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Les enfants qu’on mérite

Envoyé par Gérard Rogemi 
12 février 2008, 14:02   Les enfants qu’on mérite
Je ne crois pas que nous ayons parlé de cet enseignant qui a giflé un éleve et qui à la suite de la plainte du père a été mis en garde à vue. La police et les gendarmes ne sont plus ce qu'ils ont été.

Bien que je considère cette histoire comme futile et la levée de boucliers des profs un tantinet dérisoire je mets quand même en ligne cet article de Marcel Rufo.

Les enfants qu’on mérite
vendredi 8 février 2008

par Marcel Rufo (*)

Un professeur a giflé un élève qui l’a traité de "connard". L’attitude la plus simple, mais la plus "faux derche", consiste à s’inspirer de Ponce Pilate : "Il ne faut pas qu’un professeur gifle un élève et il ne faut pas que celui-ci insulte son enseignant". Mais le représentant de Rome en Palestine était un personnage public et il nous faut retourner vers l’hypocrisie et la médiocrité du quotidien : "Il aurait fallu s’arranger en interne, redire la loi à ce préadolescent et rappeler sa mission à l’éducateur". Il y a donc quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark.

Cette année 1.760 dossiers ont été instruits pour insultes, menaces et coups sur le personnel enseignant. C’est beaucoup par rapport aux 57 dossiers d’enseignants accusés d’avoir frappés leurs élèves. Je sens gronder dans vos têtes la pensée individualiste dominante : "Ne touchez pas à mon enfant !". Mais un enfant peut-il se construire sans l’école ? Doit-on tenir pour quantité négligeable le passeur de culture que représente l’instituteur ? On dirait que monsieur Germain est devenu un mythe. Lisez en annexe du "Premier homme" d’Albert Camus la lettre de l’instit au petit Albert. Il vient d’avoir le prix Nobel de littérature. Il a, Comme vous le savez, perdu son père très tôt et sa mère est illettrée. Camus dit à son vieil enseignant qu’il a pensé à lui lors de la remise du prix. La réponse du vieil instit est sublime : il décrit la joie et le plaisir qu’il éprouvait tous les matins de retrouver son élève et de voir dans ses yeux le bonheur des découvertes que le pédagogue lui apportait. Ce n’est pas de l’utopie, c’est la vie de Camus.

L’incroyable chance d’avoir dans notre pays une éducation nationale ouvrant toutes les chances, qu’il ne faut pas confondre avec réussite sans effort, vaut bien tous les gisements pétroliers du monde. Vous avez compris, je suis du côté de l’école. En traitant son enseignant de "connard", ce jeune garçon détruit le trésor qui lui est proposé. Je pense que le métier des parents, une fois pour toutes, consiste à imposer le respect des profs à leurs enfants. Après "connard", le coup de boule à son père est en marche.. L’insulte est un coup qui détruit l’image de soi.

La fierté des enfants issus d’un milieu modeste ou pas, et qui vont à l’école, c’est d’être le moyen de porter une espérance d’ascension et de changement social en hommage à leurs parents. L’école ne sert plus à rien si les consommateurs gâtés, gavés de présents, ne comprennent pas que c’est un moyen splendide d’évolution. Ton père est migrant, ta mère travaille, ton père est gendarme : Ils veulent que tu réussisses mieux. La dignité, c’est le respect de l’autre, l’adaptation à l’autorité. En dehors des performances scolaires si importantes, les parents doivent être fiers qu’on leur déclare la qualité de politesse, de courtoisie et d’adaptation de leurs enfants. Oui, il faut élever ses enfants !

Sinon que restera-t-il ? Le talion ? Les menaces ? Ce fait divers est passionnant car il nous montre notre confusion sociétale : un élève insulte, un prof gifle et le père gendarme porte plainte. Je suis du côté de l’enseignant, car à notre époque et bien loin des hussards de la troisième République, il est fragile. Je suis pour la défense absolue des passeurs de culture, contre la barbarie, je suis pour les enseignants de maternelle, du primaire, du collège, du lycée et des facultés. Les parents ont les enfants qu’ils méritent. Vous ne pouvez admettre que votre fils insulte un enseignant, vous penseriez alors que vous avez échoué dans votre mission éducative, voire affective. Bien élever son fils, sa fille, n’est pas une attitude de classe sociale, d’origine, c’est simplement la preuve qu’on les aime.

(*) Le professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre, est reconnu comme l’un des meilleurs spécialiste de l’enfance et de l’adolescence. Son dernier ouvrage : "La vie en désordre" (Anne Carrière Éditions)

Citation

La fierté des enfants issus d’un milieu modeste ou pas, et qui vont à l’école, c’est d’être le moyen de porter une espérance d’ascension et de changement social en hommage à leurs parents.

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