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"Poignardé dans le cou"

Envoyé par Pierre Jean Comolli 
Passons, même si j'ai l'impression que les jours du verbe "égorger" sont comptés. C'est sur la même chaîne où j'ai lu ce titre, BFMTV, qu'un ancien ministre britannique des affaires étrangères a déclaré, dans un français vulgaire, que cette attaque newyorkaise lui rappelle celle qui coûta la vie à...John Lennon.

Parallèlement à ces propos qui m'ont laissé interdit, déjà des informations répétées en boucle qui font froncer les sourcils : une fatwa avait été lancée en Iran en 1989. Pas tout fait, puisque la fatwa contre Rushdie était relancée chaque année depuis cette date. Mais enfin, on nous rappelle aussi à
bon escient ce que l'on avait oublié, à savoir que les attentats consécutifs à l'appel au meurtre firent, en quelques années, des dizaines de morts, dont le traducteur japonais des Versets sataniques et les victimes collatérales, comme on dit, d'une attaque contre le traducteur turc du roman.

Et puis, comme d'habitude en pareils cas, les premières interrogations télévisées quant aux motivations de l'assaillant. (C'est vrai, ça, on se demande ce qui a bien pu se passer, ce que voulait le poignardeur de ce cou-là...).

Si par malheur Rushdie venait à mourir, fort logiquement, les pensées inquiètes iraient aux musulmans. En dépit des festivités et célébrations de ces derniers à travers le monde ? Eh oui.
""Il est encore trop tôt pour indiquer les motivations de cet acte (...) mais la cause de cet attentat sera déterminée", promet Eugene Staniszweski, qui indique que l'enquête a été confiée au FBI." (BFMTV)

La prudence est de mise, et pour cause devant tant de zones d'ombre ! Ensuite, si la rue arabe (d'Afrique et des colonies d'Eurafrique) ou arabisée (Téhéran, Karachi...) se met à danser en apprenant l'état épouvantable dans lequel se trouve Rushdie, peut-être, je dis bien peut-être, envisagera-t-on un début d'explication à cet acte qu'entourent encore bien des mystères...
"Salman Rushdie poignardé : qui est Hadi Matar, son agresseur présumé ? On ne sait pas encore précisément ce qui a motivé son acte." (Le Parisien)

Adultère, histoire d'argent ? L'enquête s'annonce difficile...

Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Car dans l'immédiat, il va falloir déterminer si ce monsieur, qui a poignardé l'abdomen, l'œil, un bras, le thorax de Rushdie et qui a tenté de l'égorger est bien l'auteur de cette attaque.
"Hadi Matar, originaire du New Jersey" (BFMTV).
Thierry Coville, chercheur à l'Iris, spécialiste de l'Iran, "ne voit pas de rapport entre l'Etat iranien et cet acte". (BFMTV)
Citation
Pierre Jean Comolli
Thierry Coville, chercheur à l'Iris, spécialiste de l'Iran, "ne voit pas de rapport entre l'Etat iranien et cet acte". (BFMTV)

La photo du profil FB de l'agresseur présumé est celle de l'ayatollah Khomeini.
Un Libanais, chiite, donc des acquaintances avec le Hezbollah et, partant, un lien avec les mollahs iraniens au pouvoir.
Vous maintenez, M. Coville ?
Propos tenus réellement en fin de matinée, une fois connue l'identité de l'assaillant : "Je ne suis pas enquêteur ou journaliste. En tant que spécialiste de l'Iran, je puis vous dire en revanche que la réalité politique en Iran est plus complexe que ce que j'entends sur cette affaire depuis hier."
C'est vrai, les chiites sont plus sobres et austères que les sunnites, qui sont davantage expansifs voire braillards (Téhéran n'est pas le Caire). Puis le fait est qu'ils s'expriment dans une langue impressionnante :

"Samedi, le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, a félicité l'agresseur. « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et vicieux Salman Rushdie », écrit le journal. « Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau. »" (Le Point)

En Iran, on salue les massacres qu'on commandite sans ostentation. À méditer.
J’espère qu'un jour le procès d’Hadi Matar permettra de commencer à entrevoir les raisons de son geste et ainsi à la victime d’entreprendre son travail du deuil.
D'ici là, une marche blanche s'impose. (La famille de la victime demande d'éviter toute récupération politique et la sécurité des mosquées est en train d'être renforcée.)
"Et n'oublions pas de respecter la présomption d'innocence. La justice doit faire son travail sereinement. L'etablissement des motifs demande du temps, et il importe que l'instruction ne souffre aucune perturbation que les faiseurs d'amalgames, et l'extrême-droite qui les attise par des théories du complot plus délirantes les unes que les autres, à laquelle se joignent des esprits troublés par la fréquentation exclusive de réseaux sociaux noyautés, sont prompts à provoquer pour mieux servir leur agenda politique. Il est impératif, dans ces conditions et au vu du climat délétère qui prévaut aujourd'hui et que cette affaire, instrumentée par certains, ne fait qu'envenimer, de mettre en place des dispositifs de protection de nos compatriotes musulmans, je pense en particulier aux lieux de culte, dans lequel je range les bureaux de la CAF, afin que personne, je dis bien personne, dans cette communauté, ne se sente visé ou menacé par d'éventuels débordements que j'ai donné ordre à la force publique de réprimer avec toute la rigueur des pouvoirs dont elle dispose.

- Je vous remercie Monsieur le Ministre."
Nous sommes entendus, je crois. La justice fait patiemment son travail et la presse, avec elle, continue comme il se doit de s'interroger, de nous interroger : un acte prémédité ? demande ainsi, perplexe, l'AFP...
Les avocats de Matar ont obtenu de leur client qu'il plaide non-coupable. Ce qui est bien normal compte tenu du flou épais qui entoure cette affaire.
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