Il y a toujours plusieurs façons de faire un choix, ou de se faire une idée. J’ai quasiment prédit l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à voir les yeux de poisson et la figure replète de Vladimir Vladimirovitch Poutine, celle d’une odieuse petite brute sûre de son droit du plus fort. Alors que la presque totalité des "géopolitologues" n’ont rien vu venir et disaient à peu près n’importe quoi : je n’en suis pas peu fier.
Le grand Lichtenberg se moquait copieusement du physiognomoniste Lavater, jusqu’à en faire sa tête de turc, quand ce dernier prétendait tirer des enseignements utiles de la tête des gens et même y voir matière à se livrer à des prédictions. Et pourtant…
Au début, je faisais semblant d’éplucher studieusement les rapports financiers des entreprises dont je souhaitais acquérir des actions, mais soyons franc, cela me barbait vite, et la doctrine du moindre effort aidant, je cherchai d’autres méthodes d’évaluation : l’onomastique, par exemple. Mon père, turfiste, choisissait ainsi parfois ses chevaux, qui avaient souvent des noms à coucher dehors.
Hamlet et
Nice, choisies uniquement en fonction de leur nom, figurent parmi mes investissement les plus rentables, autant que chanceux.
EBDITA ! tu parles ! Je n’en suis pas peu fier.
Venons-en au fait : la tête des gens, donc. La mienne ? Il rôdait dans le Quartier latin il y a longtemps une espèce de clochard céleste à nœud papillon qui vous abordait dans la rue en vous lançant un comminatoire : « Vous aimez la poésie ? ». A force de le rencontrer et de me défiler, car en vérité,
j’aimais la poésie, pas mal, je finis par lui payer un chocolat chaud dans un café et nous parlâmes de je ne sais quoi. Je ne me souviens plus des banalités un peu prétentieuses que je dus dire, mais après m’avoir servi l’archi-connu
La Terre est bleue comme une orange, d’un timbre un peu survolté, et que je dus prendre l’expression de celui à qui on en faisait un peu trop, il me dévisagea puis me dit tout à coup, d’un air franchement contrarié : « Vous êtes suffisant. ». Ça alors ! Je m’étais surtout mis dans la tête que j’avais celle d’un angelot désirable. Du coup, j’étais un peu moins fier.
La tête d’Elisabeth Borne, entrevue récemment lors d'une interview, m'apparut par moments charmante : j’aimais bien son sourire, son regard et sa coupe de cheveux à la garçonne.
Elle a une bonne tête, me suis-je dit, celle d’un.e
mentsh, la Première ministre, d’une femme bien, d’une personne honnête.