Un défi lancé à l'islam

Il est toujours bon de rappeller des évidences car en ces temps calamiteux un + un ne font plus deux.

« Qu’est ce qui se cache, en réalité, derrière cette agitation ? Une Europe malade de relativisme qui a trahi son identité au point de considérer comme un défi lancé à l’islam un fait absolument banal : un musulman qui se convertit au christianisme. »


C’est ce qu’a déclaré Magdi Cristiano Allam, éditorialiste au grand quotidien italien Corriere della Sera, égyptien de culture musulmane, converti au catholicisme et baptisé pendant la veillée pascale 2008 par l’Evêque de Rome, le Pape Benoît XVI, au grand dam des « intellectuels musulmans » et de leurs idiots utiles.

La chaîne du câble Planète no limit (sic) diffuse une série d'émissions intitulée "Reportages vis ma vie", où l'on s'amuse à plonger une personne dans un mode de vie, un métier qui sont à l'opposé des siens. J'ai vu quelques extraits d'un de ces reportages, où deux femmes laïques, l'une athée, l'autre croyante mais non pratiquante, font un stage de quelques jours de clôture dans une abbaye bénédictine. C'est l'athée qui manifeste le plus d'intérêt pour cette vie monastique qu'elle ne connaît pas, et la dame croyante se scandalise des repas pris en silence (accompagnés parfois d'une lecture du Martyrologe à haute voix) pendant lesquels on ne se souhaite pas même bon appétit. Le choix des lectures est confié un jour à sa compagne athée, qui lit devant la communauté un article de Libération relatant le premier mariage homosexuel du Pakistan, selon le rite tribal, entre un Afghan et un adolescent pakistanais, ainsi que les ennuis que les mariés connaissent. Elle espérait bien scandaliser les bonnes soeurs, et leur demande plus tard, non sans quelque gourmandise, de les excuser de sa provocation. Mais les religieuses n'ont rien vu de particulièrement choquant dans cette lecture, et je garde le souvenir de leur sérénité souriante et de leur regard clair.

Est-il possible de visionner cette émission ?

J'avais vu ce reportage sur une autre chaîne, et j'avais été aussi intrigué, et pour tout dire snobé, par cet angélisme, leur sérénité souriante et de leur regard clair. Il m'a fallu me souvenir de lectures Au risque de se perdre, La Religieuse, pour me reprendre. Me souvenir également d'une longue interview à la radio d'une ex-nonne qui expliquait avec une vérité évidente ce qui l'avait fait fuir : le degré zéro d'intelligence, de culture, d'interrogations, d'ouverture sur le monde et la réalité humaine (et donc d'un réel amour de l'homme à travers Dieu), les guéguerres perpétuelles pour des riens, les méchancetés, la médiocrité, l'irrépressible descente dans le néant physique et spirituel. J'ai aussi eu un ami qui allait régulièrement faire une retraite dans une abbaye bien connue des ardennes, et qui me racontait avec un sourire sardonique les chausses-trappe, les haines, les égoïsmes des moines dont il partageait le quotidien. Cela ne l'empêchait pas d'y retourner, le diable seul sait pourquoi sans doute ! Le rapprochement d'avec Dieu par l'isolement, le silence prolongés ne peut conduire un animal pensant comme l'homme que vers son côté animal, c'est ce que démontrait par le récit un des plus beaux livres de François Weyergans Macaire le Copte.
C'est ce que j'ai lu et entendu, je le dis avec franchise et sans vouloir peiner qui que ce soit et attaquer la croyance en Dieu, ce qui est à mon sens un tout autre sujet.

Bon, cher Obi Wan, moi qui m'apprêtais à entrer chez les bénédictins pour retrouver une sérénité souriante et un regard clair..... Me voilà douché !

Cher Obi Wan, vos récits, bien qu'un peu extrêmes peut-être, me semblent à tout prendre plus réalistes que ce que Henri (et presque Corto, dieu nous garde!) semble imaginer qu'il y eût, derrière la sérénité souriante et le regard clair, dans la tête des bonnes sœurs à l'égard d'histoires de mariages homosexuels.

» François Weyergans Macaire le Copte

Fameux, en effet.

Bien cher Obi,


Ce que vous dites est en partie vrai, hélas. Les communautés fermées ont le genre de travers que vous indiquez. Un mien ami, prêtre fort âgé, ancien aumonier militaire, a été recueilli par des religieuses (il ne voulait pas aller dans une maison de retraite pour prêtres). Il me dit qu'il se contente de dire la messe, et fuit au plus tôt, car rien n'est plus difficile que d'être l'aumonier d'un couvent de femmes.

Je crois cependant qu'il faut dépasser cela, et les monastères ne sont pas le degré zéro de l'intelligence. Je pense, contrairement à vous, que des phases de silence, d'humilité sont des pauses nécessaires. C'est sans doute pour cela que votre ami persistait dans ces retraites et, à ce que vous en dites, il ne semblait pas stupide.

Il n'est donc pas interdit de penser qu'il y a un mélange de sérénité et de mesquinerie, ce qui paraît étrange de prime abord. Je me garderais bien, en tout cas, de dire que c'est tout l'un, ou tout l'autre.

"Il n'est donc pas interdit de penser qu'il y a un mélange de sérénité et de mesquinerie"

Ce paradoxe n'est pas le moins remarquable, ni le moins admirable qui traverse tout le catholicisme. Le mariage catholique de la sagesse et de la bêtise et l'heureuse et suprême indulgence pour les faiblesses humaines confèrent à cette religion une authentique supériorité. La sage bêtise du catholicisme est, d'entre tous ses traits, celui qui me conduit le plus à vouloir le défendre.

Citation

...etl 'heureuse et suprême indulgence pour les faiblesses humaines confèrent à cette religion une authentique supériorité.

Comme toutes les religions monothéistes, le catholicisme a démontré l'intolérance intrinsèque à son objectif totalitaire au cours de l'histoire : être la seule et unique religion sur la terre. Aucune indulgence dans ce projet pour ceux qui ne se soumettaient pas strictement. Aucune indulgence non plus dans l'islam, fille cadette des monothéismes.

Pour s'informer sur les religions qui ont démontré une véritable supériorité et non pas provoqué de sempiternelles guerres , on est prié de relire les interventions de M. Lombart.

Cher Jmarc, vous allez fâcher Obi Wan! Il n'est pas ardennais mais liégeois et "rattachiste" ...

Oui oui, bien sûr, les hindous sont gentils gentils, et doux doux doux.

Vous raidissez votre karma, Boris.

Je veux bien admettre que j'ai quelques idées préconçues et stupides, et je compte sur Bernard pour me redresser le Kundalinî, mais j'ai toujours eu peur des hindous, je les trouve extrêmement violents.

Et les boudhistes, Boris ?

Justement, j'ai toujours pensé, mais peut-être bien à tort, que les gentils étaient les bouddhistes et les méchants les hindous.

Je dois manquer de corticoïdes…

Bien vous,
Je me garderais bien, en tout cas, de dire que c'est tout l'un, ou tout l'autre.
Moi aussi. Mais les exemples abondent de grandeur et de petitesses coexistantes chez l'homme. Je suis un pauvre agnostique, alors vous comprendrez mon partage. Un être qui, selon l'islamiste, vaut à peine l'usure de la pierre à aiguiser la lame qui sera destinée à l'égorger. C'est vous dire aussi si je comprends un certain lyrisme dans le désespoir que peut avoir parfois et par exemple une Cassandre dans sa remarquable lucidité.

Je vous le démontre par la preuve par Proust. Voici la suite de la lettre à Georges de Lauris, (à propos de la nécessité des clochers en France et contre les lois Combe) : "Les congrégations parties, le catholicisme éteint en France, (s'il pouvait s'éteindre, mais ce n'est pas par les lois que les idées et les croyances dépérissent, mais quand ce qu'elles avaient de vérité et d'utilité sociale se corrompt ou diminue), les cléricaux incroyants d'autant plus violemment anti-sémites, anti-dreyfusards, anti-libéraux, seraient aussi nombreux et cent fois pires qu'ailleurs... vous ne pouvez pas tuer l'esprit chrétien en fermant les écoles chrétiennes et s'il doit mourir, il mourra même sous une théocratie."
Or il est très difficile de savoir en lisant A la Recherche... et ses biographes, si Proust était ou non croyant. Cette extrême délicatesse est pour moi une magnifique preuve de l'intelligence humaine, et Marcel m'aide à vivre aussi grâce à cela.

J'oubliais plus haut Le Nom de la rose

» je compte sur Bernard pour me redresser le Kundalinî,

Vous pouvez compter sur ma férule.

Concernant le bouddhisme, l'on a souvent cette idée-là. N'oublions pas que le bouddhisme, comme le christianisme et l'Islam, a été avant tout une religion à but politique (voyez l'empereur Asoka sur Wikijesaistout). (Imposer la non-violence par la violence, fallait le faire !) Son expansion dans toute l'Asie est du même tonneau.

Les hindous (mais qu'est-ce à dire ?) ont été violents quand ils en ont eu marre d'être insultés par les musulmans. Et à partir de ce moment-là, cela a été mieux pour eux... En revanche, leur religion est d'une tolérance extrême. Après tout, Mahomet ou le Christ peuvent être vus comme avatars, et c'est ainsi, en effet, qu'ils les voient. L'on trouve des Sacrés-Cœurs et des Vierges Marie dans les boutiques de piété en Inde... Ils sont parvenus a absorber complètement le Bouddhisme, qui n'existe quasiment plus en Inde où il est né ! (Selon la grande sanskritiste Madeleine Biardeau, ce serait même pour cela que le Mahabharata aurait été écrit !)

C'est, Bernard, le sentiment qu'on a ici de l'Inde, un grand bordel, croire à tout et son contraire, mélanger au shaker et boire bien chaud et bien sale.
Or nous savons que les Hindous sont remarquablement intelligents :

Pour la défense du Prof. Einstein

Un certain sir Shah Sulaiman, d’Allahabad en Inde, à jugé opportun de remettre en cause la théorie de la relativité du professeur Albert Einstein. En l’absence du professeur Einstein, je prends la liberté de répondre à sa place.
- La valeur prédite par Einstein pour la déviation des rayons lumineux provenant d’une étoile et passant au ras du soleil est des 1, 75. Sir Shah Sulaiman prédit une valeur comprise entre 2,32 et 2,45.
Ma réponse à sir S.S. : Vous êtes cinglé !!!!!!!!

- La valeur prédite par Einstein pour l’importance du décalage vers le rouge de la lumière provenant du limbe solaire est de 0,0084. Sir S.S. prédit que l’on trouvera une valeur de 0,00676.
Ma réponse : Balivernes !!!!

La troisième prédiction de S.S. concerne les paramètres orbitaux des planètes. Il affirme que la valeur de l’avance du périhélie de Mercure est inférieure à l’estimation de Newcomb.
Ma réponse : De toute façon, où est-ce au juste, Allahabad ? Et qui vous a demandé de mettre votre grain de sel dans tout ça ? Nous entendions à merveille avec le professeur Einstein qui, il l’a démontré, est un homme on ne peut plus agréable et globalement une bonne pâte. De plus, il sait jouer du violon. Et vous, de quel instrument jouez-vous, hein ?

Voilà bien le problème dés qu’on découvre quelque chose de valable. Tôt ou tard, un petit juge indien écervelé (eh oui, sir Shah Sulaiman est un petit juge) vient vous dire que vous avez tout faux et qu’il a découvert quelque chose de mieux qui soigne aussi le rhume de cerveau. Il n’en faut pas d’avantage pour qu’un homme comme Einstein ai envie de tout balancer et se contente de faire du bateau pendant le restant de ses jours.

Bien sûr tout cela ne me regarde pas, pourtant, étant plus ou moins dans la même branche ( l’écriture), j’ai le sentiment qu’il faudrait se serrer les coudes.
Le professeur Einstein aura probablement quelque chose à ajouter pour sa défense mais ce que j’ai ébauché ici constituera la première salve quand on ouvrira les hostilités au tribunal.
Par ailleurs, je propose officiellement à sir Shah de l’affronter dans un débat public.
Robert Benchley

Finalement Bernard, qu'est-ce que l'Inde, dans sa sagesse encore plus millénaire que la nôtre, nous apporte ? (ceci n'est pas de la provocation)

A propos de l'Inde, bien cher Bernard, je ne résiste pas à me laisser glisser sur ma pente grivoise.

Vous connaissez certainement Alain Daniélou, qui fit de nombreuses recherches sur l'indianisme et la musicologie.

Il officia à Bénarès, Madras et Pondichéry. On sait moins qu'il quitta l'Inde pour avoir mis une main un peu trop active au redressement de la jeunesse.

Son frère, le regretté cardinal Daniélou, avait d'autres centres d'intérêt. Il est mort dans la chambre d'une prostituée qu'il allait soutenir de ses prières. L'Eglise publia en effet un communiqué suivant lequel il était mort dans "l'épectase de l'Apôtre".

Ce terme un peu obscur fut mal compris, je signale donc qu'il signifie les efforts d'une âme cheminant vers la sainteté.

Je savais bien que je devais me défier de Daniélou. Ce n'est pas lui touchera à mon sacrum, en tout cas.

Ces grands musiciens, il faut toujours s'en méfier comme de la peste. Je pense à une histoire tout ce qu'il y a de plus authentique que m'a racontée une amie très proche. Un grand violoncelliste (membre d'un trio encore plus fameux) avait une méthode bien à lui pour parfaire l'éducation musicale des jeunes filles qui suivaient ses stages célèbres… Mon amie lui a échappé de justesse, mais a partagé sa chambre avec une étudiante moins chanceuse.

» Ce terme un peu obscur fut mal compris, je signale donc qu'il signifie les efforts d'une âme cheminant vers la sainteté.

Excellent ! Je ne savais pas que l'Église pouvait se laisser aller au tantrisme avec tant de naturel...

Bien sûr que je connais Alain Daniélou. En effet, il était un homosexuel notable, et le criait sur les toits (voir son époque des salons parisiens). Il a vécu longtemps dans une splendide maison de Bénarès, sur les bords du Gange, avec son ami Raymond Burnier, excellent photographe, qui a illustré certains de ses livres. Son œuvre, pour la connaissance de l'hindouisme, est irremplaçable. (J'ai presque tout lu de lui). Il a aussi fait connaître la musique indienne, en un temps où elle était totalement inconnue chez nous, et a créé cette collection de disques de l'Unesco que tout le monde connaît maintenant.

Mon conseil : si l'on veut connaître l'hindouisme de l'intérieur, lire Alain Daniélou. De l'extérieur, le premier livre à pratiquer est le toujours actuel "Manuel des études indiennes" de Renou et Filliozat, puis Biardeau et Malamoud. (J'ai déjà cité ici la phrase de Renou, grand universitaire : « Daniélou ne suit pas nos méthodes, mais quand je rencontre une phrase sanskrit que je ne comprends pas, c'est à lui que le le demande ! »

À Obi :
» Finalement Bernard, qu'est-ce que l'Inde, dans sa sagesse encore plus millénaire que la nôtre, nous apporte ?

Laissez tomber, Obi Wan, ce n'est pas pour vous (ici une binette épectasique).

Bein cher Bernard,


De mon côté, j'ai abordé l'Inde par l'extérieur.

Je m'explique. J'ai recontré la civilisation de l'Inde du sud à la Réunion, et à Maurice, puis aux Antilles (dites par les Espagnols "Indias Occidentales"), aussi bien aux Antilles françaises que surtout à Trinidad.

Ce n'est que sur le tard que je me suis rendu en Inde, et je dois dire que je préfère l'Inde du sud à celle du nord. J'ai, curieusement, un faible pour Chennai / Madras, ville où il n'y a rien de monumental à voir, mais où une très riche civilisation se révèle.

Je me rends compte que ma question cher Bernard était pour le moins lapidaire, impertinente et incongrue, désolé pour ma légèreté !

Je suis confus d'avoir donné l'impression de ne voir dans ces bénédictines que perfection spirituelle. Pascal dit que cette perfection, quand elle existe, n'est perçue que par des yeux spirituels, et les nôtres ont plus tôt fait de repérer défauts, vices et insuffisances. Pour revenir à l'émission d'hier, et dans le même esprit de satire, j'y remarquais avec amusement les signes classiques de la dictature de la petite bourgeoisie : le bon appétit impossible au réfectoire, la provocation (désamorcée) dans la lecture de Libé, et (j'oubliais ce dernier détail) la colère de la visiteuse catholique séchant un cours de Bible, refusant d'étudier le livre des Psaumes, au nom de son droit inaliénable à "se faire sa petite religion bien à elle", dit-elle. Le contraste est grand entre ces visiteuses et la communauté qui les accueille : je veux bien avec vous prêter aux soeurs tous les vices imaginables, et qui feront d'elles des êtres humains comme nous. Ce qui, cependant, crée le contraste, est le mode de vie qu'elles ont choisi et ce qu'il a fait d'elles: au lieu de la dispersion, le recueillement; l'ascèse au lieu de la facilité; le silence imposé à certaines heures et non le bavardage obligatoire, etc... On m'accordera, même avec toutes les réserves laïcistes du monde, qu'un tel mode de vie change quelqu'un et lui donne un autre aspect (à défaut de le modifier de l'intérieur).