Le site du parti de l'In-nocence

Corneille a-t-il écrit les pièces de Molière ?

Envoyé par Jean Robin 
C'est la thèse pour le moins argumentée de ce collectif d'intellectuels, universitaires, écrivains et même des scientifiques : [www.corneille-moliere.org]

Le PI ou certains de ses membres se sont-ils déjà penchés sur cette "affaire" ?
Ah non, cette fois-ci on le vide !!!!
Utilisateur anonyme
22 mars 2008, 19:19   Re : Corneille a-t-il écrit les pièces de Molière ?
Et vous n'avez rien de nouveau sur le monstre du Loch Ness ?
Utilisateur anonyme
22 mars 2008, 19:24   Re : Corneille a-t-il écrit les pièces de Molière ?
C'est vrai, ça fait bien des décennies que l'on entend cette rengaine oiseuse ressurgir inopinément.
Ah bon, videz-moi alors, cela fera gloser sur le site que j'ai mis en lien...
22 mars 2008, 19:42   Marlowe
Je suggère que la problématique Marlowe soit abordée...
On ne sait pas qui est Marlowe sur TF1.
22 mars 2008, 20:00   Finger man
Comment ? les téléspectateurs ignorent que Sam Spade était en réalité Philip Marlowe dans le "Faux con malté", sponsorisé (?) par une grande marque de bière ?
Utilisateur anonyme
22 mars 2008, 20:37   Re : Corneille a-t-il écrit les pièces de Molière ?
Mais non !
C'est le poumon ! Le poumon ! Le poumon !
En fait tout ça est un complot ourdi dans le but de tester les capacités de résistance du PI à l'envahisseur robinien...
De toute façon, les pièces de Corneille et de Molière, c'est moi qui les ai écrites.
Louis XIV.
Serait-il également possible que le PI se penchât sur l'idée que certaines pièces de Shakespeare pussent avoir été écrites par Bacon, please?
Il est temps de soulager ma conscience, mes valeureux amis : je suis bel et bien l'auteur de ces fameuses Églogues, dont le président de ce parti s'est ensuite emparé avec un cynisme qui, aujourd'hui encore, me laisse pantelant.

C'est à peu près à la même époque que je me suis mis à boire.
24 mars 2008, 11:35   Shakespeare
L'argument le plus souvent avancé contre cette thèse est que les pièces de Shakespeare sont découpées en des scènes et suivant un rythme et des séquences d'action, de répliques, de souffle d'acteurs qui ne pouvaient avoir été conçues que par un homme rompu au théâtre et à la direction d'acteurs - un bateleur formé au gueuloir. Ce qui excluraient les philosophes, les penseurs, juristes et autres essayistes aristotéliciens tel Francis Bacon.
Encore une fois, vous faites diversion, je vous parle de Corneille, vous me parlez de Shakespeare.
J'aurais espéré quelque écoute sur ce sujet, Corneille étant sans cesse rabaissé dans notre patrimoine, et Molière sans cesse encensé.
Un article de Jean-François Deniau dans l'Express sur Corneille, qui déplorait qu'on ne fête pas les 400 ans de sa mort, avait été censuré, avant d'être publié à la mort de Deniau...
D'après les éléments de recherche scientifique, biographique, historique rendus publics et analysés en toute transparence sur le site que je vous ai indiqué et dont je doute que vous connaissiez l'existence, il me semble que le doute soit permis. Mais s'il ne doit plus y avoir de doute, alors soit.

"vendredi 26 janvier 2007, mis à jour à 17:23
La dernière colère de Deniau: Corneille, objet de ressentiment
Jean-François Deniau
L'été dernier, Jean-François Deniau avait envoyé à L'Express un texte vengeur sur le sort funeste fait par nos ministères au 4e centenaire de Corneille, article qui n'avait finalement pas été publié. C'est un document inédit: nous mettons en ligne aujourd'hui ce coup de gueule qui ressemble tant à son académicien d'auteur, mort mercredi

Sommes-nous tombés sur la tête? Après la quasi-non-célébration d'Austerlitz, mais celle de Trafalgar, la logique devait nous conduire à appeler la gare Montparnasse Waterloo Station et à débaptiser quelques boulevards portant des noms de maréchaux. Je vois assez bien une grande avenue Sedan. Quant au pont d'Iéna, pourquoi pas pont d'Azincourt? La mode actuelle est de nous donner en modèle nos revers, nos échecs, nos fautes. Elles ne manquent pas... Bref, de faire de nous un antimodèle. N'oublions pas de supprimer avenue et lycée Voltaire, qui, lui, fit vraiment fortune avec la traite, et non ce pauvre Corneille.

Corneille... L'année 2006 devrait fêter le 4e centenaire de sa naissance. Grand auteur français. Un classique entre les classiques. Les ministres compétents - Culture ou Education, je m'y perds - ont dû prévoir de solennelles manifestations d'hommage? Eh bien, non! A cette date, rien d'important n'est organisé. D'obscurs sbires de corridors, qui régentent notre vie intellectuelle, auraient découvert une parenté de Corneille avec un bourgeois de Rouen, qui, comme tout habitant des ports, de la Suède au Portugal en passant par Nantes, Bordeaux et toute l'Angleterre, a pratiqué la traite des nègres, en concurrence avec les Arabes et les tribus africaines elles-mêmes. Corneille est donc déclaré politiquement incorrect et ne sera pas célébré. Je signale que de telles punitions familiales, s'étendant sur plusieurs générations, ont été le signe des pires dictatures. Il est triste de la voir régner dans nos antichambres.

Mais, direz-vous, il y a quand même Le Cid! Les plus anciens d'entre nous se souviennent du Cid monté par Jean Vilar, qui n'était vraiment pas de droite, pour le Théâtre national populaire, qui ne l'était vraiment pas plus, avec Gérard Philipe dans le rôle. Et dans Paris, et dans la France entière, ce fut une rumeur de bonheur, d'admiration, d'émotion. On s'appelait au téléphone, on s'écrivait, on se donnait rendez-vous. Eh bien, c'est fini. Le Cid est mal vu. Est même honni. J'ai entendu la condamnation :"Une pièce d'extrême droite." Nos penseurs de l'Education auraient autorisé une exception à Rouen, ville natale de Corneille, mais au titre de la politique culturelle locale, sans plus. Et attention, pas Le Cid en français, pas celui écrit par Corneille, non, un Cid interprété en chébran ou autre langage des banlieues. Je ne peux pas le croire. Les autorités compétentes vont s'indigner, à juste titre, que de pareilles rumeurs infâmes puissent être répandues. Déjà, je bats ma coulpe et fais amende honorable.

Alors on me dit - je ne peux toujours pas le croire - qu'il y aurait dans le cas du Cid plus grave qu'un délit familial de commerce de bois d'ébène datant de plusieurs siècles. Un crime de mots. De mots inadmissibles. Réactionnaires, extrémistes, provocateurs. J'aime les chiffres. Dans le théâtre de Corneille, le mot gloire est prononcé 770 fois. Devoir, 344 fois. Honneur est cité 544 fois, courage, 346 fois, vertu, 526 fois... L'Education dite nationale peut-elle tolérer pareilles provocations? Cela ne suffit-il pas à condamner une œuvre, à la rejeter aux poubelles de l'Histoire, à la taxer d'infamie? Des mots impardonnables. Les dictatures ont toujours été très portées sur la condamnation des mots et par les mots. Je me souviens de la"hyène dactylographe", qui avait supplanté le "rat visqueux", un peu vieux jeu. Nos maîtres de la pensée sont à bonne école.

Ce que je viens d'écrire est sûrement faux, malveillant, mal informé, condamnable, diffamatoire, une atteinte déterminée à la considération et à la dignité de ministères respectables et de spécialistes éminents. Soit. Nous ne sommes qu'en août. L'année se finit en décembre. Je vais donc recevoir un démenti particulièrement cinglant, précisant notamment les grandes célébrations prévues, et depuis quelle date, pour honorer comme il convient l'année Corneille et Le Cid. Ce démenti cinglant, je l'attends; oserais-je le dire, je l'espère. On a sûrement exagéré des ragots irresponsables. Les fonctionnaires dits compétents dormaient. J'aurais au moins contribué à les réveiller. Vive Corneille et Le Cid!"
Intéressant, Francis, mais, mais... si le docteur Bacon-Jeckyll avait tenu secret, dans le fond de son âme, un mister Hyde-Dramaturge et poète génial, qui aurait tout compris au théatre après avoir vu jouer une seule pièce, par exemple?

Et si Jean Robin était le nègre de Didier Goux?
Citation
Olivier
Et si Jean Robin était le nègre de Didier Goux?

Ou l'inverse ?
Cher ami,

Oui, l'Etat a refusé de commémorer (ou n'a pas voulu le faire avec le faste qui s'imposait) en 2006 le quatrième centenaire de la naissance de Corneille; et vraisemblablement pour des raisons purement "idéologiques", Corneille n'étant pas PC (politically correct) : l'héroïsme, la résistance aux Maures, l'Imitation de Jésus-Christ, la raison d'Etat, la proximité avec les Jésuites, la passion de l'Empire romain, Polyeucte, etc. tout cela est démonétisé. Il me semble que l'ancien forum s'en est fait l'écho en temps voulu. Tout ce que Corneille défendait est abhorré aujourd'hui : couvert "d'opprobre", dirait Millet (son dernier livre, L'Opprobre, essai de démonologie, mars 2008, est parfois brillant, souvent juste : ses thèses ne dépareraient à l'In-nocence).

Quant à la question de savoir si Molière a réellement écrit les pièces qu'il a fait jouer par sa troupe, pour lesquelles il a été rémunéré et dont il est officiellement l'auteur, vos détracteurs n'ont pas tort de vous rétorquer qu'elle est rebattue, que l'on en débat depuis près d'un siècle, que souvent de simples raisons idéologiques ont pu alimenter la polémique (Molière étant perçu, à tort, comme le porte parole de la bourgeoise républicaine, éclairée, radicale-socialiste, anticléricale, juste milieu, etc. et Corneille celui de la France monarchiste et catholique), qu'en parler à nouveau, c'est enfoncer une porte ouverte, que l'Université, les institutions, la Comédie française ont tranché : pour elles, c'est "oui", que, si Molière n'est plus l'auteur des pièces qu'il a jouées, il n'y aura plus un seul auteur du XVIIe siècle à figurer dans le programme des classes de collège et de lycée, etc.

Il est vrai cependant qu'un lecteur actuel, sensible aux sons et au rythme, qui a l'intuition de la langue, qui aime lire les auteurs du XVIIe siècle, qui ne se pique de rien et n'est pas un spécialiste labellisé, aura parfois (souvent) le sentiment d'entendre, en lisant les grandes comédies de Molière, dans la syntaxe, dans la rigueur du vers, dans la fermeté du sens des mots, etc. quelque chose, un ton, des formes, un style, une voix, qui lui rappelle Corneille. De là à trancher en faveur de la thèse, au risque de bouleverser un édifice culturel en piètre état ou presque en ruines...
Bien cher JGL,


Ce que vous dites me semble, comme à l'habitude, très vrai.

Je me permets d'ajouter un point : Molière est, pour moi, plus "Français" que Corneille car il introduit ce qui est un grand mal (ou un grand avantage) du "génie" de notre Nation, la "légèreté".

N'oublions pas, comme le précisaient MM. Lagarde & Michard aux lycéens d'il y a cinquante ans, que Corneille, dans ses ouvrages théoriques, se rendit prisonnier de son propre système, tout comme Boileau, dans "l'Art poétique" raidit le génie classique en le systématisant.
Zut alors, le Lagarde & Michard disait ça ? Je me souviens dans l'année de mes 16 ans, ce professeur de français agrégé, militant au PSU, qui ironisait dans les salles de cours du vieux lycée napoléonien, aux plafonds à six mètres, aux vieux murs de granit gris pisseux de quatre pieds d'épaisseur, au chauffage central toujours en panne, en abaissant les commissures des lèvres, ce commissaire politique, mort deux ans plus tard dans un accident de la route en Albanie où il s'était rendu en voyage estival avec ses camarades applaudir le socialisme en construction, sur le Lagarde & Michard, pouah ! ah ah ah! le Lagarde & Michard... ah ah ah! Et les pauvres gosses que nous étions de trouver ce professeur profond, neuf, héraut du monde qu'on nous annonçait.
Dans le fond de nôtre âme, Olivier, quelles pièces de théâtre n'avons-nous pas tous écrites ?
24 mars 2008, 17:42   Gabim
Voici, bien cher Francis, le mot albanais qui pourrait servir d'épitaphe à votre professeur.

Cela signifie, à peu près, "cela ne marche pas mais peut s'arranger", et se retrouvait toutes les deux phrases.

Il y a quatre ans, arrivant à l'aéroport "Nene Teresa" (Mère Théresa, pour les intimes), je fus (j'étais semble-t-il le seul occidental dans le vol d'Alitalia, durant lequel l'équipage avait été odieux (sauf avec moi)) :

- contrôlé par un policier ;

- questionné par lui sur le fait de savoir si j'avais un moyen d'aller en ville ;

- à ma réponse négative, pris en charge par lui, qui planta-là son guichet (fermeture du guichet "étrangers" alors que la file "Albanais" devenait kilométrique) ;

- conduit à vive allure dans le véhicule de police à mon hôtel, et ce pour le prix d'une course normale.


Cela commençait donc à marcher. Je crois me souvenir qu'il y a une expression chinoise un peu analogue, où il etsquestion de cheval et de tigre, mais je me trompe peut-être.
24 mars 2008, 22:22   Re : Gabim
Le terme "cheval tigre " (馬虎 qui se prononce ma 3e ton et hou 4e ton) signifie "fait sous la jambe", "à la va-que-je-te-pousse", exécution sans soin, sans application, etc. Je ne vois pas que l'on s'en serve pour le Gabim albanais. Chez les Chinois, il y a une expression pour "y a moyen", "on devrait pouvoir vous arranger ça" en appel au backchich: "yoou pan-fa" (c'est par choix que je n'utilise pas la transcription pinyin ici qui serait "you banfa", dont la lecture en français éloigne de la prononciation chinoise).

Yoou pan-fa ba: 有 辦 法 吧 !

ce "ba" (吧) étant la particule emphatique qui ponctue ainsi la proposition. C'est en japonais le "nê", employé surtout par les femmes, que l'on rencontre fréquemment remplissant cette fonction du "ba" chinois (pourvu que JR ne me contredise pas, je sens que je ne m'en sortirais pas!)
Merci à JGL d'avoir pris ma question au sérieux, et d'y avoir répondu aussi brillamment, comme à son habitude.
Utilisateur anonyme
25 mars 2008, 17:15   Subtil à ma peine
Pauvre amant, vois par son silence
Qu'elle t'en commande un égal,
Et que le récit de ton mal
Te convaincrait d'une insolence.
Quel fantasque raisonnement !
Et qu'au milieu de mon tourment
Je deviens subtil à ma peine !

Corneille (Stances)
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