Le site du parti de l'In-nocence

Communiqué n° 604, lundi 17 mars 2008 : Sur le cas douloureux de Mme Chantal Sébire

Le parti de l’In-nocence regrette la médiatisation qui est faite du cas douloureux de Mme Chantal Sébire, et l’occasion qu’elle donne de transformer en question politique à enjeux divers un sujet qui, par nature, doit rester irréductible à un débat public, et pour lequel on doit préserver la plus grande intimité.

Le parti de l’In-nocence exprime sa profonde compassion à l’endroit du calvaire de cette personne, et souhaite très vivement qu’elle puisse trouver le chemin vers la fin de vie qui lui sera le plus adéquat, ce qui est possible dans le cadre législatif actuel. Il appelle les thérapeutes à ne pas se laisser dominer par l’usage de la technique, et à approfondir sans cesse leur expérience humaine, ainsi que leur formation devrait le leur apprendre dès le début, aujourd’hui plus que jamais. Il souhaite enfin que la Justice ne veille qu’aux abus, et respecte pleinement la lourde responsabilité de ces praticiens.
Ce communiqué me semble parfait. Cependant, pourquoi l'appeler Madame S. dans le texte, si c'est pour donner son nom entier dans le titre ? Une subtilité m'aurait-elle échappé ? Je n'exclus rien...
Utilisateur anonyme
17 mars 2008, 21:11   Re : Souffrez si m'en croyez !
Du pur blabla, ce communiqué.
La question de savoir si l'assistance au suicide doit être légalisée ou non est évidemment une question politique. Dans les pays évolués, c'est à la suite d'un choix politique que le droit de mourir dans la dignité a été consacré. Le cadre législatif français l'interdit et cette dame n'a, en France, que le choix d'être privée de conscience (coma artificiel jusqu'à son décès) ou de souffrir horriblement jusqu'à que mort s'en suive. Elle peut encore, si elle en a la force et les moyens, aller en Suisse pour que sa volonté soit enfin respectée.

Toute sa vie, Madame Sébire a fait des choix. Elle a choisi son mode de vie, sa profession, ses amours, etc C'est ce qu'on appelle la liberté.

Mais à la fin, à la toute fin de son existence, les ennemis de cette liberté veillent et, au nom de leurs propres valeurs et représentations, ils prétendent interdire à Madame Sébire l'exercice du dernier des droits qui lui reste : quitter sereinement et lucidement ce corps devenu trop douloureux et monstrueux.,
Toute les bonnes paroles proférées et toute la compassion affichée ne changeront rien au fait que la loi interdit en France de l'assister en respectant sa volonté murement et clairement réfléchie. Ce qui est un pur scandale et une profonde injustice, car si cette femme était médecin plutôt que professeur, elle aurait pu se prescrire les produits requis et les ingérer. On sait bien que le taux de suicide chez les médecins est élevé et que ce n'est pas en se jetant sous un train que nos bons docteurs quittent cette vallée de larmes. Assez d'hypocrisie !
Le message de Corto symbolise tout à fait pourquoi ce débat est biaisé, ce que le communiqué du PI explique très bien.
La politique et la loi ne doivent pas être faites sur la base de cas particuliers, car elles concernent tout le monde in fine. Or, depuis 1981 et l'abolition de la peine de mort, on assiste à une dérive de cette prise en otage de l'opinion vis-à-vis d'un cas particulier, Patrick Henry hier, Chantal Sebire aujourd'hui, on ne sait qui demain. L'euthanasie est une question trop importante et complexe pour qu'on laisse l'émotion sur un cas particulier, émotion légitime, l'emporter sur la raison. Le même genre de manipulation a déjà eu lieu par rapport à Vincent Humbert, alors que des membres du corps médical qui l'ont soigné ont attesté depuis qu'il ne souffrait pas au point de vouloir qu'on l'aide à se suicider. Voyez par exemple le témoignage de son kiné :

La mort par injection léthale, la glaçante et sordide mort qui s'insinue en souriant dans les veines du patient, serait donc "plus digne" que l'éclatante et hurlante souffrance du martyrisé dont le visage, très souvent, s'illumine à l'heure du trépas? Non, elle n'est nullement plus digne. Elle n'est que moins douloureuse. L'hypocrisie dénoncée par certains est bien toute dans ces appels à la "dignité" quand il s'agit de s'en aller apaisé par une drogue qui amputera la conscience avant que la Mort n'y mette fin, par souci de lui éviter cette rencontre. L'euthanasie indolore est indolore, c'est là tout son mérite; cet acte n'a rigoureusement rien de digne.
"L'euthanasie est une question trop importante et complexe pour qu'on laisse l'émotion sur un cas particulier, émotion légitime, l'emporter sur la raison."

Oui, cher Jean Robin, il est plutôt du genre émotif... le Corto, et même qu'il est capable de se mettre en colère, d'attaquer, de détruire, voire même de s'auto-accuser, de s'automutiler...
Les Suisses ne croient pas aux miracles, à la guérison spontanée, à Notre-Dame-de-Lourdes. C'est à cela que se réduit votre argument. C'est bien leur droit après tout. Ca n'est pas le nôtre, de Droit. Pour ma part, je redouterais plus que tout un pays où, m'étant senti déprimé certain soir, et ayant fait part d'idées suicidaires à quelque représentant du corps médical, je verrais débarquer quelques heures plus tard à la porte de ma chambre d'hôtel une brigade souriante d'hommes et de femmes en blanc qui, déballant avec lenteur et minutie des trousses de matériel, m'exposerait avec douceur, en me tenant la main et en me caressant le front, qu'ils ont apporté les moyens de m'aider à me débarrasser de mon malheur "dans la dignité", que mes proches sont au courant, approuvent, et qu'il suffise que je signe le papier qu'on me tend.
"Toute sa vie, Madame Sébire a fait des choix. Elle a choisi son mode de vie, sa profession, ses amours, etc C'est ce qu'on appelle la liberté."

L'argument de cette liberté-là est bien léger: Mme Sébire n'a pas choisi l'acte essentiel de sa vie, celui de venir au monde. La petite liberté humaine des petites amours et petites professions est dérisoire, ne devrait pas être mentionnée face à la prérogative absolue dont dispose la main de Celui qui lui donna cette vie de la lui retirer.

Plus qu'une dérobade, l'euthanasie est une sorte de vol, d'outrage à cette Main.

Ceux qui défendent l'euthanasie devraient nous épargner leurs arguments "philosophies" en toc. Ils devraient, débarrassés de tout hypocrisie, toute honte bue, se contenter de nous annoncer que l'euthanasie à la seringue douce fait moins mal que l'étouffement par l'oedème au poumon. Et basta!
"Dans les pays évolués"


Ah... et qu'est-ce donc qu'un pays pas évolué ?


Nota bene : je précise que je ne suis qu'un simple questionneur inquiet, et pas un ricaneur.
"La mort par injection létale, la glaçante et sordide mort qui s'insinue en souriant dans les veines du patient, serait donc "plus digne" que l'éclatante et hurlante souffrance du martyrisé dont le visage, très souvent, s'illumine à l'heure du trépas ?
Ecoutez, je crois rêver en lisant cette cornichonnerie : "la mort glaçante qui s'insinue...", comme un serpent... celui du péché, du diable, peut-être ? "La hurlante souffrance du martyrisé... ", gage d'accès à la sainteté, au Paradis ?
"dont le visage, très souvent, s'illumine à l'heure du trépas?" Il s'agit d'une détente musculaire, avec sans doute, la marque du soulagement, de la délivrance , enfin, de la souffrance et de la peur et pas comme vous le laissez entendre, à moins que j'hallucine aussi, à cause de la réconfortante vision de Dieu !
"La petite liberté humaine des petites amours et petites professions est dérisoire (et zou !), ne devrait pas être mentionnée face à la prérogative absolue dont dispose la main de Celui qui lui donna cette vie de la lui retirer.
Plus qu'une dérobade, l'euthanasie est une sorte de vol, d'outrage à cette Main."

Parler donc pour vous monsieur Marche, si vous êtes croyant, ne croyez pas pour les autres !

La douleur avili, je suis passé par là et je peux en parler. Elle transforme le meilleur de nous même en une loque qui n'a plus rien d'humain; il y a rétrogradation à l'état animal. L'humanité la plus élémentaire est de l'adoucir au mieux, ce qui permet si possible au mourant de vivre consciemment, dignement, ses derniers moments. Et tant pis ou tant mieux si l'effet de ces drogues abrège un peu la venue de la mort.
Vraiment vous êtes effrayant, j'espère que vous n'êtes pas médecin !
Allons allons, Monsieur Wan, nous sommes tous passés par là, la douleur, et même la mort clinique, le plongeon cardiaque, cérébral, et le reste.

Mon message avait trait à la prétendue "dignité" que les amateurs ou partisans de l'euthanasie nous mettent sous le nez, soit celle du geste de qui pique une personne comme on le fait d'un chien en fourrière que rien ni personne n'est venu réclamer. Je le répète, et vous interroge, vous qui sur l'indignité de la souffrance physique en connaissez peut-être plus long que moi: où est la dignité humaine dans cela ? Adoucir la fin par voie chimique, oui, si vous voulez, mais de grâce cessez de nous chanter l'antienne de "la dignité" quand il s'agit d'accélérer ce qu'on a jugé être le sort d'un homme ou d'une femme tout en en débarrassant des lits d'hôpitaux à coup de piquouzes comme on vide un chenil à l'approche d'un long week-end !

Encore une fois et pour la dernière fois, assez d'hypocrisie: la souffrance est intolérable dans nos sociétés de confort, soit. Il vaut mieux se faire enfoncer dans le lard une seringue rose que de périr en implorant les astres (qui ont remplacé le Créateur) par la force d'un oedème au poumon ou d'une gangrène au genou. Sur ce point, je serais prêt à vous suivre tête basse, mais je vous en prie: renfoncez votre "argument de dignité" dans votre poche et couvrez-le d'un mouchoir: je tiens à mourir sans l'entendre !
L'évolution du monde étant ce qu'elle est, je pense que sur ce sujet comme sur d'autres avant lui (avortement, peine de mort, etc.), et sans aucun doute d'autres après lui, le débat sera permis tant que la loi n'autorisera pas l'euthanasie, mais dès qu'elle l'autorisera, le débat deviendra absolument interdit. Ceux qui seront contre l'euthanasie seront renvoyés à l'inhumanité, ou à la sous-humanité, comme aujourd'hui le sont les partisans de la peine de mort et les anti-avortements. Finkielkraut l'avait bien noté au cours d'une de ses émissions :
« Je me souviens d’avoir vu à la télévision l’autre jour une émission de divertissement où le psychanalyste le plus en vogue du moment, le plus télévisuel en tout cas, Gérard Miller, s’engageait dans un réquisitoire extrêmement violent contre Christine Boutin à propos de l’avortement. Il avait interviewé des dingues de St Nicolas du Chardonnay qui disaient on a le droit d’avorter à partir de 20 enfants … enfin des choses absolument délirantes, et il avait demandé à Christine Boutin ce qu’elle en pense. Elle a dit de cela je ne pense rien, ce n’est pas ma position, ce n’est pas comme ça qu’on doit discuter. Il s’est mis à hurler. A hurler sur un ton extrêmement vindicatif, c’est ça ! c’est ça que vous êtes ! Vous avez changé de coiffure mais c’est ça que vous êtes ! Donc d’une certaine manière il incarnait la doxa comme s’il était minoritaire, avec une violence maoïste. Et puis surtout il nous disait bien, la question de l’avortement ne pose aucun problème éthique. C’est résolu. Il y a les salauds et les autres. » Répliques du 30 décembre 2000

Profitons-donc de ces derniers instants d'échanges avant la fermeture définitive des portes du débat par tous les Gérard Miller de la terre...
Utilisateur anonyme
18 mars 2008, 21:00   Re : Souffrez si m'en croyez !
Je connais vos opinions sur la question, M. Marche, ex TBM.

.Mais vous n'avez qu'à les appliquer à vous-même et pas aux autres. De la même manière que les catholiques ou les musulmans n'ont pas à m'imposer leurs convictions.

De plus, je n'ai jamais parlé d'euthanasie qui est un autre débat. Je parle d'assistance au suicide : soit remettre à une personne qui le demande instamment et sérieusement une boisson, comportant un médicament qui vous endort et vous mène doucement et sans souffrance jusqu'à votre dernier souffle. Oui, c'est une mort digne, possible en Suisse depuis des décennies. Pays évolué, M. Wagner, parce qu'il respecte cette ultime liberté de choix de l'être humain et qu'il n'aurait pas laissé Mme Sébire crever comme un animal torturé sous le regard compatissant des impuissants et des misérables moralistes.
Basta !
Utilisateur anonyme
18 mars 2008, 21:04   Re : je plane....
"Oui, cher Jean Robin, il est plutôt du genre émotif... le Corto, et même qu'il est capable de se mettre en colère, d'attaquer, de détruire, voire même de s'auto-accuser, de s'automutiler..."

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Tout va bien, cher M. Wagner ?
Utilisateur anonyme
18 mars 2008, 21:17   Tendance
Légèrement à la périphérie de cette conversation d'écran, je crois observer que l'idée de "dignité" et son qualificatif "digne", se rencontrent, ces derniers temps, plus volontiers appareillés à la mort qu'à la vie.

Il me semble que dans le passé la question du trépas, de l'agonie, du passage, se posait en termes, comment dire, "d'épreuve" suprême qui, d'une certaine façon, "illustrait" toute l'existence du défunt, que l'on pouvait juger, comme on juge la tenue du condamné à mort grimpant sur l'échafaud. Il s'agissait de "réussir" ou de "rater" sa mort. On se souvient aussi de ce genre "littéraire" des derniers mots prononcés par le mourant (doublé d'une peinture de genre.)

Ainsi, Marguerite Yourcenar évoque-t-elle un recueil de "bonnes morts" compilées par une de ses grand-tante maternelle :

" En 1929, je ne savais rien d'elle, mais l'absence d'esprit critique dont témoignait son ouvrage et sa platitude édifiante m'atterrèrent. [...] Et, néanmoins, je n'étais pas tout à fait sans respect pour cette compilation de ma grand-tante. Cette dame en crinoline avait essayé de regarder en face la suprême réalité : elle s'était munie d'exemples pour le grand passage. Mais cette préoccupation était moins rare de son temps que du nôtre. De saintes personnes qu'eût suffoquées le moindre mot jugé indécent échangeaient volontiers, au salon, des détails hideux ou sales concernant des agonies. Nous avons changé en cela : nos amours sont publiques; nos morts sont comme escamotées. Il n'y a guère à choisir entre ces deux formes de pudibonderie."
Utilisateur anonyme
18 mars 2008, 21:25   Re : Bianca Castafiore et M. Wagner
Mais le thème de la mort digne est le pendant logique et nécessaire de celui de la vie encore digne (ou non) d'être vécue. Ils sont liés comme Dupond et Dupont, Tintin et Milou, Bianca Castafiore et M. Wagner.......
Utilisateur anonyme
18 mars 2008, 21:46   Re : Tendance
"Mais le thème de la mort digne est le pendant logique et nécessaire de celui de la vie encore digne (ou non) d'être vécue."

Certainement. Je voulais simplement noter que j'avais l'impression, ces derniers temps, que se manifestait comme un petit déséquilibre lexical, insensiblement l'adjectif "digne" faisant syntagme avec "mort", plus souvent qu'avec vie, que la question de la dignité avait une tendance que je crois fâcheuse à se poser surtout vis-à-vis de la mort, tandis que la vie, elle, en son déroulé d'années, s'accommodait durablement du "on peut pas faire autrement" si bien que la demande de dignité n'y tenait plus qu'une place secondaire et qu'en somme si on tenait à ce point à la dignité de la mort, c'était peut-être comme ultime occasion de manifester un choix, comme si on voulait bien accepter de se plier à n'importe quelles conditions de vie ("faut êt réaliste") mais alors non, quand même, qu'on ne soit pas privé de la "dignité" de mourir.

Or, il me semble qu'il ne s'agit pas de dignité mais de légalité. On réclame de mourir légalement. On veut mourir en règle. On ne veut pas s'arranger, en faire son affaire, entraîner ses proches dans une opération si peu que ce soit délictueuse, on ne veut pas avoir à s'en occuper, à y penser à l'avance, à prendre ses dispositions. Il me semble très étrange qu'il soit insurmontable d'obtenir de quoi abréger les souffrances d'un agonisant, s'il le souhaite, quitte à emprunter des voies peu légales. C'est d'ailleurs tout ce qui, selon moi, fait la différence entre l'avortement, la procréation médicalement assistée, l'euthanasie et ce pourquoi on ne peut pas les comparer.
Cher Orimont,


vous lire après Corto (juste après...) est comme de se verser un baume sur de vilaines égratignures.
Bien sûr que la grande souffrance entraîne un sentiment de déchéance physique et morale totale. Qui ne préfère se dérober à la vue des autres en cet état si humiliant ? Même nos animaux domestiques ont ce réflexe, cette pudeur ! Quelle dignité y a-t-il à perdre tout contrôle, à se sentir comme une bête agonisante devant ses proches ? À devenir un monstre (aveugle par surcroît, incapable de voir soi-même l’horreur qu’on donne à voir) devant ceux qui ont aimé une image rayonnante ?
Vraiment, il y a des jours où Francis Marche se prend pour une alouette qui monte en sifflant !
Avez-vous déjà assisté à une naissance, Aline ?

J'allais me lancer dans un commentaire où je vous aurais comparé cette violence là, la parturition, aux autres deux grands cataclysmes physiques que nous devrions tous connaître: l'amour physique et le trépas.

Mais, pour m'éviter d'autres commentaires ornithophiliques déplaisants de votre part, je m'en abstiendrai.

Atterrissant en douceur au milieu des champs, je vous invite à observer calmement que Chantal S. ne se présente nullement aux caméras de télévision "dans un état si humiliant", que je n'aie, et que vous ne devriez avoir, aucune "pudeur d'animal domestique" à poser nos regards sur son visage; qu'en se déclarant complice ou en se faisant l'aide complaisante de son éventuelle mise à mort, on ferait bien davantage qu'abréger ses ultimes souffrances: on amputerait son temps de vie, ses possibilités intérieures de surmonter sa douleur et de guérir de l'humiliation que certains, dont vous semblez faire partie en employant ce terme, ont jugé irrémédiable.

Oseriez-vous dire que cette personne, qui se sent probablement humiliée par son état - mais n'est-ce pas là chose culturelle et sociétale ? - mérite la peine de mort pour que vous n'ayez plus à être dérangée en posant sur elle vos regards ?

Et pour commencer: comment osez-vous publiquement qualifier cette malheureuse Mme S. de "monstre", fût-ce indirectement - je vous cite : "quelle dignité à devenir un monstre?"
19 mars 2008, 08:52   Re : Alouette gentille alouette
Cher Francis, ou vous m’avez mal comprise ou vous faites semblant. Ma réponse s’adressait à Obi Wan en évoquant la déchéance morale et physique qui découle des douleurs insupportables. Quant à la pudeur des animaux, ici je me suis probablement mal expliquée, mais elle les entraîne, on le sait, à se cacher pour souffrir ou pour mourir. Quand la souffrance vous déforme, modifie complètement votre apparence, c’est aussi un souhait humain, il me semble. Madame Sébire ne se montre pas de gaîté de cœur dans cet état, que pour ma part, en tant que femme, j’éprouverais comme humiliant. Mais c’est le seul moyen qu’elle trouve à sa disposition pour demander avec force qu’on l’aide à soustraire cette souffrance à la vue de ses enfants et à la libérer. Contrairement à ce que vous semblez penser, j’éprouve pour elle une compassion immense et, franchement, je trouverais « humain » de l’aider à mourir maintenant, en pleine possession der ses facultés.
Elle réunit toutes les conditions pour obtenir cela en Belgique mais je dois partir et ne peux donner plus de détails sur la procédure (je sens que vous allez encore me reprocher ce dernier mot. Cela dit, ce n’est pas joli une alouette qui monte vers le ciel en sifflant ?)
Citoyen d'un pays qui autorise l'euthanasie sous certaines conditions, je me sens cependant parfaitement d'accord avec le communiqué, et aussi avec l'opinion défendue par Francis. Les journalistes présentent toujours l'alternative à l'euthanasie comme une « souffrance indigne », présentation biaisée à un double titre : souffrance, et indignité. Ces deux concepts sont toujours avancés tapageusement, avec, si possible, images choquantes en guise de preuves, comme slogans inanalysés. Il en est un, au contraire, qui n'apparaît jamais et qui me semble pourtant essentiel : l'urgence d'en finir, et qu'il conviendrait de mettre à la question.
"Mais c’est le seul moyen qu’elle trouve à sa disposition pour demander avec force qu’on l’aide à soustraire cette souffrance à la vue de ses enfants et à la libérer."

Chère Aline, je crains que l'enfer soit pavé de bonnes intentions.
En agissant ainsi, Mme Sebire montre à toute la France un visage qui hante déjà ses enfants. Imaginez dans les cours de récré : ta mère est un monstre ! ta mère est un monstre !
Les enfants sont cruels vous savez, les adultes aussi, différemment.
Utilisateur anonyme
19 mars 2008, 21:33   Re : Infime braise du néant
Vos gammes, M. Wagner, vos gammes...
Bianca

PS. Remarquez que tous les personnages de Hergé sont résolument du côté de la vie et de la vie digne d'être vécue, car non seulement ils ne meurent jamais, mais ils vivent plein d'aventures palpitantes.
19 mars 2008, 21:48   Re : Le lion de Flandre est mort
Une de nos grands écrivains est mort, Bernard, mais je ne vous apprends rien : celui qu’on appelait « la mauvaise conscience de la Flandre », Hugo Claus, l’auteur du « Chagrin des Belges ».
« Hugo Claus a décidé de partir ce mercredi 19 mars. Euthanasie. Il est mort comme il a vécu et écrit, en homme libre », c’est le titre du « Soir ».
"Chantal Sébire, la femme de 52 ans qui souffrait d'une tumeur incurable et avait sollicité le droit de recourir à l'euthanasie, a été retrouvée morte chez elle mercredi, a-t-on appris en début de soirée auprès du ministère de l'Intérieur.

Son corps sans vie a été trouvé en fin d'après-midi à son domicile de Plombières-les-Dijon (Côte d'Or). Les causes de la mort sont "pour l'instant indéterminées", a indiqué à l'AFP une source autorisée au ministère de l'Intérieur. "
"du côté de la vie et de la vie digne d'être vécue"

Qu'est-ce donc, selon vous, qu'une vie digne d'être vécue ? - Je comprends mieux l'agacement de Francis Marche (cette dignité à toutes les sauces)...
Paix à son âme. Honte à nous de n'avoir pas su la réconforter mieux. Honte aux médias d'avoir su si bien exposer son mal. Et gloire à son courage, celui qui l'a conduite à nous faire la démonstration que, lorsque le souhait est pur et la volonté intacte, on peut et on doit se passer des Suisses, des Belges et de leurs indignes offres de service pour reconquérir seul et de ses mains ce que l'on croit être sa dignité.
Combien de Chantal Sebire meurent chaque jour dans le dénuement et l'isolement le plus complet, sans aucun média pour en rendre compte ? Des centaines, ce sont les personnes qui ne comptent plus dans notre société, les personnes dites âgées, et qu'on devrait rebaptiser personnes sages. En Afrique, un ancien qui meure est une bibliothèque qui brûle, en France tout le monde s'en fout.
Sauf erreur, cher Francis, il n'y a jamais eu, et il n'y a pas, d'« offre de service » de ce genre de la part de la Belgique. Qu'on me démente.

Mais il me vient une expression, à vous lire, peut-être hors de propos, chacun en jugera : « point d'argent, point de Suisse »...
Je vous dis qu'il est impossible de mourir dignement dans la souffrance et vous me faites une diatribe sur le mot "dignité" et sur la haute suspicion dans laquelle vous le tenez. Dans le dictionnaire des synonymes, je trouve de quoi vous éclairez : Décence, Discrétion, Gravité, Honneur, Politesse, Propreté, Pudeur, Réserve, Respect, Retenue, Fierté.
Evidemment, Monsieur Marche, je rejette comme vous avec horreur la sordide mise à mort à la va-vite, pour débarrasser l' plancher, être enfin tranquille, passer à autre chose de "plus profitable pour tous à terme". Ou l'affreuse banalisation de la mort systématisée du "Meilleur des Mondes".
Dans nos contrées je ne crois pas que cela existe, sauf exception, en cela la vie et la mort sont une loterie. L'euthanasie se pratique avec l'autorisation écrite du patient, de sa famille, de deux médecins. Elle met fin à une situation infâme que j'ai connue avec mes parents : Leur déchéance, leur renvoi d'hôpital en domicile et de domicile en clinique, les mensonges, les hypocrisies, les sourires (les médecins escamotant par tous les moyens la possibilité d'euthanasie par peur de la sanction), nos profonds désarrois, nos désespoir, nos mensonges, nos sourires grimaçants échangés, et finalement leur pauvre vie heureusement abrégée par des médecins compatissants et courageux. C'est sans nul doute pour moi ce qui est arrivé à Madame Sébire; il y a des gens bien partout.
Il y a des situations d'incapacité, tel le cas de ce jeune homme (M. Imbert) ou peut-être celui de vos parents; ces situations d'incapacité de l'intéressé à accomplir un geste, qui, POUR RESTER DIGNE, doit s'accomplir entre soi et soi, peuvent nécessiter, voire justifier, dans certains circonstances, un accompagnement, ou une complicité non sanctionnable du corps médical, sous forme par exemple de suspension des soins palliatifs.

Ces cas sont à distinguer de ceux tel celui de Mme S. qui souhaitait (je cite ses propos rapportés dans le Figaro de ce jour): "faire la fête avec ses enfants puis prendre une substance qui la plonge dans un sommeil d'où elle ne se reveillerait pas". Ceux qui lui eussent administré une drogue létale dans ces conditions eussent accompli une mise à mort d'abattoir. Que la brebis affolée, abattue, jugeant, de connivence avec l'ensemble de la société, trop "humiliante" la situation qu'elle endure, consente au couteau, ne retire rien à la culpabilité de meurtrier du bourreau euthanasieur.
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 16:37   Re : Pies jacasses
Mais qui êtes vous, M. Marche, pour prétendre sonder les coeurs et les âmes et fomenter de subtiles distinctions pour dire oui pour M. Imbert ou pour les parents d'Obi Wan et non pour Mme Sebire ? Laissez donc chacun prendre la décision qui lui convient, car aucun intérêt public ne justifie que la puissance publique interfère dans votre sphère de liberté, s'agissant de votre vie et de votre mort.

Quant à vous M. Lombart, je vous ai connu mieux inspiré et votre citation de Café du commerce est peu digne et, au demeurant, fausse. Car, bien entendu, l'assistance au suicide pour des motifs intéressés (comme de l'argent) est un délit pénal en Suisse.

Quant à vous M. Wagner..., non. Rien.
Cher Corto,

Je me suis décidé non sans mal il y a quelques semaines, à intervenir sur ce forum en usant de mon nom d'état civil, j'escomptais en retour de ne pas voir ce nom apostrophé de tous les noms d'oiseaux - Pie jacassante, alouette sifflante, etc. - de la part de quelqu'un qui me cache le sien.

Si vous qualifiez de "subtile distinction" la différence qu'il y a entre capacité et incapacité physique à opérer son suicide, Corto, je ne peux plus rien pour vous. Si le sujet n'était pas si grave, je sonnerais volontiers la charge euthanasiante qui nous débarrasserait de vos insistantes et globalisantes péroraisons sur ces questions.

Ce matin, quelqu'un a laissé ce commentaire dans le Forum du Figaro; nonobstant sa brutalité, il contient un incontournable fond de vérité. Je vous le laisse à ronger. Vous pouvez continuez à japper et à réveiller le chenil tant qu'il vous plaîra:

"philothée : culture de mort
Si tous les candidats au suicide exigeaient une loi pour que d'autres fassent le sale boulot légalement à leur place , quelle société de cauchemar !"
"La mort volontaire peut se justifier rationnellement et est conforme à la nature dans des situations insupportables de souffrance, de maladie, de vieillesse ou d’asservissement, lorsque la vie a perdu son sens ou lorsqu’on n’est plus en mesure d’accomplir ses devoirs sociaux ou de vivre en honnête homme. Ce qui plus est, la mort volontaire de celui qui ne subit aucune contrainte et qui jouit d’un bonheur parfait est la bonne mort par excellence. Selon Chrysippe, «il peut convenir à des gens heureux de quitter la vie et, inversement, à des malheureux d’y rester» (Plutarque, Des notions communes contre les stoïciens, XVIII). Ce type de mort volontaire, appelé suicide philosophique, est considéré comme «un acte de la plus haute vertu», «un droit exclusif du sage», «un droit, un devoir envers lui-même» "(Y. Grisé, Le suicide dans la Rome antique, p. 183).
"philothée : culture de mort
Si tous les candidats au suicide exigeaient une loi pour que d'autres fassent le sale boulot légalement à leur place , quelle société de cauchemar !"

Je prédis le plus grand avenir à cette culture de mort, puisqu'elle est déjà largement en place avec les avortements dits de confort, appellation bien plus terrible que le fond si juste de ce commentaire du Figaro.
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 18:37   Re : de la distinction
Oui, M. Marche, je ne suis pas surpris que, vous, l'adversaire de l'assistance au suicide, appeliez à ce que l'on me pique d'urgence ! C'est toujours le même mépris de la liberté de de l'individu : on peut l'occire, mais il n'a pas le droit de se tuer. Ce sont toujours les régimes totalitaires qui considèrent que le suicide est un crime, mais qu'il est bon d'euthanasier les déviants, les homosexuels et les juifs.
M. Robin devrait se souvenir que la culture de la mort fut celle des régimes fascistes et nazis, pas de celle de nos sociétés où la protection de la vie est portée à son plus haut degré.

Mais peut-être vous avais-je mal compris M. Marche (oui, je résiste au mauvais jeu de mots), en effet, tant l'inversion de valeurs que manifeste la distinction que vous opérez me surprend. Car toutes les sociétés occidentales considèrent que l'euthanasie est plus problématique que l'assistance au suicide. Car, dans le second cas, il y a un acte volontaire et la personne qui boit la potion fatale met elle-même fin à ses jours, alors que pour l'euthanasie, un tiers fait le geste fatal. Je reconnais donc volontiers que la distinction est essentielle. Mais je ne parviens pas à comprendre que l'on puisse admettre plus aisément l'euthanasie que l'assistance au suicide.
20 mars 2008, 18:44   Re : Pies jacasses
» Quant à vous M. Lombart, je vous ai connu mieux inspiré et votre citation de Café du commerce est peu digne et, au demeurant, fausse. Car, bien entendu, l'assistance au suicide pour des motifs intéressés (comme de l'argent) est un délit pénal en Suisse.

Pardon si j'ai blessé quelqu'un, par exemple un Suisse. Mais le terme est pris ici comme dans l'expression, parfaitement française, avec le sens de bedeau dans une église. Cela signifiait : il faut de l'argent, pour s'offrir ce genre d' « assistance », que ce soit en Suisse ou en Belgique. Je ne suggérais pas que les Suisses étaient plus immoraux que les Belges, ou que les Belges étaient plus moraux que les Suisses, j'espère qu'on m'en fera crédit.

Quand à Monsieur Marche, eh bien oui, il faut un peu de délicatesse pour saisir son propos. Je trouve qu'il ne se pose pas en juge, mais en analyste. Et moi, je le remercie pour son intervention sur ce chapitre délicat, car je suis d'accord avec lui.

(Remarquez que c'est vous qui posez des jugements sur Monsieur Lombart et Monsieur Marche plutôt que sur leurs propos.)
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 19:31   Re : Point d'argent, point de Suisses
Bon, bon, vous avez peut-être raison, cher M. Lombart, je m'énerve un peu, car c'est un vieux combat que je mène. En aucune manière, je ne voulais porter de jugement sur des personnes ou les offenser.

Cela étant, connaissez-vous l'origine de la citation (que vous ne restituez pas exactement) "point d'argent, point de Suisses" ?

Lorsque les rois et autres princes souhaitaient lever des soldats parmi les Suisses, si pauvres alors que devenir mercenaire pouvait être une aubaine, on rappelait clairement, lors des négociations avec les agents recruteurs de leur Seigneuries, que ce service avait un prix. D'où le dicton !
20 mars 2008, 21:40   Re : Pies jacasses
À Bernard Lombart :
Il faut de l'argent, pour s'offrir ce genre d' « assistance
Que racontez-vous là, Bernard ? Cette « « assistance » demande un dossier, c’est vrai, mais je crois savoir que cela n’entraîne aucun coût important. Il s’établit sur une demande réitérée et signée par le patient ; deux (ou trois) médecins doivent attester que la maladie est incurable et que les souffrances sont intolérables. La demande peut évidemment être annulée à tout moment par le patient.
En Belgique, et ici je m’adresse à Francis Marche, il ne s’agit aucunement de « débarrasser un lit à coup de piquouzes comme on vide un chenil ». Le corps médical et les familes ne sont pas indignes à ce point. Je lui signale que c’est en France qu’a éclaté il y a quelques années le scandale des vieilles personnes mourant seules pendant la canicule, pas ici.
« Je sonnerais volontiers la charge euthanasiante qui nous débarrasserait de vos insistantes et globalisantes péroraisons sur ces questions. »

On connaît vos imprécations et vos coups de trique assénés sur le dos des impies, mais là vraiment ! Pardonnez-moi, nous ne sommes plus devant le chant de la brillante alouette, mais devant des propos d'énergumène.
Utilisateur anonyme
20 mars 2008, 22:11   Incube
Pardonnez-moi de revenir sur ce thème douloureux mais quelque chose m'intrigue dans le cas de Hugo Claus. On nous dit que c'est pour éviter les développements de la maladie d'Alzheimer qu'il a obtenu le droit de mourir dignement, selon l'expression consacrée.

Aline de son son côté nous apprend qu'il faut établir une demande réitérée, signée par le patient, attestée par plusieurs médecins.

Il me semble donc qu'on est en présence d'une situation assez particulière en cela que les souffrances à éviter ne se sont, par définition, pas encore déclarées au moment où on veut les fuir, car si elles l'étaient, déclarées, cela se marquerait précisément pas l'incapacité du malade à réitérer quelque demande que ce soit.

En somme, ce type de malade ne peut demander l'autorisation de se supprimer qu'à la condition que sa maladie ne se soit pas vraiment déclarée, maladie dont il n'aura lui-même, quand elle l'atteindra vraiment, nullement conscience. D'une certaine façon, il ne peut agir qu'avant le déclenchement réel de la maladie.

Cela introduit dans le débat, me semble-t-il, la question supplémentaire de l'incubation, singulièrement dans le cas des maladies mentales, du type Alzheimer et assimilé. Il est fort probable que, d'ici peu, on pourra diagnostiquer chez un individu l'apparition de ce genre de pathologie bien longtemps avant qu'elle atteigne son stade final, mais comment le définir, ce stade ? Sera-ce le jour où l'on a rangé les chaussettes dans le frigo ? Trop tard pour réitérer les demandes. Sera-ce le jour où le diagnostic a été posé ? Le jour où l'on bute sur la recherche du prénom du président de la république ?
Mes propos au sujet des vieilles personnes abandonnées pendant la canicule étaient absolument inopportuns, absolument inutiles, absolument discourtois. Ils volaient vraiment très bas. Je prie l'assemblée de bien vouloir m'en excuser.
20 mars 2008, 22:50   Re : Incube
Cher Orimont,
Ce cas ne laisse de me troubler moi aussi. En attendant de pouvoir vous en dire plus, voici un lien (qui vous laissera sans doute un peu sur votre faim).

[www.lesoir.be]
21 mars 2008, 00:11   Re : Pies jacasses
» Que racontez-vous là, Bernard ?

Aline, imaginez que votre grand-mère soit à l'agonie en Aveyron ou en Vendée, et que vous désiriez l'amener à Bruxelles ou à Genève pour une solution terminale. Maintenant, relisez mon message.
"é-ner-gu-mène". Je ne connais pas cet oiseau, chère Aline. Pourriez-vous m'imiter son cri ? Allez-y, je vous en prie... Vous n'avez rien à craindre, nous sommes entre nous. Et puis je sens que ça fera tellement plaisir à notre Corto prêt à nous lâcher du bec quelque jeu de mot croustillant sur mon nom qui lui taquine la gorge du haut de son perchoir, pour l'édification de cette assemblée, sitôt qu'il vous entendra.

Dans un de ses billets édifiants qui émaillent le sujet, le sieur Corto a jugé la France pays arriéré pour ne s'être pas encore résolu à régler à coup de ciguë le mal de vivre somatisé qui frappent diversement mais pour lui indifféremment, Mme Sébire, M. Imbert, les parents d'un tel, certains à l'état végétatif désespérés, et d'autres, parfaitement lucides, quasiment sains de corps et d'esprit mais frondeusement déterminés à "mourir libres et dignes". Pour Corto, à tous, une seule voie, un seul remède: la ciguë, vite.

La Suisse n'est pas un pays arriéré, c'est seulement le pays du Temple Solaire et de la cigüe distribuée libéralement à ses adeptes assurés d'être ainsi conduit sur Sirius en vingt minutes.

La Belgique, pays lui aussi non arriéré, est celui où l'on trouve en vente libre ou tolérée des hormones de croissance de provenance indéterminée, fabriquées avec des organes de porcs dans des laboratoires de pays des Caraïbes échappant à tous contrôles.

A tout prendre, l'énergumène que je suis préfère l'arriération française où les décideurs hésitent longuement et ont encore pour eux quelques bons réflexes de distinguer les dangers d'une culture de la mort douce pour tous.
Utilisateur anonyme
21 mars 2008, 08:50   Re : Les conditions du débat
"Pour Corto, à tous, une seule voie, un seul remède: la ciguë, vite."

"La Suisse n'est pas un pays arriéré, c'est seulement le pays du Temple Solaire et de la cigüe distribuée libéralement à ses adeptes assurés d'être ainsi conduit sur Sirius en vingt minutes.

La Belgique, pays lui aussi non arriéré, est celui où l'on trouve en vente libre ou tolérée des hormones de croissance de provenance indéterminée, fabriquées avec des organes de porcs dans des laboratoires de pays des Caraïbes échappant à tous contrôles."

On ne peut naturellement pas discuter sérieusement d'un sujet aussi grave avec un tel imprécateur qui ferait fureur chez Ardisson.
Utilisateur anonyme
21 mars 2008, 09:14   Re : Dernières volontés
Je ne connais rien, cher Orimont, à la législation belge. Mais, en lisant l'article qu'Aline nous signale, on peut comprendre qu'il faut faire sa demande avec conscience et volonté. Si la demande a été faite et que l'évolution de la maladie ne permet plus de la réitérer, les médecins devront tenir compte de la volonté exprimée tant qu'elle pouvait l'être.

En Suisse - où, soit dit en passant, la législation n'est pas si évoluée qu'en Belgique puisque l''euthanasie active n'est pas légale -, les médecins tiendront compte de la volonté exprimée dans ce que l'on appelle un testament biologique et l'on laissera mourir la personne qui ne souhaitait pas végéter comme un légume ou l'on s'acharnera à sauver la personne qui souhaitait que tout soit entrepris pour qu'elle survive.

Le testament biologique est le pendant du testament tout court. On n'est jamais certain que le testateur n'ait pas changé d'avis entre le moment où il a signé un acte de dernière volonté et le moment où il n'a plus pu le faire.. Mais, il faut s'en tenir à la dernière expression de cette volonté. Sinon, c'est la volonté d'un tiers qui prévaudra. Ainsi, le médecin profondément croyant qui refuse l'euthanasie ou, pire encore, le médecin dans un hôpital où l'on manque cruellement de lits, voire la famille souhaitant hériter sans délai....

Pour moi, depuis toujours, le maître mot est et doit être le respect de la volonté du patient. A défaut de l'expression d'une volonté en ce sens, l'on ne doit donc pas hâter la fin d'une vie.
Dans l'état actuel des choses, ni en Belgique ni en Suisse ne s'est développée une "culture de la mort douce pour tous" (existe-t-il d'ailleurs une mort "douce"? - pourquoi pas une mort agréable?). La mort n'est donnée, comme remède à l'angoisse de la déchéance, qu'au bout d'une investigation médicale approfondie. Les associations qui proposent d'aider les individus à sortir de la vie le font dans le respect d'une procédure rigoureuse, et les décisions ne sont pas prises à la légère. Un documentaire diffusé recemment à la télévision : Le choix de Jean, montrait bien cette lente et subtile avancée vers le choix ultime. On est bien loin de la piqûre expéditive.
Entendu ce matin sur Europe 1 lors de la revue de presse : la maladie dont souffrait Mme Chantal Sébire n'était pas incurable ; au contraire, les médecins obtiennent dans ce cas un taux de guérison de 70 %, dès lors que le patient accepte subir une opération et un traitement qui peuvent - et c'était le cas de cette femme - engager le pronostic vital. Or Mme Sébire a refusé l'intervention médicale avant de demander aux corps médical de l'aider à mourir, de la tuer.
Nous sommes probablement encore devant un cas aussi complexe que celui du jeune Vincent Humbert, qui n'était peut-être pas dans l'état où les journalistes l'ont décrit.
Chaque mort est particulière, la loi doit seulement offrir le cadre légal à l'intérieur duquel elle peut s'accomplir. Si la loi est bien faite - et je dois dire que oui, en Belgique : elle est le résultat de très longues discussions alliant à un débat de haut niveau (un remerciement particulier, une fois n'est pas coutume, au sénateur Roger Lallemand) la volonté d'être pragmatique - elle sera vraiment au service des gens, et ces innombrables cas si personnels y auront leur meilleur dénouement. Libre donc à chacun d'accompagner, les uns grâce à une connaissance spécialisée de ce domaine, les autres avec leur tendresse, leur délicatesse, le réconfort moral qui fait tant de bien à celui qui est si seul sur ce chemin inconnu.

Personnellement Corto, ayant accepté par écrit l'euthanasie (ceci n'a rien d'actuel !), je ne suis pas sûr (comment savoir maintenant) que je ne préfèrerais pas qu'on "m'endorme" au bon moment (conscient mais au bout du rouleau) sans rien me dire : petite lâcheté que l'on me pardonnera peut-être ?

Pour moi le communiqué est donc parfait.
Je ferais fureur chez Ardisson, dites-vous. C'est curieux, j'avais eu la même idée pour vous, mais beaucoup plus en amont, en lisant votre "du pur blabla ce communiqué" venu en tête d'arborescence en réplique instantanée à un communiqué rédigé en termes particulièrement circonspects, prudents et nuancés.

Cette idée s'est confirmée face à votre "mais qui êtes vous pour distinguer entre le cas d'un tel et d'un tel" que j'aurais pu vous retourner en un "et vous même, qui êtes-vous pour amalgamer les malheurs les plus divers".

Vous avez écrit que "la France est un pays arriéré" Corto. Ca n'est pas de l'imprécation ça? Ca n'est pas du Ardisson ?

Mais qui êtes-vous pour comparer la Suisse et la France et déclarer ce dernier pays "arriéré" ?
»Chaque mort est particulière, la loi doit seulement offrir le cadre légal à l'intérieur duquel elle peut s'accomplir. Si la loi est bien faite - et je dois dire que oui, en Belgique : elle est le résultat de très longues discussions alliant à un débat de haut niveau (un remerciement particulier, une fois n'est pas coutume, au sénateur Roger Lallemand) la volonté d'être pragmatique - elle sera vraiment au service des gens, et ces innombrables cas si personnels y auront leur meilleur dénouement.

C'est aussi mon opinion.
Mais je constate que, généralement, les fanatiques de l'euthanasie n'ont jamais mis les pieds dans un service de soins palliatifs. Je puis en parler pour avoir fréquenté ce genre de lieu pour deux décès de proches, ces derniers mois. J'en suis resté profondément admiratif de l'humanité des gens qui y travaillent quotidiennement.
Utilisateur anonyme
21 mars 2008, 15:36   Re : Les conditions du débat, bis
Bon, si on en est à "c'est pas moi, c'est lui", on ne va pas avancer. M. Marche..

Je me trompe peut-être, mais je crois qu'il y a une différence entre celles de mes phrases que vous relevez et celles de votre fait, citées dans mon message intitulé les conditions du débat. En tout cas, mes phrases ont suscité un débat et leur caractère polémique y est assurément pour quelque chose. En revanche que répondre aux vôtres que j'avais mises en exergue ?

D'autre part, je n'ai pas écrit de manière toute générale, que la France est un pays arriéré, mais je pense qu'elle l'est sur maints problèmes de société, tels prostitution (avec l'inénarrable délit de racolage passif), drogue (avec la pénalisation de la consommation d'herbe). Alors que dans d'autres pays, on cherche et trouve des solutions qui ne passent par la voie pénale, la France s'y maintient de manière aveugle et en dépit de l'inefficacité de cette voie : développement des réseaux de prostitution et de la maffia de la drogue.

Je me souviens que lors de l'épidémie du sida, le ministère de l'intérieur avait interdit la distribution de seringues propres aux drogués, favorisant ainsi le développement de la maladie. De l'autre côté du Jura, la distribution était libre et gratuite.

Vous pouvez naturellement ne pas être d'accord avec cela, mais au moins on peut en débattre.
Utilisateur anonyme
21 mars 2008, 15:42   Re : Mourir guéri
N'est-ce pas dans une pièce de Molière que l'on trouve cet échange :

"Mais comment est-il mort ?
Oh, il est mort guéri !" ?

C'est le personnage jouant le médecin qui a soigné le défunt qui répond ainsi.
21 mars 2008, 22:16   Re : Gazouillis de Belgique
La mort par injection léthale, la glaçante et sordide mort qui s'insinue en souriant dans les veines du patient, serait donc "plus digne" que l'éclatante et hurlante souffrance du martyrisé dont le visage, très souvent, s'illumine à l'heure du trépas?

Paix à son âme. Honte à nous de n'avoir pas su la réconforter mieux.

Elle est bien avancée avec votre compassion la pauvre Madame Sébire, et bien réconfortée là où elle est à présent, après ces discours proclamés sur des cimes si élevées que l’air s’y raréfie, et où sans doute, vous êtes de « tu à toi » avec la Sainte d’Avila !
Elle aurait voulu sans doute, comme le flamboyant Flamand être du côté de la vie, du côté de celui qui clamait « sans maître ni Dieu ».
Mais aujourd’hui, la réalité c’est ceci : d’une part, le Champagne avant l’adieu serein ; d’autre part, une mort misérable, en cachette, solitaire peut-être ou en compagnie très furtive. Et son pauvre corps livré aux scalpels. Mais c’est ce que vous appelez la dignité.

À propos, j’ai oublié de répondre à l’une de vos questions :
« Avez-vous déjà assisté à une naissance, Aline ?
Ma foi, je ne connais pas grand-chose aux naissances. Pas plus que ma mère d’ailleurs !
Un matin de printemps, dans une chambre conjugale ardennaise, je suis tombée sur le tapis, du haut de ladite mère, distraite comme pas deux et qui n’avait rien senti venir ! Je fus assommée. Et elle… bien étonnée.
Une mère indigne probablement !
Utilisateur anonyme
22 mars 2008, 21:16   Re : Gazouillis de Belgique
Non, chère Aline, ce n'est pas un gazouillis, c'est une voix de Belgique que vous faites entendre et qui parle si justement de la réalité. Quant à votre naissance, un matin de printemps, quelle belle entrée en matière ! Il faudrait toujours pouvoir arriver et partir aussi aisément, sans y attacher trop d'importance.
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