Welcome !

Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a estimé samedi que le réalisateur du film "Welcome", consacré à l'immigration clandestine, avait "franchi la ligne jaune" en assimilant les clandestins aux Juifs pourchassés sous l'Occupation.

Le réalisateur, Philippe Lioret, "a plus que franchi la ligne jaune lorsque dans une interview à La Voix du Nord, il dit +les clandestins de Calais sont l'équivalent des juifs en 43+: cette petite musique-là est absolument insupportable", a déclaré M. Besson sur RTL.

"Suggérer que la police française c'est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu'ils sont l'objet de rafles, etc., c'est insupportable", a-t-il insisté.

Dans "Welcome", qui sort mercredi, Vincent Lindon incarne un maître nageur de Calais qui s'attache à un adolescent irakien, prêt à tout pour rejoindre sa petite amie émigrée à Londres.

Dans un entretien au quotidien Le Parisien de samedi, l'acteur s'insurge particulièrement contre un article de la loi qui stipule que "toute personne venant en aide à une personne en situation irrégulière est passible de 5 ans de prison".

"Je sais que le ministre (Besson) a une tâche difficile, mais il fait semblant de nier l'existence de cette loi", dit-il, en espérant que "Welcome" "puisse contribuer à changer cette loi".

Quoique je comprenne que les adolescent irakiens puissent amener les maîtres nageurs dans des eaux dangereuses, je persiste à penser que Monsieur Besson a raison, et que les autres disent des stupidités.

Que serait en effet une loi si elle n'était pas assortie de sanctions pénales ? soit aider une personne en situation irrégulière est un délit, et alors on est puni, ou alors ce n'est pas un délit, et la loi n'a pas lieu d'être.

Comparer les arrestations de gens qui sont des réfugiés économiques et le massacre des juifs, c'est une indignité, et cela est d'autant plus choquant que le grand-père de Monsieur Lindon a été un procureur implacable à la Libération.

Le sujet de ce film (que je n'ai pas l'intention d'aller voir, la propagande dont il bénéficie m'en dissuadant) est étrangement semblable à celui d'un autre film, admirable lui, de Wargnier, "Est-Ouest" (datant de la fin des années 1990 ou du début des années 2000), et qui, à cause de la façon crue et insolente dont il y est traité des compagnons de route du communisme et à cause aussi de l'enfer qui y est montré, enfer dans lequel ont vécu en URSS, les Soviétiques, mais aussi ceux des enfants de Russes blancs qui ont cru, en 1947, à l'appel de Staline (reconstruire la patrie) et sont revenus en URSS participer à ce grand "projet" (tout mensonger), a été très froidement et très silencieusement accueilli par la même intelligentsia qui porte aux nues "Welcome", comme si le second film corrigeait le premier, pour mieux l'effacer. Dans Est-Ouest, une Française, qui a suivi son mari, médecin d'origine russe, en URSS en 1947, décide, pour expier sa faute et la racheter, d'aider un jeune Russe, champion de natation, à quitter la prison qu'est l'URSS à la nage, à partir d'Odessa, pour vivre libre.
Dans le roman "Un roi sans lendemain" (sur le martyre du roi enfant Louis XVII, Grasset, 2007), Christophe Donner traite, entre autres sujets, d'un sujet homologue : comment la littérature du XIXe siècle, en particulier Hugo dans les Misérables, a créé le mythe littéraires des enfants révolutionnaires (Gavroche et Cosette) ou victimes de la société injuste pour effacer le crime fondateur de l'enfant martyr ou de la Révolution qui se fait dans le sang d'un enfant martyr. La célébration des premiers efface ainsi de la mémoire le martyre du second.

"Est-ouest" est, en effet, un très beau film avec Sandrine Bonnaire et cet acteur russe remarquable Oleg Menchikov.

Pour moi, "Soleil trompeur" de Nikita Mikhalkov est un des plus beaux films du cinéma. J'y avais découvert et trouvé cet Oleg menchikov époustouflant. Quand il a été présenté à Cannes en 94 ou 95, beaucoup pensaient qu'il méritait, de loin, la palme d'or que, pour finir, il n'a pas eue. On ne parle plus de ce film qui ne passe, pour ainsi dire jamais à la télévision, pour, sans doute, les mêmes raisons qui ont valu à "Est-ouest" une certaine omerta. Pourtant, en plus de sa dénonciation du régime communiste, ce film dégage un charme, une poésie, une nostalgie poignantes.

Alors, personne n'a vu "Soleil trompeur" ? Ou personne n'a aimé le film ?

Je ne l'ai point vu, mais je vais guetter sa diffusion à la télévision.

Pour ma part, bien chère Cassandre, j'ai beaucoup aimé "Les Yeux Noirs", pour tout un ensemble de raisons, que je peux détailler.

"Soleil trompeur" est effectivement un grand film.

Il est en effet inutile d'aller voir ce film Welcome, d'autant qu'il est de ceux dont la bande-annonce livre en quelques minutes l'identité. D'un côté, c'est bien pratique.

Il s'agit d'une bluette sentimentale sur fond de "problème de société" (les migrants) : "Pour impressionner et reconquérir sa femme, Simon, maître nageur à la piscine de Calais, prend le risque d'aider en secret un jeune réfugié kurde qui veut traverser la Manche à la nage."

La bande-annonce diffusé au cinéma est un peu différente de celle qu'on trouve sur les sites de programmes. Au cinéma, on a le privilège d'entendre cette réplique du héros (Vincent lindon), à l'héroïne (je ne sais plus son nom). De mémoire, ça donne :
"Dire que ce type est prêt à traverser la Manche à la nage pour rejoindre celle qu'il aime et que moi j'ai même pas été capable de traverser la rue pour essayer de te reprendre."

Les lecteurs de ce forum penseront sans doute à certains messages de Francis Marche, autour du "parcours du combattant" du migrant vers l'Europe considéré comme une nouvelle forme des jeux du cirque.

En revanche, le film qui sort sur l'école avec Isabelle Adjani en professeur armée d'un gros pistolet semble devoir procurer un bol d'air frais. Le premier qui ira le voir pourrait-il nous en dire ce qu'il pense ?

"Les lecteurs de ce forum penseront sans doute à certains messages de Francis Marche, autour du "parcours du combattant" du migrant vers l'Europe considéré comme une nouvelle forme des jeux du cirque."

Je pense depuis longtemp, cher Orimont, que toute la logique médiatique pousse, sous couvert du prétendu" devoir" d'informer, à la prestation de jeux du cirque bien sanglants à domicile. C'est la logique du pire, c'est-à-dire la surenchère continuelle dans la violence, le sang et les larmes qui nourrisent le Moloch Audimat. Tout patron de chaîne ne rêve au fond de lui-même que d'émeutes généralisées afin de gonfler sans peine l'audience dans une société domestiquée par le besoin de pain et de jeux. Je prétends que les médias sont, en grande partie, responsables de cet "ensauvagement du monde" dont ils font leur beurre.

Ce film est diffusé sur Arte, vendredi 20 mars, à 20 h 30 ou 20 h 45

"Je prétends que les médias sont, en grande partie, responsables de cet "ensauvagement du monde" dont ils font leur beurre."

Cara Sandra, je me joins à votre prétention. Evidemment, soupçonner les médias de faire une grande consommation d'huile sur le feu, expose à se voir traiter aussitôt de type qui veut "casser le thermomètre" au lieu de soigner la maladie, comme si les "médias" avaient percé le secret d'une objectivité après laquelle les hommes courent pourtant depuis toujours.

Quiconque a été témoin ou a participé si peu que ce soit à n'importe quel événement microscopique puis l'a vu raconté dans un journal ou un reportage a pu constater qu'il est rigoureusement impossible de voir le fait rapporté sans au moins une erreur. On croirait que l'erreur, pour les journalistes, est une contrainte oulipienne : il faut qu'au moins un patronyme soit estropié, un horaire faux, un propos déformé.

En 2002, il y a eu un incendie assez important autour de mon village. Assez important mais, en définitive, pas plus important que ceux d'années précédentes. Or, je ne sais par quel mystère, c'est devenu une catastrophe majeure. Il y avait beaucoup de feux cette année-là. Tout s'est passé comme si les journalistes s'étaient dit, bon, quel feu on fait mousser ? Et il n'est pas impossible que les autorités soient complices de ces "mayonnaises qui prennent", à fin publicitaire car la catastrophe rend célèbre. Moyennant quoi, les "télés" sont arrivées. Une journaliste de m6 a filmé pendant 48 heures tout ce qu'elle a voulu, interrogé les villageois puis a regagné la capitale, tranquille, avec des heures et des heures d'images dans sa besace, matière à dizaines de reportages capables de rendre compte des événements au gré de la fantaisie de cette fille. La confiance ou l'espoir de passer à la télé est vraiment extraordinaire de la part des interviouvés !

Je suis tout à fait d'accord avec Cassandre, cependant, j'ai souvent eu l'impression que les media servaient d'exutoire comme si le fait de vider son sac permettait d'éviter le pire. Je ne sais pas ce que vous en pensez.

"(...) j'ai souvent eu l'impression que les media servaient d'exutoire (...)"

Peut-être, mais cette impression, c'est aussi une des parades favorites des médias quand il sont mis en cause.

"(...) comme si le fait de vider son sac permettait d'éviter le pire."
Que voulez-vous dire ? Qui vide son sac ? Pardonnez-moi, mais je ne saisis pas bien le sens de cette partie de votre phrase.

Je veux dire, simplement, que le fait de parler d'un traumatisme, d'une frustration, d'une injustice, permet de ne plus se sentir isolé, victime, etc. Le ressentiment qui pouvait déboucher sur de la violence peut être pris en charge par le droit.

Quelqu'un l'a vu ?
(La Journée de la jupe.)

Oui, moi. J'ai été étonnée . Le film, très réaliste, n'est pas politiquement correct. Il est l'antithèse d' "Entre les murs". Dans celui-ci, le professeur pactise avec ses élèves et finit par baisser les bras, dans celui-là, le professeur refuse de baisser les bras et finit par , pour le dire familièrement, perdre les pédales. Aucun motif n'est avancé pour excuser le comportement des élèves. Tout est dénoncé sans complaisance : leur islamisme borné, la façon dont, pour un oui, pour un non, ils s'affrontent dressés sur leurs ergots, le professeur "xénago" qui prétend arriver à les tenir par le biais de leur "culture" , à savoir le Coran, dont il lit en classe certains passages, etc. Ce qui est très bien vu aussi, et que tous ceux qui ont eu des classes maghrèbines ont pu constater : le meneur et principal fauteur de troubles "joue" au sens propre du terme et même surjoue le "conciliateur" , celui qui rappelle ses copains au "respect " du professeur. Et bien entendu, l'inévitable mère du caïd protestant de la gentillesse de son fils.
Isabelle Adjani est remarquable.

Je suis de votre avis. Marcel avait bien pressenti ce que serait le film...

Et surtout, point de solution naïve : comme de juste, pas de happy end, c'est le moins que l'on puisse dire.