Voici, rétablis dans le "bon" codage, les trois derniers messages de Francis :
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Date: 31 mars 2008, 23:34
J'ai abordé le sujet hier avec une amie chinoise du Continent, anticommuniste, expatriée de Chine, ayant pris part au soulèvement étudiant de 1989. Pour elle, comme pour beaucoup, il y a manipulation de tous côtés, y compris de la part du Dalaï Lama. Il s'agit d'un sursaut ethnique tibétain (je renonce au "h") exploité politiquement par tous, et notamment par la communauté internationale qui s'exaspère de la puissance chinoise montante, de l'explosion de son budget militaire, de son triomphe économique, ses records de croissance, etc. Il n'y a pas d'émeute pour l'indépendance ailleurs que dans les rêves et les calculs des puissances occidentales souhaitant "l'endiguement de la Chine".
La perception de M. Meyer ma paraît juste: on assiste à un soulèvement, fréquent en Asie, contre une ethnie (les Hans) allochtone qui réussit trop bien dans un contexte de pauvreté, d'indigence et d'arriération. Le phénomène n'a rien de particulier au Tibet: il se retrouve de manière récurrente en Asie, en Indonésie, à Bornéo, à Java, où les petits commerçant chinois (pas les plus gros, merci pour eux) sont régulièrement pris pour cible par les autochtones qui se considèrent comme laissés pour compte (ce qui n'est pas le cas, la Malaisie par exemple applique des politiques de discrimination positives - quotas dans l'université, la fonction publique - en leur faveur).
La situation actuelle du Tibet paraît donc bien différente de celle qui a pu prévaloir quand le Dalaï Lama s'est exilé, et la presse, les médias occidentaux se nourrissent de fantasmes comme d'habitude.
Concernant les visions politiques de Sun-Yatsen: ce dernier était un révolutionnaire, un Jaurès qui aurait réussi. Redonner fierté, dignité à la Chine, puiser dans l'humanisme chinois et l'humanisme occidental pour faire renaitre cette civilisation, tels étaient ses nobles objectifs, le tout baigné dans des idéaux sociaux, réformateurs, etc. Il considérait que les minorités ethniques de la Chine étaient comme les cinq doigts de la main-patrie. Ce personnage est une des très rares figures emblématiques du monde chinois qui soit vénérés également partout où ce monde est présent (le seul autre personnage ayant réussi cet exploit à ce degré là me paraissant être la chanteuse Deng Liqun): sur le Continent communiste, à Taiwan, dans la diaspora, son portrait fait consensus. Il n'y a guère qu'à Hong Kong que son image se fait plus discrète, il faut dire qu'il y était presque né, et comme chacun sait, nul n'est prophète en son pays.
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Date: 31 mars 2008, 23:48
Officiellement, le Tibet (le Xi Zang pour les Chinois) est une Région autonome de la République. Je dois dire que l'agenda présent du Dalaï Lama et de son gouvernement me m'apparaît pas comme celui d'une conquête de l'indépendance. Mais je peux me tromper.
Ce qui reste un fait remarquable dans cette affaire: le gouvernement chinois, à la faveur de ces événements, réarme les vieux démons: celui de l'excitation des foules chinoises à la xénophobie; sur internet notamment, puissamment contrôlé par le régime, on assiste à un déchaînement. La méthode de la révolte des Boxers fait toujours recette: c'est tantôt les Japonais sur la sombre affaire du massacre de Nankin, tantôt les Occidentaux à qui l'on reproche encore le sac du Palais d'Eté, et aujourd'hui singulièrement la France de Sarkozy et de son équipe qui se tâte sur un éventuel boycott des J.O.
Cette xénophobie de masse rituellement employée comme arme politique, systématiquement, constitutionnellement mise en scelle par les régimes successifs à chacune de leurs difficultés, constitue un trait souverainement détestable de ce pays.
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Cher Jmarc,
Je m'inquiète de lire que la lecture de mes messages vous coûte beaucoup. Est-ce à cause de la typographie mal codée (tous les accents apparaissent sur mon écran comme points d'interrogation sans que je sache pourquoi), des frais de connexion à Valparaiso ou tout bonnement de mon style indéchiffrable ?
Oui, la version japonaise du sac de Nankin diffère considérablement de la version chinoise, dans laquelle le nombre des morts augmente dans les déclaration officielles de 10 à 15 pour cent par an, ainsi qu'on me l'a fait remarquer au Japon non sans humour.
Les musées militaires, les mausolées aux libérateurs, content des fables dont personne n'est dupe, à la différence de celles que placardent les journaux.
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