Au cours du compte rendu journalier du procès Fourniret, le journaliste rapporte que la mère d'une des victimes aurait lancé à la complice et épouse du tueur :

"Vous êtes une mère mais vous ne serez jamais une maman."

Bien cher Orimont,

De mon côté, je trouve cette nuance fort pertinente.

Cette personne simple (d'après les autres articles) sent instinctivement la différence qui existe entre la "mère", mot de l'usage public, et la "maman", mot de l'usage privé.

J'ai écouté ce samedi Claude Mauriac, qui n'est plus un jeune homme, parler de son père sur France Culture. Il disait "papa", ce qui se conçoit, et Frédéric Mitterrand disait "votre père" ou "François Mauriac", ce qui est normal.

Le problème avec les "mamans", c'est qu'elles remplacent urbi et orbi les "mères.

J'adhère tout à fait à votre analyse, cher jmarc. Je signalais cette réplique sans volonté ironique.

Cher Jmarc, ce n'est pas Claude Mauriac que vous avez entendu samedi dernier sur France Culture, car il n'est malheureusement plus de ce monde depuis près de dix ans. Il s'agissait en fait de son frère Jean.

Bien cher Alexis,

C'est avec horreur que je me rends compte de ma bévue. En plus, Jean Mauriac et sa soeur en ont parlé, la soeur en question indiquant qu'ils restaient les seuls survivants !

En fat, je vous l'avoue, j'avais toujours en tête au sujet de "Mauriac papa" l'horrible lettre de Roger Peyrefitte que j'avais citée sur ce forum il y a quelques années.

Attention, tous au abri, il est capable de la reciter, faisons semblant de n'avoir rien entendu...

Hé oui ! la malédiction s'acharne ! quand un message part mal, les messages suivants aggravent encore la situation...

A ce propos, pour faire le lien avec le message de Jean Robin sur les tabous, connaissiez-vous cette mésaventure arrivée à un magistrat fort austère ?

Ce digne magistrat, écrasé de certitudes et sûr de son importance, présidait un jour une Cour d'assises.

Vint le moment où devait être appelée à la barre une toute jeune fille, trop jeune encore pour prêter serment.

L'austère magistrat l'encouragea à venir en ces termes :

"Approchez, mon enfant, la Cour aime beaucoup les petites filles"

Quelques murmures s'étant formés dans la salle, notre président crut opportun de se dégager par une pirouette :

"Mais la Cour aime aussi beaucoup les petits garçons".

Tiens, cette blague a du faire le tour des palais de justice d'Europe : je l'ai entendue à Genève, il y a une vingtaine d'années, d'une magistrate qui affirmait l'avoir entendue, lors d'une audience qui venait de se tenir à Genève.

"Maman" ayant remplacé "mère", voilà "mère" qui vaut désormais "marâtre".

Certaines mères ne seront jamais des mamans, ce qui n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau: la masse croissante des mamans qui ne seront jamais des mères, et celle des gnonfonts qui, par voie de conséquence, le resteront.

On peut craindre que si "mère" a disparu c'est que les pères ont été les premiers à prendre leurs cliques et leurs claques, faisant de la "mère" une "maman", une amputée, une désossée de son statut de conjointe, n'ayant plus pour vis-à-vis que son (mal) éduqué: l'affreux gnonfont, pour le pire et le meilleur.