Le site du parti de l'In-nocence

C'est-vrai-qu'isme au sommet

Envoyé par Renaud Camus 
Arnaud "C'est-vrai-que" Laporte reçoit en ce moment sur France Culture Mme le ministre de la Culture et elle se révèle une cévrékiste presque aussi acharnée que lui — c'est fascinant. Je me demande si le record du monde n'est pas en train de tomber.
Fascinant, en effet. Voilà renouvelé le plaisir d'écouter la radio. Le festivisme bathmologique ! Je propose une tombola dont le prix reviendra à celui qui aura annoncé le chiffre le plus exact, vérifié par huissier de justice sur base de l'enregistrement. Et quelle publicité pour le PI !
Utilisateur anonyme
13 mars 2008, 15:27   Tolérance pas zéro...
Allons, allons, ne soyons point trop méprisants car cévrékisme ou pas "Le langage n'est pas et n'a jamais pu être la notation complète de ce qui se passe dans notre pensée" (Bréal).
Utilisateur anonyme
13 mars 2008, 17:50   Re : Tolérance pas zéro...
"Le langage n'est pas et n'a jamais pu être la notation complète de ce qui se passe dans notre pensée" (Bréal)."

C'est bien tourné, cher D. Wagner. Mais est-ce vrai ? En d'autres termes, est-il possible de penser autrement qu'avec des mots, des phrases, donc du langage ? Une pensée sans langage est-elle possible ? Vous qui fréquentez les écrits de nombre de beaux esprits qui ont réfléchi à ce genre de questions, pourriez-vous nous éclairer un peu ?
Utilisateur anonyme
13 mars 2008, 21:03   Esquive.
"Vous qui fréquentez les écrits de nombre de beaux esprits qui ont réfléchi à ce genre de questions, pourriez-vous nous éclairer un peu ?"


Non, non, non !!!, ça fait des lustres que je ne lis plus rien ! rien ! rien!!!
Utilisateur anonyme
13 mars 2008, 21:04   Doublon
Doublon
Votre question, cher Corto est bien intéressante, à mon avis la pensée a un support c'est la conscience, (il faut dire peut-être l'existence), des soeurs siamoises, si l'une est malade l'autre se porte mal. Et pour se former en mots la pensée a plusieurs points de départ : une pensée, une sensation, un sentiment, tout ce qui compose monde extérieur et intérieur.
En espérant ne pas me faire massacrer par de plus fins et érudits penseurs du forum.
- Service après-vente, j'écoute...
- Ben j'voulé vous demandé là..! Si c'est qu'elle tomb' malâd en mém temps les soeurs si y'a moise, c'est-t-t' y pas pask'el z-ont le mém system circulatwâr ? Parce que vous voyez le sang y n'est fait qu'un tou' là, et pis la grippe elle va partout...
- C'est possible oui...
- C'est pour ça je voulé dir' qu'enfin la pensé c'est un peu pâwêil quoi...
- Oui, pouvez-vous préciser votre question ?
- Ben si y a plusieurs points de départ à la pensée et pis qu'un des points de départs possib' c'est ôôssi la pensée, alors là je veux dire qu'on tour' n'en rond de l'intérieur à l'extérieur quoi, c'est com' pour les soeurs Si-y'a-mois' ya pas toi quoi! que si l'autre soeur elle est dans l'extérieur mais que dans tout le dedans il est en va et vient. Et si je me fais bien compwend'...
- tut... tut ... tut ... tut ... tut ...tut ... tut....

(Anna, du fond des studios...): "Qu'est-ce que c'était ?
SAV: Rien, un représentant de l'élite qui se plaît à vous contredire pour se faire valoir. Z'en faites pas Anna, j'ai réussi à lui faire présenter ses excuses."
Des frères jumeaux à la place ?
Anna du fond de sa superette.
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 10:35   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
"On m'a raconté qu'il fallait voir les moments de silence et d'hésitation qu'avait Mme de Forcheville, pareils à ceux qui sont nécessaires, non pas même à l'énonciation, mais à la formation d'une opinion personnelle, avant de dire..." (Le temps retrouvé)
Je me suis souvent demandé si tous ces "C'est vrai que...", "Eh bien, je pense que...", "Tout à fait ! Voilà !... ne correspondraient pas à ces silences nécessaires pour que la pensée se ramasse (les silences ne sont plus permis maintenant, il faut"remplir"), sortes de silencieux préchauffages habillés à la mode du moment.
C'est effrayant de penser que lorsqu'on va parler, on ne sait pas du tout ce que l'on va dire exactement...
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 13:29   Re : C'est-vrai-qu'on n'a pas l'temps.
"C'est effrayant de penser que lorsqu'on va parler, on ne sait pas du tout ce que l'on va dire exactement..."


... et si l'on va avoir tout le temps nécessaire pour le dire...

Le cévrékisme masquerait surtout la peur du vide, le refus/haine du silence, le besoin (maladif) de remplissage... ? Piste passionnante!, cher Obi (à développer).
Ce me semble être particulièrement vrai à la radio et à la télévision : tout invité à qui il viendrait la mauvaise idée de réfléchir avant de prendre la parole serait immédiatement carbonisé : ce ne sont pas les exemples qui manquent...

J'ai ainsi remarqué que René Girard, lorsqu'on l'interrompait ou profitait de l'un de ses "micro-silences" dus à la réflexion, se taisait immédiatement et ne faisait plus le moindre effort pour reprendre la parole.
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 14:36   Reprise
La hantise du silence, à la radio comme au téléphone, ne me semble procéder d'aucune idéologie particulière, d'aucune volonté d'imposer de « nouveaux protocoles » pour le caprice du changement, ni même d'aucune hostilité délibérée à l'encontre du silence. Si le silence n'a pu trouver, à la radio et au téléphone, la place qui est la sienne dans l'économie des échanges, c'est surtout, me semble-t-il, qu'il pouvait être pris pour une panne, confondu avec un mauvais fonctionnement du « support » (Allo ? Tu es toujours là ?). Cette crainte, en elle-même compréhensible, pourrait bien être un des ces malentendus fondateurs aux effets démesurés.

Alors il faut que ça parle sans arrêt, ça chante, ça « jinglise », ça fasse du bruit, de la musique, tout ce qu'on voudra pourvu que par un son soit occupée la moindre seconde retransmise. Cette obligation de saturation intégrale de l'écoute, comment n'aurait-elle pas eu de conséquences sur la parole des gens de radio, les amenant à introduire dans le langage une infinité de « nouveaux protocoles » et ceux-ci, par leur perpétuelle et changeante diffusion, par l'immense champ de l'intelligible qu'ils occupent, finir par affecter, d'abord l'expression orale des auditeurs puis contaminer l'écrite ?
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 16:05   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Et à l'aspect technique (Allo ? Tu es toujours là ?) s'ajoute également, très inconsciemment peut-être, cette vieille idée toujours tenace selon laquelle la communication entre les hommes est impossible, qu'on ne peut rien communiquer, jamais, que le langage "n'en dit jamais assez", qu'on demeure seul, etc; d'ou la raison de cet empressement à parler/faire du bruit pour tenter de briser cette affreuse certitude que les hommes ont de ne pouvoir jamais communiquer entre eux.

Bien sûr, on pourrait objecter que les siècles précédents ne cultivaient pas, eux, cette haine du silence et cette peur panique de ne pas se comprendre...
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 16:17   Re : C'est-vrai-qu'on n'a pas l'temps.
Comme vous dites aura-t-on le temps de bien exprimer sa pensée, la peur du vide… ou de dire une bêtise et se retrouver soudain à faire un carton sur You Tube !

Par exemple hier, cela a bien failli être le cas chez F.O.G. pour Monseigneur Jean-Michel Di Falco (pour son livre « Les confessions d’un cardinal ») (!). Cuisiné par la piquante Monique Younés (elle a un sacré art pour s’habiller - pas l'inverse), sommé de dire à laquelle, d’entre Sophie Marceau, Monica Bellucci, Carole Bouquet et Leaticia Casta « il serait le plus sensible », Monseigneur s’enfuit en prenant un chemin de traverse, mais où il est sur son terrain, le célibat des prêtres : - mais, dit-il, si demain l’Eglise disait « terminé le célibat » il ne faudrait pas s’imaginer qu’il y aura la queue devant les séminaires…
- Pourquoi non ? " répond la belle Monique dont j’ai bien vu se froncer les sourcils et se relever insensiblement le nez (qu’elle a noble). Un ange a passé, comme l’aurait également certainement dit très bien Monseigneur…

[www.france5.fr] (vers 46 minutes)
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 16:41   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Oui, et à la peur du vide (du "sans mot"), de la panne technique, de ne pouvoir jamais communiquer, s'ajoute également la peur d'être bête, de ne pas dire comme il faut ce qu'il faut au moment ou il faut (it's so crazy!!!) -bref de tout rater !

Mais là, cher Obi, peut-être que M. Proust... non? - N'avez-vous rien sous la main ?
Y aura-t-il la queue devant les séminaires : c'est bien toute la question...
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 16:48   Au niveau de chez FOG.
"c'est bien toute la question...", et d'ailleurs, chez FOG, on se pose toujours les "vraies questions"...
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 17:54   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Voici encore autre chose cher D.Wagner :

"Mais ces déclarations, Saint-Loup eût été incapable de les faire; d'abord par une espèce de délicatesse morale qui empêche d'exprimer les sentiments profonds et qu'on trouve tout naturels." (Le temps retrouvé)

Ceci est lourd de sens et de conséquence. C'est bien parce qu'une pensée vous est profonde et naturelle que vous n'aurez même pas l'idée de l'émettre, tant elle est pour vous une évidence. Ce qui fait que vous laisserez tout simplement passer une accusation, une insinuation mauvaise parce que pour vous c'est une telle absurdité que vous ne penserez même pas à la relever et à vous défendre. On vous prendra alors exactement pour ce que vous n'êtes pas, parce qu'ayant effectivement et implicitement fait comprendre sans vous en rendre compte que vous étiez comme cela en effet !
Encore une bonne raison de se taire ? Non, puisque c'est le silence qui forme ici un faux aveu...
Tout ce qui est dit ci-dessus sur la question du remplissage préalable et du désir de gagner du temps me semble du plus haut intérêt et éminemment pertinent. Cependant je m'étonne que personne ne s'interroge sur ce remplissage-là, sur cette expression-là de la hantise du silence : c'est VRAI que... (il est vrai que j'ai beaucoup déblatéré moi-même sur le sujet...)
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 20:42   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Cher Renaud Camus, le recadrage de votre question me donne l'idée d'une autre direction à la réflexion, j'espère être dans la bonne voie. "C'est vrai que" est littéralement une reconnaissance de ce que la réalité de ce qui est ou pourrait être une réelle contradiction est fondé. Soit donc le prélude à la reconnaissance d'une erreur (avec la description des raisons qui ont conduits à cette erreur, et donc une preuve de sa réflexion préalable qui dédouane son auteur par l'exposé le travail de compréhension et des motifs qu'il a pu avoir de la faire) et en fin de compte la remise en cause de sa conviction et le renvoi, peut-être, du soin d'apporter la solution à l'adversaire parce qu'il ne voit pas d'autre issue que la sienne, ou la soit à une manœuvre plus directement hypocrite pour désamorcer l'état de domination dans laquelle le place cette erreur et l' évacuer en la traitant rapidement, apparemment objectivement, en s'en servant comme appui pour démontrer contradictoirement qu'elle n'a pas raison d'être. Je sens bien que je peux être confus mais je prends le risque pour tenter l'amorce.
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 21:36   L'enfaitisme gagne du terrain.
Cher Renaud Camus pardonnez-moi mais je crains vraiment - oui, l'heure est grave pour les contempteurs du cévrékisme... - que le trop fameux "c'est vrai que" ne se fasse très prochainement détrôner par le "en fait...", ou "en fait euh...", que l'on voit fleurir çà et là en début, ou en fin de phrase, et dont le succès me semble des mieux assurés. - Qu'en pensez-vous ?
Utilisateur anonyme
16 mars 2008, 21:38   Re : L'enfaitisme gagne du terrain.
"Je sens bien que je peux être confus mais je prends le risque pour tenter l'amorce"


Oui, un peu confus, mais joliment risqué !
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 08:59   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Cher Renaud Camus, n'aurons-nous donc pas votre pensée sur ce sujet ?
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 09:38   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Trop fort, Obi, trop fort !
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 14:12   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Joyce ? C'est bien le Joyce mélomane qui... il y a des lustres de cela... sévissait sur ce forum... ?!
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 14:20   Au sommet
Vous rêvez, mon pauvre Wagner !
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 14:33   Re : C'est-vrai-qu'isme au sommet
Bien !, alors rendez ce pseudo qui ne vous appartient pas !, parce que le Joyce, l'autre, le vrai, le mélomane quoi, lui c'était un Môsieur !
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 14:50   Le NON sur le bout de la langue
Cessez immédiatement de m'humilier, je vous prie ! Mélomane vous-même !
Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter