« Un homme qui voyage beaucoup est nécessairement un égoïste. » écrivait Théophile Gautier dans Caprices et zigzags (1845). Aujourd'hui, c'est un altruiste bien décidé à "jouer le jeu" (à supposer qu'il parvienne à en comprendre les règles...)


Partir...

Tout est chamboulé ! maintenant, c'est l'égoïsme naturel et irréductible des sédentaires, des autochtones qui a pris le dessus; et ce sont les voyageurs qui ont endossé, bon gré mal gré, le rôle des plus généreux, des partageurs...


« Courage donc, partons. Suivez-moi, vous tous qu’une mortification de l’amour, une négligence de l’amitié, retiennent dans votre appartement, loin de la petitesse et de la perfidie des hommes. Que tous les malheureux, les malades et les ennuyés de l’univers me suivent ! — Que tous les paresseux se lèvent en masse ! Et vous qui roulez dans votre esprit des projets sinistres de réforme ou de retraite pour quelque infidélité ; vous qui, dans un boudoir, renoncez au monde pour la vie ; aimables anachorètes d’une soirée, venez aussi : quittez, croyez-moi, ces noires idées ; vous perdez un instant pour le plaisir sans en gagner un pour la sagesse. Daignez m’accompagner dans mon voyage ; nous marcherons à petites journées, en riant, le long du chemin, de voyageurs qui ont vu Rome et Paris ; — aucun obstacle ne pourra nous arrêter ; et, nous livrant gaiement à notre imagination, nous la suivrons partout où il lui plaira de nous conduire. »

Xavier de Maistre - Voyage autour de ma chambre