La Villa Médicis, victime du fait du prince
LE MONDE | 21.03.08 | 15h29
Nous sommes, au-delà de toute question de personnes, attachés au respect des compétences, des institutions et des règles. L'Académie de France à Rome poursuit une noble tâche depuis des siècles, de transmission et de création. La diriger requiert un lien fort avec l'Italie et sa langue, un intérêt nourri pour la création contemporaine dans ses expressions les plus diverses et toujours exigeantes, bref, un enthousiasme, une passion.
Il apparaît qu'une nomination pourrait être bientôt effective, qui enverrait à la Villa Médicis le conseiller aux affaires culturelles de l'Elysée quittant ses fonctions, comme lot de consolation. Soyons clairs : personne n'aurait pensé une seconde à lui pour ce titre en dehors de la nécessité de lui trouver un parachutage. Qu'il déclare vouloir s'y consacrer avant tout à des activités personnelles ne fait qu'ajouter à l'inquiétude.
PRINCIPE DÉMOCRATIQUE
Cette nomination serait méprisante, pour nos voisins italiens, pour l'Académie de France à Rome, pour tous les créateurs, et notamment ceux qui ont mérité son hospitalité, et tous les citoyens qui veulent préserver l'indépendance de la culture face aux pouvoirs politiques.
En date du 6 avril 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence, émettait le souhait dans son projet que "les nominations aux fonctions les plus importantes de l'Etat se fassent sur des critères de compétences et de hauteur de vue, et non sur des critères de proximité avec le pouvoir politique en place. Les candidats à ces nominations seront auditionnés publiquement par le Parlement et celui-ci pourra mettre son veto à leur nomination". Nul besoin de procès ni de polémiques. Nous appelons simplement à l'application de cette belle idée de transparence.
Le poste de directeur de l'Académie de France à Rome est important, prestigieux, il nous représente dans un grand pays de création et de culture. Nous demandons donc au président de la République d'appliquer le principe démocratique d'une soumission des candidatures aux commissions spécialisées de l'Assemblée nationale et du Sénat.
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Jane Birkin, artiste ;
François Bon, écrivain ;
Geneviève Brisac, écrivain ;
Pascal Bruckner, écrivain, philosophe ;
Olivier Cadiot, écrivain ;
Sophie Calle, artiste ;
Patrice Chéreau, metteur en scène, cinéaste ;
Bernard Comment, écrivain, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Pascal Convert, artiste et ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Maryline Desbiolles, écrivain ;
Pascal Dusapin, compositeur, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Alain Finkielkraut, philosophe ;
Gérard Fromanger, artiste ;
Valérie Gans, écrivain ;
Gabriel Garran, metteur en scène ;
François Hartog, historien ;
Valérie Lang, comédienne ;
Gila Lustiger, écrivain ;
Bruno Mantovani, compositeur, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Pierre Michon, écrivain ;
Catherine Millet, critique d'art, auteur, directrice d'Art Press ;
Marie-Ange Munoz, écrivain ;
Manuela Morgaine, artiste, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Stanislas Nordey, metteur en scène ;
Bernard Pagès, artiste ;
Giuseppe Penone, artiste plasticien ;
Jacqueline Risset, écrivain, professeur, traductrice ;
Olivier Rolin, écrivain ;
Tiphaine Samoyault, écrivain, ancien pensionnaire de la Villa Médicis ;
Jean-Noël Schifano, écrivain, éditeur, citoyen d'honneur de la ville de Naples ;
Yves Simon, écrivain, chanteur ;
Aberrahmane Sissako, cinéaste ;
Alain Veinstein, écrivain, producteur à France-Culture ;
Marc Weitzmann, écrivain.