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Une autre voix

Envoyé par Quentin Dolet 
13 janvier 2009, 19:39   Une autre voix
"Huit ans de violence, qui n'ont mené à rien, ne nous ont-ils pas appris la vanité de la force ?", par Nomika Zion

LEMONDE.FR | 13.01.09 | 16h50

"Je parle avec les gens de Sderot et je vois qu'ils ont tous retrouvé le sourire", se vantait Fouad [Benyamin (Fouad) Ben Eliezer, ministre israélien des infrastructures] à la radio, au deuxième jour de la guerre. "A mesure que la frappe s'élargit, les cœurs se rapprochent", ajoutait-il.

Cher monsieur, cela ne vaut pas pour tout le monde, loin s'en faut. Et même si j'étais la seule dans toute la région de Sderot à ne pas me reconnaître dans vos propos – et je ne le suis pas –, il n'en faudrait pas moins m'écouter.

Ce n'est pas pour moi, ce n'est pas en mon nom que vous avez lancé cette guerre. Le bain de sang qui a lieu à Gaza ne l'est pas au nom de ma sécurité. Des maisons détruites, des écoles bombardées, des milliers de réfugiés : ce n'est pas en mon nom, encore moins pour ma sécurité.

A Gaza, on n'a pas le temps d'enterrer les morts. On les glisse deux par deux, comme on peut, dans des cellules frigorifiées. Dans la rue, les cadavres s'entassent, policiers dans un tas et enfants dans l'autre. Nos journalistes zélés s'évertuent à réciter leur propagande en face de "ces images qui parlent d'elles-mêmes".

Mais si je puis me permettre, de quoi parlent-elles, ces images ? Cette guerre ne m'aura offert ni calme ni sécurité. Après une trêve nécessaire, qui nous a permis à tous de retrouver peu à peu notre équilibre émotionnel et psychique et presque une existence saine, nos dirigeants ont réussi à me ramener à ce même endroit, lieu de cauchemar et d'angoisse, à cette course humiliante et terrifiée vers les abris.

Comprenez-moi bien. Le Hamas est une affreuse bande de terroristes, non seulement pour nous, mais d'abord pour les Gazaouis eux-mêmes. Mais au-delà de ce maudit leadership vivent des êtres humains.

Péniblement, des citoyens de deux côtés de la frontière construisent de petits ponts avec des gestes humains. C'est ainsi que l'association Kol-Acher (Une autre voix), dont je suis membre, s'est frayée un chemin d'humanité vers le cœur de nos voisins.

LA CHAPE DE PLOMB DU DISCOURS OFFICIEL ET MÉDIATIQUE

Mais lorsque nous, Israéliens, avons pu profiter de l'accalmie [au cours de la trêve], eux dans le même temps devaient subir le poids du blocus. Un jeune Gazaoui nous a dit qu'il n'avait pas l'intention de se marier et d'avoir des enfants : Gaza ne nourrit pas les rêves d'avenir.

J'ai peur des roquettes. Depuis que la guerre a commencé, je n'ai quasiment pas osé quitter ma rue. Mais la chape de plomb du discours officiel et médiatique, aussi univoque qu'orgueilleux, me fait encore plus peur.

J'ai peur lorsqu'un membre de notre association est attaqué par des habitants de Sderot pour avoir exprimé une position critique vis-à-vis de la guerre dans une interview. Critiques qui seront suivies de coups de fil anonymes et de la crainte de retourner dans sa voiture, ne sachant ce qui pourrait l'y attendre.

J'ai peur quand je vois si peu de place accordée à d'autres voix et combien il est difficile de les exprimer ici, à Sderot. Je suis prête à payer le prix de l'isolement, mais pas celui de la peur.

J'ai peur de voir ma ville se parer des drapeaux d'Israël à l'occasion de cette guerre, avec ces voitures qui klaxonnent lorsqu'une bombe d'une tonne tombe chez nos voisins.

J'ai peur de ce monsieur qui avoue, le visage radieux, qu'il n'était jamais allé à un concert, mais que le bombardement de l'armée israélienne sur les habitants de Gaza est la plus douce musique qu'il ait jamais entendue. J'ai peur du journaliste arrogant qui ne contredit pas ces propos.

J'ai peur que, par le brouillage orwellien des mots et par les cadavres d'enfants dont l'image a été elle aussi brouillée exprès pour nous, comme un service rendu au public, nous perdions notre capacité humaine à voir ceux de l'autre côté, à sentir, à se scandaliser, à éprouver toute empathie.

Sous le nom de code de Hamas, les médias nous ont fabriqué un immense et sombre démon qui n'a pas de visage, pas de corps et pas a fortiori de voix. Un million et demi de personnes sans nom.

Un sombre courant de violence s'infiltre au plus profond de la société israélienne, l'envenime et s'intensifie de guerre en guerre. Il n'a ni forme ni odeur, mais d'ici on le sent bien. C'est une forme d'euphorie, d'allégresse guerrière, une exaltation vengeresse, une ivresse de la force qui enterre un noble précepte juif : "Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi."

Une éthique tellement souillée aujourd'hui qu'il semble que jamais plus aucun lavage ne pourra en enlever cette tache. Dans notre démocratie fragile, il faut peser chaque mot. Autrement, va savoir ce qui t'attend. La première fois où je me suis sentie protégée par mon pays, ce fut lorsqu'une trêve a été conclue.

LE MENSONGE DE LA FORCE

Je n'ai absolument rien à dire aux gens du Hamas mais je demande à nos dirigeants ceci : avez-vous vraiment essayer par tous les moyens de prolonger cette trêve ? Avez-vous réellement tenté de résoudre les problèmes de points de passage et du blocus avant de commettre l'inévitable ? Etes-vous allé jusqu'au bout du monde pour trouver des intermédiaires appropriés ? Pourquoi avoir décliné sans sourciller, alors que la guerre venait d'éclater, la proposition française de cessez-le-feu ? Pourquoi refuser en ce moment même toute initiative de pourparlers ?


N'a-t-on pas encore atteint le seuil de roquettes que nous sommes capables d'encaisser ? N'a-t-on pas encore atteint le seuil d'enfants palestiniens tués que le monde serait capable de digérer ? Qui nous promet qu'il est possible d'éliminer le Hamas ? N'a-t-on pas déjà essayé ces mêmes méthodes ailleurs ? Qui pourrait prendre la place du Hamas ? Et comment de ces ruines, de la famine, du froid et des morts naîtront les voix de la paix ?

Où nous menez-vous ? Quel avenir nous promettez-vous, ici, à Sderot ? Et pour combien de temps encore nous ferez-vous courber l'échine sous le poids des mensonges et des clichés : "Il n'y a personne à qui parler de l'autre côté", "c'est une guerre inévitable, laissez Tzahal terminer le 'boulot'", "on va juste frapper le Hamas et rentrer à la maison", "c'est au nom de la paix". Toujours le mensonge de la force, seul guide pour trouver une solution aux problèmes de notre région.

Et comment se fait-il que chaque interview furtive avec un membre de notre association commence et se termine par cette même question moqueuse du journaliste : "Vous ne trouvez pas que vous êtes un peu naïfs ?"

Comment se fait–il que la possibilité d'un pourparler, de toute tentative d'accord ou d'entente, même avec le pire de nos ennemis, soit devenue synonyme de naïveté, tandis que l'option militaire sera toujours le fruit d'un choix rationnel ?

Huit ans de violence, qui n'ont mené à rien, ne nous ont-ils pas appris la vanité de la force ? Tzahal a battu, éliminé, tiré, rasé, frappé et raté, et fait beaucoup de bruit. Quel avantage en avons-nous retiré ? Question rhétorique.

La vie à Sderot, aujourd'hui, est insupportable. La nuit, à Gaza, Tsahal détruit des infrastructures et tue des personnes. Les murs de nos maisons tremblent. Le matin, à Sderot, nous encaissons les roquettes, à chaque fois plus sophistiquées. Une personne qui se rend au travail n'est pas sûre de retrouver sa maison intacte le soir. A midi, on a tout juste le temps d'enterrer un de nos jeunes héros qui a payé de sa vie pour une énième guerre "juste".

Parfois, on arrive à joindre par téléphone nos amis désespérés à Gaza. Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, pas de nourriture ni d'endroit où fuir. Et seuls les mots de N., une fillette de 14 ans dont l'école a été bombardée et dont la camarade de classe est morte, nous parviennent dans un anglais impeccable, par mail : "Aide-nous, nous sommes des êtres humains."

Ces mots ne me laissent pas en paix. Je n'ai pas retrouvé le sourire, cher Fouad, pas du tout. Une tonne de plomb durci me pèse sur le cœur, et cela, il ne peut le contenir.


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Nomika Zion est membre de l'association Kol-Aher (Une autre voix).
13 janvier 2009, 20:13   Re : Une autre voix
Elle a raison, certaines images font mal.

Et puis l'on relit, l'on bute sur ceci :
"Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, pas de nourriture ni d'endroit où fuir"
C'est faux, tout simplement. Comme on pouvait le voir (bien involontairement) dans une correspondance particulière diffusé en direct sur France 24 hier, le correspondant, un Palestinien (!), très partisan évidemment, expliquait qu'il n'y avait pas non plus d'essence pour faire tourner les générateurs : pendant qu'il parlait, on voyait derrière lui des tas de voitures passer dans tous les sens ; une autre fois, un journaliste palestinien dans son bureau explique qu'il est obligé d'utiliser un vieil ordinateur de secours parce qu'il n'arrive pas à faire réparer l'autre. Puis il enchaîne, devant cet ordinateur allumé, en se plaignant qu'il n'y ait pas d'électricité.
Les camions de ravitaillement passent. Pendant les trois heures de trêve, les marchés fonctionnent, c'est visible sur la télévision israélienne. (On n'en est pas à un mensonge près : sur France 24 toujours, j'ai entendu que les tunnels étaient la seule source d'approvisionnement en nourriture de Gaza depuis le début, non de l'offensive actuelle, mais de la fermeture des frontières ; vous imaginez, un million et demi de personnes uniquement ravitaillés par les tunnels de contrebande ? Le vrai chiffre est connu : 80% de ce qui est consommé à Gaza vient d'Israël.)

Et encore ceci :
"Un jeune Gazaoui nous a dit qu'il n'avait pas l'intention de se marier et d'avoir des enfants : Gaza ne nourrit pas les rêves d'avenir."
Depuis quand ? Au dernières nouvelles, Gaza a toujours la fécondité la plus élevée du monde.

Mais elle a raison, la guerre est épouvantable et ne mène sans doute à rien. Mais elle a tort de le dire en relayant les mensonges.
13 janvier 2009, 20:16   Re : Une autre voix
Ce sont ces mêmes "autres" voix qui ont primé le dessin animé "engagé" suivant, qui compare Sabra et Chatila à la Shoah :

[www.haaretz.com]

Il y a en Israël une cosmo-élite bobo très arrogante, qui répond au syndrome des mutins de Panurge. Rebellocrates de tous les pays...
13 janvier 2009, 20:50   Re : Une autre voix
J'attendais impatiemment vos critiques, chers amis. Mais j'avoue que je ne comprends pas votre message, Bruno : assimilez-vous l'"autre voix" à l'"élite bobo" israélienne ? Ne trouvez-vous pas que leur position est plutôt raisonnable ?
13 janvier 2009, 21:47   Allons
Vous savez donc que c'est tout simplement faux.
Voici ce qu'on pouvait trouver sur le site "walla", l'un des principaux portails israéliens, il y a quelques jours, je traduis de l'hébreu:

Le cable principal alimentant la bande de Gaza a été détruit, et sept des douze autres cables ne fonctionnent plus depuis l'offensive terrestre.
Cela veut dire qu'un million de Gazaouis du nord de la bande, du centre ainsi que ceux de la ville de Gaza elle même n'ont plus d'electricité.
Depuis le débit de l'offensive terrestre surtout il n'y plus d'approvisionnement en eau et les égouts se déversent dans les rues par les tuyaux éventrés

Nir Yahav, correspondant pour les affaires arabes

Croyez-vous que cela a été réparé depuis?

Le fait est que j'ai lu à peu près la même chose dans les journaux israéliens.
Le nombre de morts s'élève maintenant à plus de mille, dont une grande partie, inévitablement, ne sont pas des combattants.
Le correspondant de guerre du "Yediyot", l'un des trois grands quotidiens israéliens, Alex Fishman, qui n'est ni un "gauchisant" ni une belle âme égarée, à déclaré à Kol Israël que le nombre des pertes civiles parmi les Palestiniens devrait être encore bien plus élevé, personne ne sachant exactement ce qu'il y a sous les décombres , des pans entiers de rues ayant été détruits pendant les bombardements massifs.

En tout état des cause, la situation de la population civile est épouvantable, je ne vois pas comment on pourrait le nier, à moins de vouloir obstinément détourner les yeux.

Cela ne veut pas dire que la guerre ne soit, au point où on en est, inévitable, ni qu'elle puisse pratiquement être menée d'une autre façon à Gaza, mais c'est une autre question.
Il faut tout de même voir les choses en face...
13 janvier 2009, 22:06   Re : Une autre voix
Cher Olivier, la question devient trop délicate. Permettez-moi de me retirer de ce débat qui finalement me paraît stérile, car nous somme confrontés à une aporie. Ne pas réagir est impossible. Réagir aggrave la situation et éloigne la paix. Espérons juste qu'Obama saura régler tout ça.
Utilisateur anonyme
13 janvier 2009, 22:28   Re : Une autre voix
Cher Olivier, vous me redonnez un peu d'espoir... Je participe à votre tentative de laisser entendre d'autres voix sous le pilonnage constant de Madame E.....
Editorial paru ce jour dans le quotidien suisse Le Temps :

Citation

La mesure de l'indécence

Luis Lema
Mardi 13 janvier 2009

Prendra-t-on la mesure de l'indécence? Détruire Gaza. Ecraser sa population. Faire régner la terreur. Tuer femmes et enfants. «Les Palestiniens doivent comprendre dans les plus profonds recoins de leur conscience qu'ils sont un peuple défait», disait en 2002 le chef de l'armée israélienne Moshe Yaalon. C'est cela qui est en jeu. L'usage de la force brute pour «faire comprendre», une fois pour toutes, qui est le vainqueur et qui est le vaincu. La reddition sans condition. La menace, au moins symbolique, de l'annihilation.

En préparation de leur exercice sans précédent, les Israéliens ont écarté, depuis des mois déjà, la présence de tout témoin qui pourrait entraver leur écriture de l'histoire. Pas de journalistes, pas de gêneurs, une seule version: Israël est en droit de se défendre face à la pluie de roquettes qui met en danger sa sécurité. Les Genevois feraient pareil; les Lausannois aussi; tout comme les New-Yorkais, ajoutent des publicités sur des pleines pages des journaux américains.

Cette version est si tronquée qu'il vaut peut-être, encore, la peine de rétablir d'autres vérités: les Gazaouis n'ont pas choisi de s'entasser dans leur prison. C'est l'histoire, la guerre et la défaite qui les ont amenés là. Depuis, malgré la fin des colonies israéliennes illégales en 2005, les Palestiniens restent un peuple occupé. A défaut de demander aux vainqueurs une grandeur d'âme qu'ils ne montrent pas, reste le droit international. Il est valable pour tous. Pour les barbus du Hamas et a fortiori pour ce pays qui se présente sur tous les tons comme la seule démocratie du Proche-Orient.

Six mois de cessez-le-feu n'ont pas amené les Israéliens à lever le bouclage de la prison comme ils s'y étaient engagés. Ce sont eux qui ont enterré toute perspective politique en tuant début novembre sixmembres du Hamas. Mais, au-delà de ce déroulé, restent les conséquences. En humiliant l'Autorité palestinienne (certes corrompue, certes inopérante) et son chef Mahmoud Abbas, la puissance occupante israélienne a fortement contribué à installer le Hamas au pouvoir à Gaza. Maintenant, dans le meilleur des scénarios, le Hamas sera détruit. Et ensuite? Qui, une seule seconde, pourrait penser que ne surgiront pas de ce tas de décombres des forces plus résolues encore, plus sombres et plus incontrôlables? Cette guerre est un nouveau et gigantesque fiasco. D'abord pour les Israéliens eux-mêmes et pour tous ceux qui se proclament leurs alliés.



13 janvier 2009, 22:32   Re : Une autre voix
Sur un forum israélien, qui par hasard était consacré à la philosophie, l'un des intervenants, biologiste et honnête homme, a formulé le problème suivant:
L'état d'Israël à été créé pour assurer aux juifs une vie paisible et sûre, dans un pays indépendant. Le fait est que cette sécurité est de plus en plus menacée, et que, plus que jamais, l'état hébreu peut se considérer comme assiégé, le danger se précisant d'autant avec l'arme nucléaire iranienne.
Ainsi, ergotait-il, peut-être était-il temps de se poser la question si la meilleure façon de mettre en œuvre le sionisme, finalement, si le but est effectivement d'assurer aux personnes la plus grande sécurité possible, serait pour les Juifs de renoncer à être Juif.

Laissons tomber toutes ces histoires, retournons en Europe, ou allons ailleurs, mélangeons-nous, dans deux ou trois cents ans dieu ne reconnaîtra plus les siens, et toutes les futures lois de Nurenberg n'y pourront voir que du feu.

Et tout à coup je me suis pris à rêver, me demandant surtout, avec la plus totale impossibilité de répondre : mais qu'est-ce que cela me ferait exatement, et comment l'entendre, de cesser d'être juif ?!
13 janvier 2009, 23:02   Ah, vous aussi ?
Et tout à coup je me suis pris à rêver, me demandant surtout, avec la plus totale impossibilité de répondre : mais qu'est-ce que cela me ferait exatement, et comment l'entendre, de cesser d'être français ?!
13 janvier 2009, 23:04   Re : Une autre voix
La situation est sans doute aporétique, inextricable et désespérante pour les habitants des deux pays en guerre ; quant à nous, qui voyons tout cela de loin, assis devant nos téléviseurs, il nous est loisible de tenter d'y voir clair, et si cela n'est pas possible, au moins de ne pas tomber dans les pièges qui nous sont tendus de part et d'autre par les idéologues de tous poils. C'est pourquoi j'apprécie particulièrement les articles qui nous sont proposés sur ce forum depuis plusieurs jours ; mais je trouvais qu'il manquait, justement, une "autre voix", sans laquelle on pourrait croire que les Palestiniens ont absolument tous les torts, ou que le peuple israëlien dans son ensemble soutient l'offensive de son armée.
13 janvier 2009, 23:14   Re : Une autre voix
Et je vous en remecie, Olivier.
13 janvier 2009, 23:19   Re : Une autre voix
Monsieur Eytan, il s'agit d'une formulation métaphysique, certes importante, mais qui ne tient pas compte de la réalité politique : à savoir que certains Israéliens, Juifs ou non, d'ailleurs, n'ont tout simplement pas la mobilité des élites économiques et culturelles. C'est cela que les élites oublient trop souvent. Pour ces gens, parfois monolingue, émigrer n'est pas aussi simple que pour les privilégiés.
13 janvier 2009, 23:21   Re : Ah, vous aussi ?
Et pourtant, cher Renaud Camus, je suis également Français, et j'y tiens, oh! croyez-moi, dans une Jérusalem rien moins que céleste, où l'on se morfond pas mal...
13 janvier 2009, 23:49   Re : l'article du Temps
Cet article est une fois de plus bien trop tendancieux: Yaalon n'a jamais parlé, ou évoqué, ou laissé entendre, même de la façon la plus biaisée, qu'il pût jamais être question d' "annihilation" des Palestiniens.
Cela aurait provoqué un tollé général en Israël...
Il a dit, pendant l'une des vagues d'attentats les plus sévères qu'ait connu le pays, qu'il fallait que soit gravé dans la conscience collective palestinienne que le terrorisme ne payait pas, que son coût était trop élevé, que c'était une voie sans issue.

Il faut tout de même rappeler qu'après l'opération "barrière de protection", orchestrée par ce même Yaalon, les attentats-suicide ont pratiquement cessé.
C'est ainsi, l'emploi de la force a donné, sur ce point précis, les meilleurs résultats.
14 janvier 2009, 04:20   Un destin tragique
Vous avez bien entendu raison, Monsieur Chaouat.

Mais l'idée que le sionisme portât en lui-même les germes de la disparition du peuple qu'il avait pour but de sauver était, sur le plan intellectuel, satisfaisante pour l'esprit, comme l'un de ces mécanismes de la tragédie, qui veut que le moyen de déjouer un sort funeste soit précisément l'instrument de la perte annoncée.
14 janvier 2009, 07:55   "Cesser d'être juif"
"Cesser d'être juif" est un rêve juif très ancien, peut-être aussi ancien que le peuple juif lui-même. Il ne lui est pas propre, d'ailleurs, puisque l'histoire témoigne de nations qui meurent, comme de civilisations : je commence à croire que notre nation est moribonde, tout en sachant, d'un autre côté, que l'on n'a jamais cessé de penser et de craindre sa mort depuis sa naissance. Une autre constante de l'histoire juive, cependant, est à prendre en compte (on la retrouve rarement dans le destin des autres nations) : des individus juifs, des communautés, parfois, ont cherché à cesser de l'être, et ont tenté de disparaître en tant que tels. Leur appartenance (leur origine, vidée de son contenu oublié) leur est revenue en pleine figure de la part des Nations, sous la forme de persécutions. La persécution va jusqu'à poursuivre des gens jusqu'à la cinquième génération d'oubli du judaïsme et de mélange, ou même, en Espagne et au Portugal, bien plus loin (les derniers Marranes portugais furent découverts au XX°s, eux dont le baptême remontait à 1495 : mais ceux-ci voulaient justement le contraire, ils voulaient persister dans leur être). Ce Monsieur de Jérusalem devrait lire Graetz et Doubnov. Je voulais ajouter cela à l'objection pertinente de Bruno Chaouat: cela me vient des lettres de G. Scholem à ses parents berlinois et à l'un de ses frères, celui qui voulait cesser d'être juif.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2009, 15:16   Encore un effort
Et tout à coup je me suis pris à rêver, me demandant surtout, avec la plus totale impossibilité de répondre : mais qu'est-ce que cela me ferait exactement, et comment l'entendre, de cesser d'être terrien homo sapiens sapiens?!
14 janvier 2009, 19:36   Re : Encore un effort
Puisque vous le prenez sur ce ton, tenez, faites-vous les dents là-dessus, et laissez-moi tranquille; qu'est-ce que cela ferait de ne plus être vivant?

La possibilité absolument propre et inconditionnelle est une possibilité indépassable. Du fait d'être pour cette possibilité, la réalité-humaine comprend que l'imminence qui s'offre à elle comme extrême possibilité de l'existence, est de se renoncer elle-même. Seulement, l'élan-qui-anticipe, loin de prendre la fuite devant la possibilité-indépassable, comme le fait l'être inauthentique pour la mort, se rend libre pour elle. Devenir, par cette anticipation, libre pour sa propre mort, c'est être libéré de la déperdition parmi toutes les possibilités qui s'entre-choquent au hasard ; si bien qu'alors les possibilités effectives, toutes celles qui se situent en deçà de cette possibilité indépassable, peuvent être soumises à un choix et à une compréhension authentiques.
14 janvier 2009, 19:45   Re : Une autre voix
Heidegger ? L'homme de la différence entre Etre et.... Eytan ?
14 janvier 2009, 20:22   Re : Une autre voix
En effet.
Et si j'osais, je m'autoriserais un large sourire signalétique, mais là je sens que ce serait trop...
Utilisateur anonyme
14 janvier 2009, 21:07   Re : Encore un effort (vain)
Je ne vois qu'un malentendu pour expliquer cette invite à me faire les dents sur telle nourriture intellectuelle. C'est un os que j'aurais beau ronger sans parvenir jamais à sa moelle.

Ce que j'imaginais est beaucoup plus simple, terriblement banal sans doute, c'est le thème, disons, de la mutation, du changement substantiel des caractéristiques biologiques qui font de nous des être humains, ceux-ci se voyant remplacés par une nouvelle espèce, laquelle ne tarderait pas à coloniser une autre planète. C'est le plus éculé des thèmes de la science-fiction, n'est-ce pas ? Mais combien de thèmes parmi les plus éculés ne se sont-ils en fin de compte réalisés ? Avec quelle aisance ne baignons-nous pas d'ores-et-déjà dans la science-fiction, tout en agitant frénétiquement des idées, des sentiments, des passions antédiluviennes, comme si cette science-fiction n'était pas faite pour nous ?

C'est une constance sur ce forum (et ailleurs), qu'il semble, en gros, ne rien se passer d'autre que ce qui s'est toujours passé entres hommes, comme si les avancées de la science n'existaient à peu près pas. On croirait lire Babylone-Matin, le Pharaon libéré ou le New-York times, c'est tout un, comme si rien ne s'était passé entre temps et, en effet, il faut bien en déduire que rien ne s'est passé. Aussi, entre l'éventualité que les juifs renoncent à l'être et la mutation de l'espèce humaine, je me demande quel événement est le plus envisageable.

Encore autrement dit, ou bien on se place du point de vue du croyant judéo-christiano-musulman et je ne vois pas comment tout ce qui se passe n'annonce pas la fin des Temps; ou bien on se place du point de vue scientifique et je ne vois pas pourquoi l'hypothèse du remplacement d'homo sapiens sapiens n'apparait pas comme une solution cohérente et normale.
14 janvier 2009, 21:21   Re : Une autre voix
Bolacre veut me ficher des cauchemars.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2009, 21:38   Re : Encore un effort
Parce qu'il est, une fois de plus, très convaincant. Mais le vrai cauchemar, c'est l'homo sapiens sapiens.
14 janvier 2009, 21:53   Re : Encore un effort
Cher orimont, puisque vous parlez du plus éculé des thèmes de science-fiction, j'en rajouterai une louche en vous faisant remarquer que, si nous habitons effectivement la science-fiction que vous dites, en revanche, nos idées, nos passions (antédiluviennes), nos sentiments, eux, sont restés largement derrière, en vertu d'un principe d'inertie dont la science, qui va pourtant si vite, n'est pas encore parvenue à supprimer les effets. Mais, patience, elle y travaille activement.
D'autre part, il n'est pas forcément sans charmes de feuilleter le Pharaon libéré ou Babylone-Matin (très drôle !) en buvant son café et en regardant passer l'époque affairée et à moitié folle.
Utilisateur anonyme
14 janvier 2009, 21:54   Re : Encore un effort
"Mais le vrai cauchemar, c'est l'homo sapiens sapiens." Précisément...
14 janvier 2009, 22:09   Re : Encore un effort (vain)
Un peu au jugé, si vous le permettez, parce que je ne suis pas sûr de voir très clairement où vous voulez en venir : c'est bien grâce au progrès scientifique que l'on sait qu'il n'y a pas de génotype juif.
Non plus que la différence génotypique entre les premiers sapiens sapiens et nous-même est négligeable, voire inexistante.

Et donc que la question de savoir ce que c'est que d'être Juif, par exemple, n'est que du ressort de la passion, précisément, c'est à dire, osons l'exprimer ainsi, de la délibération de l'âme par devers elle-même.
Ces passions antédiluviennes, comme vous dites, sont toujours à elles-mêmes leur propres critères d'actualité, pour ainsi dire, parce qu'il n'y a strictement rien d'ontologiquement comparable à l'extérieur d'elles qui pourrait signifier leur obsolescence.
Pourvu qu'elles s'éprouvent, ce qui est heureusement ou malheureusement toujours le cas, elles demeurent de la plus brûlante actualité.
14 janvier 2009, 23:19   Re : Encore un effort (vain)
Ces histoires de génotype sont très rigolotes : chacun y trouve ce qu'il y cherche. Si j'ai bien compris, l'étude de l'ADN des populations juives a montré deux choses ; d'une part, ils sont génétiquement plus proches des populations des pays dans lesquels ils vivent ou desquels ils viennent que des populations juives d'autres origines (ce qui ne fait du reste que confirmer ce qu'une simple observation permet de voir), et, d'autre part, ils ont (encore) en commun des caractéristiques génétiques propres aux populations d'origine proche-orientale, sémitique notamment.
15 janvier 2009, 22:45   Re : Génotype rigolo
Et ainsi avez-vous sous la main la solution toute trouvée à votre interrogation : si chacun y trouve ce qu'il cherche, c'est qu'il n'y a rien à y trouver.
16 janvier 2009, 00:51   Re : Génotype rigolo
Je ne posais aucune question, les résultats scientifiques me suffisent et ce ne sont pas eux qui sont rigolos mais ceux qui se servent d'un de leurs versants pour argumenter dans le sens qui leur convient.
Voyons : L'assertion était qu'il n'y a pas de génotype juif.
Les résultats scientifiques concernant cette assertion, comme vous l'avez exactement dit, sont nuls, c'est à dire qu'ils ne sont en rien probants concernant l'existence d'un tel génotype.
Il y a un large consensus dans la communauté scientifique pour dire qu'on ne peut pas parler de génotype juif.

Compte tenu de cela, en quoi la reprise de cette assertion, comme avérée parce que non contredite, pourrait-elle constituer une interprétation tendancieuse de résultats scientifiques qui n'en sont pas, parce que ne permettant en rien d'établir sa fausseté ?!
Oh, écoutez, je ne dis absolument pas qu'il y a un génotype juif, je rappelle simplement que l'on trouve dans les populations juives des traits génétiques caractéristiques des populations des pays dans lesquels ils vivent depuis des siècles (ou ont vécu des siècles durant) et d'autres traits qui le sont des populations du Proche-Orient sémitique. La survivance de ceux-ci, même minoritaires, après deux millénaires d'éparpillement (quelque chose comme quatre-vingts générations !) est étonnante, non ?
16 janvier 2009, 11:08   Re : Génotype de plus en plus rigolo
Cher Marcel, mon père souffre bien de la "maladie du viking"...
C'est bénin, c'est curable, c'est assez courant dans nos contrées. Elle est aussi nommée "maladie de Dupuytren".

"La seule chose établie avec certitude est l’existence d’un facteur génétique. Exceptionnelle chez les asiatiques et les africains, la maladie de Dupuytren survient seulement chez les sujets blancs, européens du nord (Islande, Scandinavie, Russie, Angleterre) et chez leurs descendants, en particulier dans les pays d'émigration britannique (Canada, Etats Unis, Australie). Les invasions des Vikings restent le facteur prédominant de la répartition de la maladie dans le monde, et les patients atteints ont d’ailleurs très souvent les yeux bleus ! De plus, au moins 10% d’entre eux ont des membres de leur famille atteints par l'affection. Mais cette notion est très souvent inconnue du patient.

[fr.wikipedia.org]
Intéressant, chère Aline.

J'ai lu quelque part qu'une organisation étudiante d'Ottawa, puissante et bien dotée financèrement et qui subventionne chaque année des recherches médicales sur des maladies rares, a retiré en 2008 son soutien à l'un de ces programmes parce qu'il concernait une maladie qui ne touche que les Blancs.
16 janvier 2009, 12:49   Re : Génotype de plus en plus rigolo
Je connais, rien que dans mes connaissances et en divers endroits de Belgique, au moins trois cas de cette maladie du viking (il est possible, voire certain que certains participants à ce forum en souffrent également ou connaissent des personnes atteintes).


"a retiré en 2008 son soutien à l'un de ces programmes parce qu'il concernait une maladie qui ne touche que les Blancs.

Honte à eux! A l’université de Louvain-la-Neuve, on a étudié la relation entre les données culturelles et les caractères du sang. Et, particulièrement, entre …la religion et le sang.
Pour ceux que cela intéresse, voici un lien vers la revue « AMA-UCL », (association des Médecins Anciens Etudiants de l'Université de Louvain) et notamment vers celle d’avril 2003, dans laquelle a paru cet entretien :

« Le sang témoin et pilote de l’histoire
Propos recueillis par le Docteur Léon Deleuse d'après les travaux du professeur Jean Bernard »
[www.md.ucl.ac.be]
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