"Je dois avouer n'avoir jamais rien compris à ces histoires de rivaux préfabriqués par de machiavéliques faiseurs de rois dans d'obscures officines aux vitres teintées."
Il ne s'agit pas de ça, les choses se font pour ainsi dire dans un mélange de hasard et d'opportunisme (comme avec le Covid, d'ailleurs).
Que la chose ait été machiavéliquement pensée ou non importe peu, il se trouve simplement que Mitterrand, en instaurant la proportionnelle aux législatives de 1986, a permis à une trentaine de députés Front National de faire leur entrée à l'assemblée nationale. Ils ne sont pas allés plus loin, ils n'ont rien renversé du tout, ils ont n'ont fait que donner le cadre spectaculaire d'un "choc", d'un "traumatisme" à partir duquel la vie politique française s'est organisée, bien tranquillement, autour du "barrage à l'extrême droite". Toute analyse à peu près réaliste de la situation du pays est devenue impossible si par bonheur on lui trouvait, à cette analyse, et rien n'était plus simple, ne fût-ce qu'un air de ressemblance avec le discours de M. Le Pen, lequel s'est complu à servir périodiquement ce qu'il fallait de "petites phrases" aux journalistes afin qu'ils ne soient jamais à court de carburant pour faire ronfler leur machine, cela jusqu'à faire élire un Jacques Chirac, passant de 16% et quelques de suffrages au premier tour à un score d'élection soviétique au second. Qui, du simple candidat à la députation jusqu'au
prétendant au poste suprême n'a retenu la leçon ? Nul besoin pour cela des travaux secrets de quelconques "officines".
Il me semble difficile de comparer le système électoral français avec l'américain qui, avec Trump, n'en était pas à sa première surprise électorale, telle qu'il ne s'en est jamais produite en France sous la Ve république.
Mais je vous accorde que toute recette peut un jour tourner à l'aigre pour les gâtes-sauces routiniers et personne ne peut se vanter de connaître l'avenir. Et quant à n'en "avoir rien à battre du virus", c'est plutôt sur cette question qu'aucun candidat ne tiendra longtemps s'il ne l'aborde pas et je trouve d'ailleurs assez singulier qu'à ma connaissance (mais je suis très loin d'avoir tout suivi), aucun journaliste sincèrement décidé à "déstabiliser" M. Zemmour, ne l'ait, jusqu'à présent, entraîné dans cette "problématique", bien plus épineuse, au fond, que la "question migratoire" dont les répliques sont connues de tous.