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Communiqué du parti de l’In-nocence n° 2053 : Sur les menaces poutiniennes

Communiqué du parti de l’In-nocence n° 2053, samedi 22 janvier 2022
Sur les menaces poutiniennes

Le parti de l’In-nocence estime que si les menaces poutiniennes à propos de l’Ukraine recevaient le moindre début d’exécution, l’Union européenne, au moins, à défaut de l’OTAN — et bien entendu dans la mesure où l’Ukraine elle-même en serait d’accord —, devrait aussitôt proclamer ce pays comme appartenant de plein droit à sa communauté de nations. La protection de l’OTAN devrait aussi lui être immédiatement accordée ; mais bien préférable évidemment serait la protection d’une force militaire européenne, actuellement inexistante, hélas, mais dont la création urgente ne se fait que davantage sentir chaque jour.

Le parti de l’In-nocence n’en continue pas moins d’estimer bien sûr que de telles mesures ne seraient nullement incompatibles avec des négociations entre l’Ukraine et la Russie, éventuellement par l’entremise de l’Europe, sur de légitimes rectifications de frontières assurant à tous les peuples leur appartenance aux nations dont ils relèvent par leur histoire, leur culture et leur langue.
Complément d'information, si je puis me permettre...
[www.youtube.com]
Pourtant, il n'est que de regarder une carte : entre la Biélorussie (quasiment dans la poche de la Russie) et la mer Noire, l'Ukraine fait vraiment figure de pain in the flesh du grand corps russe : comment ne pas penser que Poutine, avec son visage de plus en plus lisse et poupard et son air matois qui se fout du monde (m'est plutôt avis qu'il se fout réellement du monde), n'ait que l'envie de n'en faire qu'une bouchée et de l'avaler dans un bâillement ?
Cette dame parle fort de "naïveté" dans le camp des russo- ou "poutinophobes", mais enfin, avec un tel roublard qui manifestement n'en fait qu'à sa tête avec les moyens considérables qu'on sait, on peut légitimement être sur ses gardes et se demander si la naïveté ne serait pas plutôt du côté de ceux qui le considèrent comme un partenaire potentiel parfaitement loyal et défendant ses intérêts comme un vrai gentleman, vraiment...
Et puis, après tout, je n'ai pas très bien saisi, ce n'est pas clair : dans ces tentatives de "grignotages" successifs et réciproques entre la Russie et l'Otan, pourquoi choisir la première, comme si c'était la chose la plus naturelle ou réaliste ??
...pas "une bouchée", en fait : le petit tsar à la folie des grandeurs restituées formé au KGB va probablement nous faire ça en hédoniste, par petites bouchées "gourmandes" (comme on dit dans les meilleurs restaurants), piece by piece, et les nouveaux naïfs trouveront cela beau et inspirant...
Il y a tout de même un Père des peuples sincère qui sommeille dans ce Poutine-là... Je veux croire à la réalité de son attachement charnel pour les Russes d'avant, ceux qui traînent leur déchéance grandiose, leur folie et leur brutalité chez Tchekhov et Dostoïevski. Il a une âme, l'âme russe...! Car enfin, il doit vraiment les aimer ces gens de peu du Donbass, qui, tous vieux et mal en point, s'accrochent à des terres dépeuplées, ruinées et détruites ! Au risque du misérabilisme fasciné, entre une mamie cuite dans la vodka, au verbe éblouissant et qui survit dans son HLM mal chauffé de Donetsk et un jeune con de Kiev qui parle anglais avec l'accent de LA, franchement, mon cœur balance...

"Le post-modernisme est obsédé par le corps et terrifié par la biologie. Le corps est un thème diablement populaire dans les « cultural studies » - mais il s’agit ici du corps plastique, reconfigurable, socialement construit, non pas de cette parcelle de matière qui tombe malade, qui pourrit et qui meurt. La créature, l’individu qui émerge de la pensée post-moderne est décentré, hédoniste, s’inventant et s’adaptant sans cesse. Il ressemble plus à un publicitaire de Los Angeles qu’à un pêcheur indonésien."
- Terry Eagleton, After Theory
Il est peu contestable que le dernier "père des peuples" en date avait un faible pour les Ukrainiens dans leur ensemble...
Bien envoyé, Alain ! Ceci dit, vous accordez du crédit à Poutine quand, à la façon d'un K. Dick dans une uchronie, il brandit la nécessité de dénazifier l'Ukraine ?
Du temps a passé, semble-t-il, au point qu'aujourd'hui l'Ukraine est dirigée par un ex comique troupier qui devint célèbre en jouant du xylophone avec son pénis. Washington n'avait-il donc que ça sous la main pour coloniser un tel pays et continuer de castrer la puissance russe ?
Américanisation : à l'instant, sur CNews, une jolie Ukrainienne de Paris, avec un accent délicieux : "... sur site...", "À date...".
24 février 2022, 20:01   Sans états d'âme
Franchement, le seul crédit que j'accorderais éventuellement à Poutine, mais peut-être ne faut-il pas trop rêver, serait d'avoir rendu possible et probablement nécessaire la réunification et le renforcement subséquent d'un bloc géopolitique qu'on appellera, faute de mieux, l'"Occident", dans sa détermination de se débarrasser, de toutes les façons possibles, d'un autocrate qui est en passe de devenir un chieur de première.
Ce bloc géopolitique appelé Union Européenne s'est constitué officiellement et par des actes concrets -- immixtion dans le conflit yougoslave --, dès les premiers mois de 1992. A cette époque, Poutine n'est pas au pouvoir. La crise diplomatique entre la Russie et l'Ukraine à propos de la Crimée débute le 5 mai 1992. La Russie était à cette date dirigée par Boris Eltsine.
24 février 2022, 23:04   Ici et maintenant
Le "bloc géopolitique" susdit et transcontinental visait une orientation atlantiste, un peu plus large que l'UE donc, mais peu importe : nonobstant les savantes considérations historicistes sur la raison profonde des choses, ce n'est pas le jovial Eltsine qui nous sert sur un plateau une belle guerre aux portes de l'Europe : c'est un sinistre abruti assoiffé de puissance et armé jusqu'aux dents qui va nous pourrir la vie pour des histoires dont on n'a que battre, et menace même de nous la pourrir fort dangereusement.
Et cela, pour ne s'en tenir qu'à une saine réaction épidermique, is just enfuriating...
Réduire Poutine à un chieur déterminé à nous pourrir la vie, c'est tout de même un peu court. En l'occurrence, vous parlez comme le veut le nouvel ordre mondial battant pavillon américain : il n'y a plus d'histoire, nous sommes sans passé, délectons-nous au présent du maximum de plaisirs, pensons d'abord à notre pomme et faisons peuple-ONG, de temps en temps, à l'occasion de kermesses sentimentales pour sauver les droits de l'homme et la planète.

Au risque de vous décevoir et de vous inquiéter, deux immenses civilisations et empires ne l'entendent pas de cette oreille. (J'ai l'impression qu'en Russie comme en Chine, la consommation culturelle n'est pas tout.) Les revues spécialisées tablent d'ailleurs sur un scénario où la Russie, ne sachant plus où donner de la tête à devoir s'occuper de tout ce qu'Américains et Européens lui ont abandonné en quittant le Moyen-Orient et le Sahel notamment, va devenir, plus tôt que prévu, le supplétif de ce super chieur qu'est la Chine. Or les Chinois sont sans affect ni Vodka, ils ne mettent pas les pieds dans le plat, ne partent pas sabre au clair comme ces Slaves pour qui la force brute est encore le meilleur moyen d'arriver très vite à une fin à charge de revanche.

Poutine parle non seulement de la nécessité de dénazifier l'Ukraine mais de sauver les Ukrainiens d'un génocide en cours ! Il est fascinant d'entendre le dirigeant de la deuxième puissance nucléaire mondiale et d'un pays de si haute culture utiliser les éléments d'un langage délirant et catastrophiste avec lequel nous bassine le dernier des cons pro-Palestiniens ou Pro-Ouighours, secrétaire d'association de Seine-Saint-Denis ou candidat à la présidentielle (Jadot). L' Amérique et son avatar Metaverse européen rendent fous à lier le reste du monde et il n'est pas aberrant, qu'en retour, ces emmerdeurs-là se retrouvent bien emmerdés (la réplique munichoise de Biden, Johnson et Macron, avec ces sanctions ridicules et ces réunions virtuelles quand le réel de la guerre survient à moins de 100 kms de la Pologne, donc de l'UE...)
Je crois qu'on prononce et qu'on écrit just infuriating, avec un "i".

Pour le reste, je souscris, pour ainsi dire totalement, à la sortie de Pierre Jean.

Je ne sais si les Russes ont commis "une erreur" en attaquant l'Ukraine, ce que je crois pouvoir affirmer avec certitude en revanche, c'est que les Occidentaux (UE et Amérique) se sont lourdement fourvoyés en faisant tout le nécessaire pour que Poutine commette cette possible erreur.
"Les responsables des guerres ne sont pas ceux qui les déclenchent mais ceux qui les rendent inévitables" -- Montesquieu.

A propos du "bloc atlantiste", qui n'existe pas, ou qui, s'il existe, se compose d'un bien curieux attelage :

une UE "bloc continental" qui n'a pas les moyens militaires de ses ambitions politiques et territoriales; et

une Amérique du Nord qui n'a pas les ambitions politiques (pas de projet d'occupation du théâtre ni du territoire européen -- "we had no boots in Yugoslavia", aiment-ils à rappeler) de ses très efficaces et très massifs moyens militaires.

Cet attelage, auquel il manque une roue à l'avant et une roue à l'arrière, comme il est compréhensible et sans qu'il soit nécessaire pour comprendre cela de rouvrir le Don Quichotte, va droit dans le mur en récriminant contre le grand méchant loup.
(Les Occidentaux ont déguisé leurs casus belli à la Russie en rappels à la règle du droit international. Toujours aussi psychologues, ces incultes...)
J'en étais sûr ! Maintenant ce n'est pas Poutine qui est responsable de ce qu'il fait, ce sont les autres, n'importe qui, nous, de préférence, qui par notre impéritie ou pourquoi pas notre impérialisme avons poussé l'ennemi potentiel à devenir ce qu'il est et à sortir de ses gonds. Bravo.
Exactement le même genre de raisonnement qui consiste à expliquer le terrorisme islamiste et une certaine tendance vindicative d'un islam volontiers "occidentophobe" par certaine politique islamophobe occidentale originelle ; moyennant quoi on ne fait que battre sa coulpe et devient totalement incapable d'identifier l'ennemi pour ce qu'il est.

"Chieur déterminé à nous pourrir la vie", c'est exactement ça, et qui promet en plus, avec un air de foldingue, d'atomiser le premier qui se mettrait en travers de sa route, dans l'accomplissement de la destinée de l'"immense civilisation russe" ; faut-il que ce soit un Le Drian qui ait eu la réaction réflexe de rappeler au pitbull botoxé qu'il n'est pas le seul à posséder l'arme nucléaire...
Cela ouvre en tout cas de réjouissantes perspectives ; infuriating, oui...
J'entends que, pour la France, sortir les banques russes du réseau SWIFT serait "l'arme ultime" pour gagner cette guerre.

Le temps n'est-il pas venu d'organiser une visioconférence, présidée par les avatars de Greta et Bruno Latour et des wokistes américains, sur le modèle de celle qui conduisit à la création des Nations unies, et acter par un vote électronique la naissance de Davosia, l'a-nation supramondiale unie et virtuelle ?
Alain, pourquoi pensez-vous que les Occidentaux n'interviennent pas tout de suite militairement ? Pourquoi, face à ce "retour de la guerre en Europe", on riposte par des interdits bancaires et en privant les belles et riches Russes de carrés Hermes et les moins riches de pommes des Hautes-Alpes ? États-Unis et Europe craindraient à ce point le feu nucléaire russe qu'ils laisseraient s'installer une ridicule résistance ukrainienne qu'ils ne pourront même pas durablement appuyer ?
Ou bien, Américains et Européens sont-ils rattrapés par ce que leur sortie monstrueuse de l'histoire leur faisait miroiter : une fois sans passé, an-historiques et vautrés dans des économies qui ne sont plus tirées que par la consommation abrutissante de biens culturels (branlette, Netflix et sushis comme dit Papacito) s'évanouiraient tel un mauvais rêve la conscience malheureuse et la culpabilité d'avoir, entre autres broutilles inconséquentes, rayé de la carte l'Irak lors d'autres "guerres de libération" ou encore d'avoir transformé la Lybie en l'enfer que l'on sait ?
Poutine re-dialectise le cours évolutif d'une histoire que Davosia veut stopper et vider de toute mémoire, tel un vulgaire disque dur. Et avec ses affreux coups de force, il adresse à l'Occident leurs propres messages sous une forme inversée, pour "paraphraser" Lacan. Sûrement n'a-t-il pas lu ce dernier (notre Hegel, d'après Badiou). Mais peut-être a-t-il lu Freud et trouve-t-il amusant le malaise dans la civilisation qu'il injecte dans ce qui subsiste de pleine conscience européenne.
(Sur l'histoire, on peut trouver saisissant le
contraste entre patriotes des diasporas arménienne et ukrainienne et petites merdes maliennes. Les premiers, souvent plus tout jeunes, ont rejoint et rejoignent en voitures (!) leur terre d'origine pour la défendre les armes à la main. Les seconds, souvent des étudiants de gauche friqués de Bamako, la tête farcie de discours antifrançais prémâchés à Paris par nos cliques islamogauchistes et indigenistes, virent l'armée française et accueillent à bras ouverts les mercenaires russes. Les Maliens de France restant bien sûr le cul au chaud dans leur HLM de 100m2. Voilà ce qu'il en coûte d'humiliations et de camouflets à la France de suicider son histoire et de laisser prospérer des discours qui la salissent.)
26 février 2022, 21:21   Pire ou rien
» Alain, pourquoi pensez-vous que les Occidentaux n'interviennent pas tout de suite militairement ?

Parce qu'ils ne sont pas tenus de le faire et que leur formalisme procédurier doit en l'occurrence leur tenir lieu de pusillanimité et de foncier égoïsme masturbatoire, Pierre Jean.
J'espère que ça vous va comme explication : quand la branlette consumériste occupe en effet de si vastes pans d’horizon, la perspective de devoir affronter l'une des plus puissantes armées du monde menée par un Grand Gogol qui a peut-être un grain a de quoi vous pétrifier un peu, vous en conviendrez.
C'te question...

Le hic est que l'humain résiste toujours et qu'aucune de ses facettes ne peut être considérée comme définitivement oblitérée : j'ai tendance à penser que poussés dans leurs derniers retranchements, ces Occidentaux si passablement léthargiques ne se laisseront pas faire et reprendront conscience d'un fait qui ne s'est toujours pas démenti, à savoir qu'ils disposent encore d'une puissance considérable, sous quelque angle qu'on la considère.

On peut donc avoir bon espoir qu'un juteux scénario du pire est déjà chiadé dans les états-majors, afin que cette tant regrettée Histoire sanglante que vous semblez appeler de vos vœux puisse renaître de plus belle...
"Ce n'est pas Poutine qui est responsable de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, c'est nous !"
Excellent, M. Eytan.
C'est malheureusement le discours, peut-être majoritaire, des conservateurs admirateurs de la Grande Russie de Poutine. L'inversion…
Ainsi certains tentent de trouver dans l'histoire des explications, voire des excuses, justifiant le dérapage de la Russie poutinienne.
On attend plus que le président Zelensky aille se soumettre au Kremlin, tel le malheureux président tchèque Hacha, en 1939, tremblant devant Hitler et "remettant le pays tchèque entre les mains du Führer".
Or cette invasion, inacceptable, c'est aujourd'hui !
J'irai plus loin que vous MM Tissot et Eytan, en affirmant, ayant lu attentivement l'Histoire de la Deuxième Guerre mondiale de W. Churchill, que c'est bien nous, par l'impéritie, la bêtise, la sournoise lâcheté, le défaut de coordination et la complaisance méprisante de nos dirigeants, qui avons armé Hitler de 1936 à 1938, qui lui avons donné des arguments, des encouragements indirects, sinon des armes directement, pour conduire sa politique en Europe centrale. Les Occidentaux, jusqu'à la fin de cette période, ont été les meilleurs complices, les complices rêvés de ses folies.

C'est une règle: ni Hitler, ni Khadafi, ni Mao, ni Poutine, n'auraient pu devenir ce qu'ils ont été ou sont aujourd'hui sans l'attitude vile, provocatrice, complice, aveugle et sottement jusqu'au-boutiste de leurs victimes occidentales.

Il y a des salauds partout, absolument de tous les côtés, jamais d'un seul, et il y a également partout des pompiers pyromanes, tels ceux qui ont bombardé le Dombass depuis l'Ukraine pendant des années, ou qui installent dans ce pays une présence militaire menaçante qu'aucune de ses avancées vers l'Est ne satisfait jamais.

Un fauve enragé est enfermé dans une cage, un gamin vient jouer du bâton contre les barreaux de l'habitacle, qu'il fait sonner de manière particulièrement irritante pour l'animal, celui-ci s'impatiente, donne cours à sa violence naturelle, brise ses chaînes, fait irruption et commet l'irréparable alentour.

Qui blâmez-vous, MM. Eytan et Tissot, le fauve ou le gamin chenapan ?
Comment peut-on douter de la responsabilité de l'OTAN dans l'agression russe contre l'Ukraine ?... Une certaine logique suggère même que l'OTAN a quasiment voulu cette agression : Nous de voulons pas de l'Ukraine en notre sein / Nous savons ce que va faire la Russie / Quand l'Ukraine, qui ne sera toujours pas un de nos membres, sera attaquée par la Russie, nous n'aurons pas à la défendre.

Même en 2014, l'OTAN redisait à l'Ukraine que le "non" de Merkel et Sarkozy était toujours de rigueur ! Après, pourquoi l'Occident s'est arrangé pour n'avoir jamais à intervenir reste une vaste question. Pour Macron, l'OTAN était en état de mort cérébrale. C'est à d'autres organes que je pense pour signifier son impuissance... Mais enfin, impuissante elle l'est, pourquoi ? je n'en sais trop rien. L'Ukraine avait pourtant commencé à donner quelques gages de "démocratisation" pour s'intégrer un peu partout dans les institutions du camp du Bien. Je mets démocratisation entre guillemets car par ce terme, concernant l'Ukraine c'est notoire, on n'entend pas seulement un processus par lequel on lutte contre la corruption du pouvoir, pour l'organisation d'élections régulières ou encore pour le renforcement de l'Etat de droit. On entend aussi par démocratisation, "libérer" et ouvrir la société en laissant s'y développer l'industrie pornographique, la téléréalité, la prostitution internationale et le business de la GPA... Une politologue américaine a rappelé que ce que Poutine détestait avant tout, c'est la démocratisation en cours de l'Ukraine. Personne ne lui a demandé de préciser ce qu'elle entendait par "démocratisation".
Il y a des salauds partout, absolument de tous les côtés, jamais d'un seul, et il y a également partout des pompiers pyromanes

Point final ! Si bien qu'en France, il faut occuper cette position intenable : être un peu non-aligné avec Mélenchon et un peu interventionniste avec BHL. Mais surtout ne jamais être munichois déguisé en Gaulliste comme le toujours aussi infernal D. de Villepin !
A propos des considérations très hasardeuses sur 1939 et autres parallèles outranciers entre les Sudètes et les Ukrainiens, il faut vraiment lire le texte churchillien originel pour enfin comprendre ce que beaucoup (dont j'étais avant cette lecture) n'ont jamais vraiment saisi: que si Hitler a bénéficié de la collaboration des autorités françaises pendant quatre ans (1940-1944), il avait bénéficié pendant les cinq années précédentes de la collaboration pleine et entière des thalassocraties d'alors (Grande Bretagne et USA). Pendant ces cinq années, le gouvernement qui en Europe s'est montré le plus compréhensif envers lui, et dans certains moments, davantage même que le ne fut Mussolini ! fut le gouvernement britannique.

L'agresseur, s'il est bien celui qui fond sur une nation plus faible ou la soumet par la force, JAMAIS ne le pourrait faire, ni l'oser autrement qu'avec des complicités actives de la part d'autres forces, comparables à la sienne, qu'il affrontera plus tard. Les "démocraties" occidentales, avant de déchaîner leur puissance de feu, souvent pendant de longues années, offrent cette caractéristique de complaire aux monstres, de manifester à leur égard de la fascination, voire de l'admiration, de cultiver face à eux l'art du cafouillage diplomatique, de la négligence calculée, de l'irresponsabilité militaire patente, tantôt sottement agressive, tantôt passive et criminellement oublieuse.

A propos de l'accusation poutinienne de nazisme à l'encontre des Ukrainiens: il faut l'entendre dans le contexte historique du XXe siècle. Non que les Ukrainiens fussent des nazis ontologiques, et dans l'âme, mais bien en considérant cela sous le prisme des rivalités impériales entre deux blocs continentaux qui ont déchiré l'espace européen au milieu du siècle dernier. Toute "guerre de cent ans" oppose deux tentations impériales sur un même espace continental. L'empire de l'Ouest dans cet espace se nomma 3e Reich, et le nazisme en était bien l'idéologie; il fut vaincu et son sceptre opéra une translation de Berlin à Moscou en 1945, et Moscou devint la capitale de l'empire de l'Est dont le limes occidental se compose de pays qui, depuis 1992, sont les pays du limes oriental de l'empire occidental refondé en UE à cette date (en janvier 1992, trois semaines après le démantèlement officiel de l'URSS). La ligne de friction entre ces deux tentations impériales passe donc toujours par eux (Pologne, Ukraine, pays du pacte de Visegrad en général). Il s'ensuit que les accusations de "populisme" et autres anathèmes ("petits fachos d'opérette", etc.), que l'UE adresse régulièrement aux dirigeants de ses pays réticents envers elle, compose une stéréophonie avec ceux qui émanent de leur flanc Est. Ces accusations sont jumelles parce que la rivalité est mimétique entre les deux blocs: les Ukrainiens ne sont des "nazis" que dans la mesure où une part importante de cette population veut un rattachement au bloc de l'Ouest, lequel, dans ces zones, fut magnifiquement représenté au milieu du siècle dernier par le nazisme. Pour les dirigeants russes, et même, semble-t-il aussi pour une part importante de la population de la Fédération de Russie, être européiste sur ce limes c'est être nazi puisque le vécu russe de l'européisme dans cette sous-région est historiquement celui du nazisme et de ses politiques ultraviolentes et agressives.

L'impératif d'objectivité et de non-alignement ne doit pas nous faire négliger la perception subjective des événements qui anime leurs protagonistes.
A propos les amis, le missile poutinesque Satan 2 (comme l'appellent les Américains, jamais à court d'idées en matière théologique) a une portée de 10000 km. C'est un peu court pour atteindre les Etats-Unis d'Amérique, par contre, l'Europe...

Vous êtes sûrs que vous voulez la guerre, ou "donner une leçon au dictateur russe" ? Si oui, rassurez-vous: Joe Biden ne risque rien.

Les Occidentaux sont ainsi, il faut que l'adversaire crache le feu le premier, et pour cela, il faut l'y pousser. Après, c'est Armageddon (dernier théâtre supposé de l'affrontement final entre le Bien et le Mal). L'eschatologie chrétienne guide encore l'action militaire de nos chefs d'Etat-major. Pour tout dire, c'est un atout, pour les chefs. Pour le petit peuple sur le terrain, c'est évidemment le carnage rédempteur, aux rivières de sang, apocalyptique à souhait, comme le veut ladite eschatologie.
Toujours et encore les mêmes efforts, assez pitoyables, pour faire avaler une couleuvre de plus en plus indigeste…
Le recours à l'inversion et à la dilution, une pratique marxiste, éculée dans le cas de la réalité d'AUJOURD'HUI: un grand pays envahi son voisin.
Cela rappelle le soutien embarrassé des communistes français à l'accord Staline-Hitler.
Aucune justification n'est acceptable !
Sinon, autant débattre du sexe des anges.
Foi d'un conservateur et souverainiste bon teint.
27 février 2022, 23:52   Le monde comme il est
Absolument d'accord avec M. Tissot. Il est d'ailleurs amusant de constater que ce semble être ceux qui ont été les plus enclins à dédouaner Poutine qui se sont le plus magistralement trompés dans l'interprétation de ses intentions et dans leur analyse projective du cours des événements : la prescience d'un Zemmour confine à cet égard à de véritables dons d'extralucidité.
D'autres, beaucoup plus réservés sur le bonhomme et plus disposés à lui attribuer la responsabilité de ses actes, étaient bien plus sur leurs gardes et ont su en définitive correctement lire les cartes et tirer de justes conclusions : les Américains par exemple.

Toujours est-il que l'image du "tigre" poutinien enfermé dans sa cage me semble être d'emblée totalement erronée : le tigre putatif n'a jamais été enfermé dans aucune cage, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Dès son accession au rang de bête de proie alpha, pour ainsi dire, il n'a eu de cesse qu'une ville de plusieurs centaines de milliers d'habitants ne soit pratiquement rayée de la carte, pour asseoir sa domination. Il n'y a jamais eu aucun "gamin" emmerdeur non plus : le fauve évoluait parmi d'autres fauves, félins de toutes sortes, et tout ce petit monde, feulant fort et rugissant parfois, vivait dans une sorte d'ordre désordonné établi, chacun défendant les siens et voulant s’approprier les plus grasses pitances, comme il est de règle dans le règne animal.
Mais voilà-t-y pas qu'un jour le tigre décide, pour une série infinie de raisons qui font ce qu'il est et dont il est absolument impossible autant qu'inutile de tenter de démêler l'écheveau causal, décide donc de devenir rogue, de déféquer dans les points d'eau communs et d'attaquer un tigreau, tout à sa nature de sale prédateur casse-couilles !
Diable, personne n'apprécie, ça feule de plus belle, et vous allez voir qu'ils vont finir par s'entendre pour foutre en l'air la bête, té... Ils auront bien raison.

J'ai déjà entendu quelques expertes analyses de "géopoliticiens" très patentés, le plus souvent navrantes en fait : Védrine est à son habitude prétentieux et oiseux, à mon sens parfaitement infoutu de voir ce qu'il a sous les yeux ; la conseillère en la matière de Zemmour devrait être remplacée illico. L'excellent Bock a au moins invité une personne qui m'a semblé sensée et informée, penser clairement et offrir une lecture plus probable des choses, Laure Mandeville :
à partir de 12,00'
le tigre putatif n'a jamais été enfermé dans aucune cage, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?



Cette carte des bases américaines est évidemment très incomplète. Rien qu'au Japon, je connais l'emplacement de quatre de plus.

De manière générale, je conseille vivement aux vaillants et virulents géopoliticiens, accusateurs et vilipendeurs du monstre russe, de s'informer sur les promesses de l'OTAN faites en mars 1991 de ne pas s'étendre au-delà de l'Elbe.

Je les engage aussi, mais ça les obligera à une recherche qui pourrait leur être fastidieuse, de s'informer de l'importance stratégique pour les Moscovites de ce qu'on appelle "le pont de Volgograd" entre mer Noire et mer Caspienne, où la ville de Volgograd, théâtre de la bataille de Stalingrad, occupe une position centrale.

Cette petite video devrait les y aider :
[twitter.com]


Cette position est si stratégique pour le sort de toute la Russie que cette ville avait été aussi le théâtre d'une autre bataille, tout aussi décisive en 1569, à ce qui était alors le fort de Tsaritsyn construit par les Russes sur la rive droite de la Basse Volga en 1556, conçu pour défendre aux Ottomans le passage vers l'est:

Profitant du moment favorable, le sultan turc Selim II, en alliance avec son vassal, le Khan de Crimée, décide de s'emparer d'Astrakhan, voire de toute la région de la Basse Volga. Au printemps 1569, son immense armée se déplaça sur des navires et en ordre de marche le long du Don jusqu'à la région de Perevoloki, avec l'intention ensuite de descendre la Volga jusqu'à Astrakhan. Comme l'envoyé du tsar Ivan Petrovich Novosiltsev l'a rapporté en 1570 à Moscou, les troupes turques et de Crimée "ont convergé au-dessus de la rivière Tsaritsyna" (cette rivière formant une île à cet endroit).

[aquamarine-moscow.ru]

Permettez moi de citer une de mes interventions ici du 18 juin 2017:

"on voit que le double verrouillage opéré par les puissances chrétiennes d'Occident (qui barraient aux Ottomans l'accès au Nouveau Monde) d'une part, et par les Moscovites (qui empêchèrent aux Ottomans de faire la liaison avec leurs coreligionnaires sunnites des Etats turkmènes d'Asie centrale en leur rendant tout contournement de la Caspienne impossible) dans ce XVI siècle, d'autre part, fut tel que toutes les victoires militaires de Soliman le Magnifique devaient être sans lendemain et ne rien changer à la donne : c'est à ce double verrouillage opéré au XVIe siècle sur le monde islamique que l'on doit la domination ultérieure de l'Occident chrétien et la floraison des Temps Modernes."

Et pour l'importance historique de ce pont de terre que verrouille Volgograd/Tsarinstyn/Stalingrad:

L'encercleur thalassocrate musulman, qui avait fait de l'océan Indien un "lac arabe" dans les siècles précédents, fut à partir des premières années du XVIe siècle encerclé si durablement que pendant près de cinq siècles ses vainqueurs se représentèrent leur victoire comme définitive et comme l'émanation d'une destinée universaliste manifeste ; la mondialisation du monde se devait d'être son occidentalisation.

[www.in-nocence.org]

Que ce Pont de Volgograd, qui se situe à l'est du territoire ukrainien, vienne à être coupé par la projection de forces étrangères, et la Russie se trouve non seulement étranglée, mais amputée de tout son Caucase ! ce dont ont toujours eu conscience les Moscovites, en 1569 contre les Turcs autant qu'à Stalingrad contre les forces européistes du 3e Reich. Et aujourd'hui, face à l'Otan qui pousse à la roue.
28 février 2022, 19:28   Dispositions assassines
Oui, c'est vraiment étonnant, cet élargissement tous azimuts de l'OTAN ; encore que pour y adhérer, faut-il le vouloir. La Finlande et la Suède semblent vouloir en être et resserrer l'étau : on se demande quelle mouche les a piqués.

J'avais écrit, à propos du visage de Poutine, qu'il avait un air "matois" : non plus : le fait est que j'ai été positivement stupéfié (au vrai, ça m'a carrément foutu les jetons) par son expression lorsqu'il menace de vitrifier quiconque lui causerait la moindre contrariété : on dirait, par moments, une tête bouffie de haine vous soufflant à la gueule les déchets radioactifs de Tchernobyl qu'il vient glorieusement de reconquérir.
"Chieur" n'est plus de mise : ce taré ultradangereux est à éliminer de toute urgence.
Mais dites-moi Alain, une question comme ça, (a just so question, vous qui aimez les colloquialisms anglais) tout ce qu'il y a de plus in-nocent: qu'est-ce qui différencie la stratégie, ou la doctrine d'Israël qui, se jugeant menacé par les mouvements de troupes de l'Egypte, encerclé, bloqué à la suite du blocus du détroit de Tiran, frappe le premier dans la Guerre des Six jours, de ce que vient de faire Poutine ?

Ah oui, j'oubliais ! Israël est un petit pays valeureux, le David de la fable, tandis que la Russie est le Goliath, le Béhémoth contre lequel il est bon de se liguer, où avais-je la tête ! Dans quels errements ma méprise de la théologie peut-elle me conduire !
28 février 2022, 22:05   Speechless
La seule différence notable qu'on pourrait éventuellement relever entre les situations respectives d'Israël face aux pays arabes en 67 et celle du David russe face à la pieuvre ukrainienne actuellement serait que Nasser n'était pas un comique.
Vraiment, il fallait y penser...
28 février 2022, 22:28   Re : Speechless
Bien. Donc, l'OTAN c'est des comiques. J'ai bon ?
28 février 2022, 22:29   Re : Speechless
Cher Pierre Jean, vous avez un message privé.
Je viens d'entendre BHL balayer d'un revers de main toute évocation des causes profondes et préparatoires à l'agression russe (avant cela, il avait estimé que les images de victimes des massacres ukrainiens qui durent dans le Donbass depuis 2014 étaient souvent des faux...). L'urgence, c'est d'arrêter la guerre tout de suite et mettre Poutine hors d'état de nuire. Voilà quelqu'un pour qui passé et futur ont disparu. Le monde n'existe plus qu'au présent. C'est fascinant, quand on connaît son rôle dans la destitution de Kadhafi et la sorte d'enfer dans lesquels ont depuis basculé ce pays, la région et la moitié de la Méditerranée !
Viser une dictature en employant des méthodes dictatoriales. Désolé ! ça me reprend, je cherche des poux à un réel pourtant clair comme de l'eau de roche...

"Les médias russes RT et Sputnik bannis de l'Union européenne dès mercredi.

INFO LE FIGARO - Financés par le Kremlin, ces médias sont considérés par l'Union européenne comme de puissants relais de propagande."
L'Européen écervelé, an-historique, sans mémoire (il est soit-disant germanophone en plus !), se fait remonter les bretelles :
[www.google.com]
01 mars 2022, 19:37   De l'évidence
C'est toujours une question d'identification de l'ennemi : dès lors qu'on en tient un dûment reconnu comme tel, lequel menace d'annihiler son entourage à la moindre avanie, on veut parer la menace et se débarrasser de l'énergumène, pas assister à des cours oiseux d'histoire comparée et de psychologie des profondeurs.
Comme il y a des salauds partout, il peut exister toutes sortes de raisons d'en être devenu un (la plus commune étant peut-être qu'on l'était nativement), aucune d'icelles n'empêchant qu'on en soit un de fait et, pour autant qu'on constitue un danger pour autrui, qu'on soit devenu un ennemi à neutraliser.

En l'occurrence, l'ennemi est redoutable, surarmé de façon alarmante et remarquablement doué pour être sujet aux vexations les plus variées ; pour faire joli on pourrait ajouter le délire obsidional, la soif de puissance et un goût immodéré pour la rancune la plus tenace : débrouillez-vous avec ça , et le brave BHL, cela peut arriver, a bien raison...
"En l'occurrence, l'ennemi est redoutable"

D'après le Pentagone soi-même, le convoi militaire russe en route vers Kiev serait à l'arrêt, faute de carburant et...de nourriture. Communiquer de la sorte est aussi un moyen pour les Américains de marquer que les Russes ne contrôlent en rien l'espace aérien ukrainien. L'état major russe serait en plein doute stratégique quant à la suite conventionnelle à donner à cette opération, opération qui ne peut d'ores et déjà compter sur aucun réserviste, 80% d'entre eux, toujours d'après le Pentagone, souhaitant rentrer au bercail. Bref, tout cela sent la débandade à plein nez. Et si Poutine choisissait le pire, il se dit qu'au Kremlin on le lâcherait pour éviter le moment fatidique. Oligarques et colonels corrompus ne renonceraient pour rien au monde à leurs goinfreries, chalets à Courchevel et belles pépées.
Si tout cela devait se produire, nous devrions nous en féliciter tout en reconnaissant que la post-histoire est notre réalité commune. Une réalité où Zelensky est dit "nouveau Churchill" (BHL).
01 mars 2022, 23:24   Paroles d'experts
D'après Aman soi-même, l'armée russe pourrait hacher menu les principaux centres névralgiques, d'infrastructure et urbains de l'Ukraine en une demi-heure, au plus, en utilisant en fait une très petite partie de la puissance destructrice, conventionnelle bien entendu, dont elle dispose, pour autant que l'ordre en soit donné.
Mais enfin, Pierre Jean, il suffirait de quelques dizaines de chasseurs-bombardiers, d'un tir de missiles un peu plus nourri, d'un peu d'artillerie, et voilà, eh... Il n'est d'ailleurs pas du tout exclu que peu à peu ils y viennent, le plan initial d'une aimable invasion tout en douceur se heurtant à quelques difficultés...

Mais ajoutez à cela que considérée absolument comme puissance militaire, elle dispose aussi du plus impressionnant et sophistiqué arsenal nucléaire, cela comprenant les armes tactiques ; qu'à sa tête il y a un officier supérieur du KGB formé à la meilleure école, c'est-à-dire la pire, qui est tout sauf idiot, ce qui est un formidable euphémisme : ne vous faites pas d'illusions : redoutable, cet ennemi, personne ne voudrait affronter les Russes, s'ils ont la gnaque et sont déterminés à vaincre...

Tout le monde a vu cette séquence incroyable où Poutine tance et humilie publiquement son chef du renseignement, terrorisé ; le chef du renseignement ! Avec de tels rapports avec ses subordonnés, il n'est pas si étonnant que la manœuvre russe soit ralentie, si fondée sur des appréciations tronquées et incomplètes fournies à un autocrate qui ne voudrait pas entendre ce qui irait à l'encontre de son projet.
Cela rend en réalité Poutine encore plus dangereux, car d'autant plus imprévisible...
"Tout le monde a vu cette séquence incroyable où Poutine tance et humilie publiquement son chef du renseignement, terrorisé"

C'est précisément a posteriori de ces rumeurs de possibles révolutions de palais, que j'ai repensé, autrement, à cette scène. "Je soutiens ou je soutiendrai ?!". Il y a bien l'ombre d'un doute parmi le tout premier cercle, et si sur le moment cet homme est effectivement humilié, Poutine, lui, apparaît déjà bien seul et lointain. Depuis, l'isolement contraint est venu s'ajouter à celui, délirant, auquel il se soumet depuis 2 ans et l'arrivée du Covid.
Et je doute qu'aussi seul il puisse, au bord du gouffre, déclencher l'apocalypse.
02 mars 2022, 21:29   Yoplaboum
Je pense au contraire que si l'on porte un regard froid, analytique sur la situation, compte tenu d'un faisceau d'éléments qui pourraient converger comme des éléments épars d'un puzzle pour produire une configuration possible, la probabilité d'un conflit nucléaire n'est plus du tout nulle ou infime, mais a tendance à s'écarter de plus en plus de zéro.
Et plus la probabilité est grande, plus cela peut arriver, n'est-ce pas...

Remarquons que dernièrement certains événements qu'on estimait peu pensables ou imaginables ont une certaine tendance à se réaliser avec une facilité déconcertante : j'avais envisagé naguère que l'épisode du regretté covid, plus inquiétant au départ mais point trop grave apparemment, prenait parfois des allures de "répétition générale" avant une entrée en scène de l'acte véritablement cataclysmique ; cela ne devait pas nécessairement concerner une crise d'ordre sanitaire : dans cette perspective, nous pourrions être servis...


Cast a cold eye
On life, on death.
Horseman, pass by!


William Butler Yeats - Under Ben Bulben
"C'est dans la tête des politiques occidentaux que l'idée d'une guerre nucléaire tourne en permanence et non dans la tête des Russes", a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Par ailleurs, je mets ça là :



Ce rapport secret date de mars 1991. Il y est clairement mentionné le souci d'éviter des réactions "revanchardes" de l'URSS en cas de poussée de l'OTAN vers l'Est, laquelle ne saurait être que source de conflits potentiels.

La formule de Montesquieu s'applique donc parfaitement à la situation que nous vivons, et les états-majors de la coalition atlantiste d'alors en avait pleinement conscience.
Dès 1999, Eltsine, fou de rage devant ces "poussées de l'OTAN vers l'Est", rappelait que la troisième guerre mondiale serait nucléaire (rappel qu'a également effectué Lavrov tout à l'heure).

De nouveau, je vois mal comment on peut réduire des décennies de coups de force russes à des aventures unilatérales assoiffées de sang, sourdes et aveugles aux récurrentes provocations Américaines, l'Europe n'étant en rien indépendante des Etats-Unis en matière de sécurité. Sur ce dernier point, le rôle dont se drape Macron est sincèrement touchant : pour discuter avec Poutine il fait comme s'il n'était pas Président de l'UE, cette UE qui a consenti un effort invraisemblable pour se vider de toute substance politique, il fait comme s'il était le Président de la France d'avant, une réelle puissance militaire et diplomatique, cela afin que la Russie trouve véritablement quelqu'un à qui parler. N'a-t-il pas dit, romantiquement (en vieillissant, il ressemble plus à Chateaubriand et moins à Boris Vian), que la guerre actuelle marquait «un retour brutal du tragique dans l’histoire» ?
03 mars 2022, 13:32   Re : Yoplaboum
Citation
Alain Eytan
Je pense au contraire que si l'on porte un regard froid, analytique sur la situation, compte tenu d'un faisceau d'éléments qui pourraient converger comme des éléments épars d'un puzzle pour produire une configuration possible, la probabilité d'un conflit nucléaire n'est plus du tout nulle ou infime, mais a tendance à s'écarter de plus en plus de zéro.
Et plus la probabilité est grande, plus cela peut arriver, n'est-ce pas...

Remarquons que dernièrement certains événements qu'on estimait peu pensables ou imaginables ont une certaine tendance à se réaliser avec une facilité déconcertante : j'avais envisagé naguère que l'épisode du regretté covid, plus inquiétant au départ mais point trop grave apparemment, prenait parfois des allures de "répétition générale" avant une entrée en scène de l'acte véritablement cataclysmique ; cela ne devait pas nécessairement concerner une crise d'ordre sanitaire : dans cette perspective, nous pourrions être servis...


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Horseman, pass by!


William Butler Yeats - Under Ben Bulben

(Entre nous, je l'aurais mauvaise de me faire atomiser au détour d'une guerre contre l'Ukraine, pays que l'Occident libéral, semble-t-il, ambitionnait de transformer en une sorte de ventre maternelle géant : les trois quarts de ses GPA y étaient en effet pratiquées en 2021...)
03 mars 2022, 19:17   Qu'on se moque de nous
Toujours est-il que l'irruption de la guerre, la vraie, la sale, avec les bombardements, les morts innombrables, les réfugiés, les destins fracassés, la transformation littérale de l'humain en matière indifférenciée à canon, fait apparaître les remplacements petits ou grands somme toute très "petit bras", en regard ; coup dur ; l'ironie de la chose étant que cette guerre soit provoquée en l'occurrence par le régime qui était pratiquement promu en modèle pour se prémunir de ces derniers. C'est en somme se payer le luxe de jouir du plus grand malheur pour avoir voulu échapper au moindre.
03 mars 2022, 19:21   Mouvement d'humeur
Ce Lavrov à tête de Frankenstein à lunettes commence vraiment à nous les casser avec sa manie d'agiter au-dessus de nos têtes la menace de la guerre mondiale et nucléaire ; à force, il va finir par s'en prendre une sur la tronche et ce sera bien fait.
Alors que l’invasion russe de l’Ukraine en est à son quinzième jour, le 10 mars est aussi la date anniversaire, douloureuse, du soulèvement pacifique des Tibétains, qui ont protesté contre l’invasion chinoise et la répression féroce de l’armée d’occupation qui s’est abattue sur eux le 10 mars 1959. Dans le sillage de cette tragédie, le Dalaï-Lama s’est exilé en Inde, suivi par des milliers de Tibétains.
Espérons que l'Ukraine ne subisse pas le même funeste sort que celui du Tibet colonisé.
15 mars 2022, 13:40   2015
Extrait d'un entretien entre Michel Houellebecq, Marin de Viry et Valérie Toranian, publié en 2015 dans la Revue des deux mondes :

La revue :
Mais le nationalisme collectif qu'on voit par exemple en Chine ou en Russie, c'est un état d'esprit différent de l'anomie occidentale. Le rapport entre l'individu et la collectivité n'est pas un rapport de sécession, de désintérêt, d'intransitivité...

M.H :
Franchement, je n'en sais trop rien. En Russie, ils ne produisent pas grand-chose. Ils sont patriotes, ils aiment beaucoup leur président. C'est un peu étrange. En général, on cesse d'être patriote quand son pays a exagéré. En France, il a fallu une guerre. En Allemagne, il en a fallu deux pour cesser d'être patriote. En Russie, ils n'en ont eu qu'une. Ils ont donné beaucoup de sang. Peut-être qu'il leur en faudrait une deuxième pour qu'ils cessent d'être patriotes.
20 mars 2022, 22:42   31
Etrange en effet ; Houellebecq doit avoir une lecture de l'histoire tout à lui, minimaliste, décapante comme un rasoir d’Ockham :  un recensement wikipédien des guerres de la Russie, sous toutes ses moutures politiques, en dénombre à partir du siècle dernier 31, l'actuelle comprise.
A ce compte, le patriotisme des Russes doit être d'airain, ou d'aveuglement, c'est pain bénit pour les plus flamboyantes crapules de l'histoire.

Jadis, je crois me souvenir que Houellebecq était copain comme cochon avec BHL, ils ont même me semble-t-il commis un livre ensemble, un recueil de correspondance ou ne je ne sais ; c'était avant sa transformation physique, certes.
A l'époque j'en retirai l'impression que le grand écrivain (H) était une sorte de squatteur des nations, apatride fortuné qui considérait les pays, je cite de mémoire, comme "des hôtels plus ou moins confortables, p'tit-dèj compris", qu'on pouvait en changer, selon l'humeur et les menus y proposés, et surtout, qu'il était absolument inacceptable, effarant, que l'un de ces établissements demandât à ses hôtes d'être prêts à mourir pour lui : on n'a pas idée d'aller au casse-pipe pour un hôtel, voyons.
Comme le temps passe...
Citation
Alain Eytan
Toujours est-il que l'irruption de la guerre, la vraie, la sale, avec les bombardements, les morts innombrables, les réfugiés, les destins fracassés, la transformation littérale de l'humain en matière indifférenciée à canon, fait apparaître les remplacements petits ou grands somme toute très "petit bras", en regard ; coup dur ; l'ironie de la chose étant que cette guerre soit provoquée en l'occurrence par le régime qui était pratiquement promu en modèle pour se prémunir de ces derniers. C'est en somme se payer le luxe de jouir du plus grand malheur pour avoir voulu échapper au moindre.

"Les morts innombrables". Je duplique ici les interrogations de Luc Ferry, hier, sur LCI : quelqu'un dispose-t-il d'un bilan réel du nombre de victimes près d'un mois après le début de l'agression russe ? Les reporters de guerre disent à l'unisson que les autorités ukrainiennes ne communiquent pas sur cette question. Un correspondant disait samedi que, dix jours après son arrivée dans le Sud-Ouest du pays, il avait enfilé son gilet pare-balles pour la première fois.

Luc Ferry à cette andouille macronienne de Cohn-Bendit : "Non ! Marioupol ce n'est pas Grozny... Et si la Russie avait voulu écraser le pays elle l'aurait fait depuis belle lurette". Pour l'heure, c'est un fait, Poutine ne massacre pas aveuglément et ne génocide rien du tout. Une mort civile et innocente est un scandale mais 100 morts, ce n'est pas 10 000 morts, 50 000 morts, 100 000 morts. Ce n'est pas Guernica ou Dresde.

Bref, once again : pourquoi Kiev ne donne-t-elle pas de bilan précis ? Le théâtre de Marioupol, par exemple, bombardé par les Russes, dit-on, alors que s'y étaient réfugiés "des centaines d'habitants de la ville " : [fr.wikipedia.org]
- Le conseil municipal de la ville a déclaré que “Selon des informations préliminaires, il n’y a pas de morts. Mais il y a des informations sur une personne très grièvement blessée".

Cette personne blessée est depuis décédée. Le bilan serait donc de un mort. Voilà la sorte de crimes de guerre dont on accuse, à ce stade, la Russie.
21 mars 2022, 19:18   Peut mieux faire
Un mort ??? C'est extraordinaire, quand même...

Oh, écoutez, au hasard : « Cible des frappes russes depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022, la ville portuaire de Marioupol au sud-est du pays est considérablement endommagée. Maternité, théâtre, logements… Selon les autorités locales, près de 80 % des infrastructures de la ville ont été détruites et près de 2 100 personnes ont perdu la vie, selon Kiev. »

Cette ville se rapprocherait le plus de ce à quoi peut ressembler une ville dévastée par la guerre et des bombardements incessants, mais je veux bien que cela ne vous suffise pas : si les Russes peuvent effectivement tout raser, dans toute l'Ukraine, et qu'ils ne le font pas encore, du moins pas partout, c'est que, ma foi, ça va, on ne va pas se plaindre...

Il vous faut absolument un bilan précis, pour que la catastrophe que constitue la guerre, subie par une population qui à peu de choses près vivait comme vous et moi, soit réelle, avérée, incontestable ?
Bon, après tout, ce n'est pas fini...
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