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Air qui devrait plaire

Envoyé par Thomas Rhotomago 
25 mars 2009, 00:47   Air qui devrait plaire
6 juillet 1847

"M. de Montpensier a donné cette nuit une fête dans le parc des Minimes, au bois de Vincennes.
[...]
Il semblerait pourtant que cette fête n'eût rien d'impolitique et ne pouvait rien avoir d'impopulaire ; au contraire, M. de Montpensier, en dépensant deux cent mille francs, a fait dépenser un million. Voilà, dans cet instant de misère, douze cent mille francs en circulation au profit du peuple ; il devrait être content. Eh bien ! Non.
Le luxe est un besoin des grands Etats et des grandes civilisations. Cependant il y a des heues où il ne faut pas que le peuple le voie. Mais qu'est-ce qu'un luxe qu'on ne voit pas ? Problème. Une magnificence dans l'ombre, une profusion dans l'obscurité, un faste qui ne se montre pas, une splendeur qui ne fait mal aux yeux à personne. Cela est-il possible ? Il faut y songer pourtant. Quand on montre le luxe au peuple dans des jours de disette et de détresse, son esprit, qui est un esprit d'enfant, franchit tout de suite une foule de degrés ; il ne se dit pas pas que ce luxe le fait vivre, que ce luxe lui est utile, que ce luxe lui est nécessaire. Il se dit qu'il souffre et que voilà des gens qui jouissent ; il se demande pourquoi tout n'est pas à lui. Il examine toutes ces choses, non avec sa pauvreté, qui a besoin de travail et par conséquent besoin des riches, mais avec son envie. Ne croyez pas qu'il conclura de là : Eh bien ! cela va me donner des semaines de salaire, et de bonnes journées. Non, il veut, lui aussi, non le travail, non le salaire mais du loisir, du plaisir, des voitures, des chevaux, des laquais, des duchesses. Ce n'est pas du pain qu'il veut, c'est du luxe. Il étend la main en frémissant vers toutes ces réalités resplendissantes qui ne seraient plus que des ombres s'il y touchait. Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n'y a plus rien.
Plus rien pour personne.
Ceci est plein de périls. Quand la foule regarde les riches avec ces yeux-là, ce ne sont pas des pensées qu'il y a dans tous les cerveaux, ce sont des événements.
Ce qui irrite surtout le peuple, c'est le luxe des princes et des jeunes gens ; il est en effet trop évident que les uns n'ont pas eu la peine, et que les autres n'ont pas eu le temps de le gagner. Cela lui semble injuste et l'exaspère ; il ne réfléchit pas que les inégalités de cette vie prouvent l'égalité de l'autre.
Equilibre, équité : voilà les deux aspects de la loi de Dieu. Il nous montre le premier aspect dans le monde de la matière et des corps ; il nous montrera le second dans le monde des âmes."

Victor Hugo - Choses vues
25 mars 2009, 01:06   Re : Air qui devrait plaire
"il ne réfléchit pas que les inégalités de cette vie prouvent l'égalité de l'autre.
Equilibre, équité : voilà les deux aspects de la loi de Dieu. Il nous montre le premier aspect dans le monde de la matière et des corps ; il nous montrera le second dans le monde des âmes."
Sacré Hugo !
Sacré Hugo, oui.

Cependant, réfuter cette conclusion (ou la trouver bien bonne), c'est réfuter, (ou trouver bien bon), tout l'argumentaire développé dans cet extrait.
Assez d'accord avec vous. Le règne de Dieu existe non pour balayer la pauvreté ou même les inégalités, mais pour anéantir le règne destructeur de l'envie. En ce sens, la conclusion de Victor Hugo pourrait porter plus loin et plus profond que le simple jeu d'esprit: il est possible ici-bas d'enrayer la pauvreté, voire l'inégalité, ne serait-ce que partiellement; il est en tout cas possible de s'atteler à cette tâche; il n'est en revanche possible d'entamer l'empire de l'envie, de le faire reculer, que dans le royaume de Dieu (V.H. était aussi une sorte de René Girard dans son siècle).
25 mars 2009, 06:47   In God we /must/ trust.
Moyennant quoi, le "besoin de riches" pour mettre "en circulation" la richesse "au profit du peuple", idée maîtresse du libéralisme économique, ne saurait être défendue sans la croyance en Dieu. Autrement dit, il ne saurait y avoir de libéralisme économique agnostique. In God we must trust.
25 mars 2009, 08:16   Re : Air qui devrait plaire
On sera d'accord sur la nocivité de l'envie. Je ne suis pas sûre que ce sentiment soit prédominant dans le peuple. Ce serait plutôt une caractéristique du lumpen prolétariat. Orimont, je ne vois pas le lien avec le libéralisme économique et la raison pour quoi serait impliquée la croyance en Dieu.
25 mars 2009, 11:03   Histoire du communisme
« Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n'y a plus rien.

« Plus rien pour personne. »

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Très accessoirement, et en marge de ce texte admirable, je remarque que « il ne réfléchit pas que... » ferait aujourd'hui, et à bon droit, hurler les grammairiens. On ne songe pas assez que la langue, jusqu'au vingtième siècle, s'est faite plus rigoureuse dans ses règles qu'elle ne l'était, et non pas moins (ce qui, entre parenthèses, permet à notre ami Marche, quand il est contesté sur un point, de citer mille exemples classiques attestant la présence de tel ou tel tour au XVIIIe ou au XIXe siècle). L'horrible plein de pour beaucoup abonde chez Sade. L'épouvantable dont après de ( « C'est de musique dont nous allons parler maintenant ») est omniprésent chez Marivaux. Avec réfléchir que, on se croirait aux Matins de France Culture (ce qui n'enlève rien au caractère magnifique de ce passage).
25 mars 2009, 11:39   Re : Air qui devrait plaire
Si nous analysons la réalité d'aujourd'hui au regard de ce texte, il me semble que la transposition ne va pas de soi. Car les "super-riches" dénoncés partout maintenant ne semblent pas justement être à l'origine d'un enrichissement social global, mais pour une part responsables de la crise économique qui menace. Que leur doit par exemple la culture : quel mécénat ? Que leur doit le bien-être social : quelles fondations ? L'observation de Rocard quant à la perte par le capitalisme de son éthique initiale me paraît juste, et l'envie ne me semble pas caractériser l'état d'esprit du moment.

Pour Orimont : je ne comprends pas en quoi le libéralisme implique la croyance en Dieu. (bis)
25 mars 2009, 11:59   Mûre réflexion
C'est sans doute que la réflexion a parcouru un long chemin depuis Hugo. Tenez, voici ce qu'elle était déjà devenue, par exemple, chez Blanchot, en 1953 (le langage n'a évolué qu'à la mesure de ce qui le porte et qu'il transcrit, et porte à son tour):

De moment en moment, je me disais : maintenant, il ne me sera plus possible de réfléchir (quand je réfléchissais, je ne réfléchissais pas à proprement parler, c'était comme une prière adressée au temps, pour qu'il veuille bien accomplir son œuvre).

in Celui qui ne m'accompagnait pas
Les super-riches tendent à s'évaporer, à dépenser leur argent ailleurs qu'ils ne l'acquièrent (cet ailleurs que suivi d'une complétive est fautif et condamnable, on est cependant prié de ne pas lui tomber dessus à bras raccourcis pour l'assommer à coups de bonnet furieux - respectez-le comme un handicapé et consentez à lui offrir un petit emploi dans la démonstration, merci), en ce sens ils se comportent comme des évaporés, des évaporés sociaux. Mais ce phénomène n'a pris d'ampleur que récemment; il reste que le syndicalisme français, par exemple, depuis les années 70 est un syndicalisme de l'envie: on réclame à corps et à cri ce que les gens aisés (sinon les riches) nous montrent qu'ils possèdent: du temps libre, des loisirs, l'accès à des équipements luxueux, à des lieux prestigieux (stations de sport d'hiver, vacances en club, etc.). Ce n'est plus un syndicalisme du besoin comme cela avait été le cas encore jusqu'en 1968. Les niveaux de vie les plus modestes en France restent très supérieurs à ce qu'ils sont dans l'écrasante majorité des pays du monde, très au-dessus des seuils de pauvreté des pays pauvres.
25 mars 2009, 12:28   Re : Air qui devrait plaire
Tout à fait d'accord, mais devons-nous déplorer la perte de ces pauvres ou nous en féliciter ? Vouloir améliorer son niveau de vie même s'il dépasse le seuil de pauvreté ne me semble pas condamnable, et le syndicalisme maintient son objet, qui n'est pas principalement de lutter contre la pauvreté mais d' améliorer la part du travail dans la répartition des richesses. D'ailleurs le principal syndicat, la CGT, ne défendait pas les travailleurs les plus pauvres, mais plutôt l'aristocratie ouvrière dont tous ses cadres étaient issus. La CFDT, venue du catholicisme fut plus soucieuse ensuite des travailleurs pauvres, et soutint les luttes des OS qui se multiplièrent après 68.
La thésaurisation des acquis sociaux est un concept bourgeois infiltré dans la classe ouvrière. Le terme "aristocratie ouvrière" est la transcription dans la langue de cette infiltration. Rien ne s'acquiert ni (en principe) se transmet que le capital (et exceptionnellement certaines charges). Par mimétisme, les syndicats (CGT en tête) se sont mis dans l'idée que les "privilèges" de certaines catégories de travailleurs pouvaient être transmis de génération en génération à travers la corporation - par la corporation comme véhicule de transmission du privilège, cependant que dans l'ordre bourgeois, c'est la lignée générationnelle, "biologique" qui remplit cet office - à l'instar de la traditionnelle transmission du capital dans les familles capitalistes. Cette illusion mimétique du mouvement syndical - la bonne qui, ayant chipé pour une heure des vêtements de soirée dans la garde-robe de sa patronne, fait des pirouettes et des risettes à son miroir ressemble à ces syndicats - se paie aujourd'hui par les inégalités flagrantes qui se donnent à voir entre d'une part les catégories de travailleurs légataires et bénéficiaires des acquis transmis, et d'autre part tous les autres, de plus en plus nombreux, exclus du leg et de plus en plus indifférents, voire hostiles (comme on l'a vu lors des grèves de la SNCF qui fait durement souffrir les usagers du train de banlieue) à la syndicature en lutte pour le maintien de la loi du leg corporatiste et "aristocratique".
25 mars 2009, 13:14   Re : Air qui devrait plaire
Le corporatisme est certainement vilain, mais il ne me semble pas devoir être confondu avec la recherche de l'amélioration globale du niveau de vie des salariés et d'une part meilleure pour eux dans la valeur ajoutée. Ceci ne peut se réaliser sans une certaine thésaurisation dite "défense des acquis sociaux" lorsque faute de pouvoir progresser, il importe de ne pas régresser.
25 mars 2009, 14:12   Re : Air qui devrait plaire
La quasi-disparition de l'éthique bourgeoise, et peut-être aussi du rôle de mécène pour les arts vivants, est pour une grande part liée aux lois démocratiques de succession lesquelles ont entraîné la disparition ou peu s'en faut des entreprises familiales au profit d'immenses et anonymes sociétés gérées au seul profit d'un actionnariat dilué et donc sans âme. Il n'y a pas d'éthique familiale à transmettre avec un paquet d'actions d'entreprises diverses et sans lien entre elles, ballottées qui plus est par les spéculations, les krachs et les passages du fisc.
25 mars 2009, 14:31   Re : Air qui devrait plaire
Mais en France la transmission patrimoniale est je crois beaucoup plus favorable qu'aux USA. Peut-être cela a-t-il induit justement un manque de dynamisme des entreprises qui auraient tendance à mourir à la troisième génération. Il y a peu en France d'entreprises moyennes, la cause n'en serait-elle pas l'inverse de celle que vous envisagez cher Marcel Meyer ?
"En vérité, nous touchons là un facteur fondamental, que les grands penseurs politiques du passé connaissaient et que les prétendus "philosophes politiques" d'aujourd'hui, mauvais sociologues et piètres théoriciens, ignorent splendidement: l'intime solidarité entre un régime social et le type anthropologique (ou l'éventail de tels types) nécessaire pour le faire fonctionner. Ces types anthropologiques, pour la plupart, le capitalisme les a hérités des périodes historiques antérieures: le juge incorruptible, le fonctionnaire wébérien, l'enseignant dévoué à sa tâche, l'ouvrier pour qui son travail, malgré tout, était une source de fierté. De tels personnages deviennent inconcevables dans la période contemporaine: on ne voit pas pourquoi ils seraient reproduits, qui les reproduirait, au nom de quoi ils fonctionneraient. Même le type anthropologique qui est une création propre du capitalisme, l'entrepreneur schumpétérien - combinant une inventivité technique, la capacité de réunir des capitaux, d'organiser une entreprise, d'explorer, de pénétrer, de créer des marchés - est en train de disparaître. Il est remplacé par des bureaucraties managériales et par des spéculateurs. Ici encore, tous les facteurs conspirent. Pourquoi s'escrimer pour faire produire et vendre, au moment où un coup réussi sur les taux de change à la Bourse de New York ou d'ailleurs peut vous rapporter en quelques minutes 500 millions de dollars? Les sommes en jeu dans la spéculation de chaque jour sont de l'ordre du PNB des Etats-Unis en un an. Il en résulte un drainage des éléments les plus "entreprenants" vers ce type d'activités qui sont tout à fait parasitaires du point de vue du système capitaliste lui-même. Si l'on met ensemble tous ces facteurs, et qu'on tienne, en outre, compte de la destruction irréversible de l'environnement terrestre qu'entraîne nécessairement l'"expansion" capitaliste (elle-même condition nécessaire de la "paix sociale"), l'on peut et l'on doit se demander combien de temps encore le système pourra fonctionner."
25 mars 2009, 15:05   Re : Air qui devrait plaire
Eh bien c'est la fin du fonctionnement décrit par Castoriadis. On y est.
Utilisateur anonyme
25 mars 2009, 15:16   Re : Air qui devrait plaire
Ce propos de Castoriadis me fait penser aux études prospectives de la fin du XIXème qui voyaient Paris enseveli sous des mètres de crottin de cheval à la fin du XXème...
Passionnant. Pourriez-vous, Agrippa, nous donner vos sources ?
Utilisateur anonyme
25 mars 2009, 15:36   Re : Air qui devrait plaire
Ghislaine BOUCHET, Le cheval à Paris de 1850 à 1914, Mémoires et documents de l'École des Chartes, Paris, 1993, page 410
Je vous remercie.
C'est bien vrai cher Marcel, d'où la double inadéquation (politique et historique) de l'approche syndicatoriale.
25 mars 2009, 16:42   Re : Air qui devrait plaire
"syndicatoriale" ? Kesaco ?
Mot valise.
25 mars 2009, 17:27   Re : Air qui devrait plaire
J'attendais de savoir ce que vous mettiez dans la valise...
Par exemple les 280 pages de l'excellent ouvrage de Bernard Zimmern, La Dictature des syndicats, publié par Albin-Michel en novembre 2003.
Chère Ostinato,

Je me suis borné à essayer de comprendre la logique d'Hugo dans cet extrait.

Il commence par désigner le dogme premier (et jusqu'ici indépassable) du libéralisme économique : « les pauvres ont besoin des riches », puis termine en montrant que si le peuple ne comprend pas la valeur de ce dogme, c'est parce qu'il « ne réfléchit pas que les inégalités de cette vie prouvent l'égalité de l'autre. » On peut donc en déduire que la principale règle du libéralisme économique (« les pauvres ont besoin des riches ») n'est envisageable qu'à la condition de croire en un autre mode de rétribution, plus égal, accordé dans l'au-delà, de croire à la « loi de Dieu. »

Je me disais qu'il y a bien apparence qu'il faille mettre un peu de transcendance religieuse pour accepter cette affaire de riches et de pauvres, telle qu'elle apparaît dans cet extrait et telle, en effet, qu'elle continue à former le socle de la pensée libérale, savoir que le luxe de quelques-uns "fait vivre" la masse.

Monsieur de Montpensier, donnant sa fête, fait figure d'investisseur. Il dépense une somme qui paraît énorme aux yeux mal décillés des miséreux mais qui, en réalité, génère une dépense décuplée, celle-ci « mise en circulation au profit du peuple » qui ne s'aperçoit pas de l'aubaine. C'est tout à fait exact et même indéniable : « retombées » de cette fête il y aura pour le peuple et cependant, le compte n'y est pas. L'échange pourrait même avoir des allures de marché de dupes et de la pire espèce, de celle où le dupeur prétend de surcroit à un bénéfice moral et où le dupé est accusé d'ingratitude. Car il faudrait que le peuple hugolien comprenne que M. de Montpensier et ses invités prennent du plaisir pour son bien à lui, le peuple, qu'ils passent une bonne journée pour lui en assurer quantité d'aussi bonnes. Quelle admirable entourloupe sémantique en effet que cet usage soudain égalitaire de ce terme de « bonnes journées » pour désigner, dans un cas, un partie de plaisir, dans l'autre des semaines de labeur.

N'importe, le peuple est ingrat à force de manquer de subtilité. Trompé par les enfantillages de ses reins brisés, de son corps prématurément usé, de l'emploi de son temps obéré par le gagne-pain, il s'obstine à ne pas comprendre non seulement pourquoi il n'est pas à la fête mais, par-dessus le marché, pourquoi il devrait applaudir de ne pas y être et même, n'y étant pas, se frotter les mains comme qui vient de conclure une avantageuse transaction. Ce n'est pas l'envie qui me semble en cause dans cette affaire, mais le sentiment peut-être infiniment plus simple de se faire rouler et de devoir dire merci.

Dans ces conditions, il semble alors indispensable, pour accepter sans broncher un tel partage des rôles d'avoir bel et bien la foi dans une rétribution surnaturelle.
25 mars 2009, 17:58   Re : Air qui devrait plaire
Pour Francis Marche :

Je crains que le point de vue soit un peu trop à charge à mon goût, mais je regarderai.

Pour une vue nuancée et non syndicolâtre, j'ai apprécié "Mes acquis sociaux" d' Henri Vacquin, qui justement démontre que la faiblesse des syndicats en France, tient à leur conservatisme en ne voulant rien changer au nom des "avantages acquis". C'est intéressant, car c'est un praticien, intervenant dans les conflits sociaux en dialogue avec les patrons, les syndicats et les personnels. Cet essai date de septembre 2008.

Quelques infos dans "Causeur" :

[www.causeur.fr]
25 mars 2009, 19:22   Re : Air qui devrait plaire
Je pense que votre interprétation est la bonne, j'ai fait une lecture plus approfondie du texte. La volonté de démontrer la logique de la pensée du peuple est bien apparente, mais ne m'avait pas frappée comme elle aurait dû. Cependant je ne trouve aucune raison pour induire l'égalité dans le monde futur des âmes sinon la croyance déïste d'Hugo.
Toujours extraits de Choses vues :

"Voici la situation de la société depuis la révolution française et la liberté de la presse : une grande lumière mis à la disposition d'une grande envie" (1847)

Il y a une note, à propos de cette phrase. La voici :

Note de M. Henri Guillemin : "Sur la même feuille de papier, en 1870, Hugo a écrit ce qui suit : "Et pourquoi pas ? Ceux qui souffrent ont le droit d'envier. Et, au fond de cette envie, n'y a-t-il pas une grande équité ? Aujourd'hui, je refais ainsi la définition de la Révolution : une grande lumière mise au service d'une grande justice. Ah ! pair de France, le proscrit te dit ton fait."
"Egalité, traduction en langue politique du mot envie."

(Hugo, Choses vues)
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