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IRAK: les chrétiens persécutés

Envoyé par Gérard Rogemi 
Le lundi 24 mars dans C dans l'air on nous parle enfin du drame des chrétiens d'orient. Pour voir l'émission cliquez ici
Sfeir, à un moment, a rappelé que deux villes de moyenne Egypte, Assiout et Miniah, comptaient au début des années 1970 de 60 à 70 % de chrétiens (coptes essentiellement) dans leur population et que 35 ans plus tard, ces chrétiens ne représentaient plus qu'un quart de la population de ces deux villes. De chrétiennes ou majoritairement chrétiennes, Assiout et Miniah en un peu plus d'un quart de siècle sont devenues majoritairement musulmanes ; certains quartiers sont contrôlés par des militants férocement islamiques, armés et menaçants.
Aucune des cinq personnes présentes sur le plateau n'a avancé le moindre début d'explication à ce phénomène, ni même n'a essayé de le désigner d'un terme approprié qui en résume l'essence. Chacun est resté coi.

Le seul à réagir a été le journaliste Calvi. Il a fait part de son étonnement de touriste, ayant visité l'Egypte (quelques sites, toujours les mêmes, de la vallée du Nil : Tour Eiffel, château de Versailles, Moulin rouge), mieux de son incompréhension, dans des termes qui disaient en substance : "une population aussi accueillante ou chaleureuse", etc. Cette réaction est éloquente de la "connaissance" que les journalistes ont du réel : partielle, ramenée à quelques images qui flottent à la surface du réel ou à des lieux communs de dépliants publicitaires, rien d'autre.
[quote="une population aussi accueillante ou chaleureuse",][/quote]

Mais oui les égyptiens sont formidables, gentils, serviables et ce pays est magnifique voilà ce que les gens (amis, voisins, collégues de travail, parents, etc...) revenant d'un voyage dans ce pays me racontent.

Aucun touriste ne réalise qu'il y a en Egypte des chrétiens qui souffrent et qui sont menacés en permanence de mort et si à leur retour à la maison vous évoquez dans une conversation ces graves problèmes ils refusent de vous croire et vous retorquent qu'un peuple aussi hospitalier ne pas faire des choses aussi horribles. De toute facon nous y avons été et nous avons vu.
Basta...
26 mars 2008, 20:29   Coptes
Etant abonné de l'Oeuvre d'Orient et de l'Aide aux Eglises en Détresse (AED), je puis vous apporter quelques informations :


- les coptes forment entre 10 et 20% de la population égyptienne ;

- pour des raisons compréhensibles, leur émigration est forte (25% des coptes égyptiens vivraient à l'étranger; Le nombre des paroisses aux Etats-unis est passé en trente ans de quatre à plus de cent) ;

- les coptes étaient plus urbains que les musulmans : cela explique en partie que l'éxode rural ait renversé des équilibres démographiques.

De la même façon, de plus en plus d'arabes chrétiens choisissent l'occident comme terre d'exil. Pour les chaldéens, par exemple, il y a 500 000 émigrés pour 2 000 000 dans les pays d'origine. Pour les maronites, 90 % des fidèles sont en occident !

Voici un lien avec le site de l'Oeuvre d'Orient :

[www.oeuvre-orient.fr]
26 mars 2008, 22:42   Taïwan sur France 2
A propos des dépliants publicitaires qui font la matière première du journalisme international: lu sur le site de France 2, chaîne publique, un entrefilet sur les élections à Taïwan. Titre: "Victoire du parti pro-chinois". Qu'est-ce diable qu'un parti "pro-chinois" peut bien faire dans une province de Chine (c'est ainsi que la RPC considère Taïwan mais c'est aussi ainsi que, de tout temps, la considère le Kuomintang qui vient d'être porté au pouvoir dans la première alternance démocratique dans l'histoire de l'île) ?

Il est impensable qu'un journaliste professionnel ignore ce qu'est le Kuomintang, adversaire, et même ennemi du PC chinois, et revendiquant l'aboutissement de quatre mille ans d'histoire chinoise, longtemps en dénégation de réel face à la victoire du PC conduit par Mao et Lin Piao. Son concurrent sur l'île dans ces élections était le Parti démocratique progressiste, le DPP, qui ne compte que des éléments chinois, à ma connaissance, et qui a renoncé de belle lurette à toutes velléités d'indépendance pour l'île.

"Pro-chinois" en France a longtemps signifié "maoïste", et voilà la confusion créée chez le lecteur français qui n'est pas au fait de la vie politique taïwanaise. Il aurait fallu écrire "les nationalistes", c'est du reste ainsi que ce parti se désigne. Le Kuomintang cherche aujourd'hui à faciliter l'investissement d'intérêts taïwanais sur le continent (lignes aériennes directes, etc.), nullement un rattachement politique avec la Chine populaire. Au pire, certains éléments de ce parti rêvent d'une intégration économique avec le continent, au pire.

Quel intérêt à produire cette intox ? S'agit-il de "pédagogiser" à bon compte la ménagère de moins de 50 ans ? Voilà une attitude que je ne m'explique pas. Comme ce Guy Birdenbaum (j'ai dû écorcher son nom, pardon, pas le temps d'aller vérifier) qui "bluffe" gratuitement, pour le plaisir, son public d'étudiants, qui leur fait avaler des couleuvres pour absolument rien. Pour le principe de mentir, lequel agirait comme un mode d'existence, un instinct tel celui de Thomas l'Imposteur de Cocteau, qui préfère régler ses actes sur ses mensonges et donner vie à des fictions - manière de retenir le réel sous le coude et faire qu'autrui n'y ait aucune prise ? Pure spéculation de ma part.
26 mars 2008, 23:13   Taïwan
Bien cher Francis,


J'ai ouï dire que l'opinion publique de Taïwan était, dans l'affaire tibétaine, d'avis que cette province était une partie inaliénable de la Chine.

Pourriez-vous confirmer ou infirmer ce fait ?

Avez-vous par ailleurs des informations sur la position qu'avait prise à ce propos le Gouvernement nationaliste du Kuomintang dans les années 1950 ?
Cher JGL,
j'ai en face de moi, dans mon bureau, un Egyptien né à Miniah au début des années 50. Militant politique d'extrême-gauche, il a quitté sa ville natale à la fin des roaring 70 pour fuir la montée de l'islamisme, favorisé à l'époque par Sadate pour lutter contre la gauche et les nassériens, et notamment du Djihad islamique. Je lui ai fait part de vos propos sur sa ville. D'après lui, deux assertions sont erronées dans votre message. Si la communauté copte est très importante à Miniah, elle n'a jamais été majoritaire, même dans les années 70. De plus, il est (serait plutôt) faux de dire que des islamistes armés contrôlent certains quartiers de la ville. Le Djihad islamique, qui avait effectivement tenté de lancer un mouvement de guérilla à la fin des années 80, a été liquidé par l'armée. Quant aux Frères musulmans, ils se contentent d'actions caritatives et "pacifiques".
En revanche, il est vrai que les Coptes connaissent une situation très difficile et que le climat s'est nettement dégradé depuis les années 70. Deux anecdotes à ce sujet. En 1980, à l'université de Miniah, les groupes islamistes radicaux ont réussi à imposer la séparation des filles et des garçons dans les amphithéâtres en prenant en otage des étudiants chrétiens et en menaçant de les brûler vifs si les autorités universitaires ne cédaient pas à leur revendication.
En 1991, j'ai passé trois semaines à Miniah dans une famille musulmane très accueillante et vivant en bonne intelligence avec son voisinage chrétien. J'y ai rencontré des Coptes dont un m'avait dit, cela m'avait marqué, en français : "ici pour nous c'est l'esclavage des nègres."
Persepolis interdit au Liban

Persepolis ne sera pas diffusé au Liban. C’est en tout cas ce qu’ont décidé, à la quasi-unanimité, les autorités compétentes du pays en la personne du chef de la sûreté générale, et proche du Hezbollah.

Selon lui, « le film donne une image de l’Iran plus mauvaise que sous le Chah ». Le ministre de la Culture lui n’a pas bronché, et semble acquiescer la décision de ces supérieurs. On se souvient que le gouvernement du président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait jugé le film « islamophobe » et « anti-iranien ». Pourtant, une version largement censurée avait quand même pu voir le jour en Iran. La décision du gouvernement libanais paraît ainsi d’autant plus radicale.

Les meilleurs observateurs y voient un rapprochement gouvernemental entre les deux pays : « Le Liban serait-il devenu la petite banlieue de Téhéran ? » s’exclame Maria Chakhtoura, la responsable du service culturel dans le quotidien francophone L’Orient-Le jour.

Bassam Eid, le directeur de production qui devait distribuer le film y va lui aussi de sa sentence : « Cette décision est d’autant plus ridicule que l’on peut trouver au Liban, et notamment dans la banlieue Sud de Beyrouth (dominée par le Hezbollah chiite) des copies de ce film vendues à deux dollars ! (…) Ceux qui sont abonnés au satellite, moyennant 10 dollars par mois, peuvent également le voir ».

A en croire ce remue-ménage, Persepolis devient un peu le South Park du Moyen-Orient à la différence que « ce grignotage des libertés (est) destiné à plonger le pays dans les ténèbres, l’isoler de toute ouverture, lui greffer une culture qu’il rejette » précise Maria Chakhtoura.

Une chose est sûre, Marjane Satrapi bien qu’anoblie par deux Césars et une nomination aux Oscar n’est pas la bienvenue en Iran.

F.B. (Le 26 Mars 2008 – Avec AFP).
à Petit-Détour,
Cher ami,
Les chiffres indiqués dans le message ci-dessus sont ceux qu'a cités Antoine Sfeir lors de l'émission; je l'ai cité (de mémoire) uniquement pour noter la réaction ahurie du journaliste, quand il a appris ce qui se passait en Egypte.

En 1970, à la mort soudaine de Nasser, Sadate a hérité du pouvoir. Nasser l'avait nommé vice-président, parce qu'il voulait remercier un fidèle compagnon d'armes et qu'il était persuadé qu'il ne lui ferait pas d'ombre, le seul mérite de Sadate étant de contrôler les services secrets et la police.
Pendant deux ou trois ans, une lutte à mort a été engagée au Bureau politique du parti unique (l'Union socialiste arabe) entre Sadate et ses quelques rares soutiens et ses nombreux adversaires, souvent marxistes ou nationalistes de gauche, partisans d'une alliance étroite avec l'URSS (c'est-à-dire la continuation du protectorat soviétique). Sadate les a tous éliminés ou marginalisés.
La "réislamisation" a été consécutive au soutien qu'a apporté l'Arabie saoudite à Sadate. Les Saoudiens ont prêté (ou offert) des milliards de dollars pour boucler le budget de l'Etat égyptien; en échange, ils ont obtenu la libération des Frères musulmans et la réislamisation de toutes les institutions publiques et de la "société".

La moyenne Egypte a effectivement été sous le contrôle pendant quelques années de groupes musulmans, qui ont été éliminés par l'armée égyptienne : pas tous, la sécurité de la route a été assurée, mais de façon superficielle. La plupart des sites archéologiques sont interdits aux touristes : Achmounein, Tell el Amarna, Abydos. Les cars de touristes traversent la moyenne Egypte encadrés par des voitures de police. Mais les villages ne sont pas protégés. Ce qui explique les innombrables pogroms anti-chrétiens qui s'y produisent.


à Jean-Marc
Cher ami,
je suis moi-même adhérent de l'Oeuvre d'Orient depuis des dizaines d"années. Mais je ne me fais aucune illusion sur l'efficacité de ses actions. Dans un site arménien, il était fait état de chiffres inquiétants : les aides versées par l'Oeuvre d'Orient allaient indifféremment aux victimes ou aux gens dans le besoin, quelle que soit leur confession.
Il y a une dizaine d'années, j'ai assisté à une rencontre entre des chrétiens d'Orient (de Turquie - les derniers; des Chaldéens d'Irak; des coptes) réfugiés en France (je n'ose même pas faire état de leurs lamentations : mauvais accueil, statut de réfugié refusé; très longue attente en Turquie d'un visa ou d'une autorisation de séjourner en France, accordée au compte-goutte, etc) et Jean maksud, un Père blanc admirable, qui dirigeait alors l'Oeuvre : ce fut l'incompréhension totale. Jean Maksud minimisait (raisons diplomatiques, politiques, croyance dans l'efficacité du dialogue interreligieux, etc.) les exactions dont sont victimes les chrétiens en Orient. Lui-même, issu de la communauté grecque catholique d'Egypte, a dit ceci : "ils ne nous ont pas chassés; ils ont fait en sorte que nous partions de nous-mêmes". Il est vrai que sa famille importait des voitures et qu'il était interdit d'importer quoi que ce soit d'Europe ou des USA.
28 mars 2008, 09:09   Maksud et Sabbah
Il se trouve que je connais aussi ces deux ecclésiastiques.

Ils sont en effet remarquables, et j'ai noté le même problème : la minimisation, alors que ce ne sont pas des "amis du désastre". Il y a là quelque chose de profond, sur lequel nous devrions nous interroger...
"Il y a là quelque chose de profond, sur lequel nous devrions nous interroger..."

En effet. L'aveuglement, la naïveté, la niaiserie amoureuse adolescente qui submergent l'Occident en général et la France en particulier dès qu'il s'agit du monde arabe, de l'Islam, de l'Orient, de ses tapis, de ses parfums, de ses danses du ventre, sont difficilement compréhensibles. Vieux complexe d'infériorité de chevaliers mal dégrossis devant un monde alors beaucoup plus raffiné que le leur ? Mais alors pourquoi ce même sentiment les a-t-il conduits à ravager Constantinople puis à l'abandonner au fil des cimeterres turcs ?
28 mars 2008, 09:56   Re : Maksud et Sabbah
De la part de chrétiens d'orient, cela peut se comprendre par le souci de ne pas susciter de représailles contre leurs correligionnaires, puisque tout prétexte est bon pour s'en prendre aux chrétiens. On sait ce que suscite dans le monde arabo-muslman la moindre parole jugée attentatoire à l'islam. Il se peut que ces personnes aient encore, dans ces régions, des parents ou des amis qui pourraient payer de leur vie la mise en cause explicite qu'elles feraient de cette religion, d'où la prudence de ces personnalités.

Pour ce qui est de la fascination qu'exerce cet orient de pacotille sur une génération infantilisée, elle me paraît à moi aussi, navrante. Je continue à penser qu'il n'y a aucune générosité là-dedans , mais, entre autres, une espèce de libido, et une manière de se rendre intéressant à peu de frais.
Je me souviens d'un sujet de rédaction qui portait sur "les pièges du pittoresque". J'étais en classe de... quatrième . C'était autre chose que les paraphrases et les commentaires édifiants du politiquement correct d'aujourd'hui.
28 mars 2008, 14:10   Chrétiens d'orient
Bien cher Marcel,

Je parlais uniquement des chrétiens d'orient. Après plusieurs visites sur place, je confirme ce que JGL dit. Une chose m'avait beaucoup étonné, même dans des convesrations en privé, c'est une agressivité aussi grande à l'encontre du Gouvernement israëlien qu'à l'encontre des islamistes.

Je n'irai pas verser dans la théorie du complot, mais il m'a semblé (en orient, on ne dit pas les choses clairement) à travers plusieurs exemples que mes interlocuteurs (souvent des religieux, aussi bien catholiques romains que maronites) voulaient faire passer le message d'une sorte d'instrumentalisation des chrétiens par Israël.

Je ne sais que penser, au fond. Il y a deux ans, j'étais chez les soeurs de Sion à Jerusalem, et j'ai entendu ça. Il y a dix ans, j'avais entendu les mêmes choses dans un ordre éducatif à Béthanie.
Il ne faut pas oublier, cher Jmarc, que ces religieux sont confrontés journellement à l'administration israélienne, à son armée et à la police et que celles-ci ne sont pas réputées pour agir avec beaucoup de délicatesse surtout que le pays vit dans la menace permanente.

Je ne sais plus dans quel bouquin le journaliste américain Robert Kaplan raconte un périple à travers le Proche-Orient de la Turquie en passant par la Syrie et la Jordanie et partout dans les pays arabes il fut recu de manière affable sauf en arrivant à la frontière israélienne où les soldats se montrèrent grossiers, méfiants et discourtois.
31 mars 2008, 06:23   Re : Taïwan
Cher Jmarc,

N'étant pas retourné à Taïwan depuis de nombreuses années, je ne saurais vous confirmer ou infirmer cela. Je suis cependant enclin à penser que c'est bien le cas. De manière générale, le Thibet est pour les Chinois ce que nous sont notre Bretagne ou notre Alsace-Lorraine.

Mon sentiment personnel, qui vaut ce qui vaut dans cette affaire complexe, est qu'une colonie de peuplement Han se consolide dans cette région. Un parallèle historique avec l'Algérie française ne serait peut-être pas si absurde. Le fin du fin est de s'entendre pour reconnaître (y compris avec les Chinois) que, occupation légitime ou pas, les tueries, la répression sanglante, les destructions et la violence ou l'usage démesuré de la force sont condamnables. Chose étrange: la propagande chinoise officielle semble s'attacher à présenter les Hans, et même les forces de l'ordre, l'armée, comme victimes des émeutiers, tendant presque l'autre joue, ce qui a pour effet pervers mais calculé d'exciter les Chinois à réclamer une répression plus énergique contre les Thibétains et des mesures de rétorsion plus résolues contre la communauté internationale se déclarant en sympathie avec eux.

La Chine de Sun-Yatsen, du premier Kuomintang donc, incluait la Mongolie dite aujourd'hui "extérieure" (Wai Mong) et le Thibet.
31 mars 2008, 18:12   Thibet bis
Bien cher Francis,


C'est bien ce que je pensais.

A propos de Sun-Ya-Tsen, qui est, à mon sens, le seul homme d'Etat réellement démocrate que la Chine ait connu, je me demande si sa position, outre des considérations historiques, n'était pas fondée sur le fait qu'il voulait un régime démocratique en Chine et que le régime thibétain était perçu comme obscurantiste et théocratique.


Par ailleurs, est-il exact que le terme Dalaï-Lama serait d'origine chinoise ?
31 mars 2008, 18:55   Re : Thibet bis
"Chose étrange: la propagande chinoise officielle semble s'attacher à présenter les Hans, et même les forces de l'ordre, l'armée, comme victimes des émeutiers"

Mais c'est exactement cela que j'ai cru comprendre : des émeutes de Tibétains exaspérés par la sinisation galopante de leur pays (ou, si vous préférez, de leur province extérieure), s'en prenant notamment à des magasins tenus par des Chinois (ou, si vous y tenez, par des Han).

Moi, ce qui me frappe, c'est que je n'ai entendu dans aucun des reportages ou articles que j'ai entendus ou vus ou lus dans les médias français évoquer clairement le fond du problème, c'est-à-dire le raz-de-marée de l'immigration chinoise qui menace de transformer les Tibétains en minorité dans leur pays (et pour cause, cela rappellerait trop notre propre situation). Le résultat, c'est que tout est focalisé sur la question de l'indépendance ou non du Tibet alors que les Tibétains ne la réclament pas : le statut de province réellement autonome et surtout non envahie leur conviendrait. Quand j'ai expliqué cela à mes enfants - qui avaient suivi la question comme tout un chacun - ils sont tombés des nues.

Cela s'appelle de la désinformation. La presse française est aux mains de crapules.
31 mars 2008, 19:37   Tibet
Bien cher Marcel,

C'est vous qui me surprenez : je pensais très sincèrement que le Gouvernement tibétain en exil voulait l'indépendance, et non l'autonomie...

Francis ou tout autre spécialiste de ces asiatiques questions peut-il nous apporter des précisions sur ce point essentiel ?
31 mars 2008, 21:54   Re : Tibet
Relisant mon petit billet, cher Jean-Marc, je dois préciser qu'il existe bien sûr des indépendantistes purs et durs mais le Dalaï Lama a quant à lui été très clair : ce n'est pas l'indépendance qu'il revendique. Encore une fois, la question-clé est celle de la présence de plus en plus massive des Chinois, même si les indépendantistes affirment, avec quelque bon sens bien sûr, que la meilleure garantie de ne pas être envahis, c'est l'indépendance (bon, notre cas prouve que cela ne suffit pas non plus...).
31 mars 2008, 23:34   Re : Thibet bis
J'ai abordé le sujet hier avec une amie chinoise du Continent, anticommuniste, expatriée de Chine, ayant pris part au soulèvement étudiant de 1989. Pour elle, comme pour beaucoup, il y a manipulation de tous côtés, y compris de la part du Dalaï Lama. Il s'agit d'un sursaut ethnique tibétain (je renonce au "h") exploité politiquement par tous, et notamment par la communauté internationale qui s'exaspère de la puissance chinoise montante, de l'explosion de son budget militaire, de son triomphe économique, ses records de croissance, etc. Il n'y a pas d'émeute pour l'indépendance ailleurs que dans les rêves et les calculs des puissances occidentales souhaitant "l'endiguement de la Chine".

La perception de M. Meyer ma paraît juste: on assiste à un soulèvement, fréquent en Asie, contre une ethnie (les Hans) allochtone qui réussit trop bien dans un contexte de pauvreté, d'indigence et d'arriération. Le phénomène n'a rien de particulier au Tibet: il se retrouve de manière récurrente en Asie, en Indonésie, à Bornéo, à Java, où les petits commerçant chinois (pas les plus gros, merci pour eux) sont régulièrement pris pour cible par les autochtones qui se considèrent comme laissés pour compte (ce qui n'est pas le cas, la Malaisie par exemple applique des politiques de discrimination positives - quotas dans l'université, la fonction publique - en leur faveur).

La situation actuelle du Tibet paraît donc bien différente de celle qui a pu prévaloir quand le Dalaï Lama s'est exilé, et la presse, les médias occidentaux se nourrissent de fantasmes comme d'habitude.

Concernant les visions politiques de Sun-Yatsen: ce dernier était un révolutionnaire, un Jaurès qui aurait réussi. Redonner fierté, dignité à la Chine, puiser dans l'humanisme chinois et l'humanisme occidental pour faire renaitre cette civilisation, tels étaient ses nobles objectifs, le tout baigné dans des idéaux sociaux, réformateurs, etc. Il considérait que les minorités ethniques de la Chine étaient comme les cinq doigts de la main-patrie. Ce personnage est une des très rares figures emblématiques du monde chinois qui soit vénérés également partout où ce monde est présent (le seul autre personnage ayant réussi cet exploit à ce degré là me paraissant être la chanteuse Deng Liqun): sur le Continent communiste, à Taiwan, dans la diaspora, son portrait fait consensus. Il n'y a guère qu'à Hong Kong que son image se fait plus discrète, il faut dire qu'il y était presque né, et comme chacun sait, nul n'est prophète en son pays.
31 mars 2008, 23:48   Re : Tibet
Officiellement, le Tibet (le Xi Zang pour les Chinois) est une Région autonome de la République. Je dois dire que l'agenda présent du Dalaï Lama et de son gouvernement me m'apparaît pas comme celui d'une conquête de l'indépendance. Mais je peux me tromper.

Ce qui reste un fait remarquable dans cette affaire: le gouvernement chinois, à la faveur de ces événements, réarme les vieux démons: celui de l'excitation des foules chinoises à la xénophobie; sur internet notamment, puissamment contrôlé par le régime, on assiste à un déchaînement. La méthode de la révolte des Boxers fait toujours recette: c'est tantôt les Japonais sur la sombre affaire du massacre de Nankin, tantôt les Occidentaux à qui l'on reproche encore le sac du Palais d'Eté, et aujourd'hui singulièrement la France de Sarkozy et de son équipe qui se tâte sur un éventuel boycott des J.O.

Cette xénophobie de masse rituellement employée comme arme politique, systématiquement, constitutionnellement mise en scelle par les régimes successifs à chacune de leurs difficultés, constitue un trait souverainement détestable de ce pays.
01 avril 2008, 00:06   Yeux
Bien cher Francis,

J'ai réussi à lire vos messages, mais à quel prix !

Pour Nankin, je préfère le mot "sac", historiquement attesté.

J'ai, lors d'un voyage à Tokyo, visité le Yasukuni Jinja, que vous connaissez sans doute. J'y ai bien passé trois heures, un monsieur japonais anglophone (c'est rare !) qui accompagnait son père ayant bien voulu me commenter les textes japonais non traduits. C'est éclairant sur les différences de vision.

Je conseille la visite des musées militaires dans le monde entier : ce sont souvent les lieux où la "face cachée" d'un pays se dévoile le mieux. Ce sont cependant des endroits dangereux. J'ai failli y périr deux fois : une fois au musée naval de Valparaiso, non à cause de la salle dévolue à l'amiral Merino mais à cause d'un jeune marin qui peignait fort gracieusement un plafond (esssayez de descendre un escalier en regardant en l'air), une fois sur une avenue d'Istanbul échappant, perdu dans mes rêves, à un dolmus lancé à fond, non à cause du film rituel à la gloire d'Ataturk que le musée militaire diffuse, mais à cause des jeunes soldats en faction à tous les coins de ce musée, qui militaient activement (si j'ose dire) pour l'intégration de la Turquie en Europe (j'avais longuement hésité pour déterminer quel pays le Yunanistan était, avant de découvrir que c'était la Grèce).

Je ne comprends d'ailleurs pas comment le Maître de Plieux, avide de musées, ne s'est jamais intéressé à cette catégorie-là.
01 avril 2008, 01:05   Re : Yeux
Cher Jmarc,

Je m'inquiète de lire que la lecture de mes messages vous coûte beaucoup. Est-ce à cause de la typographie mal codée (tous les accents apparaissent sur mon écran comme points d'interrogation sans que je sache pourquoi), des frais de connexion à Valparaiso ou tout bonnement de mon style indéchiffrable ?

Oui, la version japonaise du sac de Nankin diffère considérablement de la version chinoise, dans laquelle le nombre des morts augmente dans les déclaration officielles de 10 à 15 pour cent par an, ainsi qu'on me l'a fait remarquer au Japon non sans humour.

Les musées militaires, les mausolées aux libérateurs, content des fables dont personne n'est dupe, à la différence de celles que placardent les journaux.
01 avril 2008, 09:08   Caractères
Bien cher Francis,

Ce sont les caractères !


Pour le moment, je suis à Toulouse !

Pour le nombre de morts à Nankin, c'est normal : vu leur âge, il y en a beaucoup qui meurent chaque année...
01 avril 2008, 09:31   Re : Caractères
Pardon pour les caractères. Je vous écris du Japon et ne vois pas comment sont reçus chez vous les signes que j'inscris ici. Désolé. La technologie est aussi efficace que la censure de guerre, quand elle le souhaite. Il ne me reste que de composer mes phrases sans accent ni signe diacritique, comme ces deux phrases-ci, en Perec du net jouant une autre Disparition.
01 avril 2008, 17:45   Re : Caractères
Cher Francis, je ne crois pas vous l'apprendre, mais quand vous êtes au Japon, puisque vous êtes certainement en codage UTF8, il faut à chaque fois vérifier, pour sur ce forum, que votre navigateur (cela suffit) est bien en codage iso-8859-1 (view > character encoding).
01 avril 2008, 21:05   Re : Caractères
Merci Bernard. Conscient des causes je ne savais pas en quel lieu exactement modifier cet encodage. Je vais tenter la manipulation que vous indiquez.
02 avril 2008, 09:26   Re : Caractères
Voici, rétablis dans le "bon" codage, les trois derniers messages de Francis :

===

Date: 31 mars 2008, 23:34

J'ai abordé le sujet hier avec une amie chinoise du Continent, anticommuniste, expatriée de Chine, ayant pris part au soulèvement étudiant de 1989. Pour elle, comme pour beaucoup, il y a manipulation de tous côtés, y compris de la part du Dalaï Lama. Il s'agit d'un sursaut ethnique tibétain (je renonce au "h") exploité politiquement par tous, et notamment par la communauté internationale qui s'exaspère de la puissance chinoise montante, de l'explosion de son budget militaire, de son triomphe économique, ses records de croissance, etc. Il n'y a pas d'émeute pour l'indépendance ailleurs que dans les rêves et les calculs des puissances occidentales souhaitant "l'endiguement de la Chine".

La perception de M. Meyer ma paraît juste: on assiste à un soulèvement, fréquent en Asie, contre une ethnie (les Hans) allochtone qui réussit trop bien dans un contexte de pauvreté, d'indigence et d'arriération. Le phénomène n'a rien de particulier au Tibet: il se retrouve de manière récurrente en Asie, en Indonésie, à Bornéo, à Java, où les petits commerçant chinois (pas les plus gros, merci pour eux) sont régulièrement pris pour cible par les autochtones qui se considèrent comme laissés pour compte (ce qui n'est pas le cas, la Malaisie par exemple applique des politiques de discrimination positives - quotas dans l'université, la fonction publique - en leur faveur).

La situation actuelle du Tibet paraît donc bien différente de celle qui a pu prévaloir quand le Dalaï Lama s'est exilé, et la presse, les médias occidentaux se nourrissent de fantasmes comme d'habitude.

Concernant les visions politiques de Sun-Yatsen: ce dernier était un révolutionnaire, un Jaurès qui aurait réussi. Redonner fierté, dignité à la Chine, puiser dans l'humanisme chinois et l'humanisme occidental pour faire renaitre cette civilisation, tels étaient ses nobles objectifs, le tout baigné dans des idéaux sociaux, réformateurs, etc. Il considérait que les minorités ethniques de la Chine étaient comme les cinq doigts de la main-patrie. Ce personnage est une des très rares figures emblématiques du monde chinois qui soit vénérés également partout où ce monde est présent (le seul autre personnage ayant réussi cet exploit à ce degré là me paraissant être la chanteuse Deng Liqun): sur le Continent communiste, à Taiwan, dans la diaspora, son portrait fait consensus. Il n'y a guère qu'à Hong Kong que son image se fait plus discrète, il faut dire qu'il y était presque né, et comme chacun sait, nul n'est prophète en son pays.


===

Date: 31 mars 2008, 23:48

Officiellement, le Tibet (le Xi Zang pour les Chinois) est une Région autonome de la République. Je dois dire que l'agenda présent du Dalaï Lama et de son gouvernement me m'apparaît pas comme celui d'une conquête de l'indépendance. Mais je peux me tromper.

Ce qui reste un fait remarquable dans cette affaire: le gouvernement chinois, à la faveur de ces événements, réarme les vieux démons: celui de l'excitation des foules chinoises à la xénophobie; sur internet notamment, puissamment contrôlé par le régime, on assiste à un déchaînement. La méthode de la révolte des Boxers fait toujours recette: c'est tantôt les Japonais sur la sombre affaire du massacre de Nankin, tantôt les Occidentaux à qui l'on reproche encore le sac du Palais d'Eté, et aujourd'hui singulièrement la France de Sarkozy et de son équipe qui se tâte sur un éventuel boycott des J.O.

Cette xénophobie de masse rituellement employée comme arme politique, systématiquement, constitutionnellement mise en scelle par les régimes successifs à chacune de leurs difficultés, constitue un trait souverainement détestable de ce pays.

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Cher Jmarc,

Je m'inquiète de lire que la lecture de mes messages vous coûte beaucoup. Est-ce à cause de la typographie mal codée (tous les accents apparaissent sur mon écran comme points d'interrogation sans que je sache pourquoi), des frais de connexion à Valparaiso ou tout bonnement de mon style indéchiffrable ?

Oui, la version japonaise du sac de Nankin diffère considérablement de la version chinoise, dans laquelle le nombre des morts augmente dans les déclaration officielles de 10 à 15 pour cent par an, ainsi qu'on me l'a fait remarquer au Japon non sans humour.

Les musées militaires, les mausolées aux libérateurs, content des fables dont personne n'est dupe, à la différence de celles que placardent les journaux.

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02 avril 2008, 09:40   Re : Caractères
J'ai entendu le dalaï lama, hier, sur Arte, dire clairement qu'il ne demandait pas l'indépendance du Tibet, mais son autonomie, telle que la prévoit la constitution. Il ajouta même que la Chine était une chance d'expansion économique pour le Tibet. (Malheureusement, je n'ai vu qu'un petit bout du reportage.)
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