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La crise vue par un ancien élève de Pierre Bourdieu.

Envoyé par Utilisateur anonyme 
Utilisateur anonyme
24 mars 2009, 22:12   La crise vue par un ancien élève de Pierre Bourdieu.
Libération. Sortir de la crise 22/03/2009 à 15h18

«On humilie les gens, on les pousse à bout»...
INTERVIEWLe sociologue Luc Boltanski trouve «impressionnante» la montée de l'exaspération politique en France.





Luc Boltanski, ancien élève de Pierre Bourdieu, est aujourd’hui directeur d’études au EHESS et du groupe de sociologie politique et morale avec Laurent Thevenot. (Jonas Pouclet)



Quelles différences voyez-vous entre le rôle du sociologue et celui des politiques?

Les hommes politiques ont quand même un premier souci qui est d’agir sur les gens, pour les amener à se conduire d’une certaine façon. Nous, sociologues, notre rôle est d’accroître leurs ressources de réflexivité. Notre travail, c’est de laisser les gens libres de cette réflexivité, de leur donner une gamme de ressources plus large pour le faire. Il ne s’agit donc pas de les rendre impuissants, mais au contraire, de les aider à avoir des positions un peu moins robustes, mais surtout moins sommaires.

J’aimerais connaître votre point de vue sur la crise et le mouvement populaire de jeudi ?

Il me semble que cette crise est une crise du capitalisme et une crise de surproduction. On a l’impression d’un retour à des luttes de classes interprétables en termes marxistes. D’ailleurs, la crise des sub-primes est largement le résultat d’une surproduction puisqu’il s’agissait de vendre des logements construits en grand nombre à des gens qui n’avaient pas d’argent pour les acheter. Il y a aussi une inquiétude qui est légitime quant au travail et au pouvoir d’achat. Et puis, l’équipe qui est actuellement au pouvoir est très malhabile. Je ne comprends pas bien le pari qu’elle a fait de jouer sur le bling bling, sur la Star Ac’, etc. En période de crise, il est quand même extrêmement coûteux et étrange de refuser de toucher au bouclier fiscal. Ça prouve qu’il faut vraiment ménager les 30% de mecs de droite qui sont, pour le coup, le bouclier électoral. L’exaspération politique montante est impressionnante aussi.

Et la mobilisation des universitaires ?

C’est très intéressant le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, parce que la LRU ne faisait pas l’objet d’une grande opposition chez les profs. Au fond, sans le discours du 22 janvier (NDLR : de Nicolas Sarkozy), ça aurait pu assez bien passer. Alors, qu’est ce qui a pu motiver ce discours ? Ça peut être un mode de gouvernement qui est classique en fait. On humilie les gens, on les pousse à bout pour montrer que, même poussés à bout, ils ne peuvent rien. Après ils sont cassés. Ça peut-être fait aussi pour des raisons internes, pour gêner les ministres. Je ne crois pas aux bavures. Je crois que quand on est avocat d’affaires, on ne fait pas de bavure. Maintenant, il faudrait un peu de sérieux, et pas seulement des Rolex, quoi !

Dans votre conférence, vous avez expliqué comment vous reconnaissiez un homme de gauche d’un homme de droite. Pouvez-vous-nous le répéter ?


Pour être de droite, il faut avoir comme premier réflexe de penser qu’il y a une justice immanente. C’est en somme ne pas avoir conscience du privilège de ses privilèges. Être de gauche, c’est accorder beaucoup plus d’importance au contexte qu’à l’individu. C‘est renoncer à justifier ses privilèges, d’avoir conscience du privilège des privilégiés, et c’est penser que ce privilège est largement arbitraire. Le sens de l’égalité et le sens de la solidarité sont fondamentaux. L’anticapitalisme est lié à l’idée que l’Etat doit protéger les citoyens des inégalités produites par le capitalisme
24 mars 2009, 22:17   Viagra intellectuel
Bien cher W. Zendji,

Quand je lis :

Nous, sociologues, notre rôle est d’accroître leurs ressources de réflexivité. Notre travail, c’est de laisser les gens libres de cette réflexivité, de leur donner une gamme de ressources plus large pour le faire. Il ne s’agit donc pas de les rendre impuissants, mais au contraire, de les aider à avoir des positions un peu moins robustes, mais surtout moins sommaires.

Cela me les coupe...
24 mars 2009, 22:22   ?
"Notre travail, c’est de laisser les gens libres de cette réflexivité, de leur donner une gamme de ressources plus large pour le faire. Il ne s’agit donc pas de les rendre impuissants, mais au contraire, de les aider à avoir des positions un peu moins robustes, mais surtout moins sommaires."

Ma che cazzo significa ?
Cher jmarc, cette fois sans l'ombre d'un doute nous sommes sur la même longueur d'ondes.
24 mars 2009, 22:39   Re : Viagra intellectuel
Jargon inepte.
Imbitable. De toutes façons, ça s'annonçait très mal : Luc Boltanski, ancien élève de Pierre Bourdieu, est aujourd’hui directeur d’études au EHESS et du groupe de sociologie politique et morale...(?!)
Utilisateur anonyme
25 mars 2009, 00:13   Re : La crise vue par un ancien élève de Pierre Bourdieu.
Si l'on créait un délit de "manipulation mentale", comme le souhaitent ceux qui veulent intensifier la lutte contre les sectes, il faudrait évidemment commencer par inculper tous les sociologues.
Citation
L’anticapitalisme est lié à l’idée que l’Etat doit protéger les citoyens des inégalités produites par le capitalisme

Quand même incroyable de voir, après tout ce qui s'est passé depuis 250 ans, qu'il y a encore des gens pour croire que l'Etat ce monstre froid est la solution à tous nos problèmes!
L’anticapitalisme est lié à l’idée que l’Etat doit protéger les citoyens des inégalités produites par le capitalisme
C'est une belle définition de la social-démocratie. A la lumière de ces propos, on se rend compte que le NPA, dont Boltanski est membre, est une organisation social-démocrate mais qui n'aurait pas les moyens de sa politique. La rhétorique libertaire et marxiste n'est que poudre aux yeux.
Le NPA ? C'est un couteau sans lame auquel il manque le manche.
25 mars 2009, 11:08   Inquiétude
« Si l'on créait un délit de "manipulation mentale", comme le souhaitent ceux qui veulent intensifier la lutte contre les sectes, il faudrait évidemment commencer par inculper tous les sociologues. »

Il m'arrive de plus en plus souvent d'être d'accord avec le Zendji. Vais-je me faire vider du parti ?

(Je pense sérieusement que le rapprochement entre les sociologues et les sectes est non seulement pertinent, mais fécond. Je l'achèterais bien à Zendji, mais on dit qu'il est très cher. En plus il va vouloir me faire adhérer à je ne sais quoi...).
Utilisateur anonyme
25 mars 2009, 14:26   Re : La crise vue par un ancien élève de Pierre Bourdieu.
Hum.. déjà que je ne sais plus très bien où j'en suis avec ma collection de pseudos...
25 mars 2009, 15:06   Pseudo...
Au fait, que veut dire Zendji ?
Utilisateur anonyme
25 mars 2009, 15:33   Re : La crise vue par un ancien élève de Pierre Bourdieu.
Bien cher Jmarc,

juste une sorte de japonaiserie...
J'aurais compris "Edith du Zendji" mais "W. Zendji"...
Zendji? Ah, je n'avais pas du tout pensé au Japon, mais à un pseudonyme parsi, composé de Zend (qui préfixe le livre de l'Avesta dans la première traduction française d'Anquetil-Duperron en 1771) et du suffixe gujerâtî -ji, par lequel on forme des noms masculins. Vous savez que beaucoup de Zoroastriens durent fuir la tolérance islamique jusqu'en Inde au VIII°s.
Vous me voyez bouche bée, cher Henri Bès.
26 mars 2009, 11:17   Bouche bée
Quant à moi, je me réfugie dans la Tour du Silence...
Je dirais même plus: nous sommes épastrouillés!
Ma crolle se sent fort petite.
Aline est là, c'est l'essentiel.
Et mes crolles à moi en sont tout ébouriffées!
Vous êtes bien aimable, ô citoyen de la rose cité gasconne!
Chère Aline, vous nous manquiez.
Chère Cassandre, je vous remercie pour ce mot simple et gentil. Une circonstance indépendante de ma volonté a fait que je ne suis plus intervenue sur ce forum pendant quelques semaines. À présent, le cours des choses ayant repris, je compte bien prendre part à la conversation de temps en temps.
Ach! moi aussi, je suis content de vous revoir... Vous serez amusée d'apprendre que le suffixe personnel féminin, en gujerâtî, est -bâi, chère Aline-bâi.
Le NPA ? C'est un couteau sans lame auquel il manque le manche.
C'est qu'il pète dans la soie.
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