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L"assoce" qui monte, qui monte...

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 17:25   L"assoce" qui monte, qui monte...
Après tout, personne n'a jamais forcé l'humanité à enfanter de grands hommes, ou de grandes théories politiques...

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Quand des membres d’AC Le Feu passent aux fonctions politiques

Samedi 22/03/2008 |



A la mairie de Clichy-sous-Bois, le maire socialiste Claude Dilain s’est entouré de membres d’AC Le Feu pour composer son équipe municipale. L’occasion de rallier l’associatif au politique.

A Clichy-sous-Bois, la nouvelle équipe municipale menée par Claude Dilain (PS) est déjà au charbon. Le 15 mars, quelque minutes après son élection de maire adjoint à la Vie associative, Medhi Bigaderne, 26 ans, accompagné de Fatima Hani, 36 ans, élue maire adjointe au Logement, ont rendez-vous chez une famille, dans la cité de La Forestière, où un incident a eu lieu la veille.

Medhi et Fatima sont issus du collectif citoyen AC Le Feu, né au lendemain des révoltes urbaines de 2005. Eux et trois autres membres, élus conseillers municipaux de la majorité, font pour la première fois leur entrée en politique avec l’étiquette « Mouvement affirmation », créée pour les militants du collectif ayant fait campagne pendant les municipales, « afin de conserver la vocation initiale d’AC Le Feu », précise Medhi.

Au terme de la cérémonie d’investiture, le maire adjoint déclare : « La politique régit la société dans laquelle on vit aujourd’hui. Mon engagement à la mairie de Clichy-sous-Bois me donne le pouvoir de décider et passer à l’action. » L’animateur de jeunesse poursuit : « J’aurai plein de choses à proposer. Mais ça ne se fera pas sans consulter les habitants ! ». Le combat est donc loin d’être terminé pour ce garçon qui « travaille jour et nuit, depuis les émeutes de 2005, pour être arrivé à cette place aujourd’hui », témoigne sa mère Ouardia, toute émue de voir son fils élu. Elle compte fêter cela autour d’un grand repas à la maison.

Dans la majorité, Mohamed Bellahcene, le président de la mosquée, est appréciée par « sa sagesse et son sens de la laïcité ». Claude Dilain affirme aussi que l’une des conséquences positives des émeutes de novembre 2005, « c’est la mobilisation des gens comme les militants d’AC Le Feu, jusque là éloignés de la vie politique, qui ont décidé de s’engager ». La sélection des cinq membres d’AC Le Feu aurait « fait des jaloux », selon Éric Raoult, le député de la XIIe circonscription ; « la liste n’a pas été simple à négocier », acquiesce Claude Dilain.

Aujourd’hui, là où les cinq membres d’AC Le Feu sont acteurs des décisions politiques, Fatima Hani, qui compte conserver son métier de secrétaire, apprécie son élection pour se donner « les moyens de répondre concrètement aux doléances recueillies lors du tour de France d’AC Le Feu, en 2006, assure-t-elle. Je le ferai au nom du Mouvement affirmation ». Si Mohamed Tiba, un autre compère, étudiant de 28 ans, ne s’était jamais imaginé faire partie, un jour, du Conseil municipal, sa sœur Hanane (une ancienne camarade de lycée), fière de son ascension, trouve là, « la bonne manière de rallier la politique et le monde associatif ».



20minutes.fr
24 mars 2008, 17:35   Sarkozy et la gauche
Cela me conforte dans mn opinion : on ne peut mettre la droite et la gauche sur le même plan.

D'un côté, il y a certes du mauvais. De l'autre, il y a le pire.


Pour les forumistes (?) intéressés, je vous communique un lien, une fois n'est pas coutume, celui d'avec le blog de Bernard Antony (animateur de Chrétiens-solidarité). Bernard Antony, homme de convictions, fut un des dirigeants du Front National et est resté un grand ami des époux Bompard.

Je l'eus comme collègue au sein d'un conseil municipal (où je siégeais sur les bancs de la droite conservatrice) et je n'ai eu qu'à me louer de son honnêteté intellectuelle.

[bernard-antony.blogspot.com]


Vous y verrez que, sans jamais accabler Jean-Marie Le Pen, il en décrit assez bien les défauts, et notamment les limites de son projet politique.
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 18:17   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
"pour ce garçon qui « travaille jour et nuit, depuis les émeutes de 2005"

De bien louables émeutes...
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 20:53   Re : Sarkozy et la gauche
Aucune voix ne peut être accordée à des candidats qui manifesteraient leur accord avec l’actuelle législation de culture de mort et leur acceptation du prosélytisme homosexuel dans les établissements scolaires.

Franchement, Cher Jmarc, peut-on appeler cela de l' "honnêteté intellectuelle" ?
Mais c'est l'arrêt de mort de l'enseignement catholique !
Pour moi, l'honnêteté intelletuelle est :

- d'écouter les arguments des autres ;

- de se ranger à leur avis lorsqu'il s'agit de faits démontrés.

A partir de là, il y a des opinions : on peut être favorable ou opposé à l'avortement, cela ne présuppose pas d'une honnêteté ou d'une malhonnêteté quelconque.

En ce qui concerne le "prosélytisme homosexuel", là encore l'église (et Romain Marie, autre nom de Bernard Antony) a raison d'avoir tort, si je puis dire. Son système de valeur est incompatible avec la mise sur un pied d'égalité du mariage en vue de la procréation (pour faire simple) et de l'union de fait homosexuelle.

Pour ma part, j'avoue être troublé quand je lis des magazines du genre "Têtu" (qui ont de bien belles photos).

On y découvre des interventions de tous jeunes gens qui disent, à vingt ans, avoir trouvé l'homme de leur vie, et de se jurer fidélité éternelle !

C'est gravement méconnaître un des traits marquants de la sexualité homosexuelle, qui est le papillonage.

De même, quand un garçon parle de "mon mari", je suis peut-être vieux jeu, mais cela me hérisse.

Au fond, une longue expérience m'a montré que les couples de même sexe qui "réussissent" sont en fait, comme les couples hétérosexuels, fondés sur l'asymétrie. Asymétrie d'âge, ou, à âge égal, asymétrie culturelle. Si les deux personnes se rssemblent par trop, c'est la porte ouverte aux déchirements (notez que, dans la plupart des civilisations, la relation homme âgé - homme plus jeune est tolérée, alors que la relation "de même âge" est mal vue). Vous me direz que je "prêche" pour ma paroisse et que j'aime la chair fraîche, c'est de bonne guerre.
24 mars 2008, 21:41   Tout est dans tout
Au risque de provoquer de vifs débats, je vais préciser ma pensée.

Tout n'est pas équivalent à tout.

Dire qu'il y a des hommes qui préfèrent les femmes et des hommes qui préfèrent les femmes, c'est un fait.

Dire qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent, comme individus, et que c'est leur problème, c'est mon point de vue.

Dire que ces deux catégories de personnes doivent bénéficier des mêmes droits sociaux et patrimoniaux quand ils ont un engagement durable, cela me paraît de bon sens.

Dire cependant que le mariage est pour tous, que pour un enfant c'est la même chose d'avoir deux pères ou deux mères qu'un père et une mère, cela me dépasse.
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 21:47   Re : Honnêteté intellectuelle
En ce qui concerne le "prosélytisme homosexuel", là encore l'église (et Romain Marie, autre nom de Bernard Antony) a raison d'avoir tort, si je puis dire. Son système de valeur est incompatible avec la mise sur un pied d'égalité du mariage en vue de la procréation (pour faire simple) et de l'union de fait homosexuelle.

Vous avez raison, mais ce n'est pas ce qui est ici en question. M. Anthony n'énonce pas une opinion mais un fait : il affirme qu'il y a un prosélytisme homosexuel dans les établissements scolaires et il engage fermement à s'y opposer. L'honnêteté intellectuelle devrait le conduire à nous dire ce qui lui permet de porter ce jugement, ce qu'il ne fait nullement dans son article.
24 mars 2008, 21:50   Antony
Sans h.

En fait, je crois comprendre de quoi il s'agit : la demande récurrente d'égalité des droits peut être perçue de cette façon, en présentant le mariage homosexuel comme équivalent au mariage hétérosexuel, et M. Mamère comme le modle de la tolérance et de l'ouverture d'esprit.

Cela remplace les "conversions" en petit nombre que l'enseignement catholique faisait par le passé (lire Roger P. à ce sujet).
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 21:50   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
"peut-on appeler cela de l' "honnêteté intellectuelle" ?


Juste en passant...

On peut être honnête intellectuellement c.a.d. clair, logique et cohérent dans la formulation de ses raisonnements, de même que dialectiquement irréprochable, et cependant déplaire et sembler malhonnête intellectuellement en regard de la morale dominante et de la "vigilance" obsessionnelle. Aussi je crains qu'il n'y ait une sorte de mépris (assorti de bonne conscience évidemment) à méjuger si facilement de l'"honnêté intellectuelle" de M. Antony.
24 mars 2008, 21:52   Vigilance
Bien cher D. Wagner,


C'est exactement mon point de vue.
24 mars 2008, 21:57   Nains de jardins
Cela me fait penser à une définition du fascisme que j'ai donnée à un jeune homme.

Celui-ci est "bien sous tous rapport" :

- famille recomposée ;

- éducation non coercitive ;

- idées d'extrême gauche ;

- glorification des cultures externes ;

- haine de notre passé.


Je lui ai, un jour, demandé ce qu'il pensait des rapts de nains de jardin. Il a souri ironiquement et a déclaré que c'était une bonne chose, car "il y avait des gens vraiment trop cons".

Je lui ai alors rétorqué qu'il venait d'avoir une approche typiquement "fasciste", en ce sens qu'il imposait, sur une question qui ne regarde que chaque individu et qui n'a pas d'incidence marquée sur les autres, un et un unique point de vue.

La "bien-pensance" (je ne sais comment l'écrire) exige aussi qu'on traine dans la boue tout ce qui est "populo".
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 21:59   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
"L'honnêteté intellectuelle devrait le conduire à nous dire ce qui lui permet de porter ce jugement, ce qu'il ne fait nullement dans son article."

L'observation, la seule observation des faits (doxa, air du temps, modes vestimentaires, pseudos débats d'idées, etc) cher Alexis. Nul besoin de s'étendre davantage.
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 22:11   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
L'observation, la seule observation des faits (doxa, air du temps, modes vestimentaires, pseudos débats d'idées, etc) cher Alexis. Nul besoin de s'étendre davantage.

Donc, les éléments que vous relevez prouveraient suffisamment que le prosélytisme homosexuel règne dans les établissements scolaires. Je constate tout de même qu'il y rencontre une assez forte résistance, si l'on considère la manière dont les élèves les moins ostensiblement virils ou les plus "intellos" se font systématiquement traiter de pédés, l'une des pires insultes dans les cours de récréation.
Utilisateur anonyme
24 mars 2008, 22:15   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
"je constate tout de même qu'il y rencontre une assez forte résistance"


Bon, d'accord pour le "neuf-trois" !...
24 mars 2008, 22:15   Enseignement
Bien cher Alexis,


Vous parlez de l'attitude des élèves, et nous vous parlons de la doxa de "la communauté enseignante".
25 mars 2008, 00:10   Un auteur difficile...
« Dire qu'il y a des hommes qui préfèrent les femmes et des hommes qui préfèrent les femmes, c'est un fait. »
25 mars 2008, 10:30   Calami
Effectivement....
Utilisateur anonyme
25 mars 2008, 13:39   Re : Tout n'est pas équivalent à tout.
Peut-être, cher jmarc, que, dans les sociétés humaines, tout n'est pas équivalent à tout. Mais, à part peut-être l'interdit de l'inceste et la loi d'exogamie, ce qui décide de ce qui est ou n'est pas équivalent dans l'échelle des valeurs, c'est le consensus social. Soit un critère bien changeant, comme l'expression légale de ce consensus le montre indubitablement.
Non non, mon cher Corto, ce n'est pas "l'expression légale du consensus" qui compte ici. Du tout. L'expression légale n'est nullement l'expression d'une culture. Il n'y a du reste aucune "expression légale". Ce concept n'existe pas. Les lois ne s'élabore pas par consensus comme dans les sociétés privées ou secrètes à la suisse.

Le consensus existe peut-être en Suisse, aux îles Caïmans; il n'existe pas en France. La France n'a jamais été régie par consensus. C'est sa particularité, qu'elle a en partage avec les grandes puissances, alors qu'elle n'est elle-même que grande puissance vestigiale. La Chine, les Etats-Unis d'Amérique, le Mexique, la Russie, l'Espagne, la France sont de grands ensembles, neuf ou anciens, prometteurs ou moribonds, qui, dans leur nature, ne connaissent pas "le consensus" à la Suisse. N'espérez aucune mort par consensus chez ces déchirés. La loi reflète l'autorité, le débat, la soumission provisoire au majoritaire. La France n'est pas un village suisse ou belge. Elle n'est pas bien grande, elle n'est pas les Etats-Unis d'Amérique, même si elle aurait pu être leur égal à une époque, elle n'est pas la Chine ou la Russie non plus, mais, non plus, elle n'est pas un village suisse uni et consensuel, ou québecois, ou belge. C'est ainsi. Va falloir vous y faire: la loi française ne reflètera jamais aucun consensus suisse dans ce pays qui ne se résout pas à être petit ou arrangeur avec les volontés des petits bourgs et des familles en demande d'arrangement.

Chez nous, la mort, la vie, demandent encore à être pensées en grand - c'est le fardeau des anciens grands d'envisager les choses ainsi - demeurent de l'ordre de l'inconfortable: parce que, anciens grands, nous sommes complexes et problématiques et non-Suisses, nous ne pouvons sur elles, la vie, la mort, nous entendre et arrêter des lois contraignantes. Nous n'avons ni culture ni lois arrêtées ou arrêtables sur la vie et la mort. Nous ne sommes pas des villageois suisses avec pour vocation de nous entendre sur l'essentiel.
Utilisateur anonyme
25 mars 2008, 15:43   Bouddha chez les Suisses.
Villageois suisse ou pas, il a quand même lu (tout ?) le Bardo-Thödol...
Certains monts du Valais sont le Thibet de l'Europe.

Et d'ailleurs, voyez comme the Thibet est en vogue. Les joueurs de poker de Las Vegas vont y faire des haltes-retraites avant d'en redescendre pour relancer leur carrière. Les écrivains en vogue, les stars à méditation, à problème, tout le monde s'y retrouve. Dans quinze ou vingt ans, Lhassa sera le nouveau Davos, le nouveau Kloster. Presque le nouveau Kathmandou, le Kuta Beach sous les neiges.

Le Bardo-Thödol, dites-vous? Woaf le Bardo-Thödol, le livre des morts, sera le guide illustré, le center-piece du dépliant promotionnel de ce Disneyland des montagnes. Et d'ailleurs, en parlant de Disney, attendez-voir que les Chinois de Hong Kong considèrent le plan Disney-au-Thibet d'un peu près et vous ne serez pas déçu.

Lhassa disparu il nous restera Zermatt. Ou la Jungfrau et ses faux loups de l'Himalaya tracteurs de traineaux pour touristes de Singapour...
Utilisateur anonyme
25 mars 2008, 16:22   Re : L"assoce" qui monte, qui monte...
"le Bardo-Thödol, le livre des morts, sera le guide illustré, le center-piece du dépliant promotionnel de ce Disneyland des montagnes"

Oui, mais le Bardo-Thödol illustré, commenté et décrypté par Corto, c'est tout différent ! - non ?
Utilisateur anonyme
25 mars 2008, 16:31   Re : Sur nos monts quand le soleil......
Mais mon très cher Francis Marche, la règle majoritaire volerait en éclats si elle n'était fondée sur le consensus des citoyens qui considèrent qu'il s'agit d'une règle juste et qu'elle doit être respectée, que l'on fasse ou non partie de la majorité provisoirement en place. Au delà du combat quotidien entre majorité et opposition, s'étendent sereinement les valeurs consensuelles d'un peuple telles qu'elles ont été gravées dans sa constitution.

Si vous n'aviez pas que mépris pour ce villageois suisse qu'était Jean-Jacques Rousseau vous n'ignoreriez sans doute pas une chose aussi élémentaire.

J'ajouterai que la plupart des lois essentielles, tel le Code civil , ne sont pas remises en question à chaque changement de majorité. Ce qui signifie bien, qu'au delà de la majorité en place, il énonce des règles qui font l'objet d'un large consensus de la société et souvent pendant de nombreuses décennies, voire des siècles.

Voyez encore, cher Francis, aux Etats-Unis, l'incroyable consensus qui règne sur les valeurs fondamentales de ce pays, telles quelles s'expriment dans l'une des plus anciennes constitutions démocratiques encore en vigueur. Sans consensus, une constitution n'est plus qu'un château de cartes. Voilà donc ce que je disais en parlant de l'expression légale du consensus et que, vous l'aurez compris très cher ami, je maintiens intégralement.
» La France n'est pas un village suisse ou belge.

Faut comparer ce qui est comparable...
25 mars 2008, 19:55   Thibet
Thibet me convient très bien, un peu comme Tseu-Hi (j'espère ne pas faire de faute !), Nankin ou Sseu-Tchouan.


Je ne sais pourquoi on a abandonné l'orthographe ancienne des noms de lieux de l'Empire chinois.
25 mars 2008, 21:26   L'Encaudeur encaudé
Thibet n'est pas un nom de lieu de l'Empire chinois !
25 mars 2008, 21:42   C'est l'Est en pire
Bien cher Maître, j'y avais pris garde !


Je n'avais pas écrit "la Chine" mais bien "l'Empire chinois" !
25 mars 2008, 21:50   Thibet chrétien
A ce sujet, voici les méritoires efforts des pères missionnaires, qui voient le Thibet en Chine :


Rapport annuel des évêques

Année: 1893
Pays: Chine
Mission: Thibet
Rédacteur: Mgr FÉLIX BIET

IV. — Thibet.

Population catholique 1.312
Baptêmes d’adultes 63
Baptêmes d’enfants de païens 585
____


RAPPORT DE MGR BIET, ÉVÊQUE TITULAIRE DE DIANA,
VICAIRE APOSTOLIQUE DU THIBET, A MM. LES DIRECTEURS
DU SÉMINAIRE DE PARIS


« Comparée aux splendides moissons amassées dans d’autres parties du champ du Père de famille, notre gerbe paraîtra sans doute très légère ; elle a pourtant coûté bien des sueurs et bien des fatigues, et l’on s’en convaincra facilement, pour peu que l’on tienne compte des obstacles que le missionnaire rencontre à chaque pas dans notre pauvre mission.
« Une fois de plus se réalise pleinement pour nos missionnaires la parole du Psalmiste : euntes ibant et flebant, mittentes semina sua. Mais l’histoire de la prédication évangélique nous a trop accoutumés à ces pénibles débuts pour que notre confiance en soit ébranlée, et nous ne voyons dans les difficultés du moment qu’un gage de prospérité future. Que tous les chrétiens dévoués aux intérêts de la Foi s’unissent à nous pour remercier Dieu des grâces obtenues, et pour lui demander que bientôt l’on puisse dire des missionnaires du Thibet : venientes autem venient cum exultatione portantes manipulos suos.
« Le compte-rendu particulier de chaque district, en leur faisant toucher du doigt les misères journalières de l’apostolat, excitera, nous l’espérons, chez nos lecteurs le désir efficace de nous aider au moins de leurs prières.

Ta-tsien-lou. — Baptêmes d’adultes, 16 ; baptêmes d’enfants d’infidèles, 250.
« Depuis quatre ans, à cause de la trop grande mortalité parmi nos chrétiens, nous étions censés stationnaires ; mais cette année, n’ayant eu à enregistrer que deux décès, nous avons le plaisir de constater une légère marche en avant. Notre seul malheur, dans le courant de cet exercice, a été la mauvaise récolte, et c’est pour nous un devoir, bien doux il est vrai, de remercier ici quelques généreux bienfaiteurs de France, sans la charité desquels notre gêne fût devenue la misère noire.
« Nos rapports avec les païens sont faciles et pleins de courtoisie, et il serait à désirer que les missionnaires pussent jouir, dans les postes de l’intérieur, de la même liberté qu’à Ta-tsien-lou. Les conversions pourtant sont rares, et, parfois, c’est l’indigence seule qui nous amène de nouveaux adorateurs : aussi nous faut-il user de prudence. En pareil cas, le missionnaire a souvent bien raison de douter de la sincérité des conversions, et doit longtemps éprouver la foi des catéchumènes avant de les admettre au baptême.

Mosymien. ― Baptêmes d’adultes, 51 baptêmes d’enfants d’infidèles, 3.
« Vu sa formation récente, la chrétienté de Mosymien se développe d’une façon satisfaisante. Le P. Giraudeau, qui administre ce district et qui tient plus à la qualité qu’à la quantité des chrétiens, s’est contenté d’en inscrire 75 au lieu d’une centaine dont il poursuit l’instruction. Néanmoins, ce chiffre est assez beau pour nous donner l’espoir qu’avec la grâce de Dieu, Mosymien sera bientôt une de nos meilleurs chrétientés. Bon nombre d’honnêtes familles viendront à nous pour préserver leurs enfants des deux grandes plaies du pays, l’opium et la franc-maçonnerie.
« Au marché même de Mosymien, il n’y a que très peu de chose à faire, parce que c’est le centre d’une loge. Il est vrai que le missionnaire et les maîtres-maçons vivent en assez bons termes, à tel point que ces derniers ont donné l’ordre à leurs adeptes, presque tous voleurs, de respecter la demeure du Père.
« Le véritable espoir de la chrétienté, se trouve dans les gros villages qui entourent Mosymien et dans lesquels se produit maintenant un mouvement favorable au christianisme. Mais, le tout n’est pas de recevoir de nouveaux adorateurs ; sous peine de n’avoir que des chrétiens de contrebande, il faut encore instruire, et c’est là la grande difficulté. Les catéchistes font défaut, et Dieu sait s’il en est parmi les néophytes qui ont la tête dure et la mémoire courte ! C’est dans cette dernière classe qu’on pourrait ranger un vieillard de 70 ans nommé Liéou, qui, depuis 20 ans, n’a pas encore réussi à apprendre le catéchisme.
« Médecin ambulant par profession, il pratiquait encore à l’occasion le non moins noble métier de sorcier. Or, un beau soir, il y a de cela quelque vingt ans, notre Liéou fit, dans une auberge, la rencontre d’un médecin chrétien de même nom que lui. Entre gens exerçant le même art, la connaissance fut vite faite, et notre païen, voyant son compère en médecine réciter des prières, lui demanda quelques explications, bientôt données, et trouvées tellement persuasives que le médecin-sorcier dit aussitôt :
« — Moi aussi, je veux prier ton Dieu et embrasser ta religion.
« — Mais tu fumes horriblement l’opium ; c’est contraire aux règles des chrétiens.
« — Qu’à cela ne tienne ! Je ne fumerai plus du tout.
« — Tu as encore des livres de sorcellerie, et les chrétiens abhorrent ces diableries.
« — Eh bien ! je brûle mes livres, cela suffit-il ?
« Et le nouveau converti abandonna l’opium, brûla ses livres, et vint se fixer dans les montagnes de Mosymien. Son instruction, jusqu’ici, n’est rien moins que brillante, et il est bien à craindre que jamais elle ne se perfectionne, car le bon vieux manque absolument de mémoire. Mais Liéou croit en Dieu, et est un fidèle serviteur de la sainte Vierge. Marie lui obtiendra miséricorde.

Cha-pa. — Baptêmes d’adultes, 10 ; baptêmes d’enfants d’infidèles, 266 ; confessions, 893 ; communions, 896.
« Dans ce district, il n’y a pas eu cette année la fièvre d’émigration qui poussait naguère nos chrétiens à courir à la recherche de la fortune. Ils ont appris par expérience qu’au Kouy-tchéou et ailleurs on ne fait pas plus vite fortune qu’à Cha-pa, qu’au contraire beaucoup achèvent de se ruiner avant d’y parvenir, et cette considération leur a suggéré la prudente résolution de rester dans leur pays. Le nombre des confessions et des communions montre assez que le missionnaire s’occupe activement de ses chrétiens. « Après Dieu, au dire du P. « Grandjean, à qui nous laissons la parole, l’honneur du succès revient à deux catéchistes. « Quand je gravis la montagne pour visiter mes chrétiens, ces deux braves gens tiennent à me « fournir de tout. Ils me reçoivent le cœur sur la main, et pourtant s’ils donnent, ce n’est certes « pas de leur superflu. Je n’en suis que plus touché. Avec les chrétiens, ils n’épargnent ni les « exhortations ni les instructions ; s’il s’agit d’arranger les procès, de prévenir ou d’apaiser les « disputes, ils trouvent du temps pour tout, et Dieu bénit leur zèle. En somme, dans le poste « qui m’est confié, je remercie le Ciel du bien qui s’opère. Il y a bien, par ci, par là, quelques « petits soucis, quelques contrariétés, mais c’est encore une consolation de d’être pas plus mal « partagé. »

Yerkalo. — Baptêmes d’adultes, 3 ; baptêmes d’enfants d’infidèles, 1.
« Les chrétiens de Yerkalo fréquentent assidûment les sacrements, et, dans la situation actuelle de la station, c’est une grande preuve de leur foi énergique. De nombreux païens seraient assez disposés à les imiter, si la peur des lamas ne les arrêtait à la porte du bercail. Les conversions ne sont pas nombreuses, nous l’avouons, mais pour nous qui connaissons la situation précaire des missionnaires à Yerkalo, cela n’a rien d’étonnant, bien au contraire, et nous accordons un juste tribut d’admiration à la constance des deux vaillants apôtres qui savent garder intact, au milieu de tant de périls, le petit bataillon des enfants de Dieu.
« A tout propos, les mauvaises langues répandent le bruit que l’expulsion des missionnaires est imminente : aussi mes confrères vivent-ils au jour le jour, comme l’oiseau sur la branche, mais confiants en Dieu quand même. Tantôt c’est le peuple tout entier qui va se soulever pour chasser les étrangers ; tantôt, ce sont les satellites de Lhassa qui doivent les enlever. Et malheureusement ces bruits ne sont parfois que trop fondés ; pour preuve, voici une anecdote prise parmi d’autres du même genre.
« Le 3 juillet, vive alerte au pays des Salines.
« Par la route de Kiang-long, arrivent vingt cavaliers armés de fusils, de sabres et de lances, et ce qui frappe encore davantage les imaginations, c’est que nos vingt braves portent la besace vide, signe évident qu’ils méditent un pillage en règle.
« Aussitôt, les commérages marchent bon train : les Européens, dit-on, vont être chassés ; ces vingt soldats, arrivant de Lhassa, composent l’avant-garde d’une troupe de plus de deux cents satellites. Des amis prudents et des ennemis hypocrites profitent de l’obscurité pour venir conseiller aux missionnaires de mettre en sûreté leurs personnes et leurs objets précieux. Le P. Couroux fait à tous cette réponse : « N’ayez crainte ! A nous deux, le P. Bourdonnec et moi,nous aurons raison de ces vingt brigands. » Et, après une nuit plus ou moins calme, quand les cavaliers se présentent au P. Couroux pour lui réclamer de l’argent, celui-ci, trouvant la somme fixée un peu forte, leur dit : « Quand on me demande l’aumône, j’aime à donner ce « qu’il me plaît. Si ce que je vous propose ne satisfait pas votre appétit, et que vous vouliez « employer la force pour piller notre maison, essayez, nous saurons nous défendre. » Ce fier langage produisit son effet, et les détrousseurs s’en allèrent comme ils étaient venus. Cette petite aventure n’en montre pas moins que les missionnaires et les chrétiens de Yerkalo vivent dans une sécurité fort précaire et, chose surprenante, au milieu de toutes ces difflcultés, le prestige du missionnaire, loin de diminuer, ne fait que grandir. C’est encore d’un bon présage pour l’avenir.

Atentse. — Ce poste ne compte que 24 chrétiens ; mais c’est là surtout où la vigne du Seigneur demeure stérile que les épreuves sont plus grandes. « Dans l’espoir qu’enfin on « rendra justice à leur cause, les missionnaires passent leur temps en sollicitations auprès des « mandarins du pays et, bien à regret, s’interdisent toute propagande ouverte, pour ne pas « augmenter le mauvais vouloir des juges iniques qui, depuis dix ans, ne répondent à leurs « revendications que par l’indifférence ou le mépris. Tout cela, il est vrai, le missionnaire le « supporte facilement, tant qu’il peut, au saint autel, verser dans le cœur de Dieu le trop plein « du sien. »
« C’est ainsi que parle le P. Goutelle, ce vieillard de 73 ans, qui continue vaillamment son apostolat, en attendant que Dieu lui fasse partager avec le Vén. Bonnard, le compagnon de sa jeunesse, la récompense promise aux bons serviteurs.

Tsekou. — Baptêmes d’adultes, 3 ; baptêmes d’enfants de païens, 12.
« Sans nous arrêter à parler des tracasseries journalières dont missionnaires et chrétiens sont l’objet, des persécutions de toute sorte qui sont le pain quotidien de cette malheureuse chrétienté, nous nous contenterons d’énumérer les principaux sujets de deuil qui ont attristé notre cœur, cette année.
« D’abord, la peste a enlevé aux missionnaires trente et quelques bêtes à cornes ; c’était presque la ruine, que la perte de la moisson a bientôt complétée. La famine eût été grande si le P. Génestier, à force de soins et de dévouement, n’avait récolté une certaine quantité de mira.
« Les chrétiens n’ont pas été plus épargnés que les Pères. Une grande partie de leur récolte a été brûlée, quatre de leurs maisons ont également été livrées aux flammes, et généralement, ces dégâts sont dus à la malveillance. De là, procès sur procès. Enfin, la destruction du pont de Tsekou, le 1er janvier 1893, est venue mettre le comble à la mesure. Ce pont avait coûté aux missionnaires des sommes importantes ; de plus, c’était leur seule voie de communication avec le reste du pays ; et malgré la législation du Thibet qui considère une pareille destruction comme un crime de droit public, toutes les réclamations sont, jusqu’à ce jour, demeurées sans effet. Dans cette affaire comme dans toutes les autres, la mauvaise volonté des autorités thibétaines est manifeste. Il n’en faut pas tant pour paralyser les efforts des meilleurs ouvriers, et si le succès ne répond pas à nos sacrifices, tout le monde en verra facilement la cause ; aussi n’insisterons-nous pas davantage sur ce triste sujet.

Siao-ouy-sy. — Baptêmes d’adultes, 14 ; baptêmes d’enfants de païens, 50.
« A Siao-ouy-sy, toujours vaillant et toujours sur la brèche, réside le P. Léard dont l’ardeur grandit avec les années. Catéchismes, instructions, administration des sacrements, direction du collège, il suffit à tout, et trouve encore le temps de faire face aux ennemis de la foi, à tel point que ceux-ci, dans leur rage, en sont réduits à le menacer de l’incendie, voire même de la mort.
« Le principal chef du pays s’était permis de dire : « Que les vagabonds, les va-nu-pieds, « les gens de rien, se fassent chrétiens, je le veux bien ; quant aux autres, je leur défends « d’abandonner les anciens usages qui ont donné à nos pères le bien-être et l’abondance. »
« — Patience ! avait répondu le P. Léard, avec le bon Dieu pour compagnon, on va loin ! »
« Et le missionnaire a réussi à se procurer des papiers qui compromettent grandement ce monsieur si tranchant, et qui suffiront à lui imposer silence à l’avenir.
« Nous demandons à Dieu qu’il bénisse les travaux du P. Léard et le laisse batailler longtemps encore.

Padong. — Baptêmes d’adultes, 12 ; baptêmes d’enfants de païens, 3.
« Le diable a plus d’une corde à son arc, et comme il avait excité ailleurs assez de persécutions, il s’est contenté de déchaîner sur Padong la concurrence protestante, Hommes, argent, rien ne manque aux fauteurs de l’hérésie, tandis que les catholiques n’ont pour soutenir la lutte que leur pauvreté et trois missionnaires, de grande valeur sans doute, mais qui sont écrasés par le nombre des prédicants. Pour secourir ses chrétiens, le P. Douênel a dû fermer la petite pharmacie établie à Padong, depuis 12 ans. Encore trop souvent, hélas ! nos néophytes dépourvus de toute ressource sont exposés à la tentation de s’en aller chez les protestants mendier au prix d’une apostasie de quoi soutenir leur misérable existence.
« A ce sujet, le P. Hervagault rapporte le fait suivant dont les témoins ont été fortement impressionnés :
« Parmi les néophytes qui nous ont abandonnés, se trouvait une mère avec ses deux petits « enfants. Comme elle en avait donné un à la mission, je le lui réclamai au moment de son « départ, en disant : « Celui-ci est au bon Dieu, puisque tu le lui as donné ; si malgré tout tu « l’emmènes, rappelle-toi bien que Dieu peut le reprendre quand il lui plaira. » Je tenais « l’enfant d’une main, sa mère le tenait de l’autre, et j’avais à peine fini de parler qu’il « tombait mort, sans souffrance apparente. Il était allé chez le bon Dieu au lieu d’aller chez « les protestants. »
« Dieu ne fait de miracles qu’en faveur de ceux qu’il aime ; à nous donc d’apprendre aux Thibétains sur lesquels son regard s’est arrêté avec complaisance, à lui rendre amour pour amour.
« Notre peu de succès dans le passé ne doit pas être un prétexte pour mal augurer de l’avenir ; car, si les missionnaires, attendant l’issue d’un trop long procès, ont encore les mains liées, ils sont pleins de zèle et ne demandent qu’à rentrer dans l’arène. Les populations qui, jadis, ont déjà reçu la semence évangélique, désirent nous voir au milieu d’elles. Malheureusement, nous sommes trop peu nombreux pour étendre notre champ d’action, et trop dénués de ressources pour soutenir avantageusement la concurrence protestante. Mais puisque Dieu est avec nous, c’est le moment de faire tous les sacrifices possibles. Si Deus pro nobis, quis contra nos ?

« † FÉLIX BIET,
« Év. tit. de Diana. »
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