité ou volonté de quoi que ce soit, jusqu'à l'acte d'intrusion qui l'oblige à se découvrir comme Isis de ses voiles.

Comme la Vérité, le désir va voilé et se défend du grand jour. Découvrir la Vérité, c'est violer l'ordre du monde.

C'est que l'ordre social est naturellement pudibond. Sa hantise est la déchirure de l'hymen et l'accession catastrophique (au sens que donnait à ce terme un René Thom) du désir au réel.

Je suis convaincu que la Grande pudibonderie qui s'étend comme un voile sur les sociétés occidentales aujourd'hui (et qui semble partie des Etats-Unis), qui veut que tout geste porté par le désir soit coupable, soit un viol, est une manière symbolique de dire l'horreur du vrai et de l'accession de l'ineffable au réel corporel. Ce mouvement participerait du culte générique du Faussel.

A noter que le mouvement actuel vers le cloud computing (qui se dit "informatique nuagique" en français) s'harmonise avec la pudibonderie nouvelle puisqu'il veut dire la dé-corporalisation de la matière (et des matériaux) des transactions: l'électron, comme dans un mouvement de balancier, regagne ainsi son état nuagique au moment où le sexe en fait autant en Occident.

J'ai évoqué l'Orient, mais les théories de Wilhem Reich en Europe, et son concept d'organon, étaient les mêmes; cf son "Cloudbuster", directement inspiré par la conception orientale susdite : [en.wikipedia.org].
Citation
Francis Marche
Découvrir la Vérité, c'est violer l'ordre du monde.

Que voulez-vous dire après cela ? Encore une fois : merci, cher Francis.
Si les corps n'adviennent à eux-mêmes (s'incarnent, si l'on veut) que dans le dérangement de leur ordre nuagique que cause un mouvement délibéré, d'origine extérieure (cf. l'électron qui acquiert son corps, se corpuscularise par un dérangement de son nuage), la dispersion de ce nuage, de ce brouillard, qui cristallise et révèle les corps, vaut dévoilement (le voile nuagique est levé). L'advenue des corps a pour géniteur ce mouvement, ce coït, ce viol.

Cette poussée exogène, qui précipite la corporéité dans son être obéit au même principe dans l'engendrement sexué : la quiétude nuagique (ou le nuage mouvementé) connaît une mutation destructrice qui fera naître un corps nu (le nouveau-né chez l'homme), dévoilé, et à voiler, à langer de plis sitôt venu à la vie.

L'"ordre du monde" est celui du nuage, de l'incertitude problématique du désir habillé de voiles et de vapeur, et le passage à l'état de corps nouveau, nu et vif, s'opère par dérangement, mouvement dérangeant, geste d'intrusion créatrice qui est l'unique voie possible vers la corporéité.

La corporéité (les masses, en politique) sont comme les nuées en attente d'être précipitées: elle attendent un geste élégant, convaincant, bouleversant et décisif.
Dans les actuelles préoccupations néo-féministes et "woke", Blanche Neige fait beaucoup parler d'elle: elle reçoit un baiser du Prince charmant non sollicité, unilatéralement décidé, pensé et accompli par l'homme seul. Le désir féminin, qu'éveille ce baiser par intrusion, s'en trouve dérangé. C'est que le dérangement précipite chez Blanche Neige le programme amoureux, qui sans lui fût resté encore nuagique. Les sexes, dans notre espèce, sont des dérangeurs (Claudel le dit très bien de la femme, dont le rôle essentiel à ses yeux était de déranger les plans de l'homme) l'un de l'autre. L'homme est un perturbateur du désir féminin nuagique et la femme, qui s'impose et qui mord à la vie de l'homme, dérange son confort planifié, s'immisce dans son quotidien, s'installe dans sa vie, etc. le trouble et le déstabilise, l'éveille à plus que lui.

Le néoféminisme américain ne pardonne pas à l'homme de déranger le désir féminin nuagique, de secouer son incertitude ontologique qui, ainsi électrisée, se cristallise, se fonde, se pétrifie agréablement et accède à l'existence en s'attachant à son violeur.

La théorie du genre, qui n'est rien d'autre qu'un concept d'indifférenciation sexuelle, un concept par conséquent, parfaitement primitiviste, voudrait le rétablissement du nuagique, du désir indifférencié, planant dans ses voilements et nourrissant la fausseté consensuelle post-moderne.

Le néoféminisme vit dans une trouille terrible du dérangement et de l'advenir, de tout agent perturbateur de la quiétude monosexe.

Pas de pire "repli sur soi" que ce néo-feminisme, grand ami, et pour cause, de l'identitarisme racial qui ne se sent bien que dans la quiétude de l'entre-soi.

L'humanité se perpétue par un mode d'engendrement particulier à l'espèce : l'entre-dérangement des sexes, dont la possibilité même suppose l'irréductibilité des identités sexuelles, leur forte différenciation, seule à même de garantir l'étincelle génératrice issue de leur frottement.

Le concept de genre tend à l'extinction de cette humanité par le bannissement de toute voie vers la corporéité: il signale, comme un poteau indicateur, la voie du retour vers la soupe primitive, entropique et involue; il veut la paix des déserts. Il s'accorde à merveille avec le paysage de la planète Mars, séjour que certains promettent à l'humanité.


(message modifié)
Si je comprends bien, vous dites que les choses sont par nature indéterminées, avant que la volonté de les déterminer ne détermine leur nature et ne les concrétise dans et par l'acte déterminant, cela en transposant un peu au besoin certaines notions de "flou quantique" et de "réduction du paquet d'ondes" de la microphysique au réel très macroscopique des hommes, de leurs désirs, des sociétés et de la politique...
Hmm...

Cela va quand même un peu à l'encontre de certaines conjonctures historiques lors desquelles des volontés très identitaires de différentiation et de spéciation, aussi résolues, comminatoires et brutales que possible, ont au contraire produit un bordel pas possible, en réalité un chaos si général qu'il fallut des années pour rétablir le semblant d'équilibre que ce goût du dévoilement et de la concrétisation avait pénétré et jeté à bas en n'accouchant que de désordres incandescents.

Et puis, si les hommes étaient des quantons, on ne pourrait savoir à la fois qui ils sont et où il doivent aller ; cela promet des révolutions très improbables...



« Décrivant en peu de touches, ne montrant que peu de choses de l'objet, les Anciens laissaient l'imagination errer dans le vague et l'indéterminé des idées enfantines qui naissent de l'ignorance de tout. Et une scène champêtre, par exemple, peinte par un poète antique en quelques traits et, pour ainsi dire, sans horizon, suscitait dans l'imagination ce céleste ondoiement d'idées floues et brillantes, d'un romanesque indéfinissable et d'une étrangeté, d'une merveille infiniment chère et douce, semblable à celle qui faisait les extases de notre enfance. »

Giacomo Leopardi - Zibaldone
» Le concept de genre tend à l'extinction de cette humanité par le bannissement de toute voie vers la corporéité

Ce n'est plus tellement vrai à partir du moment où la procréation peut se faire hors les corps, comme cela finira par être pratiqué aussi, bon an mal an, après tout on ne voit pas pourquoi pas...

Il y a aussi que la dévolution tout entière de la sexualité à la perpétuation de l'espèce a quelque chose de très dévalorisant, comme tout ce qui subordonne les choses à une fin : dégainez l'aiguillon sexuel du fourreau de l'utilitaire, je trouve qu'il en resplendit d'autant, y gagne une valeur littéralement incomparable : baiser à perte, c'est le mieux.
La corporéité signifie l'expérience corporelle, point seulement l'engendrement des corps.

Le genre et le sans-contact sont des voies complices qui veulent la fin de l'étincelle des corps, celle que produit le fritage des sexes (bien plus que leur frottement) et qui engendre les corps neufs (celui du nouveau-né cru et vif comme celui de ses potentiels engendreurs renaissants, quel que soit leur "choix" de se reproduire ou pas).

(Lu récemment que l'activité sexuelle, chez les aînés, les fait paraître 12 ans plus jeunes. Hypothèse intéressante et que je crois vraisemblable).

Participé à une discussion dans un cadre professionnel, récemment, sur le genre : un des arguments de ses promoteurs est que nos langues latines ne connaissant pas le neutre (dans leur version moderne), elles ont peu à peu imposé une "masculinisation" de la langue. Je soutins que cette "masculinisation" est une pure vue de l'esprit chez ceux (les anglophones en particulier) dont la langue est dotée d'un neutre. Le masculin générique ("les paysans", "les employés") est notre neutre grammatical, et nullement l'effet d'une "masculinisation", perçue telle par penchant subjectiviste chez les anglophones. On me rétorqua d'abord que le neutre existait en latin est que sa déshérence dans les langues romanes est le signe d'un domination du patriarcat moderne, et que du reste, au Moyen-Age, la féminisation des noms d'état, de métier, était beaucoup plus courante que dans les temps ultérieurs.

On assiste à un effort général pour imposer "le genre" comme concept, effort auquel adhère (j'allais dire comme un seul homme!) le monde arabo-musulman, car parler de "genre" évite d'évoquer les femmes. Le "genre" n'est pas seulement la neutralisation des sexes, c'est aussi la neutralisation des femmes, mais surtout, par indifférenciation, l'abolissement du contact dangereux, électrique, créatif, entre les deux sexes polarisés et chargés de toutes les incertitudes du désir.

Je trouve fascinante cette volonté de nos néo-féministes post-modernes de revenir au Moyen-Age. L'écriture inclusive est un mode moyenâgeux, impoli (maladroit, gauche et peu fonctionnel) de coucher le réel dans l'écrit. C'est une écriture qui tient, non pas à inclure les femmes dans le discours, mais à les séparer des hommes, comme le fait la rue arabe.

L'écriture dite inclusive, avec ses petits points dans les mots, évoque les graphies de l'arabe: elle est charia-compatible jusque dans son esthétique.
Le Général de Richoufftz, cosignataire de la lettre des Généraux, s'exprime sur le sujet central de cette discussion:

video: [www.youtube.com]
La journaliste et romancière Aude Ancelin, sur les Gilets Jaunes, qui, je le découvre, tiens des propos sur la césure du printemps 2020 (le covid "divine surprise" pour l'oligarchie) qui recoupent très exactement les miens émis ci-dessus.

Elle restitue la dimension véritable de ce mouvement, au fantastique potentiel, qui à ce moment (mars 2020) était en passe d'opérer des "jonctions" politiques déterminantes en sus d'un début d'essaimage continental européen.

[www.youtube.com]
Villiers vient de publier un livre. Interview de présentation sur la chaîne Sputnik. L'homme est lucide, d'esprit pénétrant, auquel sa voix et son expression ne rendent pas justice (sur ce plan, il rappelle André Malraux):

[www.youtube.com]

Prêtez attention à ce qu'il dit sur "la double assignation à résidence", qui rejoint ce que je vous disais sur l'assignation à race (racialisation de l'espace culturel, racisation des individus non purement caucasiens), meilleure amie de la désexuation par le genre et l'enfermement dans la dimension désexuée (non-dérangement des sexes et non-dérangement des individus par le trouble ou l'incertitude qui portent et accompagnent la sexualité) de l'existence humaine.

Verrouillage de l'humain dans son appartenance raciale, son identité numérique et sexuelle (cf. la pléthore des catégories d'orientations sexuelles, matrice définitionnelle où se dénombrent des dizaines de ces catégories, délimitées et que l'on veut étanches, sans friture, ni reste, frottage ou fritage en elles).

Il existe même des drapeaux pour chacune de ces orientations sexuelles répertoriées et étroitement définies (cis- ceci ou trans- cela, etc.) chacun s'apariant à autrui dans la catégorie qui est la sienne ou qui doit impérativement lui être la plus proche.

Plus d'hommes ni de femmes, que du genre, mais chacun allant paré de son drapeau s'accoupler avec son semblable, sans risque de heurt ni d'imprévu, hermétiquement verrouillé dans l'entre-soi et numériquement tagué dans cette assignation.
Par mille facettes, le monde occidental post-moderne et post-chrétien confirme les intuitions du philosophe viennois Jacob Taubes (1923-1987) présentées pour la première fois dans son oeuvre maîtresse Abendlandische Eschatologie (Eschatologie occidentale) parue en 1947: selon Taubes, la perte de la vision eschatologique héritée du christianisme, vision qu'ordonne une temporalité-sursis, précipite l'Occident dans une théologie politique sécularisée du type antique-tardive, dans laquelle prévaut une conception statique et arrêtée du cosmos (cf. l'économie circulaire des écolos, à l'image d'un cosmos supposé régi par la rotondité des cycles naturels) dans lequel l'homme n'a plus qu'a tenter de se couler comme une plante dans son écosystème.

Cette contre-révolution anthropologique, immense saut en arrière pour la dignité humaine, rend compte de l'actuelle fantastique promotion de l'animal (aujourd'hui considéré juridiquement comme le quasi-égal l'homme) dans le mouvement de déconstruction en cours (woke et tutti quanti); elle charrie aussi comme un torrent dévastateur mille refontes des perceptions de l'action publique et du comportement social: chacun n'est plus rien qu'un rouage, assigné à résidence dans sa fonction (raciale, sexuelle, etc.) comme en autant de niches d'un gigantesque pigeonnier cosmique, de forme ronde et mu d'une giration de planète ou de vaisseau spatial.

La gauche, héritière revendiquée des Lumières, traditionnellement porteuse du tropisme du pigeonnier mécanique (l'ouvrier doit avoir des loisirs et des préoccupations d'ouvrier, le Noir, des goûts de Noir, la femme porter des revendications féministes, etc.) épouse cette nouvelle vision du monde et de l'action politique en embrassant ce qu'elle appelle "écologie": programme politique qui veut un cosmos statique, protégé de toute apocalypse, comme on le constate aujourd'hui quand la figure de l'apocalypse semble pouvoir se dessiner dans le spectre d'une pandémie. ou d'un changement climatique.

Toute hypothèse d'une fin du monde est écartée de la pensée. Et si la pensée l'effleure, il faut tout faire pour prévenir l'événement dans une négation farouche de la finitude du monde et de celle qui nous est propre. Ne rien repenser de nous-même face à elle, ne point réviser notre regard sur l'avancée des temps. Le temps n'avance plus. Le temps n'est plus, ou s'il est, il ne fait rien.

Jacob Taubes et son épouse Susan, à l'époque où paraissait Eschatologie occidentale (livre disponible en français, Editions de l'Eclat):


» Cela n'existe pas ailleurs, et certainement pas à en Israël qui protège ses frontières comme peu de pays.

Hmmouais, faut voir...
16 mai 2021, 23:44   Hooah
Cela dit, ne soyons pas trop critiques : le coup de la diffusion de la fausse information (avec la gracieuse contribution du Monde) selon laquelle une offensive terrestre dans la bande de Gaza avait commencé, faisant se précipiter les combattants du Hamas dans les galeries souterraines pour s'y préparer au combat, pour ensuite bombarder massivement celles-ci et enterrer leurs occupants dans leur effondrement, faits comme des rats, fut une manœuvre du plus beau Sun Tzu : cruelle, précise, vicelarde, imparable...
Il semble y avoir encore quelques officiers plus sophistiqués et "intellos" dans une armée qui a pris beaucoup d'embonpoint et semblait se spécialiser un peu trop dans la grosse artillerie et une certaine inclination à la primatologie, côté cervelet.

Si j'osais, pour la gouverne du général de Richoufftz se fendant de ce cri du cœur désarmant : « Ah moi j'pense pas ! » : non, Général, il faut penser...
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