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Dans ce pays

Envoyé par Aline 
01 avril 2008, 19:41   Dans ce pays
J’aime beaucoup Vincent de Coorebyter*, pour la clarté de ses analyses, pour le recul qu’il sait prendre en toutes circonstances. Je me demande si ce texte peut « troubler » un Français…

*(Directeur du CRISP, Centre de recherche et d’information socio-politiques)

Dans ce pays
Vincent de Coorebyter
Directeur général du Crisp
Le Soir 1-4-2008


En ce mardi 1er avril, j’achève la lecture d’un excellent livre qui jette une lumière étrange sur les événements de ces derniers mois.
Dans ce pays, explique l’auteur, un courant politique important a fait d’emblée le choix d’une vision audacieuse de la démocratie : celle du « miroir représentatif », ce que l’auteur considère, non sans provocation, comme une manière de compter sur « l’honnête médiocrité » des représentants du peuple.
Et de citer ce texte caractéristique de ce mouvement de pensée : « L’idée qui surgit naturellement dans nos esprits, lorsque nous parlons de représentants, c’est qu’ils ressemblent à ceux qu’ils représentent. Ils doivent être la véritable image du peuple, posséder une bonne connaissance de ses désirs et de ses circonstances, sympathiser avec ses malheurs et chercher à comprendre ses intérêts véritables. » L’essentiel étant alors, non pas de faire fleurir de « brillants talents », mais de jouer sur une « proximité de résidence et d’intérêts entre le représentant et son électorat ».
Dans cette conception, le représentant doit logiquement, conclut l’auteur, « être un homme d’intelligence et de condition moyennes ».
Vision partiale, ou caricaturale ? L’auteur n’en est pas convaincu, puisqu’il résume longuement un de ses confrères qui érige cette tendance en génie national, et y voit la raison pour laquelle les citoyens « ne sont jamais en mesure de développer une philosophie de la vie qui soit véritablement la leur, autonome, critique et réflexive ».
Dans ce pays, le citoyen « ne pense pas, il se pense à travers les plaisirs de la vie ; il s’adapte aux circonstances et il attend toujours que du jeu des passions qui règle sa vie quotidienne surgisse comme par enchantement le bien public ».
Dès lors, « indifférent aux idées, incapable de définir une quelconque sagesse politique », il peut « tout exporter sauf un message politique » : ce pays n’a produit aucun philosophe du niveau d’un Hobbes ou d’un Rousseau car, lorsque « tout se réduit à des questions constitutionnelles », les avocats prennent la place des philosophes.
Résumant toujours son confrère, l’auteur constate qu’il ne tire aucune conclusion négative de cet état d’esprit, qui constitue plutôt la marque de « l’inimitable génie » national, à savoir le pragmatisme, « une capacité exceptionnelle à adapter ses institutions aux circonstances, à faire coller ses idées aux faits, à mouler littéralement l’État sur les formes de la société civile. » En évitant les idéologies, c’est-à-dire « les imbécillités, divagations et [autres] délires cosmiques », écrit le second essayiste, « en rabattant leur idéal politique sur leurs intérêts privés », poursuit le premier, les fondateurs de la nation ont réussi « à s’effacer de l’histoire » : ils ont fait « de l’histoire, leur histoire, un procès sans sujet », un récit sans principe ni finalité.
Cette vision de la politique a pourtant ses lettres de noblesse, et l’auteur insiste sur le fait qu’elles étaient consciemment revendiquées à l’époque de l’Indépendance, lorsqu’il s’agissait de stabiliser le nouvel État.
À cette époque où l’on se méfiait avant tout des excès de la démocratie, c’est-à-dire des passions populaires, du risque de voir la majorité du moment imposer sa loi, une référence privilégiée était Numa, le roi qui eut l’intelligence d’en finir avec la rivalité entre les Romains et les Sabins en divisant chacun des deux camps en une multitude de métiers et de sectes religieuses propres à chacun de ces métiers. Et l’auteur d’esquisser alors une étonnante genèse du fédéralisme ou du confédéralisme (les deux systèmes s’équivalent à ce niveau d’analyse), qui en fait le prolongement de la stratégie de Numa.
Pour que la majorité soit toujours « une majorité de compromis fondée sur une coalition d’intérêts divergents parce que distincts », et à défaut de pouvoir diviser autoritairement la société en une multitude de métiers et de sectes, il reste à se rabattre sur un moyen tout aussi sûr, le fédéralisme ou le confédéralisme, qui donne la possibilité d’intégrer un grand nombre de groupes, de partis et de courants religieux, ce qu’un État homogène ou unitaire ne peut pas réussir.
Fédéralisme et confédéralisme permettent de diviser la société en mondes cloisonnés et, du coup, de solidifier l’État lui-même, qui ne pourra jamais passer sous la coupe d’un seul groupe ou d’une seule faction.
Comme le montre l’auteur, la notion de Bien commun sort forcément fragilisée d’une telle vision nationale, puisque le Bien commun ne peut se laisser réduire « au produit d’un marchandage pluraliste entre factions », à « une sorte de plus petit commun dénominateur qui satisferait l’ensemble des groupes de la société », vision ultra-pragmatique de la confection des lois qui en fait ce que François Bourricaud, cité par la même source, appelle le « fruit dénaturé mais savoureux des vices privés ».
Machiavel par contre vient à la rescousse de ce pragmatisme, lui qui jugeait, souligne l’auteur, que la Rome républicaine avait tenu trois siècles non pas malgré mais grâce aux querelles incessantes entre les factions, dont les effets positifs ont été erronément négligés : pour Machiavel, « les bonnes lois, à leur tour, sont le produit de ces agitations que la plupart condamnent si inconsidérément ».
D’où cet étonnant plaidoyer cité par l’auteur, émanant d’un des grands artisans du modèle fédéral ou confédéral : « L’influence [disproportionnée] de chefs factieux peut les conduire à allumer un incendie dans leurs États particuliers, mais elle ne saurait entraîner une conflagration générale dans les autres États. [De même] une secte religieuse peut dégénérer en faction politique dans une partie de la Confédération ; mais la variété des sectes dispersées sur l’ensemble du territoire de l’Union devrait protéger les assemblées de la nation contre tout danger de cette nature. »
Le lecteur en aura eu confirmation avec cette dernière citation, c’est bien des Etats-Unis qu’il était question ici, tels que Denis Lacorne en décrit l’évolution politique et constitutionnelle dans L’invention de la république[1] (1), en s’appuyant au passage sur Daniel Boorstin et sur James Madison.

En Belgique comme ailleurs, lire permet de se sentir moins seul. ■


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[1] Publié chez Hachette, dans la collection « Pluriel », en 1991, p. 140-141, 220-221, 235, 247.
Utilisateur anonyme
03 avril 2008, 12:36   Re : Dans ce pays
Votre message me laisse rêveur et j'avoue Aline que je ne comprends pas tout. J'ai envie de le mettre en parallèle avec cet autre texte qui fait en quelque sorte suite dans mon esprit.

« La démocratie telle que nous la concevons va disparaître »
Nous sommes à la fin d’un régime, celui de la démocratie. Comme les élites du XVIIIe siècle qui ne s’attendaient pas à la chute de l’Ancien Régime, nous ne sommes pas conscients du fait que la démocratie va disparaître. Telle est la thèse provocante défendue par Guy Hermet dans L’Hiver de la démocratie ou le nouveau régime (Ed. Armand Colin).

Auteur : Dominique Berns

Dans « L’Hiver de la démocratie », le politologue français Guy Hermet prédit l’avènement d’un nouveau régime après l’épuisement de l’Etat providence.

- Annoncer la fin de la démocratie à une époque où le libéralisme a triomphé du communisme et où le monde compte beaucoup plus de démocraties qu’il y a cinquante ans, voilà qui révèle un goût de la provocation ou du paradoxe... Guy Hermet : Il y a un progrès de la démocratie en extension ; géographiquement, en surface ou en quantité, elle s’est étendue ; de plus en plus de pays sont dits « démocratiques », même si l’on peut douter de la qualité de leurs institutions. Mais en densité, en profondeur ou en qualité, la démocratie recule. Elle s’étend en périphérie mais s’épuise dans nos vieilles démocraties. Ce noyau, affaibli, risque de ne plus pouvoir alimenter son progrès en périphérie, où elle reste imparfaite et souvent caricaturale.
- De nombreux observateurs s’accordent à diagnostiquer une crise de la démocratie dans nos pays...
- Parler de « crise », c’est suggérer que nous vivrions simplement un passage à vide, que la situation va s’arranger. C’est une vue erronée. Je crois profondément que la démocratie telle que nous la concevons n’existera bientôt plus. On en voit de multiples symptômes. En décembre 2003, la Convention européenne avait prévu d’inclure, dans le préambule de la Constitution européenne, une citation de l’historien de la Grèce antique Thucydide, citant la définition de la démocratie donnée par Périclès : pour que la démocratie existe, il convient que le pouvoir appartienne au plus grand nombre, donc à la majorité d’un corps politique qualifié de Peuple. En juin 2004, la citation a été supprimée par le Conseil européen à la demande de certains petits pays récemment intégrés ou intégrables à l’Union, qui craignaient qu’elle ne donne la majorité et donc le pouvoir de décision aux pays les plus peuplés.
- Le fait n’a pas suscité de grands commentaires. N’y attachez-vous pas une importance excessive ? Dans une structure comme celle de l’Union, la crainte des petits pays n’était pas totalement injustifiée. N’est-ce pas aller un peu vite en besogne que d’y voir une réfutation de la démocratie ?
- Il y a effectivement un problème, assez analogue à celui soulevé par la persistance d’une minorité face à la majorité à l’issue d’élections démocratiques quelconques. Mais pourrait-on décider pour autant de supprimer les élections ? Cela reviendrait à récuser la démocratie, pour laquelle on n’a pas trouvé autre chose que la règle arithmétique de la volonté du plus grand nombre pour prendre les décisions. C’est après coup, ce principe admis, qu’il convient d’imaginer des aménagements en faveur du petit nombre. Plus généralement, il y a maintenant un doute philosophique sur la pertinence de la souveraineté populaire. Et on en vient à récuser la volonté majoritaire qui est pourtant le noyau de la démocratie. Quand, dans un pays du Sud, les élections portent au pouvoir un parti islamiste, n’entend-on pas dire qu’il vaudrait mieux annuler les élections ? Ou quand une proportion importante d’électeurs anversois donne sa voix au Vlaams Belang, certains ne pensent-ils pas qu’il conviendrait de ne pas tenir compte de leurs bulletins de vote ? Ce qui vient d’être fait d’une certaine façon en Suisse, avec l’éviction de Christoph Blocher du gouvernement, en dépit de son triomphe électoral. Surtout, sur le plan pratique, la démocratie a atteint ses limites. C’est le seul régime qui est obligé de se légitimer à chaque élection. Les promesses constituent son carburant. Au début, on a promis le suffrage universel masculin, puis le vote des femmes, puis encore l’abaissement de l’âge du droit de vote - tout cela ne coûtait pas très cher. Ensuite, on a promis la démocratie sociale : l’assurance maladie, les pensions de retraite, la sécurité sociale en général. Maintenant, la démocratie arrive au fond du réservoir des promesses réalisables. Le déclin de la démocratie - et ce n’est pas une coïncidence - accompagne la fin de l’Etat providence. Le moment approche où nos démocraties ne pourront plus faire miroiter quelque cadeau tangible que ce soit. Et, d’ailleurs, les citoyens l’ont compris : la plupart ne croient plus à un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants. Cet espoir, qui soutenait la démocratie, est cassé.
- Cette remise en cause de l’Etat providence n’est-elle pas avant tout un effet de l’offensive néolibérale ? Autrement dit, dans nos sociétés pourtant toujours plus riches, les élites n’ont-elles pas choisi de sacrifier l’Etat providence et l’idéal d’égalité qui le sous-tend ?
- Ce n’est pas pour moi l’explication primordiale. Le démontage progressif de l’Etat providence, qui est en cours même si on ne le dit pas explicitement, a commencé d’abord en Suède, sa terre de prédilection. Il n’y a pas à la base un complot néolibéral ; il n’y a pas de complot d’ailleurs. L’offensive néolibérale est réelle, mais elle se greffe sur un constat d’impossibilité. Prenez le cas de l’assurance maladie. En France, le premier à avoir écrit qu’il fallait revoir le système en raison du coût croissant de la médecine fut un socialiste bon teint : ce fut Jacques Attali, celui d’il y a vingt ans, alors conseiller du président Mitterrand. Considérez les retraites. Il y a une réalité démographique ; on ne peut pas continuer comme si de rien n’était. Imaginez-vous que d’ici quelques décennies, 40% d’actifs pourraient financer 60% de retraités ? C’est impossible. Il y a un épuisement physique de l’Etat providence. L’offensive néolibérale s’est engouffrée dans cette faille. Avec en plus de bonnes raisons, mais aussi de la mauvaise foi. Celle-ci consiste en particulier à pratiquer une fuite en avant irresponsable dans la délocalisation des industries et des services, à raisonner comme si l’essentiel était les entreprises et les grandes multinationales, et non les sociétés et leurs habitants. Nos multinationales ne survivraient pas à l’effacement de nos sociétés. Nos sociétés seront de plus en plus inégalitaires, injustes, même si nous ne pouvons pas nous permettre le choix d’une société aussi inégalitaire que les Etats-Unis. Un seul exemple : les retraites. Le sort des plus âgés, aujourd’hui, est enviable. Les jeunes générations seront beaucoup moins bien loties quand elles seront pensionnées ; ces inégalités vont doubler les inégalités de classe.
- « Le peuple, écrivez-vous, ne croit plus à la fiction du gouvernement de tous et par tous. » Faut-il entendre que ce fut toujours, d’une certaine manière, une fiction ?
- Au début du gouvernement représentatif, à la fin du XVIIIe, la reconnaissance de la souveraineté populaire n’allait pas de soi. Dire que le peuple était souverain fut dans une certaine mesure une ruse des élites, qui ne pouvaient plus dire que la souveraineté appartenait au roi ou à Dieu, et encore moins à elles-mêmes. En réalité, les élites, même progressistes, se méfiaient de la souveraineté du peuple, qu’elles ont tenté constamment de marginaliser. Bien sûr, elles ont dû, progressivement, abandonner une partie du terrain. Sans jamais cesser de ruser. Aujourd’hui, le peuple ne croit plus à cette ruse ; les élites en prennent acte. C’est pourquoi les campagnes deviennent de plus en plus populistes. C’était le cas pour les trois principaux candidats à la présidentielle française de 2007 : un populisme musclé pour Sarkozy ; un populisme classique du « tous pourris » pour Bayrou ; un populisme « maternel » à la Evita Peron pour Ségolène Royal.
- Ce retour du populisme est tenu par la plupart des observateurs pour une dérive de la démocratie, un mal qu’il faut soigner. Vous y voyez non seulement le moyen utilisé pour détourner l’attention des citoyens du sujet principal, l’épuisement de l’Etat providence, mais aussi et surtout le mode de fonctionnement du nouveau régime politique que vous annoncez.
- En effet. Dans le passé, le populisme était la ressource des tricheurs, des outsiders, de ceux qui étaient hors du système. Désormais, c’est une ressource utilisée par des candidats tout à fait honorables. Une manière d’épater la galerie pour se faire élire triomphalement afin de pouvoir ensuite gouverner tranquillement ; une fois élu grâce aux procédés parfois les plus vulgaires, on peut régler discrètement les vrais problèmes en cercle restreint, dans des conciliabules où se retrouvent les gens « utiles » ; confier, comme l’écrivait le sociologue Pareto au début du XXe siècle, la gestion des affaires sérieuses aux vrais décideurs. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la gouvernance, et qui préfigure le nouveau régime que j’entrevois : mélange de populisme « peopeulisé » pour les élections et de gouvernance entre happy few pour les questions importantes.
- La gouvernance serait-elle l’anti-politisme des élites ?
- Elle correspond en écho à l’anti-politisme populaire. Le peuple accorde peu de confiance à ceux qui le gouvernent, mais il en va de même dans le sens inverse : les élus du peuple n’aiment guère le peuple. Peut-être nommera-t-on ce nouveau régime « gouvernance démocratique ». Ce serait antinomique, car la gouvernance est antidémocratique, mais cela choquera-t-il dans un système où l’on aura oublié le principe du Peuple souverain, que certains intellectuels qualifient désormais de « romantique » ?
- Dans un tel régime, quel serait le rôle du citoyen ? Ségolène Royal avait défendu avec vigueur l’idée d’une démocratie participative. Serait-ce de la poudre aux yeux ?
- En très grande partie. La démocratie participative pourrait toutefois être positive dans la gestion des affaires locales. A condition d’en reconnaître les limites ! Les expériences de démocratie participative ont montré que le système était, le plus souvent, détourné par des militants professionnels. Au-delà, il faut être lucide et ne pas trop attendre des solutions proposées pour revivifier la démocratie : notamment favoriser la participation électorale ou accroître le rôle du parlement. C’est de la poudre aux yeux. On ne va pas accroître le rôle du parlement ; les affaires sérieuses se régleront, de plus en plus, entre des acteurs, aussi bien publics que privés, se considérant comme des égaux : l’Etat, les syndicats, les milieux d’affaires...
- Ce serait une version moderne du corporatisme ?
- Partiellement, oui. Mais il s’agirait plutôt du néocorporatisme qui existe déjà depuis des décennies aux Pays-Bas ou en Suisse en particulier. Une gouvernance tendant à assurer le « Bien du Marché » de préférence au bien de la masse des gens.
- Comment en êtes-vous venu à enfiler l’habit de Cassandre ?
- Va-t-on reprocher leur pessimisme à ceux qui s’efforcent d’y voir clair ? Ce serait condamner la lucidité. Je pense que les optimistes sont des naïfs ou sont délibérément mensongers. Il faut prendre conscience de ce que nous sommes dans une période cruciale, comme en 1780. Sans forcément crier au complot contre la démocratie. Mais pour essayer de mieux comprendre notre nouvel univers...
- Peut-on espérer un sursaut démocratique ? Ou doit-on faire notre deuil du principe du Peuple souverain ?
- Miser sur un sursaut démocratique relève de l’illusion et de la volonté de se tromper soi-même. Ainsi a-t-on confondu la participation exceptionnelle aux élections présidentielles françaises avec un tel sursaut, alors qu’il ne s’agissait que d’un effet de surprise passager, produit par les procédés des principaux candidats. Nous avons de la peine à réaliser et à admettre que la démocratie réelle, « appliquée », telle que nous la connaissons, était largement une ruse. Le reconnaître et imaginer de nouveaux moyens de faire entendre la voix du plus grand nombre serait probablement un progrès. C’est un tort de craindre toujours la nouveauté pour préférer l’éternel hier.
03 avril 2008, 14:09   Re : Rien ici non rien n'a changé
Cher Obi Wan,
En plaçant ce texte sur le forum, je me demandais s’il pouvait trouver une résonance dans l’esprit d’un lecteur autre que belge (ou américain !). Apparemment non, il faut croire que la double lecture ne vaut que pour une « république des partis »…

Quelques phrases comme:
Dans ce pays, le citoyen « ne pense pas, il se pense à travers les plaisirs de la vie ; il s’adapte aux circonstances et il attend toujours que du jeu des passions qui règle sa vie quotidienne surgisse comme par enchantement le bien public ».

L’idée qui surgit naturellement dans nos esprits, lorsque nous parlons de représentants, c’est qu’ils ressemblent à ceux qu’ils représentent. Ils doivent être la véritable image du peuple, posséder une bonne connaissance de ses désirs et de ses circonstances, sympathiser avec ses malheurs et chercher à comprendre ses intérêts véritables. » L’essentiel étant alors, non pas de faire fleurir de « brillants talents », mais de jouer sur une « proximité de résidence et d’intérêts entre le représentant et son électorat ».

Machiavel par contre vient à la rescousse de ce pragmatisme, lui qui jugeait, souligne l’auteur, que la Rome républicaine avait tenu trois siècles non pas malgré mais grâce aux querelles incessantes entre les factions, dont les effets positifs ont été erronément négligés : pour Machiavel, « les bonnes lois, à leur tour, sont le produit de ces agitations que la plupart condamnent si inconsidérément ».
D’où cet étonnant plaidoyer cité par l’auteur, émanant d’un des grands artisans du modèle fédéral ou confédéral : « L’influence [disproportionnée] de chefs factieux peut les conduire à allumer un incendie dans leurs États particuliers, mais elle ne saurait entraîner une conflagration générale dans les autres États.



me confirment dans l’opinion que depuis le 10 juin dernier, rien n’a changé ici. Et rien ne changera, il n'y a aucun bouleversement à craindre. Comme le déclarait hier matin à la RTBF le débordant d’humour Hermann De Croo, (approximativement mais c’est le sens) : « Des dates butoir, il y en aura encore des tas en Belgique mais c'est un terme inappropprié car quand on sait comme moi qui ai travaillé aux chemins de fer ce qu’est exactement un butoir, eh bien, on peut dormir sur ses deux oreilles ».
Utilisateur anonyme
03 avril 2008, 16:10   Re : Dans ce pays
Sapristi Aline vous m'avez eu : j'aurais dû savoir que toutes les considérations possibles et imaginables ne feraient que nourrir votre indéfectible foi du charbonnier en la Belgique ! Et vous vous laissez berner par le plus flamingant des belgicains, Decroo le bien nommé, puisqu'il semble si bien abonder dans le sens de votre foi ! On régionalise maintenant la sécurité routière - on croit rêver - et la partie de la Justice qui y affère, de même que les baux à loyers - soit un début de séparation de la Justice, tout en prévenant (les flamands) que le gros des réformes est pour juillet, et vous dites que ce pays existera toujours !
Continuez de dormir sur vos deux oreilles, et faites de beaux rêves ! (d'ailleurs il n'y a rien d'autre à faire)
Nous avons une lecture différente du texte de Vincent de Coorebyter et une appréhension différente d’Herman De Croo , voilà tout, cher Obi Wan. Ce belgicain « flamingant » comme vous l’appelez, me fait rire, que voulez-vous, je suis une nature heureuse !
(Mais où alles-vous chercher que j'ai tenté de vous avoir?)
Utilisateur anonyme
03 avril 2008, 17:27   Re : Dans ce pays
C'est ainsi qu'un nommé Adam...
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