Un "de souche" (ou apparenté) ne peut plus, face à un individu issu d'une certaine immigration, se permettre de s'interroger sur l'identité nationale sans que son interlocuteur lui assène aussitôt, pour lui couper l'herbe sous les pieds et la parole, l'intimidant " mais nous sommes français, aussi français que vous " , signifiant par là qu'il s'agit d'une affaire entendue et que vouloir seulement en discuter serait impardonnablemetn raciste. Il serait pourtant simple de répliquer, pour commencer, qu'être étranger n'a rien de choquant , que, en France en tous cas, ce n'est pas un gros mot et qu'il n'y a rien d'humiliant à ne pas être français, d'autant que 99 pour cent de la population mondiale ne l'est pas sans s'en sentir mortifiée pour autant. D'autre part, s'il est bien vrai que l'ancienneté ne garantit pas l'authenticité de l'identité, certains, de souche toute récente, et même des étrangers, pouvant être parfois plus français que d'autres de vieille souche, l'inverse aussi est, à plus forte raison, vrai. Il Y A DONC LIEU DE DISCUTER. Si ces personnes issues de l'immigration africano-musulmane, puisque c'est d'elles en général qu'il s'agit, veulent dire que leur passeport et leur carte d'identité français sont aussi valables que ceux d'un " de souche ", elles ont, bien sûr, raison. Administrativement parlant , nous sommes, tous, " de souche " ou non, pareillement français. Mais, encore une fois, est-ce qu'il sufit d'une étiquette collée sur la bouteille pour faire d'une jeune piquette, d'un jus de raisin non fermenté un vieux vin A.O.C ? Suffit-il de coller une étiquette de Château-neuf du Pape sur du Sidi-Brahim pour transformer ce dernier en vin de Bourgogne ? Seuls les objets inanimés auraient donc une personnalité, une âme, et pas les nations, pas la nôtre en particulier ? Or, les cités " sensibles " où se sont fixées les populations issues d'Afrique sont devenues des annexes, de simples extensions des divers pays d'origine au point que la fameuse expression "emporter son pays à la semelle de ses souliers " semble avoir été forgée exprès pour ces populations. Quoi d'étonnant que l'identité que l'on y cultive soit plus près du Sidi-Brahim que du Bourgogne, de l'Algérie, du Maroc ou du Mali que de la France, étiquette ou non ? Au reste, est-ce qu'il a suffi que, administrativement, l'Algérie coloniale fût un département français pour qu'elle fût VRAIMENT française ? Suffisait-il aux Algériens d'avoir, à l'époque, une carte d'identité française pour qu'ils se sentent français ? L'histoire a donné avec éclat la réponse : NON. Ils ont fait la guerre, pour, justement, en finir avec cette convention administrative qui n'était à leurs yeux qu'une imposture. Pourquoi ce raisonnement assez valable hier pour justifier une guerre atroce, ne ne le serait plus aujourd'hui pour justifier un débat pacifique et nécessaire ? Pourquoi serait-il plus condamnable aujourd'hui qu'hier de prendre acte que la nationalité française de certaines personnes n'est qu'une convention administrative, une pure fiction ?
Au reste, comme je crois l'avoir déjà écrit, si cette fiction est désormais prise pour argent comptant , il faudra bientôt s'attendre à voir contester de la même façon l'existence même d'une langue française spécifique. Si, en effet, le français est la langue parlée en FRance par des populations légalement françaises et n'est que cela (et c'est ainsi, les choses étant ce qu'elles sont, qu'il sera conçu) alors, ces populations conservant l'arabe comme mode de communication, l'arabe sera dit être la langue française. CQFD.