Les ennuis (et les sueurs froides) commencent quand les auteurs de ces messages demandent qu'on en produise une traduction en anglais pour des Japonais ou des Indonésiens, ou tout autre destinataire non anglophone. Plus nombreux qu'on ne croit sont les traducteurs de domaines techniques spécialisés
qui ne comprennent strictement rien à ce qu'ils traduisent mais traduisent quand même, plus au moins mot à mot. Plus étonnant encore: les destinataires s'en satisfont, y trouvent leurs petits.
La possibilité de modes de traduction entièrement automatisés découle de ce phénomène. On ne parle ni n'écrit plus aucune langue: on encode et décode comme des machines dans un substrat qui n'est plus de la langue, seulement un véhicule d'informations spécialisé.
Chez les autres, les non spécialistes, les sans-métiers, reste le babil porteur d'aucune implications, la bouillie non signifiante, elle aussi vidée de syntaxe et de pensée. En un bout comme à l'autre, chez ceux qui ne parlent pas pour rien dire comme ces ingénieurs comme chez ceux qui parlent en n'ayant rien à dire de réel: la langue s'est évanouie.