Je ne crois pas que les 26000 expulsions comprennent Mayotte
Bien sûr que si, chère Ostinato-qui-partage-partiellement-l'avis-de-Jmarc-(en moins optimiste)... :
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Société
Des milliers de clandestins sont expulsés chaque année de Mayotte
AP | 27.03.2009 | 14:45
En dehors de Mayotte, toutes les îles des Comores sont devenus indépendantes en 1975, après l'organisation par la France d'un référendum d'autodétermination. Cette exception mahoraise a maintes fois été dénoncée par l'ONU, qui impose le respect des frontières issues de la colonisation, et par l'Union africaine. La séparation a en tout cas provoqué
un afflux de clandestins vers Mayotte, plus riche que les autre îles, et les autorités françaises ont procédé à des mesures d'expulsions, notamment, en 2008, plus de 13.000.
Contestant lui aussi la légalité du référendum de décembre 1974 et celui de dimanche sur la départementalisation, Pierre Caminade, membre de l'association Survie et auteur de "Comores-Mayotte: une histoire néo-coloniale" (éditions Agone), dénonce également "
la criminalité" du visa Balladur-Pasqua introduit en 1995 qui empêche désormais "la libre circulation entres les îles", les allers et retours qui permettaient les échanges économiques. "Il y a eu des milliers de morts par chavirage depuis 1995", déplore-t-il dans un entretien à l'Associated Press.
Régulièrement, des candidats à l'immigration décèdent en tentant de rejoindre Mayotte par la mer. En novembre dernier, par exemple, le naufrage d'une petite embarcation de pêche, un "kwassa" chargé de clandestins en provenance des Comores, avait fait 14 morts et sept disparus au sud de Mayotte.
Selon Pierre Caminade, à Mayotte, dont l'économie "est totalement sous perfusion", il y aurait aujourd'hui un tiers de clandestins qui vivent sous la menace de se faire expulser. "On les force à se cacher car il y a eu des chasses aux clandestins. On veut monter les populations les unes contre les autres. Mayotte, c'est l'île de la cruauté", lance-t-il.
Pierre Caminade dénonce également le manque de volonté français en matière de coopération avec les îles voisines, réclamant notamment la création d'un centre de soins et d'un centre éducatif à Anjouan, ce qui permettrait de limiter le nombre de candidats à l'immigration.
Le centre de rétention de Pamandzi, par lequel passent la majorité des personnes expulsées, est "en suroccupation permanente (...) avec des conditions d'hygiène déplorables", dénonce pour sa part Damien Nantes, responsable à la Cimade (qui fait partie d'un collectif Migrants Mayotte) de la défense des étrangers reconduits.
"Prévu pour accueillir 60 personnes, il en reçoit souvent plus de 150, avec une pièce pour les hommes, et une pièce pour les femmes. C'est la négation du respect des droits des personnes", lance-t-il. Après y être restés au plus trois jours, ils sont reconduits en général à Anjouan essentiellement par bateau, parfois par avion.
Damien Nantes dénonce pour ces personnes "l'impossibilité de contester une mesure d'éloignement car les recours ne sont pas jugés". "Il y a un accord général pour le renvoi à Anjouan et des reconduites tellement expéditives que les familles sont parfois séparées, avec des enfants qui restent à Mayotte alors que leurs parents sont reconduits", assure-t-il.
Citant des chiffres donnés par des ONG, il note que 3.000 mineurs ont notamment été expulsés de Mayotte en 2007, ce qui pose "un problème en matière de respect des droits et une volonté absurde d'appliquer des quotas d'expulsion".
Moustapha Abdou-Raouf, un porte-parole du Collectif des associations et des amis des Comores (CAAC), regrette également ces expulsions et le visa Balladur-Pasqua qui entrave la libre circulation des Comoriens.