Le site du parti de l'In-nocence

Percer la démarche qui sous-tend le transhumanisme...

Envoyé par Francis Marche 
à mon sens, le Dr Zelenko y est parvenu, ou en est très près.

Ce qu'il dit dans cette vidéo est fort simple : l'absence de croyance, même ténue, en une vie éternelle, contraint à la recherche de "solutions d'éternité" dans l'ici-bas (et cela n'a rien de particulièrement nouveau ni d'original, les empereurs chinois, par exemple, faisant l'impasse de la transcendance, engloutissaient des ressources immenses dans la recherche d'elixirs d'immortalité).

La préservation du corps vivant, sa modification volontaire, contrôlée par d'autres humains que soi et à eux asservie (surtout pas à Dieu puisque Il n'existe pas), puis la recherche de la maîtrise engenderesse du vivant, dont l'origine ne saurait être divine, conduisent, dans ces deux temps, au culte du corps éternel livré à l'attention exclusive de l'ingénieur.

Qui dit culte dit rituels, lesquels viennent logiquement se substituer, dans la forme et au plan symbolique, aux rites des religions transcendantes (le vaccin comme nouveau baptême, l'instauration d'un clergé en blouse blanche, etc.), et qui dit rituels dit prêtrise suprême, pontificat (K. Schwab). Il y a une dimension grand'guinolesque, ubuesque, à tout ça, bien entendu, mais les ouailles du culte transhumaniste nouveau s'en accommodent fort bien dès lors qu'est universellement admise la Mort de Dieu (dont Camus nous entretient dans les premières pages de La Dépossession, non sans pertinence).

Trois minutes de Zelenko qui rejoignent et disent cela sans ambages, ni détours ou retenue:

[twitter.com]

Une idée qui traverse l'esprit du croyant très imparfait que je suis: il faudrait laisser pascaliennement entrouverte l'hypothèse divine, comme une porte, de manière au moins à ne rien livrer de total aux sales apprentis sorciers -- lesquels vont jusqu'à déclarer que la création de la vie ne leur pose aucune difficulté technique particulière -- qui nous dominent de leurs ambitions ou aspirent à faire de nous (corps et âme) leurs jouets.
Après tout Voltaire croyait en Dieu

La porte de l'issue de secours se doit de demeurer entr'ouverte, afin de pouvoir s'échapper plus commodément de l'enfer.

Les choses ont commencé à gravement mal tourner, en France, peut-être avec la Commune de Paris, et Louise Michel, qui signa ceci:

« Nous sommes Athées, parce que l’homme ne sera jamais libre, tant qu’il n’aura pas chassé Dieu de son intelligence et de sa raison.

Produit de la vision de l’inconnu, créée par l’ignorance, exploitée par l’intrigue et subie par l’imbécillité cette notion monstrueuse d’un être, d’un principe en dehors du monde et de l’homme, forme la trame de toutes les misères dans lesquelles s’est débattue l’humanité, et constitue l’obstacle principal à son affranchissement. Tant que la vision mystique de la divinité obscurcira le monde, l’homme ne pourra ni le connaître ni le posséder ; au lieu de la science et du bonheur, il n’y trouvera que l’esclavage de la misère et de l’ignorance.

C’est en vertu de cette idée d’un être en dehors du monde et le gouvernant, que se sont produites toutes les formes de servitude morale et sociale : religions, despotismes, propriété, classes, sous lesquelles gémit et saigne l’humanité.
Expulser Dieu du domaine de la connaissance, l’expulser de la société, est la loi pour l’homme s’il veut arriver à la science, s’il veut réaliser le but de la Révolution.

Il faut nier cette erreur génératrice de toutes les autres, car c’est par elle que depuis des siècles l’homme est courbé, enchaîné, spolié, martyrisé.

Que la Commune débarrasse à jamais l’humanité de ce spectre de ses misères passées, de cette cause de ses misères présentes.
"

Où l'on voit que, décidément, la Science et son petit frère "le bonheur" schwabien ("vous n'aurez rien et serez heureux") devaient tuer Dieu pour s'imposer, dès 1871, soit une décennie avant la Mort de Dieu annoncée à l'aphorisme 108 du Gai Savoir.

Chassez Dieu (c'est le terme qu'emploie Louise Michel) par la grande porte, et voici Satan, en costume "2001 Odyssée de l'espace", qui fait irruption par la fenêtre, avec son crâne en pain de sucre et sa dentition inhumaine.

Savoir négocier sagement, composer philosophiquement, stoïquement, avec ces deux monstres, voilà ce que l'Occident, en 2022, a encore à apprendre.
Un raccourci outrancier mais parlant, corrélatif à ce texte prodigieux de Louise Michel:

il aura donc fallu le désastre de Sedan, de septembre 1870, pour que, un an plus tard, sous la plume de la communarde anarchiste (plume de respectable tenue, au demeurant), on voie se profiler, de manière articulée, la nécessaire mort de Dieu, autrement dit, les prémisses du totalitarisme, celui-là même qui fait d'une puissance militaire morte (la France dans ce moment) un monolithe millénariste dans lequel se pétrifient les notions disparates de science, de bonheur et d'affranchissement séculier et politique.

La naissance du totalitarisme moderne, induite par un séisme militaire qui mit bas une des plus puissantes nations du monde civilisé, pourrait être à dater de ce temps, où il fut, à Paris, dans la France défaite par le Prussien, envisagé pour de bon, décidé, d'éradiquer Dieu et la spiritualité afin de promouvoir à toute force l'intelligence artificielle (autre nom de "la science") et d'adhérer à la promesse d'une félicité éternelle dans l'ici-bas qui ne devrait rien à personne d'autre que celui ou celle qui en osa l'idée.

Le léninisme en Russie, triomphe de l'athéisme et du matérialisme, fut lui aussi l'enfant d'une défaite militaire de cette grande nation.

Et l'Allemagne des années 1918-1919, avec Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, faillirent connaître le même sort à l'issue de sa défaite face à la France et ses alliés dans la première Guerre mondiale.

Grande illusion des perdants de l'histoire qui "font tapis" comme à une table de jeu, en poussant Dieu, la spiritualité et le mystère devant le râteau du croupier du casino cosmique, dans l'espoir fou de "se refaire".
Je vous ai cité Louise Michel en 1871, il est temps de revenir à nos moutons, ou plus exactement à leurs bergers, et à l'un d'eux, chien courant de Klaus Schwab, aux dents plus longues encore que son maître, et qui répond au doux nom de Yuval Noah Harari:

"Humans are now hackable animals. The whole idea that humans have this "soul" or "spirit", and nobody knows what happens inside them, and they have free will -- that's over"

(Les humains sont désormais des animaux dont on peut prendre le contrôle comme les hackers des ordinateurs. Toute cette idée que les humains ont cette chose qu'on appelle "âme" ou "esprit", et que personne ne sait ce qui se passe en leur intérieur, et qu'ils sont dotés d'un libre arbitre, tout ça est révolu)

Dès que l'hypothèse de l'âme est posée, celle de son immortalité, de sa "vie éternelle" ne peut être réglée, éliminée rationnellement, écartée par une démonstration "scientifique". L'âme devient gênante car elle se pose en retrait de l'accessible, de tout l'existant accessible à l'ingénieur, au hacker. Pis encore: si son immortalité ne peut être écartée, voici que l'enveloppe charnelle livrée à l'ingénieur, forte aussi de tout son appareil génétique et ses puissances auto-engenderesses, devient relativisable, privée d'absolu.

Il importe donc, politiquement, d'éliminer l'âme en en niant l'hypothèse, seule condition pour que l'Ingénieur accède à la toute puissance démiurgique et le corps à son auto-reconduction, son clonage de caisse enregistreuse dans laquelle les attributs seront téléchargeables (lls appellent cela internet des corps).

Et toute cette construction, politiquement savante, s'effondre si l'âme, l'invisible, persiste comme hypothèse.

Louise Michel avait compris que l'emprise totalitaire (le bonheur organisé, "bonheur" est bien le terme qu'elle emploie), et la toute puissance de la Science, ne pouvaient faire l'économie de la mort de Dieu, ou de son expulsion dans le Désert ("chasser Dieu" disait-elle); Davos, que Dieu ne gêne plus (le pape François leur mange dans la main), reste embêté par le pneuma comme le Diable par un caillou dans sa chaussure.

La citation de Yuval Noah Hariri:

[edition.cnn.com]
Merci à Francis d'avoir donné le lien de l'intégralité de l'entretien. J'ai donc pris la peine d'écouter les propos de cet homme et, ma foi, j'y ai plus entendu un descriptif de la situation technologique du moment telle qu'elle lui semble se présenter, que l'expression d'un enthousiasme. Si, en effet, il prétend que "les humains sont désormais des animaux etc", il m'a semblé que c'était plutôt sous la forme d'un constat sur l'air "ne nous faisons pas d'illusion" et non pour s'en féliciter, plutôt pour mettre en garde contre cette évolution sur laquelle il estime qu'on ne reviendra pas et qu'il faut veiller à contrôler. Le reste de son propos est à l'avenant quant aux dangers que fait courir à l'homme les prodigieux progrès de l'Intelligence Artificielle (dangers d'ailleurs illustrés par des images d'Epinal de Staline, Kim Jon Un, Poutine, XI Jin Pin, Trump - et à cela on peut sourire comme si les démocraties étaient à l'abri...) Apothéose du lieu commun, l'idée selon laquelle les hommes ont désormais la puissance de transformer la vie en Enfer ou Paradis...
Une chose m'a amusé, c'est quand il déclare qu'il ne faudrait pas sous-estimer la stupidité des hommes. Personnellement, j'ai parfois le sentiment que c'est précisément l'irréductible stupidité humaine qui empêchera que le délire transhumaniste ne finisse par triompher...
Personnellement, j'ai parfois le sentiment que c'est précisément l'irréductible stupidité humaine qui empêchera que le délire transhumaniste ne finisse par triompher...

Bien vu ! En effet, le transhumanisme pourrait bien être hors d'atteinte intellectuelle pour le gros des hommes. Sur le marché des doctrines du "bonheur" et de la purification lustrale qui veulent la peau de l'Homme, il a en outre fort à faire avec l'islam, sa conversion en un claquement de doigt, ses captivants accents apocalyptiques... Néanmoins, gare aux prodiges d'intoxication dont sont capables les chantres du transhumanisme figurant dans les différentes publications ci-dessus !
C'est précisément l'irréductible stupidité humaine qui, loin de l'empêcher, a favorisé l'acceptation, sans barguigner, d'une thérapie génique de masse pour le moins hasardeuse.
L'irréductible stupidité humaine est une arme à double tranchant (elle n'est pas la seule, l'alcool, les femmes, les enfants dans la vie de l'homme, le sont tout autant):

Elle permet l'acceptation de l'impossible, l'acquiescement à l'inacceptable, mais, d'autre part, son épaisseur la rend imprévisible et indocile aux calculs des maîtres.

Au fond, sa nature "à double tranchant", rapproche "l'irréductible stupidité humaine" de ... la techno-science, critiquée pour sa magistrale ambivalence dans ses rapports au Bien et au Mal !
19 mars 2022, 01:17   Mystère et boule de gomme
Je me demande où cet Israélien a-t-il pris que les concept d'âme ou d'esprit seraient obsolètes et dorénavant inutiles, voire de part en part percés à jour : entendue même dans un sens tout à fait temporel et non expressément religieux, l'âme n'a du reste rien d'une "hypothèse", si elle désigne généralement la psyché humaine, ou l'ensemble des états mentaux subjectifs qu'on appelle aussi "conscience phénoménale". L'existence de ceux-ci n'est tout simplement pas révocable en doute, pour autant que quiconque puisse dire "je" et ressentir et se représenter quelque chose, c'est même la chose la plus immédiatement évidente pour chacun de nous.
Or, jusqu'à plus ample informé, la nature et le mode opératoire de cette boîte noire appelée "esprit" demeurent intégralement mystérieux, parce que ce qu'on a raison de nommer "problème corps-esprit" n'a reçu aucune forme de réponse satisfaisante et l'énigme reste entière : on ne peut toujours pas rendre compte de l'effet que cela fait de ressentir, se représenter ou penser quelque chose, en termes physicalistes ou neurophysiologiques, et entre un certain état matériel du cerveau et même la sensation la plus élémentaire, pourvu qu'elle soit éprouvée comme contenu subjectif, le fossé demeure infranchissable. C'est bien l'une des raisons pour lesquelles les "machines intelligentes" sont encore si bêtes, car personne n'a la moindre idée de la façon de produire artificiellement et à volonté un processus mental subjectif conscient donné, comme par exemple ce contenu de pensée : "hackable man, my ass !"

Inutile donc d'invoquer nécessairement la bêtise, ou Dieu, ou le diable après tout, pour la sauvegarde de l'âme : l'incomplétude foncière et probablement intrinsèque de la science y pourvoit encore très largement.

Soit dit en passant, je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles la foi ne se décide ni ne se décrète volontairement et rationnellement et que le "sentiment religieux" ne peut être le résultat d’un calcul ou d’un raisonnement (toujours fallacieux) posé en des termes quasi utilitaristes (il faudrait croire (en quelque chose) sans quoi notre pauvre monde irait à vau-l’eau), comme le problème semble avoir été posé par Francis plus haut...
C'est à dire qu'il y a une dissymétrie constitutive, un déséquilibre ontologique entre le fait de croire spontanément, d'éprouver le "sentiment religieux" qui n'est asservi à aucun calcul (si ce n'est le calcul comptable et pharisien de l'achat de grâces ou de la vie éternelle par l'exercice de la piété ici-bas, mais déjà, dans ce calcul, la foi véritable n'est plus) d'une part et d'autre part, le cheminement intellectuel d'une Louise Michel ou d'un Nietzsche qui raisonnent vers l'athéïsme et peuvent, par ces moyens, vaincre l'élan de la foi.

Il faudrait peut-être (car là encore il s'agit d'une hypothèse), rétablir un peu d'équité dans ce combat en donnant à la foi des armes utilitaristes de la raison, venir à la foi par sagesse politique et philosophique, cas que l'on trouve chez certains scientifiques actuels de haute volée (des astrophysiciens notamment, ou des physiciens des mondes quantiques, ou au XIXe siècle, chez le mathématicien français Cauchy) mais qui est une proposition que le biologiste, petit coq sûr de lui, faustien en diable, et voulant méconnaître les limites de sa science, méprise encore profondément.

J'ai toujours pensé que la biologie était une science très inférieure aux autres. Je retrouve cela dans cette considération.
Il arrive aussi que l'irréductible stupidité humaine, et politique, flagorne devant le Pouvoir au point de faire paraître fade la pièce d'Alfred Jarry Ubu Roi:

Citation
Alain Eytan
Je me demande où cet Israélien a-t-il pris que les concept d'âme ou d'esprit seraient obsolètes et dorénavant inutiles, voire de part en part percés à jour : entendue même dans un sens tout à fait temporel et non expressément religieux, l'âme n'a du reste rien d'une "hypothèse", si elle désigne généralement la psyché humaine, ou l'ensemble des états mentaux subjectifs qu'on appelle aussi "conscience phénoménale". L'existence de ceux-ci n'est tout simplement pas révocable en doute, pour autant que quiconque puisse dire "je" et ressentir et se représenter quelque chose, c'est même la chose la plus immédiatement évidente pour chacun de nous.
Or, jusqu'à plus ample informé, la nature et le mode opératoire de cette boîte noire appelée "esprit" demeurent intégralement mystérieux, parce que ce qu'on a raison de nommer "problème corps-esprit" n'a reçu aucune forme de réponse satisfaisante et l'énigme reste entière : on ne peut toujours pas rendre compte de l'effet que cela fait de ressentir, se représenter ou penser quelque chose, en termes physicalistes ou neurophysiologiques, et entre un certain état matériel du cerveau et même la sensation la plus élémentaire, pourvu qu'elle soit éprouvée comme contenu subjectif, le fossé demeure infranchissable. C'est bien l'une des raisons pour lesquelles les "machines intelligentes" sont encore si bêtes, car personne n'a la moindre idée de la façon de produire artificiellement et à volonté un processus mental subjectif conscient donné, comme par exemple ce contenu de pensée : "hackable man, my ass !"

Inutile donc d'invoquer nécessairement la bêtise, ou Dieu, ou le diable après tout, pour la sauvegarde de l'âme : l'incomplétude foncière et probablement intrinsèque de la science y pourvoit encore très largement.

Soit dit en passant, je crois que c'est l'une des raisons pour lesquelles la foi ne se décide ni ne se décrète volontairement et rationnellement et que le "sentiment religieux" ne peut être le résultat d’un calcul ou d’un raisonnement (toujours fallacieux) posé en des termes quasi utilitaristes (il faudrait croire (en quelque chose) sans quoi notre pauvre monde irait à vau-l’eau), comme le problème semble avoir été posé par Francis plus haut...

C'est l'état de l'âme, frappée d'inanition, qui justifie qu'on puisse la considérer comme inutile (Ruyer disait que l'âme a besoin de vénération et de dévouement). Le transhumanisme ne fait pas qu'acter la réalisation de l'inhumanité par dessèchement des âmes : il entend tirer profit de ce moment anthropologique d'annulation de l'homme par les idéologies qui lui ont préparé le terrain pour prospérer.
Citation
Francis Marche
Il arrive aussi que l'irréductible stupidité humaine, et politique, flagorne devant le Pouvoir au point de faire paraître fade la pièce d'Alfred Jarry Ubu Roi:


Ne me demandez pas pourquoi mais cela me fait associer sur les noms de pavillons d'un hôpital psychiatrique de Toulouse : Antonin Artaud et Camille Claudel, soit deux suppliciés de la psychiatrie asilaire ! Bêtise, méchanceté, humour diabolique, qui sait...
La question de l'âme et de ce qui la met aujourd'hui en péril, et nous met en péril, faut-il le préciser, pourrait légitimement être posée de la manière la plus technique qui soit, dans les termes qu'emploie le fabricant de câbles composites: la section du câble la plus interne, enfouie, inaccessible tout ce qui peut lui nuire, se nomme, chez ces industriels, l'âme.

Chaque câble a son âme, en son lointain intérieur, essentielle à sa fonction, à sa raison d'être. Chaque cellule des tissus organiques a son noyau, qui par ses ressources, génétiques, chimiques, quantiques et que sais-je, lui assure sa part d'autonomie, et jusqu'à la paramécie, créature monocellulaire qui n'est élément d'aucune histologie et dont l'autonomie, la conscience de soi, est attestée.

Il n'y a pas de "pas d'âme" dans le vivant ou même dans les objets complexes de l'industrie. Quand l'âme est absente, c'est qu'elle est à l'extérieur de l'objet, ou de ce qui est vu pour tel, ou à l'extérieur de l'être ou élément animé (l'âme de ma main n'est pas dans ma main, ni celle de mon fémur ou de mon foie dans mon fémur ou dans mon foie). Dès lors, un soupçon s'éveille: ceux qui prêchent l'absence d'âme prêchent positivement pour une âme extérieure au sujet, soit la pire forme d'aliénation.

La question des Lumières devrait se poser: si je suis dans les ténèbres et que j'attends que me vienne une lumière extérieure à mon être, cette lumière figurera mon âme mais elle sera extérieure à moi et se posera en négation de mon autonomie. C'est la problématique du sac de farine : le sac de farine, à la différence du grain de blé, est un grand sans âme, au sens le plus immanent et matérialiste du terme, il n'est que matière homogène, dépourvu d'un noyau d'autonomie, ingrédient à pâte, elle-même matière à pétrir et façonner.

Encore une fois, l'absence d'âme est une aporie, une radicale impossibilité, et ce n'est pas par argument en faveur d'une transcendance, par un "biais transcendant", qu'il en est ainsi mais bien parce que l'âme, si elle est donnée pour absente, ne l'est que par sa position extérieure au sujet (lequel en devient objet) et que ce statut d'extériorité est au prix de l'autonomie du sujet, devenu jouet de marionnettiste.

Cela peut paraître sans grand rapport avec tout le ramdam davosien, pourtant, cette considération est à la racine de tout les maux qui naissent du rapport que nous entretenons avec les décideurs, les artisans faustiens d'une anthropologie nouvelle, celle du bonheur fabriqué et de l'enfer de la dépendance dans laquelle l'homme matière indifférenciée (l'homme non œuvrant, désoeuvré, mais ouvré comme farine !) s'achemine sous la conduite de ces monstres.

La vision chrétienne de l'âme, contraire à celle des Lumières (apportées de l'extérieur) est représentée par le coeur battant du Christ qui saigne et se défend à l'intérieur du corps chrétien. Ce schéma paraît davantage conforme à l'ordre du vivant, dans lequel chaque cellule possède un cœur, centre de commandement de son autonomie, même relative, et tourne le dos (comme jadis le prêtre au moment de l'élévation) au principe du sac de farine qu'une entité démiurgique et vétérotestamentaire (et aujourd'hui franc-maçonne) éclaire, manipule, et pétrit.
20 mars 2022, 01:44   Un éclairage fait maison
Je veux bien accorder à la paramécie une "autonomie", et même des façons élémentaires de "représentations", si l'on entend par là une interface spécifique entre un milieu et le type de réactions idoines à de certaines informations que la chose aura réussi à glaner du premier, mais de là à lui attribuer comme un fait attesté la conscience de soi, vous allez vite en besogne.

Disons très rapidement (en un sens assez kantien il est vrai) que pour avoir une conscience de soi, il ne suffit pas d'avoir des représentations — une façon de projeter "en soi" l'information considérée comme objet des sens (externes ou internes) —, mais il faut en outre posséder la capacité de se représenter l'ensemble de ces représentations comme appartenant au soi qui se les représente : le "je" de la conscience réflexive, qui n’est lui-même constitué comme tel que par cette opération de liaison du divers des représentations au "même" qu’il est.

Cette opération, non du Saint-Esprit, mais de l’esprit tout humain qui se crée lui-même par l’effectuation tout unitaire de cette opération (Kant a appelé cela unité originairement synthétique de l’aperception), est du reste ce qui sacralise aux yeux du même Kant l’homme qui la réalise, et l’âme y gagnée par ses propres moyens est littéralement ce qui lui ouvre, ultérieurement seulement, la porte du Ciel.

La paramécie est sans aucun doute un être très estimable (beau regard aux cils innombrables), mais l’on peut raisonnablement douter qu’elle possède cette faculté réflexive, fruit d’une hyper-complexification apparamment graduée du vivant.

Quoi qu’il en soit, de Kant aux Lumières il n’y a qu’un pas : à mon sens, vous faites un contresens terrible dans la compréhension d’icelles : ce n’est pas la lumière qui est l’âme, puisqu’elle n’est qu’un effet d’un mécanisme intérieur, recentré, tout condensé dans l’homme, qui est censé éclairer le monde comme une torche éclairerait la pénombre : l’âme, en l’occurrence, c’est la torche, la source produisant la lumière vers l'extérieur, pas la lumière elle-même.
Enfin…
20 mars 2022, 09:53   Le songe de Francion
"Il me mena jusques à un grand bassin de cristal où je vy une certaine liqueur blanche comme savon. Quand je luy eus demandé ce que c’estoit, il me respondit, c’est la matière des ames des mortels dont la vostre est composée. Une infinité de petits garçons aislez pas plus grands que le doigt voloient au dessus, et y ayant trempé un festu, s’en retournoient je ne scay où. Mon conducteur plus sçavant que je ne pensois, m’apprist que c’estoeint des génies qui avec leur chalumeau alloient souffler des ames dans les matrices des femmes, tandis qu’elles dormoient, dix huit jours après qu’elles avoient receu la semence, et que tant plus ils prenoient de matière, tant plus l’enfant qu’ils avoeint le soing de faire naistre, seroit plein de jugement et de générosité. Je luy demanday à ceste heure là pourquoy les sentiments et les défauts des hommes sont tous divers, veu que leurs ames sont toutes composées de mesme estoffe. Sçachez, me respondit-il, que cette matière cy est faite des excrements des Dieux qui ne s’accordent pas bien ensemble, de sorte que ce qui sort de leurs corps garde encore des inclinations à la guerre éternelle."

Charles Sorel – Histoire comique de Francion (1623)
Citation
Pierre Jean Comolli
Citation
Francis Marche
Il arrive aussi que l'irréductible stupidité humaine, et politique, flagorne devant le Pouvoir au point de faire paraître fade la pièce d'Alfred Jarry Ubu Roi:


Ne me demandez pas pourquoi mais cela me fait associer sur les noms de pavillons d'un hôpital psychiatrique de Toulouse : Antonin Artaud et Camille Claudel, soit deux suppliciés de la psychiatrie asilaire ! Bêtise, méchanceté, humour diabolique, qui sait...

Associer... Difficile de ne pas s'assujettir à certains signifiants quand on vous brandit une telle image :



Je trouve qu'elle a une drôle de forme cette "jonquille jaune contre le cancer". Puis la jonquille peut être blanche ou rouge...
Là-dessus, entendre une experte de l'Ukraine dire que Poutine croit très probablement qu'il faut en effet dénazifier l'Europe, après un propos sans intérêt de Kouchner ("Comment peut-on mentir autant et être aussi dégueulasse ?"), pourtant ancien chef du Quai d'Orsay... Poutine voit l'Europe d'aujourd'hui nazie, ce qui le pousse à bombarder sans merci l'Ukraine et cela ne suscite aucun commentaire ! On préfère lui trouver des maladies mentales ou dire de lui que c'est un gros con. Au moins sur ce forum a-t-on pu débattre de cette idée tout de même étonnante d'une Europe toujours nazie, autrement nazie, certes, mais toujours nazie.
20 mars 2022, 21:47   Anamorphoses
» Le transhumanisme ne fait pas qu'acter la réalisation de l'inhumanité par dessèchement

Encore heureux, espérons que l'actation pourra même produire l'effet inverse...

J'aime aussi beaucoup ce "Europe toujours nazie, autrement nazie, certes, mais toujours nazie" : c'est un peu l'inverse du message de cette pub pour le Canada dry, en somme : ça y ressemble, ça sent pareil, on dirait que c'est ça, mais non, au fond, ça ne l'est pas. Hé bé. Le Kanada servait surtout à entreposer les effets personnels des arrivants à Auschwitz, du reste.
Mais il y a trente six façons d'être nazi ; un peu, beaucoup, à la folie, etc.
Intéressant ça, il faudrait développer...

Non, sérieusement, à force de produire des argumentaires qui ne font que reprendre mot à mot les thèmes de ceux du camp d'en face, par strict effet de miroir et inversion spéculaire, on finit forcément par obtenir une image tellement déformée qu'on n'y entend plus rien, que cela ne ressemble plus à rien...
Que voulez-vous, c'est le réel actuel, plus indéchiffrable que jamais, profusion anarchique et miroitante de symboles équivoques, mélange infernal d'affects et entrechoquements de discours, qui déboussole la pensée et peut, il est vrai, faire dire n'importe quoi...

Il s'en passe de belles, ce qui force certains tempéraments à associer à l'emporte-pièce. Ce n'est pas le moyen le plus sûr et efficace de raisonner ? Je n'en sais rien. Une certaine ivresse spéculative, le "raisonnement sophistique" (Bouveresse) et des hypothèses à tout-va situent-ils si loin que cela de la vérité ?

Mais enfin, lire ce qu'a dit la semaine dernière le patriarche de l'église orthodoxe russe sur l'Occident dégénéré et apprendre, pas plus tard que ce matin, d'un ami proche de ce genre de dossiers municipaux que la Ville de Marseille, de gauche, souhaitait organiser la même semaine le salon du chanvre et du CBD et celui dit de l'érotisme, eh bien ça m'a fiché un coup. Et mon côté fada m'a rattrapé, me faisant bêtement souhaiter que la mairie se prenne un missile hypersonique dans la gueule !
21 mars 2022, 23:54   Nostalgie
» souhaitait organiser la même semaine le salon du chanvre et du CBD et celui dit de l'érotisme

C'est, en effet, un choix de civilisation : d'aucuns, et non des moindres, peuvent considérer qu'il n'y a en définitive rien de plus, de mieux en ce monde que baiser folâtrement après avoir fumé un pétard (ah les beaux jours), d'autres, comme votre patriarche, préfèrent virilement cavalcader dans des chars en Z, tirer des obus sur des immeubles et se faire pilonner par des drones turcs.
Vous considérez donc la "civilisation du cul" (Godard) non pas comme une abomination, à mon sens autrement plus destructrice que les bombes russes et les-violations-des-droits-de-l'homme de tous les non-alignés de la Terre, mais comme un temps stable, lumineux, d'épanouissement de l'espèce humaine ? Très bien, à chacun sa perspective après tout. Mais pourquoi songer qu'il n'y aurait d'alternative à ce ridicule enfer culturel que les agressions meurtrières d'un Poutine et de son patriarche ? Les sociétés les plus civilisées ne sauraient-elles plus se purger elles-mêmes, surmonter toutes seules leurs crises ? Cela semble être le cas des sociétés occidentales, qui organisent l'annulation de leur passé et le remplacement de leurs populations par de quasi sauvages, se vident l'esprit, s'obsèdent de leur corps, s'abrutissent au shit et aux barbituriques, se harcèlent, s'entremassacrent, se suicident, etc...(L'usage suave et maitrisé des plaisirs, semble-t-il, n'appartient toujours pas au plus grand nombre.) Mais s'indigner quand d'autres civilisations lèvent des armées d'anticorps et brandissent des crucifix à la barbe de ce qui leur apparaît comme un satanisme contagieux, en faisant semblant de ne pas comprendre, c'est un peu fort de café.
Où Kadhafi et Poutine furent-ils reçus lors de leur visite en France ? À Versailles, qui, bientôt, sera le tombeau muséal de la France d'avant. Tout cela n'est pas innocent, surtout quand on prend la mesure de ce qu'est la France d'aujourd'hui, 1) réduite aux premiers stades de la libido et 2) à l'inceste larvée :

1) [www.leparisien.fr]

2) [www.laprovence.com]
L'évolution des salons serait très indicative de ce passage de la France d'avant à celle d'aujourd'hui. De la tenue du salon littéraire à celui du chanvre et de l'industrie du porno, ou de la culture de l'esprit au culte du corps planant, secrétant et performant du Dernier homme et d'Homo festivus, nous aurions fait un bon en avant anthropologique ? Je persiste à en douter...
Réponse rapide (plus le temps de développer) au message de A.E du 20 mars à 01.40 où il est question de la conscience de soi:

Mon approche était résolument pré-kantienne et mécaniste: la conscience de soi chez les animés (la question des végétaux, arbres notamment, serait passionnante mais très en retrait de ce qui nous occupait dans cette conversation) devrait pouvoir se définir en termes non réflexifs et commencerait, par exemple, par l'aptitude d'éviter les obstacles à ses mouvements dans l'espace.

L'animé autonome (qu'il soit ou non doté d'un centre de commandement nodal), évite les obstacles, les dangers pressentis. Ce n'est pas le cas des animés non autonomes (comme la bille qui roule sur un plan sous l'effet de la gravitation (plan incliné) ou d'une impulsion extérieure (plan horizontal). Le ver de terre, comme la paramécie ou ces animalcules macroscopiques dont des chercheurs allemands ont décelé la présence dans les concoctions Pfizer se déplacent en évitant les obstacles, ils dont donc dotés d'une conscience de soi. C'est du reste le terme que ces chercheurs (mais aussi d'autres chercheurs étatsuniens) utilisent à propos de ces animalcules qui seraient de composition organique.

Un véhicule automobile autonome (se déplaçant en évitant les obstacles par le truchement de capteurs embarqués) et étant guidé par un GPS, est-il doté d'une conscience de soi ?

La question est épineuse mais je crois devoir répondre par l'affirmative: la conscience de soi de ce véhicule est artificielle et très limitée, mais dès lors qu'elle lui permet de s'auto-naviguer dans l'espace en usant d'une perception de son environnement, on ne peut lui nier cette forme élémentaire de conscience de soi, qui consiste bien, somme toute, à se distinguer de son environnement en le manifestant par des réflexes d'auto-protection, de préservation autonome de son intégrité physique.

La question de l'âme de ce véhicule automobile autonome est plus épineuse encore, mais je la crois située dans un espace (cyberespace, à tout prendre et espace extraterrestre où gravitent les satellites de son guidage) extérieur au corps, à la carcasse du véhicule. L'âme autonome n'est point dans ce corps mais elle ne l'est guère plus dans le satellite et la quincaillerie électronique dont ce véhicule est bardé. Le fonctionnement quantique de ces dispositifs (le GPS possède un fonctionnement qui exploite la mécanique quantique) reste asservi au geste humain, qui ne se borne pas à la fabrication mais comprend tout l'entretien direct (du corps du véhicule) et indirect (les organes qui supporte les dispositifs quantiques). Bref, ce véhicule autonome doté d'une forme de conscience de soi est un jouet possédé par une âme, une lumière, extérieure qui le prive du statut de sujet.

Il y aurait deux modes à l'âme:

1. un mode nodal qui parachève l'autonomie physique et arme la conscience de soi (p. ex. le coeur du Christ dans le corps chrétien; le noyau de la cellule vivante, etc.);

2. un mode de l'extranéité supporté par des dispositifs réticulaires lumineux qui éclairent et animent une pseudo-conscience de soi, que celle-ci ait pour siège le corps d'un véhicule autonome ou celui de l'adepte fasciné par des forces et/ou un Maître dont l'instance extracorporelle mime la transcendance. Mode dans lequel le noeud de l'âme est à l'extérieur du sujet, qui n'est plus dès lors qu'élément périphérique d'un dispositif réticulaire centralisé.
23 mars 2022, 01:53   Ca se corse
Je préfère réserver le "soi" de la conscience, dans la "conscience de soi", au niveau réflexif de possibilité de retour sur soi-même, autrement dit de représentation des représentations comme appartenant à un soi, toujours le même, par cela même qu'il est ce par quoi cette représentation des représentations est réalisée.
C'est l'effet de miroir de toute activité psychique, où le soi est (mais on pourrait aussi bien dire n'est que) la surface spéculaire reflétant un contenu quelconque.

Sans quoi il n'y aurait aucune différence qualitative et de complexité définissable entre la "conscience animale" (on peut poser comme hypothèse qu'elle existe, mais tronquée en principe du "de soi" faisant en l'occurrence toute la différence), et la conscience de soi humaine, dotée de cette faculté : or je crois que cette différence existe, et que les facultés cognitives humaines différent notablement de celles de l'amibe, du ver de terre et même du cafard, qui est à cet égard un être déjà remarquablement performant et évolué.

Pour un quelconque organisme "autonome", comme vous dites, l'évitement du danger et la persistance dans la préservation de soi peuvent s'expliquer intégralement, me semble-t-il, de façon pratiquement mécaniste, c'est-à-dire par des mécanismes neuronaux réalisant un arc stimulus-réponse réflexe, sans passer le moins du monde par une quelconque "expérience subjective", encore moins réflexive.

Mais il semble quand même que plus on progresse dans l'échelle de complexité des organismes, plus émerge quelque chose qui ressemble à cette "interface" dont je parlais plus haut, une façon d'espace intérieur (l'expérience subjective, même élémentaire) entre les stimuli du milieu et les réponses adaptatives de soi.

A telle enseigne, diront les esprits chagrins, qu'on a parfois l'impression que chez nous, cet espace a tellement gagné en importance qu'il a tendance à s'imposer de plus en plus, à la fois sur le milieu, et sur ce que nous étions censés être au départ (remarquez, franchement, je m'en fous un peu, de ce que nous étions censés être au départ)...
Récapitulons:

1. l’âme du sujet continue de loger dans la main de son créateur (dans la main de Dieu chez les hommes croyants en un Dieu créateur de toutes choses, et le sujet ne peut pas ne pas lui obéir sous peine de mort) ou, s'il s'agit d'un objet, entre les mains de son ingénieur, comme pour la voiture automobile autonome, comme aussi et plus simplement l’âme du sac de farine qui ne loge pas dans le sac mais dans la main du boulanger. Dans ce mode d’âme extérieur, le sujet et l’objet ne se différencient guère et leur autonomie relative n’est en aucun cas liberté. La liberté du croyant dans l’Islam n’est point : son mode d’être est l’obéissance à Dieu, et tout acte de désobéissance de sa part appelle la sanction fatale de l’anéantissement, du débranchement, pour employer ce terme qui renvoie à la vision transhumaniste de ce mode d’âme. Le sujet vit branché à ses maîtres, ou à son Maître, si son créateur est divin comme dans l’islam, et cinq prières par jour sont requises pour entretenir la connexion.

2. L’âme s’est détachée de la main du Créateur pour un séjour limité (une vie et pas deux ni davantage) dans le cœur du sujet, son corps, et c'est le corps chrétien habité d’une âme investie en lui par le sacrement du baptême. Quand les catholiques affirment que Jésus est Dieu fait homme, c’est de cela qu’il est question : il y a eu médiation et descente de l’instance divine dans le corps de l’humanité. Les conséquences de cette incarnation sont phénoménales: le sujet n’est plus autonome mais libre, libre, donc, de faire aussi le Mal, de s’égarer, de se perdre, de renier Dieu sans encourir la moindre sanction ici-bas, et pis encore : de se figurer erronément, de nourrir l’illusion facile qu’il est lui-même Dieu (et c’est le régime « droits de l’homme » qui remplace la primauté du droit divin) ! Toute liberté porte en soi son lot de dangers, mais la liberté mise en nous par le Christ est assurément la plus dangereuse, sachant aussi qu’elle reporte toute sanction à l’heure du Jugement dernier.

3. Mais il se trouve aussi que ce second mode d’âme «centre de commandement embarqué à téléguidage débranché en permanence» paraît conforme au schéma des êtres supérieurs dans le flot du vivant. Il s’agit d’une structure efficace : les individualités d’une population, d’un parenchyme s’agissant de cellules vivantes dotées d’un noyau de commandement, coopèrent, s’entraident, se groupent pour se spécialiser, au besoin, et pour former tel ou tel élément d’un méta-corps complexe, ce qui peut entraîner le sacrifice librement consenti de certains au bien commun. Cette liberté-là est créatrice, et semble porter la vie des nations, des civilisations. Elle appelle un ordre civilisé, un environnement ordonné (la forêt, par exemple, est un environnement ordonné), un νόμος civilisationnel qui promet des floraisons et des chants nouveaux à la gloire de Dieu, soit l’offrande faite à Dieu en retour de la liberté qu’il nous accorde (Notre-Dame-de-Paris était une offrande de cet ordre).

Le transhumanisme, tel qu’il se présente à nous aujourd’hui, est un mode d’être, suppose un mode d’âme, qui rétablit le branchement, le « contrôle » primitif et immanent. La liberté est abolie et l’autonomie, celle des voitures automobiles autonomes, vient la remplacer. Nos vies se vivront sous l’œil omniscient qui siège en permanence au sommet de la pyramide illuminée figurant cet ordre nouveau. L’instance supérieure et ultime ne cessera de nous éclairer, mais notre désobéissance à son vouloir, notre mauvais vouloir, signalera notre extinction en tant qu’être autonome, fera de nous une chose débranchée, abandonnée, un détritus, un brouillard à balayer et à éteindre, à mettre à mort sans cérémonie (par des injections empoisonnées, notamment).

Voilà l'alternative fondamentale à laquelle nous sommes désormais confrontés, la croisée des chemins où nous nous tenons.

A noter cet exemple de "détritus sociaux débranchés": les soignants mis à pied sans salaire pour avoir refusé les injections douteuses qu'on a voulu leur imposer. Leur mort sociale (même les syndicats les ignorent), leur statut de paria, leur non-être économique, dit tout de ce qui nous attend dans ce régime de l'âme mise en laisse, celui d'une autonomie fragile sujette à conditions. C'est aussi le sort que nous réserve le projet de "revenu universel", si cher aux gourous de Davos, et auquel vient de souscrire avec enthousiasme l'actuel capricieux dirigeant ukrainien, qui ne saurait être accordé autrement que sous conditions d'obéissance absolue aux injonctions diverses des gouvernants, aux caprices des maîtres.

(message modifié)
15 avril 2022, 22:39   D'inspiration vernale
» Vous considérez donc la "civilisation du cul" (Godard) non pas comme une abomination, à mon sens autrement plus destructrice que les bombes russes et les-violations-des-droits-de-l'homme de tous les non-alignés de la Terre, mais comme un temps stable, lumineux, d'épanouissement de l'espèce humaine ?

C'est l'une des raisons qui font subodorer que l'islam est dans son fond une religion bien plus profonde qu'il n'y paraît, profonde par son parti pris de superficialité, profonde par sa concrétude et sa tangibilité, profonde par sa contemption essentielle de la prééminence de l'Idée (du vent), profonde par réalisme inversé : on s'y sert de la bombe pour accéder au paradis, jardin des délices, qui n'est ni plus ni moins que la jouissance physique instituée en éternité, la dépliure intemporelle de ce que Cocteau avait défini comme "éternité pliée" (l'orgasme).

Ce qui est inacceptable aux yeux du musulman, c'est que les Occidentaux (certains d'entre-eux tout du moins, pas les idéalistes qui ont encore la tête coincée dans des arrière-mondes artificiels) se sont évertués à haler ce paradis-là ici-bas, au mépris le plus total de toutes les hiérarchies sacrales, et ont entrepris de s'y mettre tout de suite...
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter