Question sans objet, en effet, ou absurde en termes de morale naturelle, ou paradoxale. Ou plutôt : qui ne peut recevoir de définition que dans un système social donné. Pourquoi, d'ailleurs, privilégier le "respir", qui n'est même plus un critère de vie à notre époque ?
Aucun problème chez les Chinois, par exemple (relisons les
Lettres édifiantes et curieuses des jésuites en Chine, où l'on voit que les bons pères ramassaient les nouveau-nés dans les poubelles tous les matins afin de les baptiser avant leur mort et ainsi de comptabiliser leurs âmes dans le registre des âmes sauvées par la Compagnie), ou chez les Romains (pas d'enfant proprement dit avant l'élévation par le pater familias)...
Quant à la prise de position de la Cour de cassation, je n'y vois qu'une offensive déguisée, ou objective, des anti-avortement. Car tout désir, et donc le désir d'enfant, porte en lui-même le deuil de son objet. Mais pourquoi donc lui donner un statut légal ?
Le terme lui-même porte l'estampille de son origine frelatée. Car il y a un mot, en français, attesté depuis l'époque classique, pour désigner ce dont il s'agit, c'est celui de « mort-né ». Mais il faut forclore la mort, n'est-ce pas ? Ainsi l'on ne meurt plus : on « disparaît »...
Quelle époque !
Ajout : il y a, je crois, un espace réservé aux mort-nés dans les cimetières, il me semble que c'est aussi une pratique ancienne de l'Église. Il s'agit donc, en ce cas, de supprimer la différence entre les morts et les mort-nés...