C’est aujourd’hui « Jour de la Shoah », où l’on commémore donc les victimes, de préférence juives, du nazisme, et le tout de l'
anus mundi : les fugitifs, les traqués, les cachés, les ghettoïsés, les déportés, les prisonniers, les
Häftlinge, les
musulmans, les suppliciés, les moins que vivants, les gazés, les enfournés, les pulvérisés, les rescapés. Et leur descendance, tant qu’à faire. Tout cela est bel et bon et fort officiel. Venant de me lever je tombe en allumant la radio sur la retransmission de la cérémonie de
Yad Vashem, mémorial hiérosolymitain y consacré, et en beurrant un toast entends placidement un rabbin quelconque, peut-être est-ce le "grand", marmonner, mais littéralement marmonner indistinctement un
Shema Israël en un hébreu fort séfaradique ; tiens ! Ensuite c’est un viril « garde-à-vous ! » intimé à la troupe placée là. Puis la modératrice annonce que le préposé au chant du
El maleh rachamim (Dieu plein de miséricorde) traditionnellement psalmodié en la circonstance, un rescapé passablement cacochyme sans doute, a été victime d’un malaise la veille, et que
nous prions tous pour son prompt rétablissement. Ce sera donc un rescapé dépêché au débotté mieux ingambe et d’origine roumaine qui s’acquittera de la tâche. En avalant une capsule multivitaminée je n’y tiens plus :
El maleh rachamim, oh ! Quelle miséricorde ?!? Ce jour précisément, comme défilent les images des corps de peau et d’os désarticulés, la vraie matière humaine indifférenciée et compactée (pas la fantasmée),
El maleh rachamim ! Ce plus grand F... de p... ! Imbéciles...
